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fenslong-tems apres avoir perdu toute marque de feu-
timent & de mouvement. Dans la lincope, la léthargie,
il ell ordinaire de voir des perfonucs rappellées
à la vie long-tems après l’avoir perdue en apparence.
Ne pouvant juger par nous-mêmes de i’inlîant où
l’ame i'c Icpare du corps, nous i'ommes toujours en
droit de fuppofer qu’il y a vie tant que les preuves
du contraire ne font pas dccifzves ; elles le font difficilement.
L’incertitude la plus cruelle efi encore répandue
fur les fignes de la mort, & ce n’eft qu’apres un laps
de tems confidérable qu’on peut s'aiTurer par l’en-
lemble des fignes de ce dont on doutoit peu auparavant.
L’irritabilité des parties , d’après les principes
de l’économie animale bien entendue, paroit la condition
la plus eliéntielle aux parties organiques pour
la vitalité. Cette irritabilité exille quelque tems après
la mort violente d’un animal, dans la partie meme
féparéedu corps ; elle s’éteint peu-à-peu, &: l’on peut
la remettre en jeu par des irritans de plufieurs ef-
peces. La lubmerlion, la fiiffocation fimple fans
caillé venimeufe ou délétère, telle que la vapeur du
charbon, Ibm des caules violentes de mort oui peuvent
tuer lentement en fupprimant tout-à-coup l’action
fenlible des organes, mais en laiflant fubfifter
les qualités qui les rendent propres à exécuter cette
aftion. U eft même polfible que la vie ne foît que
l’action de ces organes, ou l’irritabilité mife en jeu
par les ftimulans de la circulation ou de la refpira-
tion. Ces itimulansdiminuant oucelfant, l’aétion des
organes celle ; mais s’ils ont encore les mêmes facultés
ou les conditions requites, l’action fe renouvelle
par l’application d’un ftimulus pareil. On renouvelle
l’aftion ffii coeur dans un animal récemment tué, en
foiifflant de l’air par les veines pulmonaires ; cet air
lient lieu dans ce cas du lang que la veine charrioit.
On ranime un homme noyé depuis peu , en foufflant
avec force de l’air dans fa trachée-anere, en lui
donnant des lavemens avec la fumée de tabac, en
lui foufflant divers Itimulans dans le nez ou la bouche.
On ranime des apoplectiques en foufflant du fn-
blimé'Corrofif, de l’arlenic dans le nez ; en un mot
nous voyons tous les jours des ftimuliis phyfiques ,
en redonnant aux fibres leur premiere aétion, développer
des fonctions aflbupies ou anéanties en apparence.
Lorfque les forces font confidérablement affoi-
blies, que l’action mufculaire n’ell plus en état de
furmonter les grandes rcfiftances , les grands mou-
vemens s’éteignent peu-à-peu , & Iespetits,abforbés
ou confondus auparavant, paroiffent alors en entier.
Dans la fyncope , les arteres ne battent point vers
les extrémités , la refpiration ce<îe peu-à-peu, ÔC
long-tems après qu’elle a celfé, on revient encore à
la vie: on fent alors un léger mouvement de palpitation
vers ta poitrine , ou pour mieux dire, on ap-
perçoit des mouvemens partiels qui iuppléent aux
premiers pendant quelque tems.
Dans un animal qui le meurt d’hémorrhagie, on
voit qu’à meiure que le lang s’évacue, la refpiration
devient de plus en plus rare , les intervalles font
très-longs, la vie fe conferve pourtant ; le coeur bat
toujours, l’ondlroit que la nature accumule, durant
ces intervalles , des forces iuffifantes pour exciter
enfuire la contraéUon mufculaire. Lorfque la plus
grande partie du fanga été vuidée ,1a circulation elle-
même ceflé par le défaut de ce liquide; l’animal
meurt pour ainfi dire en détail, fes fondions s’étei-
gnent l’une après l’autre, 6c les derniers moiive-
mens de l’arumal font ceux qui exigent les agens
les moins puilTans. Qu’on ne s’y trompe point; ce
ne lont pas les mouvemens convulhfs qu’on voit
dans les agoniians , qui lont les derniers effets de la
vie ; ces mouvemens doivent être conlidérés comme
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les effets de la vie commune de tous les organes;
mais fobfervation démontre que tous les organes
ne cdient point d’agir à la fois ; il en eft dont l’adtion
fublifte quelque teins après la ceflation de la vie générale.
Le coeur arraché de la poitrine d'un chien,
lépai c de ces vaifteaux &c mis à nud fur une table ,
fe meut encore pendant long-tems : différentes par*
ties d un mufcle jouiffent après la mort d’un mouve-
ment de vibratilite ; on voit tremblottcr les chairs
d’un anima! écorche, ce mouvement s’étend vers les
parties voifines, les irritans le raniment lorfqu’il pa-
roît éteint , & ce qu’il y a de plus fingulier , c’clî
qu’un mufcle détaché de l’animal, & qui après quelque
tems a perdu ce mouvement d’ofcillation partielle,
peut encore le recouvrer fi on le divile en
plufieurs parties.
Tous ces mouvemens, quoique légers en apparence,
fe combinent durant la vie , & c’eft de leur
combinaifon que naiftent les fonélions organiques.
Leur perfedlion bc leur accord fait la v ie; mais la
vie n’eft pas un point mathématique ; elle a une latitude
qui eft exprimée parla quantité immenfe de
degrés de perfediion 6c d’harmonie des agens. Ces
différences qui s’écartent de l’état parfait , font les
maladies; & l’on lent bien, d’après ce tableau, que
puifquil y a des parties qui furviveni les unes aux
autres , qu’il y en a d’eft’emielles 6c. d’acceffoircs ou
fccondaires, on n’a pas droit d’en conclure qu’il eft
de toute impoffibilité qu’une fondlion majeure ceffo
fans eut rainer la ceftarion des autres. Ce leroit nier
les faks & s’oppofer à l’évidence. Nous ne fommes
pas aflez avances dans la connoiffance de l’économie
animale, pour déterminer le nombre de variations
dont elle eft fufceptible, les faits feuls peuvent nous
éclairer fur ce qui eft poffible , & la négation fans
preuves qui l’appuient, eft le plus inconfequent de
tous les argumens.
_ Il faut pourtant ajouter que ce que je viens de
dire des mouvemens particuliers comparés auxgéné-
raux, doit être examiné dans l’animal fain qui périt
d’une mort violente. Les dégénérations accidentelles
ne fuivent pas toujours le même ordre , parce que
les caufes de maladies attaquent quelquefois en premier
lieu les premiers moteurs ; tels font les principes
délétères, les venins , Us inoffetes , &c.
Les moyens ordinaires dont on ufe pour s’affiirer
fl un homme vit encore ne font donc pasconcluans:
tel eft l’ufage d’approcher de la bouche un flocon
de laine pour voir s’il remue, ou une glace pour
appercevoir fl la tranfpiration la falit, ou un verre
d’eau pofé fur la poitrine, des brCilures, des piqiiures,
des étermians & autres manoeuvres de cette efpece.
On revient à la vie après avoir ufé de tous ces
moyens à plufieurs reprifes & s’être affuré qu’üs
ne produifoient aucun effet.
Il réfulte de ce que j’ai dit dans cet article , que
les Agnes par lefquels on peut juger fl un homme
a ete précipite mort ou vivant dans l’eau, ne doivent
être évalués qu’avec une extrême prudence & avec
les modifications déjà mentionnées.On fent d’ailleurs
l’impoffibilité de déterminer par l’infpeâion du cadavre
, fl un homme s’eft noyé volontairement, s’il l’a
été par d’autres , ou s’il s’eft noyé paraccident. Les
effets font les mêmes dans ces trois cas, & les in-
diiêfions ou les probabilités qui pourroient les diftin-
guer, ne font pointdureffort de la médecine.(/^m-
cle de M. LA FosSE , docleUT en Médecine. )
§ NOT[ ON , ( Géogr. ) On ht dans les archives
de Noyon , que les ouvriers qui travaillèrent à une
fontaine érigée à Noyon en 1491, n’avoient pour fa-
laires que 1 fols & demi par jour, & que la fête que
donna la ville le premier jour que la fontaine coula ,
revint à 50 fols.
Noyon y comme les autres villes, eut jadis fon
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lutin appelle Lucibauc : itrnh\Q aux grands comme
aux petits , fous différentes formes , il faifoit redou-
teiTa préfence dans les rues & dans les maifons. La
vérité eft que LuclbauU, coquin décidé qui outra-
geoit, battoir, blefibir les paffans, avoir été chantre-
gagifte à la cathédrale, 6c qu’ilfut puni. Levaffeur
i’a pris bonnement pour un revenant. Hiß. du Ver-
mandois, parM. Colliette, en j vol. lyyz.
Ce qui fe pratique à la premiere entrée de
réveque, comte&pair,en cette v ille, cftflngulier,
6c a été décrit par M. Richouf, chanoine de cette
églife. Le fie^é de VieuUnnes doit tenir la bride de
la haquenée 6c l’étrier; enfuite la haquenée eft pour
lui. Levaffeur , doyen de Noyon , qui a fait l’hiftoire
de cette églife, fait remonter, l'ans preuves, la dignité
de la pairie à Clovis 1 ; & il ajoute que la
deuxieme femme du roi Robert étoit fille d’un comte
de Noyon : d’où on doit conclure que le comté étoit
alors en main laïque , non affeélé à l’églife.
L’églife cathédrale a été bâtie par Pepin-le-Bref
& par Charlemagne fon fils. L’abbaye de S. Eloy ,
fondée par le faint, a été illuftrée par fon tombeau.
Il s’eft tenu plufieurs conciles k Noyon ^ ès années
8 1 4 ,8 3 1 , 1 1 3 1 , 1Z71 6c 1344.
Dès l’an 1108, les habitans de Noyon jouiffoient
du droit de commune , établi par l’évêque Albéric ,
& confirmé par Louis V I , dit/^ Gros^ & par Louis
Y IL ü n dit par fobriquet les friands de Noyon ,
à caufe des excellentes pâtifferies qui s’y faifoient.
On a oublié Jacques Sarrazin , né à Noyon en
1598, habile Iculpteur & peintre. Parmi les ouvrages
qui décorent Verfailles , on diftingue le magnifique
groiippe de Remus & de Romulus , alaités
par une louve. C’eft encore ce célébré artifte qui
fit le grouppe fi eftimé qu’on voit à Marly , repré-
fentant deux enfans qui jouent avec une chevre. Il
mourut à Paris en i66o , à 61 ans.
Nicolas le C a t ,né à Bleraucourt, près de Noyon.,
un des grands phyficiens de France, dont les ouvrages
formeroient unebiblioiheque,étabtitàRouen une
école publique d’anatomie & de chirurgie en 1736 ;
raffembia enfuite les favans & les amateurs ; fit
éclorre une fociété littéraire , q u i, depuis , eft devenue
académie , dont il a été fecrétaire perpétuel.
Le roijinllruitde fon mérite , lui accorda, en 17^9,
une penfion de ^ooo liv. & en 1766, des lettres de
noblefl'e cnregiltrées grrt/ii. Il mourut en 1768, âgé
de 68 ans.
Le portrait de Calvin , né à Noyon (qui fe lit
dans le Diction, raij, des Sciences'), a paru flatté à
quelques-uns : voici comme nous le repréfente M.
de Juvigny , dont on connoît le talent de peindre
les hommes célébrés.
« Calvin avoir véritablement le caraêlere altier ,
>> dur S: inflexible d’un réformateur enthoufiafte. Son
» attachement^ opiniâtre à les idées étouflbit en lui
»tout autre lentiment, toute autre palfion. Il ne
» donna dans aucun excès de débauche, comme la
» plupart des autres chefs de feéle , qui lembloient
»agir plus pour 1 interet de leur paffion que pour
» celui du parti qu’ils formoient. On prétend même
» qu ilnefeferoit jamais marié , fifes ennemis ne lui
» avoient reproché qu’il ne reftoit dans le célibat que
» pour devenir un jour cardinal , en fe réconciliant
» avec l’cglilè romaine ».
Le favant abbé de Longuerue prétend qu’il ne
connoifl'oit des pères que S. Auguftm 6«: S.Thomas;
que tout ce c|ti il a écrit lur l’ancien-Tcftament ne
vaut pas la peine d’être lu , parce qu’il ne l'avoit pas
I hebreu.^ Ses autres ouvrages lur l’Ecriture-Sainte
lont pleins de digrelîions étrangères, d’inveêHves
6c de fens contraires.
. Ee ininifiie Claude ne craignit pas de prêcher un
jour à Charenton contre le fentiment de Calvin, fur
N U I 71 l’Eucharlftle , qu’il regardoit comme une idée particulière
, « incompréhenfible 6c inexprimable ». Bibliothèque
de La Croix du Maine, in-nf. tyyo.. (C.)
N S
N S A M B I , ( Luth. ) efpece de guirarre & le
principal inftrumem du Congo. Le nfambi a pour
tctecinq petits arcs de fer qu’on fait entrer plus ou
moins dans le corps de l’infirument quand on veut 1 accorder. Les cordes font de fils de palmier. On
joue du nfambi avec les deux pouces , 6c le muficien
tient i’mftriiment fur fa poitrine ; le fon en eft afl'ez
mélodieux, quoique bas.
IJ paroît, par_ cette defcrlprion, que le nfambi
a cinq cordes qui ne donnent chacune qu’un ton ;
car l’inftrument n’a point de manche. ( F. D. C. )
N U
NUAGES , ) Le grand nuage 6c \z petit
nuage , font des conftellafions méridionales qu’on
appelle auffi les nuées de Magellan , ou les nuées du
Cap, parce qu’on les voù en approchant du détroit
de Magellan ou du cap de Bonne-Efpcrance , dans
l’hémilphere auftral. Ce font des nébulofités ou
blancheurs femblables à la voie laélée, mais dans
lefquelles on diftingue quelques étoiles, comme dans
la plupart des nébuleulès. Le grand nuage, nubecula
major, eft fitué dans le planilphere de M. de la
Caille , au-deffus de la montagne de la table, vers
l’ctoilep, qui avoit en 17 50 ,7 6 '' 31' 10" d’af-
cenfion droite, 6c 71^ 38' 43" de déclinaifon auf-
trale. Le petit nuage, nubecula minor, n’a que des
étoiles de 6* grandeur, dont une avoit 3 z ^ z 6 '4 5 "
d'afeenfion droite , & 7 5 40 ' 1 5 " de déclinaifon.
( M DE LA La n d e . )
NUÉE , f. f. ( terme de Blafon. ) meuble de l’écii
qui imiie un nuage.
De Beauvais de Gentilly,de la Boiflîere, à Paris;
d a^ur a un cceur d or , accompagne en chef d! une nuéi
d'argent étendue en fafee alefée , & en pointe d'un
croifant de même. ( G. D. L. T. )
§ NUIT.S , Nutium , (^Géogr.') petite ville de
Bourgogne, à quatre lieues de Dijon, trois de
Beaune , fix d’Arnay-le-Duc, fur le Miifain qui a
inondé & endommagé confidérablement la ville en
1712 , 1747 6c 1757 ; mais le canal de la riviere,
élargi de 30 pieds en 1758 , garantira Nuits de
pareils accidens.
Le territoire de ce bailliage produit les meilleurs
vins de_Bourgogne. Les plus e.xcellens font, fans
contredit, ceux de Saint Georges, de Vofne, d*
Morcy , Chambole , Rougeot 6c Premeaux.
La premiere célébrité des vins de Nuits ne re-
montequa la maladie 6c àlaconvalefcencedeLouis
XIV en 1680 : les médecins ayant indiqué le vin de
Nuits comme le plus peêloral , depuis ce tems la
réputation de ce vin s’eft répandue en Allemagne ,
en Angleterre 6c dans toutes les parties du Nord ;
ce qui en a augmenté confidérablement le prix. Il
ne valoir en 1625 que 20 à 26 liv. il coûte maintenant
depuis 600 à 1200 liv. la queue.
Le duc Eudes III donna des privileges à cette ville
qui falloir partie du domaine des fires de Vergy,
en 1212. Elle fut prife & faccagée par les Reitres,
conduits par le prince Cafimir au recours des pro-
teftans de France, en 1576.
La collégiale de faint Denis , fondée en 1023 à
Vergy , fut transférée , après la démolition de ce
château , à Nuits en 1609.
Jean de Pringles , célébré avocat de Dijon , commentateur
eftimé delà coutume de Bourges, naquit
à Nuits en 1550, oC mourut doyen de» avocats en
1626.