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avoir manqué à la parole qu’il avoit donnée à
Platon.
D’autres mythologues, fans avoir égard an por^
trait avantageux qu’Homere fait àeSiJiphe, ont dit
qu’il exerçoit routes fortes de brigandages dans l’At-
îiquc, Si- qu’il faifoit mourir de divers fupplices tous
les etrangers qui tomboient entre fes mains : que
Théfée , roi d’Athenes, lui fît la guerre & le tua
clans un combat, & que les dieux le punirent avec
raifon , clans le Tartare , pour tous les crimes qu’il
avoit commis fur la terre. ( + )
§ SISSEG ou SiSEK , ( Géogr. Antiquités. ) Sifeia,
c ’étoit,felon Pline,une bonne ville autrefois, aujourd’hui
bourg dans la Croatie,au confluent de la S ave&
du Kulp ou Gulp : cette place ayant été afTiégée par
les Sarmates , commandés par leur roi Raufimode ,
en 311 ; Conftantin leur en fît lever le fiege , les
défit, tua leup roi, & fit périr leur armée. Les habi-
tans, en reconnoifl'ance, firent frapper une médaille ,
fur laquelle on lit :
I n o c n i h i s h v c .
V iR TU S EXERC.
S. F.
V O T. X . S i s e .
Le Pere Hardouin explique ainfî cette infeription :
Imptrator nojler optimus Conjîantinus
Nuper in hofîcs irrumpins
Sifcimnftm hanc urbern conferyavitf
Vinus excrciius , jizeu/i filicitas ,
f^otis dicennalibus
Sifeienfés.
Voyti^ Journ. dt Trsv. décembre lyoS , page 21S1, Cu'i
la médaille qu’on croit unique eft gravée. (C .)
SITUATION, f. f. ( Belles-Lettres, ) Dans la podfîe
dramatique, on appelle Jituation., un moment de
l’aélion théâtrale, où de la feule pofition des
perfonnages, réfulte pour le fpeétateur un fa’dîfîe-
inent de crainte ou de pitié , fi laJituation eft tragique
; de curiofité, d’impatience ou de maligne.- jo ie ,
fl \zJituation ell comique. C’efl dans l’un tu dans
l’autre genre, le plus infaillible moyen de l’airt.
Pour bien juger d’une fuuation y il faut fjppofer
les aûeurs muets dans ce moment critique, & fe
demander à foi-même quel mouvement -excitera
dans le fpeélacle la feule vue de lafcene. b>\ le fpe-
ûateur, pour être ému, doit attendre C|u’on ait
parlé , il n’y a plus de Jituation.
Le pere de Rodrigue outragé, dit à fon fils : j’ai
reçu un foufîlet, mon bras affoibii par les; ans n’a pu
me venger ; voilà mon épée, venge-moL — De qui ?
— du pere de Chimene. Rodrigue dès ce moment n’a
qu’à refier immobile & muet d’étonnement ôc de
douleur ; nous fentirons, avant qu’il le cüfe, le coup
terrible qui l’accable.
Ce même Rodrigue fe préfente aux yeux de Chi-
mene, l’épée nue & fanglante à la main : l’imprefilon
de cet objet n’a pas befoin, pour être fentie , des
paroles qui vont la fuivre.
Chimene, à fon tour, vient fe jetter aux pieds du
roi, & demander vengeance contre un coupable
qu’elle adore : ces mots yjlre ^ Jtre yjujîice ! nous en
difent allez, &tous les coeurs, comme le fien , font
déchirés dans ce moment.
La fuuation tragique eft tantôt ce que les Latins
appelloient rerum angufice , un détroit dans lequel
ratleur fe voit comme entre deux écueils, ou fur le
bord de deux abymes : telle eft la ftuation du Cid \
telle eft celle de Zamore , lorfqu’on lui propofe le
ch oix, ou de renoncer à fes dieux , ou de voir périr
fa maîtreffe; telle eft celle de Mérope , réduite à
ralternative , ou de donner fa main au meurtrier de
fcMi époux, ou de voir immoler fon fils ; telle eft la
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fameufe Jituation de Phocas dans HéracUus lorf-
qu’entre Ion fils Selon ennemi, & ne pouvant eUfeer-
ner l’im de l’autre, il dit ces vers fi beaux 6c tant de
fois cités ;
O malheureux Phocas ! ô trop kennux Mauricg /
Tu retrouves deux Jils pour mourir apres toi
Et je rÜen puis trouver pour régner après moi.
Tantôt elle refTemble à la pofition d\m vaifTeau
battu par deux vents oppofés, ou au combat de
deux vents contraires: c’eft le choc dedeuxpaffions
ou de deux pulffans intérêts : tel eft dans l’ame d’Aga-
mernnon le combat de l’ambition & de la nature
de la tendreffe & de l’orgueil ; tel eft dans l’ame
d’Qrofmane le combat de l’amour & de la vengeance
; tel eft , entre Orefte & Pylade , le combat de
Tcimitié ; entre Agamemnon & Achille, celui de
l’orgueil irrité ; entre Zamti & Idamé , celui de
Théroïfme & de l’amour maternel.
Tantôt c’eft un fimple danger, mais preflant,
terrible, inconnu à celui qui en eft menacé. L’aéleur
refTemble alors au voyageur qui va marcher fur un
ferpent,ou qui, la nuit, va tomber dans un précipice;
telle eft la ftuation às Britannicus lorfqu’il fe confie
à NarcifTe; telle&plusefFroyableencoreeftlaftu a tion
d’CEdipe , cherchant le meurtrier de Laïus ;
telle eft la ftuation de Mérope & d’Iphigénie, fur le
point d’immoler, Tune fon fils, Tautre fon frere.
Tantôt c’eft comme un orage qui gronde fur la
tête du perfonnage intérefTant, ou un naufrage, au
milieu duquel il eft au moment de périr : Thorreur
du danger lui eft connue, mais fans efpoir d’y échapper
: telle eft la fuuation d’Hécube, d’Andromaque,
de Clytemneftre à qui on arrache leurs enfans.
Les ftuations comiques font les momens de Tadion
qui mettent le plus en évidence l’adreftb des fripons
, la fottife des dupes, le foible, le travers, le
ridicule enfin du perfonnage qu’on veut jouer. Pour
exemples de ces ftuations comiques, fe préfentent
en foule les feenes de Moliere \ & ces exemples font
la preuve que le comique de ftuation eft prefqu’in-
dépendant des détails & du ftyle , pour en rire juf-
qu’aux éclats, il fuffit de fe rappeller, même confufé-
menx fesftuationsAe TEcole des Maris, du Tartuffe,
de TAvare, des deux Sofies, de George Dandin, 6-c.
Le premier foin du poète, dans Tun ou l’autre
genre, doit donc être de former fon intrigue àtfitua-
lions touchantes ou plaifantes par elles-mêmes , fans
fe flatter que les détails, l’efprit, le feniiment &
l’éloquence même puiffent jamais y fuppléer. Son
aftion ainfi difpofée, qu’il prenne f'oin d’y joindre
les développemens que la ftuation demande, & que
la nature lui indique ; qu’il y emploie le langage propre
au caraélere, aux moeurs , à la qualité des
perfonnes; il aura prefqu’atteint le but de l’art;
mais cen’eft pas affez , s’il n’a de plus obfervé les
paffages , les gradations d’une ftuation à Tautre ;
c’eft la grande difficulté.
On réuftit plus communément à Inventer des fitna-
lions qu’à les bien amener & à les bien lier enfem-
ble. La crainte d’être froid & languiffant fait quelquefois
qu’on les brufque & qu’on les entaffe ; alors
le naturel, la vraifemblance, l’intérêt même n’y eft
plus. Ce n’eft point par fecouffes que Tame des
fpeéfateurs veut être émue : un coup de foudre imprévu
les étonne, mais ne fait que les étourdir ;
pour que Torage imprime fa terreur , il faut qu’elle
foit graduée ; qiTon Tait vu fe former de loin, &
qu’on Tait entendu gronder.
C ’eft peu même de favoir amener les ftuations
avec vraifemblance & les graduer avec art ; quand
le perfonnage y eft engagé, il faut favoir Ten faire
fortir, foit pour le tirer de péril ou de peine au
moment que TaéUon Texigç, (oit pour l’engager
dans
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dans une fitiiation, ou plus tragicfue, ou plus rifible
encore.
Lorfqire dans le Philocîeti de Sophocle , Néopto-
leme a rendu à Philoftete fes armes, on fe demande:
comment par la feule perfualion ce coeur ulcéré
fera-t-il adouci.^ & on attend ce prodige , ou de la
vertu de Néoptoleme , ou de l’éloquence d’UIyffe
mais dans la piece de Sophocle, ni Tune , ni Tautre
ne l’opere : voilà une f tu a t io n manquée. Dans
Cinna y Rodogune y A lf ir c y lorfqu’Emilie & Cinna
font convaincus de trahifon , lorfque Zamore a tué
Gufman 6c qu’il eft pris , lorfqu’Antiochus a le
poifon fur les levres, on fe demande par quels prodiges
échapperoient-ils à la mort ? & la clémence
d’Augufte, la religion de Gufman , Tidée qui fe
prefente à Rodogune de faire faire Tefl'ai de la
coupe , viennent dénouer tout naturellement ce qui
paroiflbit infoluble.
Quant aux f tu a t io n s paffageres, la reponfe
d’Emilie ,
Q u ' i l dégage f a f o i
E t qu’ i l ch o ifjfe après entre la mort & moi,
La réponfe de Curiace,
D i s - lu i que Camitié y l 'alliance & L’amour y
N e pourront empêcher que les trois Curiaces
Ne ferv ent leur p a y s contre les trois Horaces,
La reponfe de Chimene,
Malgré des f e u x f beaux qui troublent ma co le r t,
J e fe ra i mon p o f îb lc 'à bien venger mon pere ;
M a is malgré la rigueur d 'u n J'i cruel devoir ,
M o n unique Jouhait e f de ne rien pouvoir,
La réponfe d’AIzire,
T a probité te parle y i l fa u t ri écouter q u e lle ,
font des modèles accomplis des plus heureufes fo-
îutions.
Dans'le comique, un excellent moyen de fortir
d’nne f tu a t io n qui paroît fans refToiirce , c ’eft la
rufe qu’emploie la femifè cie George Dandin , lorf-
qiTelle fait femblant defe tuer, & qu’elle réuftit par
la frayeur qu’elle lui caufe , à le mettre dehors, 6c
à rentrer chez elle.
Le moyen qu’emploie Ifabelle dans VEcole des
Maris y pour empêcher Sganarelle d’ouvrir la lérire
L u i voulez-vous doriner à croire que c e f î m o i?
n’eft ni moins naturel, ni moins ingénieux , • & il
eft d’un plus fin comique.
Mais le prodige de Tart, pour fe tirer d’une f t u a tion
difficile , c’eft ce trait de caraûere du T a r tu fe :
O u i y mon fr e r e , j e fu i s un m é ch a n t, un coupable ,
U n malheureux p écheur, tout p le in d'iniquité ,
L e p lu s grand Jcélérat qui jam a is ait été.
Ce feroit-là le dernier dégrc de perfeéHon du comique
, li dans la même piece & après cette f t u a t io n ,
on n’en rrouvoit une encore plus étonnante ; je
parie de celle de la table, au-delà de laquelle on ne
peut rien imaginer. ( M . M a r m o n t e l . )
SIVARD I., {_Hif. de D a nem a r ck .') roi de Da-
neniarclc, monta fur le trône vers l’an 341. Un am-
baftadeur Suédois qui venoit, au nom de fon maître ,
demander en mariage la foeur de S iv a rd , fut attaqué
])ar des affalfiRs. Gothar, roi de Suede, crut ou
feignit de croire que cet attentat s’étoit commis par
I ordre de S iv a r d , 6Î faifit ce prétexte pour lui déclarer
la guerre; il battit fa flotte , prit plufîeurs de
fes vaifleaux, lui enleva la Hallandie i conquit la
Scanie, & époufa la foeur d’un prince qu’il avoit dépouillé
d’une partie de fes états, &c qu’il foupçdnnoit
être 1 auteur d’un aflaffinar. Lès Vandales s’unirent
•aux Suédois pour porter à les derniers coups;
ils furent vaincus dabord ; mais ils revinrent avec
Tome I F .
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de nouvelles forces , s’emparèrent de la Cimbrie ;
Jarmeric, fils de S iv a rd , &c fes deux foeurs, tombèrent
entre les mains de ces barbares, qui les vendirent
a l encan. 5'ïvflr,^ rentra dans la Scanie à main armée ,
réfolu de périr ou de vaincre, & fur tué dans un,
combat vers Tan 345.
S i v a r d II partagea le royaume de Danemarck
avec Ringon vers Tan 812 ; ce partage fut la fource
des plus grands maux ; les deux princes fe firent une
guerre c n i e l k ; S iv a rd fufpendit les hoftiUtés pour
marcher contre les Slaves qu’il fournit; Ringon
avoit profité de fon abfence pour s’emparer de tout
le Danemarck. S iv a rd revint fur une flotte nom-
breufe, & lui préfenta la bataille : Ringon fut tué
dans le combat ; Siva rd fut blefl'c & mourut peu de
jours après. ( A f. d e S a c y . )
§ SIXTE, ( Mufiq . ) Dans l’article du D ic l. raif.
des S c ien c e s, on parle de fept accords deJ i x t e , 6c Ton
n’en nomme que fix; de plus, par une faute d’im- '
preffion , on dit deux fois le cinquième, pour le cinquième
& le fix iem e . Nous allons remettre ici les
iépt accords en faifant des remarques ncceffaircs à
chacun.
i ° . L’accord de f i x u peut fe placer auffi fur la
fixieme note du ton.
On peut commencer une piece par l’accord de
f x t e renverfé de celui de tonique, mais non la finir;
lorfque l ’accord def i x i e eft renverfé de la tonique
ou de la fous-dominante , on peut y doubler le ton
fondamental, la tierce, ou la f x t e à volonté, 6c
luivanr l ’exigence des cas.
Lorfque Taccord de f x t e eft renverfé de celui de
dominante tonique, dont on a retranché la feptieme,
alors on ne peut doubler que la tierce 6c k f x t e , le
ton fondamental étant note fenfible.
L’accord A c f x t t majeure avec tierce mineure,
comme r t , f i , f , peut fe déduire de deux accords
différens, ce qui lui donne aulTi plufîeurs marches
naturelles.
2°. L’accord de f x t e majeure & tierce mineure
peut n’être qu’un accord depetiteyfkvcmajeure dont
on a retranché la quarte; alors il eft renverfé de
Taccord fenfible, 6c ie traite comme tel. Dans cet
accord on ne peut .doubler que le fondamental, la
tierce eft au fond la diftbnance , & la f x t e , la note
fenfible. V o y e ifig , /j , /z®. /, P lan che X I V d e M u fq ,
S uppl,
3 ■’ . Ce même accord peut être renverfé de Taccord
de tierce mineure & quinte fauffe, où, comme
Ton fait, la quinte eft réputée jufte & traitée comme
telle ; alors cet accord de f x t e paftè à Taccord parfait
, majeur ou mineur , qui eft un degré au-deffus,
ou à quelqu’un de les renverièmens. Remarquez que
ce dernier accord eft celui de dominante, foit fimple
, foit tonique , & qu’on peut dans Taccord de
f x t e qui le précédé, doubler l’intervalle qiTon veut,
parce qu’ils font tous confonnans ou réputés tels. Noyez fig. '3 » 2 .
• Une obfervation importante c’eft qu’en changeant
une J ix te mineure en majeure , ou une f x t e
majeure en fuperflue, on pafle brulquement dans
un autre mode. Noyez f g . ^ 2 .
4®. L’accord de /zj^r^-quarte ; cet accord peut
être confonnant & diffonanr.
L’accord de fx t e - q u a r t e confonnant eft toujours
renverfé de Taccord parfait, majeur ou mineur, ou
d’un accord de ,petite-_/;v«, majeure ou mineure,
dont on a retranché la tierce. L’accord de f x t e - q u a n e
dérivé du parfait, eft moins confonnant que Taccord
de J ix te ; auffi ne peut-on commencer ni finir une
piece ou une phrafe par cet accord. On peut doubler
la quarte & la f x t e à volonté dans Taccord
confonnant defx te - çg a a n ^ .
L’accord de /zAve-quarte diftbnant n’eft qu’uns
U i i i
m
%;
Eh£êl
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