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eft Impoffible d’en fcparer la partie qui taplffe la
matrice d’avec celle qui tapiffe ie placenta & l’oeuf.
Cette adhcfion au refte fefait, & par des vaifTeaux
qui vont du chorion à la matrice , & de la matrice
au chorion, ÔC par des filets cellulaires.
L’attache du placenta eft plus forte que celle du
choiion ; elle efl fit grande dans quelques femmes ,
qu'il ne s’en Icpare pas par les refiburces ordinaires
de la nature , & qu’il caule les plus funefies cvé-
nemens, ioit qu’on arrache le placenta avec trop de
violence , foit qu’on rabandonne à la nature , qu il
fe corrompe & qu’ il infecle le fang de l’accouchée.
L’adhéiion efi plus forte, lorl'que ie cordon s attache
au centre du placc/ua , &i lorlque les lobes en lont
plus profonds. Quelquefois auili la cellulolité q u i,
avec les vaificaux, cil lu caufe de cette adhéfion ,
peut être plus denfe , & réfifier davantage à fon
évulfion.
Les branches des arteres ombilicales qui arrivent
au chorion , s’y ramifient & s’unifi'ent avec celles
de la matrice.
D ’autres branches des arteres ombilicales fe changent
en veines dans l’ordre naturel de la circulation ,
6c donnent naifiance aux veines ombilicales.
D ’autres encore fortent de la face convexe du
placenta , percent le chorion , &: fe rendent dans la
matrice.
Les veines ombilicales étant plus nombreufes &
plus grofTes que les arteres, font fur la f.icc concave
du placenta un réfeau plus confidérable : elles accompagnent
les arteres, ôc leur font attachées par la
cellulofité : elles percent de même le chorion pour
entrer dans la fubflance du placenta. Il y en a qui
vont au chorion , Si qui communiquent avec les
vaifTeaux de la matrice.
D ’autres fort groffes forment des finus veineux
qu’on a appelle cellules; ils font très-délicats, & placés
fous la l'urface convexe du placenta : le fang les
remplit.
Ces finus paroiffent recevoir les arteres ferpemi-
nes de l ’utérus q ui, dans les derniers tems de la
grofTefie , fortent de la face interne de la matrice ,
qui font confidérables , Si qui fe terminent dans le
placenta.
M. Hunter, qui a beaucoup travaillé fur ces matières,
& qui injeéle fupérieurement, regarde ces
finus comme des cellules creufes remplies de fang.
Les arteres de la matrice ne ’jettent point de branches
, Si s’ouvrent dans ces cellules, dans lefquelles
le fang efi dépofé. Les veines qui rapportent le fang
à la matrice, naifi'ent également de ces cellules, que
M. Hunter compare aux corps caverneux du pénis ,
dans lefquels les arteres répandent leur fang, que
les veines repompent. Les arteres ombilicales & les
veines s’ouvrent dans les mêmes cellules. C ’eft par
elles, & par elles feules, qu’il y a une communication
entre le placenta Si la matrice.
M. Hunter convient donc d’une efpece de communication
entre la mere Si le foetus. Le fang de la
mere vient au placenta Si retourne à la matrice. En
enflant les cellules du placenta , on remplit d’air les
arteres Si les veines de la matrice , tout de même
que fi on lesinjeftoit par les troncs artériels du baffin,
ou par les vaifTeaux fpermatiques.
D’autres auteurs , en Allemagne fur-tout, ne conviennent
pas que la communication du fang de la
matrice avec le placenta ne fe fafle que par les cellules;
Si en eflét on a de la [leine à concilier ce privilege
exclufif (les cellules avec les phénomènes.
il efl tres-fur & très avéré que l’on a injeélé ic
fcEtus par les arteres de la matrice. O r , fi le fang de
la matrice s’épanchoit dans les cellules , Si. que de
ces caviiés il devoit être repompé dans les veines du
placenta Si du foetus, U paroit impoflîble que la
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matière injeélée paffât de la matrice au foetus. Elle
s’épancheroit dans ces cellules , & il y auroit des
millions à parier contre un , que, dans un cadavre,
la force abl'orbante des veines ne la repomperoit
plus.
Il efl même hors de doute que des vaifl'eaux d’im
diamètre confidérable de la matrice, répondent à
des vailTeaux également confidérables du placenta.^
Si que cette circulation fe fait fans le fecours des
cellules.
Je n'ai pas des expériences à moi fur ces cellules,'
Si il efljufte de déférer aux faits avancés par unaufîi
habile homme que M. Hunter. Je n’infifleraidonc pas
fur l’analogie des finus de Tutérus, qui très-certainement
ne font que des veines. Mais il efl avéré qu’à
coté de cette efpece de corps caverneux, il y a des
communications immédiates de la mere au foetus.
Cette communication fe doit faire par des vaif-
feaux afTez confidérables, pour que la force du coeur
de la mere puifTe faire circuler fe fang dans le foetus.
On a trouvé un nombre de luctus fans coeur qui
n’ont pu avoir de principe de mouvement que dans
la veine ombilicale. Cette veine par elle même n’au-
roit pas d’organifation capable de remplacer le coeur;
fi elle en a fait l’office , ce ne peut être que par l’im-
pulfioa du fang des veines du placenta, mis en mouvement
par les arteres de la mere. C’efl la même
force , qui d’un morceau de placenta retenu fait des
moles qui parviennent allez fouvent à des volumes
très-confidérables.
Le placenta ne paroît pas avoir d’autre fonéüon,
que celle d’entretenir la communication entre la
mere Si le foetus. Il n’y a rien dans fa flruélure qu’oa
puilTe comparer au poumon. { f f .D . G.')
PLAGIAT, f. m. ( Belles-Lettres. ) forte de crime
littéraire pour lequel les pédans, les envieux Si le»
fotsne manquent pas de faire le procès aux écrivains
célébrés. Flagiae efl le nom qu’ils donnent à un larcin
de penfees ; Si ils crient contre ce larcin comme
fi on les voloit eux-mêmes, ou comme s’ilétoit bien
elTentiel à l’ordre Si au repos public que les propriétés
de l’efprit fulTent inviolables.
Il efl vrai qu’ils ont mis quelque diftinflion entre
voler la penfée d’un ancien ou d’un moderne, d’un
étranger ou d’un compatriote , d’un mort ou d’un
vivant.
Voler un ancien ou un étranger, c’efl s’enrichir
des dépouilles de l’ennemi, c’efl uler du droit de
conquête ; Si pourvu qu’on déclare le butin qu’on a
fait, ou qu’il (bit manifefle, iis le lailTent palTer.
Mais lorfque c’eft aux écrits d’un François qu’un
François dérobe une idée , ils ne le pardonnent pas
même à l’égard des morts, à plus forte raifon à
l’égard des vivans.
Il y a quelque juftice dans ces diflinélions ; mais il
feroit julie auffi de diflingiier entre les larcins littéraires,
ceux dont le prix efl dans la matière. Si
ceux dont la valeur dépend de l’ufage que l’on en fait.
Dans les découvertes importantes le vol efl fé-
rieufement mal-honnête, parce que la découverte
efl un fond précieux, indépendamment delà forme,
qu’elle rapporte de la gloire, quelquefois de l’utilité
, Si que l’une Si l’autre efl un bien : tel e fl, par
exemple, le mérite d’avoir appliqué la géométrie à
I’aftronomie, 6c l’algebre à la géométrie; encore
dans cette partie , celui qui profite des con}eéfures
pour arriver à la certitude, a-t-il la gloire de la découverte
; Si Fontenellea très-bien d it, qu’««« vériii
n appartient pas à celui qui la trouve , mais à celui qui
La nomme.
A plus forte raifon dans les ouvrages d’cfprlt, Il
celui qui a eu quelque penfée hcureul'e 6c nouvelle,
n’a pas fu la rendre, ou l'a laiiTée enfévclie dans un
ouvrage obfcur Si niéprilé, c’efl un bien perdu ,
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enfoui ; c'eft la perie dans le fumier, & qui attend
un lapidaire : celui qui la.t l’en tirer & la mettre en
oeuvre ne fait tort à perfonne : l'inventeur mal-adroit
n’étoit pas digne de l’avoir trouvée ; elle appartient,
comme on l’a dit, à qui (aura mieux l’employer, /s
prends mon bien où je le trouve , dilbit Molière ; 6c il
appelloir/o/z bien tout ce qui appartenoit à la bonne
comédie. Qui de nous en effet iroit chercher dans
leurs oblciires fources , les idées qu’on lui reproche
d'avoir volées çà 6c là ?
Quiconque met dans fon vrai jour, foit par l ex-
prelfion , foit par l’à-propos , une penlée qui n efl
pas à lui, mais qui fans lui feroit perdue, fe la rend
propre en lui donnant un nouvel être; car [oubli
relTemble au néant.
C’efl cependant lorfque dans un ouvrage inconnu ,
oublie, on découvre une idée qu’un homme célébré
a mife au jour ; c’efl alors que l’on crie vengeance,
comme s’il y avoir réellement plus de cruauté, en
tait d’efprit, à voler les pauvres que les riches. Mais
il enefl des génies comme des tourbillons, les grands
dévorent les petits; Si c’efl peut-être la feule application
légitime de la loi du plus fort: car en toute
chofe, c’efl à Futilité publique à décider du jufle &
d e l’injuflc; & Futilité publique exigeroit que les
bons livres fulTcnt enrichis de tout ce qu’il y a de
bien , noyé dans les mauvais. Un homme de goût,
qui dans fes le£lures recueille tout Fefprir perdu,
reffemble à ces toifons qui, promenées fur le fable ,
en enlevent les pailles d’or. On ne peut pas tout lire;
ce feroit donc un bien que tout ce qui mérite d’être
lu fût réuni dans les bons livres.
Dans le droit public , la propriété d’un terrein a
pour condition la culture: fi le pofTefTeur le laifToit
en friche , la fociété auroit droit d’exiger de lui qu’il
le cédât, ou qu’il le fît valoir. Il en efl de même en
littérature : celui qui s’efl emparé d’une idée heu-
reufe & féconde , S i qui ne la fait pas valoir , la
laifl'e, comme un bien commun , au premier occupant
qui (aura mieux que lui en développer la ri-
chelTe.
• Du Rier avoit dit avant M. de Voltaire , que les
Fecrets des deflinées n’étoient pas renfermés dans les
entrailles des viéliines ; Théophile, dans fon Pyra^
me., pour exprimer la jaloufie, avoit employé le
même tour S i les mêmes images que le grand Corneille
dans le ballet de i^c/zé; mais efl-ce dans le
vague de ces idées premières qu’eft lemérite de l ’invention
, du génie S i du goût ? & fi les poètes qui
les ont d’abord employées les ont avilies, ou par la
foibleiTe , ou par la bafteffe S i la groflicrcté de l’ex-
preffion,oufi,parun mélange impur,ils en ont détruit
tout le charme,fera-t-il interdit à jamais de les rendre
dans leur pureté S i dans leur beauté naturelle ? De
- bonne-foi, peut-on faire au génie un reproche d’avoir
changélecuivreen or?Pour en juger on n’a qu’à lire:
( Du Rier dans Scevole. )
Donc , vous vous figure^^ quune bête a^ommee ,
Tienne votre fortune en fon ventre enfermée ;
Et que des animaux les files intejîins ,
Soient un temple adorable où parlent les dejïins ?
Ces fuperfitions & tout ce grand myfere ,
Sont propres feulement à tromper le vulgaire.
(M. de Voltaire dans (Edipe. )
Cet organe des dieux ef-il donc infaillible ?
Un miniflere faint les attache aux autels ;
Ils approchent des dieux ; niais ils font des mortels.
Penfei vous qu'en effet, au gré de leur demande ,
Du vol de Itiirs oiféaux la vérité dépende ;
Que fous un fer facré des taureaux gémijfans y
Dévoilent l'avenir à leurs re'uirds perçans ;
Et que de leurs feflons ces viBimes ornées ,
Des humains dans leurs flancs portent Us definies ^
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I f on , no’t , chercher ainfl tobfcure vérité y
C'ef tifurptr les droits de la divinité.
Nos prêtres ne font point ce qu'un vain peuple penfe :
Notre crédulité fait toute leur fcier.ee,
( Théophile. )
P y r a m e a T h i s b é .
Alais je me fens jaloux de tout ce qui te touche ,
De l air qui f fouvent entre & fort par ta bouche /
Je crois qu'à ton jujet U foleil fait le jour y
Avecques des fiambtaux & d'envie & d'amour ;
Les fieurs que fous tes pas tous Us chemins prnduifent
Dans t honneur quelles ont de te plaire, me nuiftnc f
Si je pouvais complaire à mon jaloux dejfein ,
J'empéchcrois tes yeux de regarder ton f in ;
Ton ombre fuit ton corps de trop prés, ce me fembU,
Car nous deux feulement devons aller enfembU ;
Bref y un fi rare objet m'efî fl doux & ft cher,
Que ma main feulement me nuit de te toucher.
( Corneille.)
P s i cH É A l’ A m o u r .
Des Hndrefjes du. fang peut-on être jaloux J
L’ A M O U R.
Je le fuis , ma P fiché , de toute la nature.
Les rayons du foleil vous baifent trop fouvent ;
Vos cheveux foufirenc trop les carejfes du vent ;
Dès qu'il les flatte y f en murmure.
L’air même que vous refpire^ ,
Avec trop de plaifir pafft par votre bouche;
Votre habit de trop près vous touche.
Ce droit de refondre lesidées d’autrui lorfqu’elles
font informes ,
Et male tornatos incudi nddere verfus ,
n'a pas feulement fon utilité , mais il a fa juflice.
Le champ de l’invention a fes limites, & depuis le
tems qu’on écrit, prefque toutes les idées premieres
ont été faifies, 6c bien ou mal exprimées. Orque
la moiffon ait été faite par des hommes de génie 6c
de goût, Fon s’en console, en glanant après eux 6c
en jouifl'ant de leurs richelTes ; mais ce qui efl in-
fupportable , c’eft de voir que dans des champs fertiles,
d'autres , moins dignes d’y avoir palTé , ont
flétri & foulé aux pieds ce qu’ils n’ont pas fu recueillir.
Combien de beaux fiijets manqués, combien
de tableaux intcrelTans foiblement ou groffiérement
peints; combien de penfées, de fentimens que la
nature prélente d’elle-même, 6c qui préviennent la
réflexion , ont été gâtés par les premiers qui ont
voulu les rendre? Faut-il donc ne plus ofer voir,
imaginer ou fentir comme on Fauroit fait avant eux ?
Faïu-il ne plus exprimer ce qu’on penfe , parce que
d’autres Font penfe ?
Que ne venoit-tlle après moi,
Et je raurais dis avant elle ?
A dit plaifamment un poète, en parlant de l’anti«
quite.
Le mot du métromane ,
Ils nous ont dérobés, dérobons nos neveux,
efl plein de chaleur & de verve ; mais férieufement
la condition des modernes feroit trop malheureufe,
fi tout ce que leurs prédéceffeurs ont touché leur
étoit interdit.
Mais les vivans? les vivans eux-mêmes doivent
fubir la peine de leur mal-adrelTe & de leur incapacité,
quand ils n’ont pas fu tirer avantage de la ren»
contre heureufe d’un beau fujet ou d’une belle penfée.
Ce font eux qui Font dérobée à celui qui auroit
dû l’avoir, puifque c’eft lui qui lait la rendre ; 6t je
fuis bien fûr que le public qui n’aime qu’à jouir ,
penfera comme moi.