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terme droite fur vin cou perpendiculaire, reçoit certainement
le fana: avec moins de torce, que lorfque
le corps eft à-peu-pres horizontal.
Au microfeope Ja pelanteur opéré plus fur le
quand il a perdu de la vîteffe, & llir l e v e i n e u x
Telle fait moins d’effet que fur les arteres, danslef-
quelles le fang fe meut rapidement, & fur les vaif-
leaux capillaires, qui ne lailTentpafler qu’un globule
à la fois. Le poids retarde confidérablement la force
de la dérivation.
Mais la force de la pefanteur ne peut pas être regardée
comme un moyen d’accélérer fi elle
aide au fang veineux à revenir de la tête , elle s’op-
pofe à celui qui revient des pieds ; de-là les oedemes
ë i les varices ; l’avantage ell à-peu-près égal au dé-
fa vanta ge.
On a eu recours aux nerfs; on a allégué l’altération
indubitable de la circulatioa , qui eft l’effet des
palfions de l’ame , l’accélération que produit la colère,
la retardation qui fuit la peur, l’augmenta-
tiondespouls quifuivent la douleur, l’inflammation
qui eft une fuite d’une irritation méchanique , &
dans laquelle la pulfarion eft fenfible dans des artères,
qui dans l'état naturel ne paroilTem pas avoir
de pouls. On a même cru découvrir une des caufes
méchaniques de l’influence des nerfs. Les arteres
pafl'ent prefque par-tout par des lacs formes par des
nerfs. On a fuppofé que ces nerfs irrités fe contractent;
on expliquoit aifément comment le fang peut
otre accéléré dans l’inflammation ou dans l’enthou-
liafme amoureux, ou retardé par la peur & par la
triftelfe.
Lesexpériencesnenouspermettentpas d’admettre
cette puiffance dans les nerfs : le mouvement du
fang dépend du coeur, & cet organe paroit à-peu-
près indépendant de rinfliience nerveufe. L’irritation
des nerfs qui vont au coeur, celle de la moelle de
l’épine , le retranchement de la tête , ne changent
pas le movivement du coeur , ne le détruifent pas &
ne le réveillent ,pas quand il a cefl'é d’agir. Il arrive
quelquefois que l'irriration de la moelle de l’épine
caufe une fecouffe dans les mufcles, qui pour un
moment trouble la circulation; mais cette fecouffe
ne dure pas, & le mouvement du fang reprend
bientôt fa régularité.
J’ai Ibuvent vu des femmes hyftériques, dans les
convulfions les plus aflreules; le pouls n’étoit ni
dur, ni fréquent, ni fort. Dans de très-grandes douleurs,
il eft commun de voir le pouls naturel. L’ar-
tere d’un bras paralytique bat, comme (a compaone
bat dans Je bras qui a toniervé l'a force nerveufe
Les lacs nerveux ne peuvent pas agir fur les arteres
puifque les nerfs ne font point irritables & qu’ils ne
fe contraftent pas, lors même qu’ils produifent dans
les mufcles les mouvemens les plus violens.
La force contraélive des arteres & i’ofcillation
comme on a voulu l’appeller , des petits vaiffeaux *
a été employée comme une puiffance auxiliaire de
celle du coeur. Nous ne nous refufons point à la
contradiéHon des arteres , dont nous allons bientôt
donner des preuves. Mais il eft fur, fi elle peut ajouter
pendant la diaftole du coeur à la vîteffe du fa n s ,
que d'un autre cote, elle réfifte à ce mouvement du
coeur pendant fafy ftole , & qu’une partie de la
vîteffe imprimée au fang par le coeur, fe perd à dilater
l’artere. Il y a plus : dans la contraftion, l’artere
repouffe également \efang contre le coeur, comme
elle l’achemine vers les vaiffeaux capillaires.
Dans la circulation réglée , le mouvement ‘du fang
eft uniforme, & la vîteffe eftla même pendant la
contraftiondu coeur, Sc pendant fa dilatation. Mais
dans le mouvement languiffant de l’animal affoibli,
l’accélération du fang (e fait (entir à chaque fyftole’
du coeur & dans les arteres capillaires, & même
SAN
dans les veines. Qu’on réfléchifle fur ce p’nénomene .
on Jentira que l’aélion des arteres devant être la
même dans l’animal aftbibli que dans l’étar de fanté*^
puifqu’eileeft ou l’efl’etdc l’clafticité, ou celui d’un'
force innée, la langueur du canir ne devroit nas
opérer , ce que cependant i’obfervation nous fait
voir. Dans cette langueur du coeur, la force artérielle
devroit'fe manifefter avec plus ci’avantaoe
&: l’accélération du coeur devroit être moins ienü-
ble. La vîteffe du fang devroit être aifoiblle dans la
fyftole du coeur, parce que le coeur a perdu de (à
force; cet affoibliflement devroit rendre moins
fenfible l’élévation de l’artere, qui certainement ne
fe dilate que par l’excès avec lequel la force du coeur
furpaflé fa réhftance.
L’olcillationdes petits vaiffeaux eft une chimère
ils ne fe dilatent 6i. ne fe contraéfenr jias ; la fente la
plus fine d’une artere du mcl'entere de la grenouiüo
ne le dilate pascomme elle devroit lefaire, fila fub-
ftance de l’artere fe contraiftoir.
Une puiffance fort finguliere, & qui agit pulffam-
ment & fur le fang des veines & fur celui des ancres
; c’eft celle qui naît de la dérivation.
J’ouvre une artere dans le méfentere de la grenouille
; il fe forme fur le champ deux îorrens de
diredions oppofées , & le fang vient, 6c depuis le
tronc de l’artere, & depuis les branches, fe précipiter
dans la bleflure. Dans le confluent des deux torrens
il fe fait une ligne mitoyenne, clans laquelle le j'ang
de l’une & de l’autre fe précipite.
Si leyà/jo-avoit ceflé de fe mouvoir, l’ouverture
de l’artere réveille le mouvement, & le fang vient
avec une vîteffe nouvelle fe jetter dans la plaie. Le
même phénomène a lieu quand le coeur a été arraché
, ou que le tronc de l’aorte a été lié de maniéré
que le coeur ne peut avoir de part à ce mouvement.
La force de la dérivation eft affez grande pour
furmonter celle de la pelanteur, & le J ’ang remonte
perpendiculairement pour fortir par la- plaie.
Quand au lieu de l’artere on ouvre une veine , le
même phénomène a lieu,& lefangviexit fe précipiter
des deux côtés du tronc & des branches, dans la
bleffure. Il furmonte de même la rcfiftance de la
pelanteur , quoique quelquefois avec un peu de
peine.
Après bien des expériences, il a été vérifié que
la faignée de la veine n’accelere pas uniquement le
fang dans toutes les veines qui communiquent avec
la veine ouverte; mais dans les arteres même,
dont les troncs répondent aux racines de la veine
bleffée. Cette obfervation eft de la derniere'impor-
tance pour expliquer l’effet de la faignée , qui bien
fûrement produit une dérivation très-eonfidérable de
toutes les veines d’une partie. Cette ainfi que la faignée
de la jugulaire doit défemplirpuiffamment les
veines du cerveau.
Quand on retranche le coeur d’un animal en vie,
le fang reprend de même le mouvement quand il l’a
perdu, & vient fe verfer dans la bleffure , non-feii-
lemcnt par les veines, mais aiiflî par les arteres 6c
l’aorte.
L ’expérience ne nous apprend pas la caufe de cette
puiffance motrice: jen’ai jamais apperçu de contraction
fenfible dans l’artere que j’avois ouverte ; il
paroit cependant qu’il ne peut y avoir d’autre caufe.
Je ne puis me difpenfer d’ajouter que tout ce dérangement
de la circulation , ne dure que peu d’inf-
tans dans l’animal vivant; des globules rouges s’amaf'
fent dans la fente de l ’artere, elle eft enveloppée par
dehors par un nuage formé par la lymphe coagulée ;
elle fe ferme, &; la circulation reprend fon train
ordinaire; ce qui en refte, c’eft.le mouvement,
lorfque la faignée l’a réveillé, après que le fang
l’avoit perdu.
'Comme
SAN
Comme la faignée n’operc qu’en enlevant la ré-
fjftance d une partie de l’artere de la veine; d’autres
moyens, qui affoibliffent une partie du corps humain,
doivent produire le meme effet. Tel eft le bain de
pied , qui relâche les vaifteaiix de l’extrémité inférieure,
& qui décharge fouvent très-promptement
la tête 6c la poitrine ; tel eft encore le jeu des ven-
toufes : on prive une partie de la peau de la compref-
fion de l’athmofphere , dans le tems que cette com-
preffion fubfifle pour le refte de la furface du corps.
La force du coeur agifl'anl avec la même force, à la
place privée du poids de rathmofphere,il n’y trouve
pas la meme réhftance, remplit bientôt de fang les
vaiffeaux de cette partie de la peau.
Par une raifon analogue, quoique tirée d’une
puift'ance contraire au relâchement, le fang fuit une
partie comprimée ou refferrée par le froid, & fe
jette dans les vaiffeaux libres ou dans les parties du
corps qui ont confervé leur chaleur. Telle eft l’adHon
du froid fur la peau qui fe ride, fe durcit, & blanchit
à la fin, dont le fang eft repouffe vers Is
coeur , 6c par les veines, & par les arteres.
Le mouvement des mufcles eft une caufe fecon-
daire du mouvement du fang, que la nature emploie
le plus fouvent, & le plus innocemment. Il eft allez
indifi'érent quels mufcles onfaffe agir, malsl’aâion
réunie de toutes les chairs du corps animal fait le
plus grand effet. La danfe, le faut, la courfe accélèrent
vifiblement le mouvement du fang y redoublent
le nombre des pullations, échauffent le corps ,
6c font affez fouvent crever des vaiffeaux , qui ne
fe prêtent pas avec afl'ez de promptitude à cette
nouvelle vîteffe. Le vomiffement, & même à quelques
égards , la fimple indigeftion des aümens produit
imeffet analogue : un émétique eft un des m<^ -ms
les plus fûrs 6c des plus prompts, dont la médeciro
piiiffe fe prévaloir, pourrendre le mouvement prefque
éteint à des malades épuifés.
Faute de mouvement, lefangveineux ne reflue
qu’avec peine, les pieds deviennent oedémateux , la
tranfpiration diminue, 6c le coeur feul ne luffit pas
pour entretenir dans la circulation du fanglz vigueur
néceffaire.
Cette puiffance du mouvement mufculâire ne
vient pas de l’impulfion du fang 6c de la pâleur des
mufcles qui fe coniraâent ; car ils ne pâlifl’ent point,
& le microfeope ne découvre aucune différence
dans la vîteffe des vaiffeaux du mufcle qui agit, 6c
du mufcle qui eft en repos. C ’eft apparemment la
compreflion des troncs veineux 6c artériels qui opéré
cette nouvelle vîteffe : placés dans les intervalles
cellulaires des mufcles , ils font comprimés dans
toute leur longueur , & le fang en eft pouffé contre
les parties fur lefquelles aucun mufcle n’a de pouvoir
, ce font les troncs veineux. Les arteres fouf-
frent moins de cette preflion , parce qu’elles font
plus fortes 6c placées plus profondément.
Avant que de prendre le mouvement, le mouvement
dufangie déréglé peu-à-peu. 11 commence
à devenir plus lent, 6c c’eft principalement alors
que les fecouffes du coeur fe diftinguent le mieux.
Le fang fe meut un moment avec lenteur, & ce
mouvement redevient plus aélif par l’effort que fait
le coeur Irrité par le fang y dont il ne peut pas fe
décharger.
Un mouvement contraire à celui de la nature fe
mêle à ladireélion naturelle. Leyà/7o-reflue fouvent
des arteres contre le coeur, c’eft apparemment ce
qui arrive dans les mourans lorfqu’ils pâlifl'ent, &
que les veines perdent la chaleur naturelle.
Après cette rétrogradation , fouvent obfervée par
Leeuwenhoeck, fuit I’ofcillation , efpece de mouvement
tres-ordinaire dans les animaux affoiblis. Le
J.ing reflue vers le coeur par une anc re, un moment
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après le coeur la repouffe & lui rend fa direélion 1,..-
turelle. Dans quelqueveine, qui unira deuxtroncs,
le fang balancera, il ira un moment du tronc droit au
tronc gauche, & il reviendra un moment après de
gauche à droite.
Le repos fuccede à l’ofclllation, il commence par
les petits vaifleaux, & les extrémités de l’artere perdent
le mouvement , enfuite celles du méfentere
pendant que 1 aorte bat encore. Le repos gagne peu-
à-peu les troncs, pendant que d’autres vaiffeaux ont
confervé du mouvement, mais le nombre des arteres
immobiles augmente peu-à peu , le coeur par un
effort redoublé lui rend quelquefois le mouvement,
mais le repos gagne bientôt le deffus.
Avec le repos les vaiffeaux fe défemplllTent, le
nombre des globules diminue , ils fc vuident tout-à-
fait, 6c après la mort les vaiffeaux font entièrement
vuides.
Un auteur refpeélable refufe de croire à ces déré-
glemensdans le mouvement du fang, il n’a rien ob-
fervé, dit-il, que le ralentiffement fucceffif du mouvement.
Et cependant fes propres expériences font
pleines d’exemples de la rétrogradation, de l ’ofcilla-
tion , du mouvement ranimé.
Nous avons du ailleurs que le coeur eft l’unique
moteur du fang. Quoiqu’il puiffe recevoir quelques
fecours de quelqnescaufes fecondaires,ils’enpaffe,
& ces cailles n agiffent pas conftamment comme lui.
11 y en a qui impriment auyà/jgquelque mouvement,
après la deftruétion même du coeur. La force de la
dérivation agit plus d’une demi-heure après cette
terrible opération, à laquelle l’animal à f r o i d
furvit quelquefois un jour entier.
La force de la dérivation agit puiffamment après
la deftruélion du coeur, elle porte vers la plaie le
fang des troncs artériels & veineux, celui même des
arteres capillaires.
La force delà pefanteur n’agit jamais plus fenfi-
blement qu’après la deftrudion du coeur, & le fang
fuit fa diredrion & dans les grandes arteres, 6c même
dans les arteres médiocres, caries vaifleaux capillaires
ne font pas affedlés.
Le froid agit de même ; c’ eft lui qui en partie re-
pouft'e le fang de la peau 6c des parties extérieures
vers le coeur, où il s’eft confervé une grande chaleur.
L’attradlion des globules entr’eux eft un phénomène
fufiifamment vérifié. Par-tout oii il y a une
maffe de globules, comme dans un anévrifme , ou
même dans le tiffu cellulaire, les globules des vaif-
feaux (lu voifmage y accourent. Il eft vrai que cette
force agit avec moins de vîteffe que la dérivation,
mais elle dure autant qu’elle.
Je n’ai pas vu dans les animaux la force de l’air
fixe développé, mais je l’ai fouvent vu cet air dans
les animaux à fang chaud, c’eft lu i, fans doute, qui
a fouvent preffé le fang, après la mort par les petits
vaiffeaux du nez, de la bouche, des reins, de l’utc-
rus , 6c caufé des hémorrhagies long-tems après le
repos du coeur. C’eft encore à cet air que j’attribue
le phénomène célébré des vampires : ce qu’il y a de
vrai dans une obfervation qu’on a trop ornée , c’eft
qu’on a trouvé la bouche pleine de fang fluide dans
des fiijets morts de quelque fievre maligne.
J’ai parlé jufqu’ici du mouvement progreflif du
fang , je viens à celui qu'on appelle pnffion la-
icraLc.
Les arteres font toujours pleines dans l’homme
vivant, elles le font dans les animaux fournis au
microfeope , pendant que leur fang fe meut avec un
peu de force. Il eft vrai que dans les animaux épuifés
6c mourans, ces vaiffeaux fe defempliffent, Sc qu’ils
y font, ou vuides, ou mal remplis. Mais dans ces
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