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Les canaux excrcroires de la glande fubllnguale
font plus modernes. Le plus grand de ces canaux cft
une découverte de Duverney , publiée par Calpar
Bartholin, le petit fils. Les petits canaux ont été découverts
par Rivinus.
Le grand canal, celui de Bartholin , efl prefque
aufli long que la glande fiiblinguale , & s’ouvre un
peu en deçà de celui de la partie maxillaire. Cela eft
rare cependant, & j ’ai vu prefque toujours un, deux
& trois canaux excrétoires naître de la glande fublin-
guale,& s’ouvrir dans le canal de la maxillaire, à
mefure qu’il fuit la longueur de la glande lublin-
guale.
Les petits conduits de la fubllnguale font courts,
ont peu de racines, & font nombreux. Ils s’ouvrent
clans la membrane de la bouche le long d’une ligne,
qui du frein de la langue va en arriéré le long de la
langue. J’en ai compté jufqu’à vingt. Ils s’ouvrent
dans de petits mamelons.
Comme il y a le long de cette glande des grains
détaches, qu’on peut prefque à fon choix regarder
comme appartenans à la glande , ou comme faifant
des grains fcparés, ces grains produifent aiilTi des
canaux excrétoires plus proche de la langue, & dans
une ligne qui fait la limite de cette membrane & de
la langue.
On peut regarder comme des glandes auxiliaires
^tsfalivaires des glandes très-nombreufes, ovales &
bien terminées, placées dans les joues & les levres,
& dont les conduits percent la membrane de la bouche.
Les plus greffes de ces glandes font celles qui
font placées à l’embouchure du canal de Sienon. ün
les a appellees elles font deMery. D ’autres
glandes de la même claîTe occupent tout le palais of-
ieux , & leurs pores font faciles à découvrir. Il y en
a de placées en étoiles.
Les glandes falivalrcs de Nuck , placées dans l’orbite
ne fe trouvent pas dans l’homme , & celles de
Cotfchxviz font des veines qui font une arcade entre
l ’cpiglotre & la langue.
La liqueur exhalante artérielle de la bouche augmente
la quantité de la falive. L’injeâion en imite
alfémentla fécrétion.
La falive, dont je viens de décrire les fources, fait
une liqueur qui s’évapore à la chaleur, 5c qui cependant
a quelque vifcofité. Elle efl fans goût 5c
fans odeur, 6c plus pefanre que l’eau. Eileeflfalée
dans les animaux carnivores , & empoifonnee dans
ïa vipere & dans d’autres ferpens, quoiqu’elle pa-
ro5fTe infipide. Elle devient âcre dans l’homme par
l’abfHnence, par la falivation mercurielle & par pla-
lieurs maladies humorales, fur-tout'dans le feorbur.
Elle n’efl certainement pas acide dans un homme qui
fe porte bien ôc qui ne boit pas de vin. 11 n’y a point non plus d’alkali développé. En s’évaporant
à l’air , elle laifTe un peu de mucofité & de
fei. Elle diffout le baume de Pérou. Les acides minéraux
la coagulent en partie aufTibien que le fubli-
mé. Elle écume beaucoup fur le feu & dans le vuide.
Dillillce, elle donne en petite quantité de l’huile &
de refprit volatil alkalin. Dans les cendres il y a un
peu de fel marin 5c de terre.
Il efl difficile d’en déterminer la quantité , car la
falivation en produit fans doute plufieurs livres par
jou r, mais cet état s’éloigne de celui de la nature.
La falive agit comme l’eau mêlée avec un peu de
mucus. L’eau lui donne la fluidité, la facilité de pénétrer
dans la cellulofué des alimens, celle de rc-
foudre les fels, de fe mêler avec l’huile par une trituration.
La mucofité la rend plus réfolutive ; elle
diflbut les gommes. On la croit capable d’accélérer
la fermentation plus que l’eau fimpic.
Elle concourt effeniiellement à la faculté de di-
fiinguer les faveurs. C’efl à tort qu’on la rejette ;
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on fe prive d’un des menfrritcs néceflalres de la di-
geflion qui a fouffert vifiblement, quand la falive
s’efl perdue, ou par l’habitude de cracher, ou par
une blcflure d’un conduit l'alival. ( H. D. GS)
SALLE dtfptUaclc^ ArdùuUun. Art dramat.'^
Les fpeétacles dramatiques font fans contredit un
de nos plus grands amufemens, 5c c’ell peut-être
le plus grand des avantages de la capitale fm-
villes du fécond ordre, que d’avoir trois théâtres
ouverts toute l’année. Avec le goût de notre nation
pour ce genre de plaifir, 5c pour tous les arts
qui concourent à le rendre plus piquant, il ell fin-
gulier que parmi nous l’architeflure théâtrale ne foit
pas encore fortie du berceau. Dans le fiecle précédent
nous étions excufables à cet égard; jufqu’au tems
de Louis X III, on u’avoit pour ainfi dire joué la comédie
que fur des irétaux : on ctablilToit un théâ.;,-
dans la plus grande piece d'une maifon , 5c on
appelloit avec raifon cette piece la j'alU de la como-
die. Quand on voulut s’étendre, on trouva commode
de prendre un jeu de paume ; on n'eut point de murs
à bâtir, mais feulement des doifons de bois ôc des
planchers à faire pour établir un théâtre run'orchellre 5c des loges qu’on adofi'a qiiarrément aux côtés Sc
au fond de la /d//e ; à peine arrondit-on un peu les
angles intérieurs 5c l’amphithéâtre : c’efl ainfi que
furent conflruites les fallcs des deux troupes de comédiens
François du fauxbourg Saint-Germain ÔC du
marais, ôc celle des comédiens Italiens.
On conçoit que la falU du palais royal, le premier
bâtiment peut-être que dans là conflruilion on ait
defliné parmi nous à des repréfentatlons théâtrales,
ait été conflruite furies modèles qu’on avoit toujours
fuivis , 6c qu’elle ait confervé la forme d’un quarre-
long à laquelle les yeux etoient accoutumes ; on ne
foiipçonna feulement pas qu’il y eût rien à changer
dans la forme; mais ell-il poffible que depuis un
fiecle on n’ait pas eu le tems de s’appercevoir que de
toutes les formes, la moins avantageufe pour un
théâtre efl celle d’une galerie ou corridor, beaucoup
plus long que large, oii la meilleure place pour voir
efl la plus mauvaiié pour entendre , ôc réciproquement
?
11 efl d’autant plus étonnant que nos idées ne fe
foient pas étendues en ce genre , que les anciens
nous en ont lailî'c des modèles , qui même ont été
imités en quelques endroits de l’Italie ; mais à peine
a-t-on fait en France quelque tentative pour s’écarter
de la forme qui femble conlacrée par l’ufagc.
Quand Louis XIV fît achever le palais des Tuileries
, on deflina une place pour les fpeélacles, 5c
l’on déploya beaucoup de magnificence dans la décoration
d’un quarré long, qui fut appellé fnlU des
machines : on ctoit accoutumé à regarder tous les
ouvrages de l’art, faits fous ce régné , comme des
chefs-d’oeuvre ; auffi la [allé ordinaire de la comédie
à Verfailles fut-elle conflruite dans le même goût
que celle des Tuileries : l’emplacement réfervé à
l’extrémité de l’aile feptentrionale du château de
Verfailles pour une faLU d’opéra, efl encore un
quarré-long en forme de galerie. On n’a rien eu à
changer aux proportions du manege pour en faire
une falU de fpeélacle au mariage de M. le dauphin,
en 174 5 : toutes les faites de comédie des maifons
royales font faites fur lemême modèle ; ce font des
faites, comme le nom l’indique, qu’on a prétendu
faire ôc qu’on a faites, c’ell-à-dire, des pieces plus
longues que larges; mais ce ne font pas des théâtres.
Combien de formes diverfes n’a-t on pas données
à nos voitures, depuis celles des anciens coches Jul-
qu’à celles que nous voyons , ôc qui varient encore
tous les jours? Combien de métamorphofes n’ont
pas fubi nos meubles les plus ordinaires, nos lits,
) 'M'
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nos tables , nos fieges, nos tabatières, nos montres
, ù c .} La dillribution de nos bâtimens modernes
ne reffemble nullement à celle des maifons du dernier
fiecle. Le François fi changeant dans Tes modes,
femble n’avoir réfervé fa confiance que pour l’ar-
chiteélure théâtrale : la forme de fes faites de fpeéla-
cles lui efl chere ; elle demeure invariable , comme
s’il avoir atteint la perfeélion en ce genre. Tout ce
que l’on peut dire de plus favorable à notre nation ,
quant à l’architeflure théâtrale , c’efl que le problème
fuivant a été parfaitement bienréfolu en France.
i/n jeu de paume , un rnanege ou une galerie étant donnés
, en tirer le meilleur parti poffible pour une faite de
comédie oit d'opéra. Quant à cet autre problème ;
un efpace libre & fujfj'ant étant donné, y conflruireun
théâtre ou une faite de fpectacle de la forme la plus
avantageufe : il ne femble pas qu’on ait feulement
tenté de le réfoudre; ce problème a fans doute fa
difficulté , mais les principes qui doivent conduire à
là Iblution font à la portée de tout le monde , ôc fi
claires que je ne puis afTez m’étonner qu’on n’en ait
pas encore tiré les conféquences.
Il ell évident que de routes les fallcs de f[)e£tacles
( je nie fers ici du terme reçu ) , la place l’era celle
qui dans la meme enceinte contiendra le plus de
monde, ÔC oîi tous les fpeélateurs feront le plus
egalement placés pour voir ôc pour entendre. Ces
deux principes, l’un ôc l’autre évidens , fuffifent
pour faire fentir le défaut de toutes nos falUs de
théâtre; défaut qui va iiifqu’au ridicule , tant leur
conllruélion s’éloigne du but qu’on a dû s’y propofer:
elles ne contiennent pas à beaucoup près tout le
monde qu’elles pourroient contenir fans augmenter
leur enceinte ; les fpeélateurs font fort inégalement
placés. De l’amphithéâtre & des loges du fond , où
l’on volt bien, on entend mal ; des deux ou trois
loges, les plus voifines du théâtre, on entend bien ,
mais on voit les aéteurs par le côté ; dans les fuivan-
tes, il faut fe donner le torticolis pour voir l’aéleur ;
dans les dernieres on entend mal ôc on ne voit pas
mieux ; dans le parterre , où l’on voit ôc où l’on entend
bien, il faut relier debout fur fes pieds pendant
trois heures.
Le remede à tous ces înconvcniensferolt la forme
circulaire : premièrement il efl démontré que le cercle
ell la figure qui contient le pins de place fous
une meme enceinte ; auffi tous les amphithéâtres antiques
font-ils circulaires ; deflinés aux combats
d’animaux ou de gladiateurs qui pouvoient être vus
également de toutes parts , ils étoient compofés de
gradins circulaires qui environnoient l’arene : il n’en
efl pas de meme d’une Icene de comédie, l’aéleur
doit être vu en face,ÔC il ieroit ridicule qu’il tournât
le dos aux fpeflateurs ; il faut donc retrancher la
moitié du cercle dans les théâtres , ÔC conferver,
comme ont fait les anciens, la forme demi-circulaire
à l’efpace que les fpedlateurs doivent occuper, c’cll
le moyen d’en contenir un plus grand nombre dans
une enceinte d’une longueur déterminée ; de plus en
augmentant l’efpace defliné au parterre , on auroit
plus de terrein pour y placer des fieges, Ôc remédier
au moins en partie à l’ufage incommode Ôc barbare
de tenir la moitié des fpedlateurs debout. Quant à la
feene, elle peut relier d’une forme quarree, mais fa
grande profondeur, au-delà de celle qu’exige le jeu
des adleurs, efl au moins inutile ; ÔC fi l’on dit qu’elle
aide à l’illufion des décorations, je réponds que cette
illufion doit être réfervée pour la perfpeflive de la
toile du fond, fous peinede choquer la vraifemblan-
ce d’une façon révoltante par le fpedlacle ridicule
d’un adleur, dont la tête, quand il fort du fond du
théâtre, efl de niveau avec les chapiteaux d’une co-
lonade, Ôc dont la taille femble décroître à vue
d’ocil, à mefure qu’il avance vers Us fpedlateurs,
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Outre le but de renfermer le plus de fpedlateurs
qu’il efl poffible dans une moindre enceinte , on
doit, en conllruifant une jalU de théâtre, fe propofer
<‘C les placer tous le plus également qu’il fe peut
pour voir ôc pour entendre, ÔC l’on fent que la forme
circulaire y efl la plus propre, piiifque chacun
^ y ^*’®’-^''eroit à la même diflance de l’adteur. ( Ces
réflexions dim excellent connoijfeur av oient déjà paru
dans un ouvrage périodique. Nous nous fortunes crus
d autant plus autonfés à les remettre ici fous les yeux
du Icclcur , quelles U préparent à rariide T h ÉATRE ,
& au plan d'une nouvelle faite de fpeclack que l'on
trouve dans les planches d'Arckiteclure de ce Supplément.
)
SALLON, (^Architecîure.^Lc fallon Spinola
exécuté à Gênes,fur les deffinsde M. de AVaiUy,ar-
chitedle françois, efl fans contredit un des plus beaux
qu’il y ait en Europe. Avantd’en donner la defeription
nous dirons un mot de l’illuflre maifon des Spinola,
La famille des Spinola efl une des quatre jilus anciennes
de Gênes : fonilluflration remonte jufqu’aux
premiers tems de la république ; mais ce fut vers la
fin du treizième fiecle qu’elle commença à fe montrer
avec plus d’éclat. Bientôt elle f'e forma une puif-
fame fadlion, fous prétexte d’embralTer le parti de 1 empereur Frédéric I I , contre le pape Innocent IV ,
ôc contre les Guelfes de Gênes. S’unifTant aux Do-
r/a , autre famille ancienne & illuftre, elle fe mit à
la tête des Gibelins de cette république , elleyrcgna
long-tems avec un pouvoir prefque defpotique ; ôc
tant qu’elle fut en pofiélfion de la l’ouveraineté ,
Gênes fut heureufe. Les Spinola, citoyens zélés
pour l’honneur , les intérêts Ôc la liberté de leur patrie
, s’oppoferent conflamment aux efforts des Pi-
fans, des Vénitiens, ÔC de Charles I ( d ’Anjou),
roi de Naples, qui vouloit i’affervir, avec l’aide des
Guelfes. Mais iorfque ia faélion contraire obligea les
Spinola de quitter cette ville inconfiante , alors citoyens
redoutables, ils s'armèrent contre elle , ou
plutôt contre leurs ennemis qu’elle renfermoit dans
fon fein ; ôc comme fi le dellin de Gênes eût été
attaché à leur puifiànce , elle ne put s’y foiiflraire
qu’en tombant fous la domination d’un prince étranger
, Robert, roi de Naples.
Ubert ÔC Conrard Spinola, pere ôc fils, furent
fucceffivement capitaines du peuple, vers la fin du
XIII'fiecle; ÔC par une modération qu’on ne fauroit
trop exalter, ilsfe démirentvolontairementdecette
place^, lorfqu’ils virent la liberté ÔC la tranquillité
de Gênes affurées par leurs foins. Conrard devint
depuis amiral des flottes des rois de Sicile ôc d’A ragon.
Übizzo Spinola , fils de Conrard , fut auffi revêtu
de la dignité de capitaine du peuple en 1366 , Ôc
j)orta fa famille au plus haut degré de fplendeur.
Fameux par fes fiiccès ôc fes revers, alternativement
vainqueur ÔC vaincu, Oblzzo domina long-tems dans
Gênes , ôc pafià pour le plus pulfTant ôc le plus riche
particulier de toute l’Italie. Il maria fa fille Argentine
à Théodore Paleologue, fils d’Andronic , empereur
d’Orient; ÔC, fuivant le témoignage de plufieurs
hlflorlens , il mit fon gendre en pofléifion du marqui-
fat de Monferrat. Lié particuliérement avec la plupart
des princes de fon tems, fpécialement avec
l’empereur Henri V I I , il reçut un grand nombre de
fouverains dans fon palais à Gênes, avec une magnificence
vraiment royale.
Nicolas Spinola , autre fils d’Ubert, fameux par
fes exploits contre les Maures, fut amiral de l’empereur
Frédéric II. Un autre Nicolas Spinola fe
diflingua dans le même fiecle par fes viétoires fur les
Vénitiens.
Thomas Spinola fut amiral de l’infortuné roi
Conradin.