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ell en état de prendre fur mer, lorfqu’ll n’y a pas
de mauvais tems , la ]ia\iteur du folcii, de la lune
fk des étoiles les plus brillantes , k leurs dilhnees.
La fîg. 3 repréfente un inÜrument conllruit pour
cet uiage ; Une différé de celui qui a été décrit ci-
dcviint, que dans la dilpofition du miroir de de la
lunette , par rapport au fecleur de h l’alidade. Dans
celui-ci, la ligne tirée par le milieu de l’alidade,
forme, avec la furface intérieure du grand miroir,
un angle d’environ 4 ou 5 La ligne viiuclie ou l’axe
de la lunette, fi Ton s’en fort, forme , avec la fur-
face du miroir 1 K G H , un angle d’environ 70 ou
7 1 ‘b II y a auffî un troifieme miroir N O , ajouté
pour prendre un angle au-delà de 90^, & pour
obferver la hauteur du folcii par-clerriere. Le rayon
vifucl forme avec celui-ci un angle d’environ 3 2 ou
3 3«^. Quand on place ces deux petits miroirs , il huit
prendre garde que le miroir I K G H n'intcrcepte
les rayons qui viennent du grand miroir polé lur
l’alidade jufqu’aa troifieme N O , k que ni les uns
ni les autres n’empêchent l’alidade de delccndrc jui-
qu’au bas de la divifion du limbe. Le conducteur 7^'Q s’emploie quand on ne fe fcrc point de lunette ;
il eil cornpofé d’une piece de bois longue & étroite
qui gliffe dans un autre, attachée au dos de ïoBant,
de; qui eff garnie à chaque extrémité d’une pinmile
perpendiculaire. On peut oter cette machine quand
on v eu t, & fubffituer une lunette dans la couliffe ;
})our lors on fe fervira indifféremment de l’un ou de
l’autre avec l’un des deux petits miroirs. L’ceil doit
être placé exactement contre la pinnule en W ; &
les fils croifés à l’ouverture de l’autre pinnule en Q ,
perpendiculaire au plan de rinltrument, aideront
i’obfervateur à le tenir dans une pofition verticale.
Il faut pour cela qu’il tienne le fil qui eft perpendiculaire
à rinffriimcnt, autant qu’il pourra, parallèle
à l’horizon, & fon objet dans une ligne verticale.
M. Hadley dit que fon. inffrument avoit été exécuté
en bois, dans l’intention principalement d’ob-
ferver, foiîpar-devant, foit par-derrierc , des hauteurs
du folcii, de la lune & des étoiles fur l’horizon
fenfible , & qu’il en ht faire un autre en cuivre par
M. Siffon , pour prendre la diffance de toutes fortes
d’objets. Cet inftrument ctoic foutenu par un hmple
bâton qui fe vlffoit par-deffous , qui fe fixoit
en terre, afin d’épargner à l’obfervateur le poids
de rinftrument. On pouvoit alonger ou raccourcir
ce pied , ô£ par ce moyen mettre l’inflrument
à une hauteur commode pour l’oeil de l’obfervateur,
foit qu’il fut droit, foit qu’il fut affs. Au lieu d’une
tctc & d’un genou , il y avoit fur le dos de l’inflru-
ment deux arcs circulaires qui l’arrêtoient fans peine
dans toutes les pofitlons que peut exiger la différente
fituation des objets.
M. Hadley nous a auffi donne un détail particulier
de l’expérience qu’on avoit faite à la mer de ces
inffrumens , par ordre des lords commiffaires de
ramirautc , en prcfence de plufieurs perfonnes habiles.
Le rcfultat de l’expérience fut qu’après avoir
fait les correftions néceffaires, trois obfervations de
ladlftance entre deux étoiles avec l’indrument de
cuivre , ne différèrent de celles que M. Flamfteed
avoit faites à terre , que d’environ une minute, en
prenant la diftancc moyenne ; & que douze obfervations
des hauteurs du foleil, prifes avec rinllrument
de bois , pendant que le navire étolt à l’ancre , s’accordèrent
tellement cnfcml)le , qu’elles ne s’écartèrent
de la vraie hauteur que d’environ une demi-
minute , en prenant la hauteur moyenne. Ayant pris
une autre douzaine de hauteurs pendant que le navire
ctoit fous voile avec un vent frais , elles ne
différèrent que d’une minute de la vraie hauteur , &
dans un autre tems elles s’accordèrent plus exaéle-
menr. Malgré ce grand accord de ces obfervations,
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elles aurolcnt été probablement beaucoup plus exae*
tes , fl plufieurs inconveniens n’avoient pas alors
concouru à les déranger. L’horizon n’étoit pas toujours
affez dégagé des terres, par conféquent il
n’ctolt jias fl facile a diÜingucr. Aucun des ob-
Icrvateurs n'etoit accoutumé au mouvement d’un
vaiffeau ; mouvement toujours très-grand Sc très-
v if près des côtes. Ce vaiffeau etoit fort léger (!k
fort petit, & par conféquent plus i'ujet à monter
à defeendre par l’aLhon des vagues. O r , fi la différence
des hauteurs des obfervateurs , occafionnces
par ce mouvement, pouvoir être de quatre ou cinq
pieds , felon l’eflime qu’on en fit , U en devoir
réfulter néceffairement une élévation & un abaiffe-
ment de l’horizon vilible alternativement d’une
minure ou environ ; ce qui fut à-peu-près toute
l’cn'cur qu’on trouva dans les hauteurs. On voit
par-là qu’on ne peut guère fouhaiter d’infiniment
plus cxaéf& plus commode pour la navigation : aufii
l’expérience qu’on en a faite depuis quarante ans,
n’a fait que confirmer l’iitilitc de cette découverte.
Depuis 1731 on a tente divers ebangemens &
divertes améliorations pour le nouveau quartier de
rétlexion ; M. Calebfmith en propofa un, oit au lieu
devoir l’horizon dircéfement & l’image de l’allre
par une double réflexion, on voit l’une & l’autre
par une réflexion fimple : on en trouvera la delcrip-
tion dans les Mànoircs de juathématique & de phylt-
que^ rédigés à l’obfervatoire de Marfeiile , année
173 5 , premiere partie ; cet inllrument étoit encore
une découverte nouvelle : l’obfervation par derrière
y eff beaucoup moins difficile qu’avec ïoclant de
Hadley ; on ne change point de miroir, on reètitie
l’inlfrumcnt de la meme maniéré que pour obferver
par-devant.
M. de Fouchy, dans les Memoins de C académie^
pour 1740, donna aulîl la maniéré d’employer des
miroirs plan convexes, qui cependant ne défigurent
point les objets. On trouve dans les Mémoires de
Marfeiile la defeription de plufieurs autres inffrumens,
propofés pour prendre hauteur en mer, &
pour fe paffer d’horizon loVfqu’il eff difficile de l’ap-
percevoir, & l’on y trouvera l’indication de tous les
ouvrages où il a été irnité de ces matières [ulqu’à
l’année 1755 ; mais c o m m e d e M. de Fouchy
eff le feul qui ne foit point décrit dans les Mémoires
de Marfeiile, & qu’il eff reprel'ente dans la Planche
X X F l , des figures d'Agronomie en <lonner
ici une petite defeription : cet habile affronome,
dès 1731, avoit communiqué à I’acadcnneiminffru-
ment pour prendre hauteur en mer, qui avoir pref-
que les mêmes avantages que Ÿoclant do Hadley ,
qui n’étoit point encore publié ( Foyei^ le Recueil
des machines') en 1739 il reprit cette matière, k
voici i’inffrument qu’il propofa à la place de celui de
Hadley.
Le fefteur A B C , fig. 1 , a environ 60'', & 14
pouces de rayon ; la partie G ! , au-delà du centre,
a 8 pouces, elle eff jointe fur une regie K X avec
le limbe ; fur le centre C eff placé un miroir G //,
fixement attaché fur l’alidade, de façon que l’un ne
peut remuer fans l’autre ; ce miroir eff comjioié d’un
verre fphérique plan-convexe de 9 pieds, de foyer
étamé par le côté plan, & de 3 pouce,s de diamètre ;
il eff exaéfement maffiqué dans la boîte qui lui fert
de monture , afin que l’air de la mer ne piiiflc trouver
aucun paffage pour attaquer l’érain du miroir.
Ce miroir eff perpendiculaire au plan de I’inffrument,
& placé de telle maniéré quelorfque l’alidade
eff fur le milieu de l’arc divifé , comme en C , il foit
perpendiculaire à la ligne cpii fépareendeux l’avance
H G IK dont nous avons parlé.
Sur cette même ligne du milieu , à 4 pouces de
diffance du centre C , eff placée une autre monture
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I K , dont le centre eff auffi dlffantdu plan de l'in-
firument, que celui du m iroir G H ; cette monture
eff comptée d’un anneau de cuivre de 10 lignes de
diamètre , dans lequel on a creufé deux feuiliures
ou pontées pour contenir deux verres : le premier,
qui eff du côté du centre, & expofe au miroir G H ,
eff de 9 pieds & demi de foyer, & eff étamé dans un
tiers ou environ de la furface , comme on le voit
en A B ,fig. 2 , le refte demeurant clair. Le fécond,
quife doit mettre de l’autre côte, eff de z pieds 8
pouces de foyer S: n'eff point étamé : ces deux verres
font maftiqués exaffement tout autour avec leur
monture ; Si comme l’étain fe trouve entre-deux ,
l'air marin n’y peut trouver aucun palfage_ : la fig. 1
reprefenre cette piece de front Si de piohl.
Cette monture garnie de fes verres, eff placée de
forte que fon plan fait un angle de 67'' 30' avec la
ligne qui joint les centres des deux miroirs , & elle
a une cjueiie qui traverfe I’inffrument, Si qui eff retenue
de l’autre côte par un écrou qui la conierve
dans'la lituarion convenable, & permet de l’y remettre
quand elle s’en dérange.
La piece A B qui fert de bafe à la monture , eff
double , Si la piece de delfus qui porte cette monture,
peut s’incliner tant l'oit peu lur l’autre, au
moyen d’une vis placée en B , fig. 2 , ce qui fert à
mettre le petit miroir K , fig. /, dans la fituation
perpendiculaire qu’il doit avoir fur le plan de l’in-
ffrument.
Vis-à-vis de ce petit miroir, Si dans une ligne
inclinée à la ligne C D de 4^‘*, eff fixé un tuyau de
lunette porté par deux pieds, l’un attaché vers le
limbe, & l’autre fur la regie K X .
Ce tuyau fe termine en £ , à 8 pouces ou environ
du petit miroir ; il eff garni de deux verres, favoir,
d’un oculaire de 2 pouces de fo y e r . Si d’un autre
verre qui lui fert comme d’objeêHf, qui eff d’un
pied 10 pouces J & incliné au plan de l’inftrament
de 67^ 30'.
La piece ou poignée qui eff en £ , fig. j , fert à
ferrer le limbe pour mieux tenir I’inffrument centre
l'a poitrine.
L’alidade C F porte un genre de micrometre tout
particulier ; au lieu de placer, comme à l’ordinaire,
au milieu de la fenêtre de l’alidade, le fil d’argent
dirige au centre, qui fert d’index ou de ligne de foi,
M. de Fouchy a fait porter ce fil à une longue aiguille
d e l , mobile fur un clou tourné d tout nu bas
de l’alidnde, Si fort près du limbe : cette aiguille
porte allez près de fon centre de mouvement, Si
dans la partie qui paffe dcffiis le limbe de I’milru-
>ment, le fil d’argent gn qui lui fert d’index; elle
eff prcfque auffi longue que l’alidade , & fon extrê-
mitc vient fc terminer près du centre de I’ inffrument
fur une piece de cuivre I I , attachée à l’alidade, que
l’auteur appelle le petit lim b e , Si fur laquelle l’aiguille
décrit par fon mouvement un arc de cercle.
Vers le milieu de fa longueur elle eff poufl'ée par
im O P q qui tend à la faire aller de droite à
gauche , Si contretenue par une vis f r qui lui permet
de céder au rclTort, ou qui la pouÜ'e en fens
contraire.
Comme la cllftance depuis le centre de mouvement
de l’aiguille julqu’à fa pointe, eff vingt fois
plus grande que la diffance de ce même centre à la
divifion, il fuit que lorfquc le fil index a parcouru
vingt minutes fur la divifion de l’inftrumcnt , la
pointe (le raigiillle a parcouru fur le petit limbe un
elpace vingt fois plus grand, Si qu’en divifant cet
cfpace en vingt parties, chacune vaut une minute ,
Si devient auffi fenfible que les 20 minutes l’étoient
fur le grand limbe , ce qui donne la liberté de les
diviferenÿ, ou efpaces de 15 fécondés chacun.
Pour fc fervir de cette machine, ou met avant
C C T 85 l’opération , la pointe de l’aiguille fur le zéro de la
divifion du petit limbe ; Si après l’obfervation faite,
on regarde li le fil index tombe fur un point de la
üivilion du grand limbe ou non ; s’il y toml>e , le
imcromctre eff inutile , & l'arc indiqué eff le véritable;
mais s’il n’y tombe pas, on roumera la vis
juiqu’à ce que le fil coupe en deux le point de divifion
mimédiatement précédent;& pour lors la pointe
de l aiguille indique ce qu’il faut ajouter à ce point
pour avoir la valeur de l’arc oblcrvc ; cet artifice
ingénieux produifoit l'effet du Vernier.
La lunette eff une partie cffcmielle de ces inffrumens,
fur-tout lorfqu’on veut la faire fervir à d'autres
obfervations qu’à celles du folcii, comme à la
lune Si aux étoiles : on s’en difpenfe trop fouvent
dans l’ufage de la marine , fur-tout en Angleterre
où l’on voit par-tout des oclantsA pinnules.
Suivant M. de la Caille,il faut que la lunette d’un
ocl.ini lûit conftruite comme une groffe lorgnette
d’opéra, c'eff-à-dire, avec un objeêtif de 10 pouces
de foyer, Si un oculaire concave ou plan concave
de 3 pouces Si demi, ou 4 pouces de foyer. L’ouverture
de l’objeéfif doit être de 24 a 28 lignes de
diamètre , celle de l’oculaire de 2 à 3 lignes au plus ;
le tuyau peut être de cuivre oit de bols , couvert de
chagrin ou de rouffette ; l’oculaire doit être placé
dans un tuyau mobile, tenant à frottement un peu
rude , afin que l’oblervateur puiff'e l’alonger au point
qui convient à fa vue , Si qu’il ne s’enfonce pas en
choquant contre le vifage : il faut de plus que i’ob-
jeêliffülî bien centré felon l’axe de la lunette; le
tuyau doit être arrêté fur rinffrument, de forte que
fon axe foit parallèle au plan de I’inffrument , Si
qu'il pafle par le milieu de la ligne qui léjiare dans le
petit miroir I , la partie étamee de la partie rranfpa-
rente , ou par le milieu de la fente de ce miroir, s’il
en a une.
Pour obfervev la hauteur d’un affre avec Voclani^
on dirige la lunette à l’horizon, Sc en inclinant le
miroir mobile, on rend horizontal le rayon de l’affre
par une double réflexion ; l’obfcrvation fe fait d'autant
plus aifement, qu’il (ulfit de faire concourir le
centre ou le bord de l’affre avec l’horizon, fans
qu’il importe qu’on voie ces deux objets par un point
un peu plus haut ou un peu plus bas de la glace , ni
par conféquent qu’on foit obligé, comme dans Tufa-
ge des autres inffrumens, de faire concourir l’horizon
Si l’image du foleil dans un point précis marqué
fur rmffrumenf, ce que le mouvement du vaiff'eaii
rendait impoffible autrefois; il fuffit ici de s’aff'urer
que Vociant cxo\t fenfiblement vertical pendant l’ob-
fervation ; pour cela , en regardant toujours l’image
du folcii fur l’horizon , on fait balancer légèrement
le plan en l’inclinant un peu de droite à gauche. Si
de gauche à droite, alors fi le foleil reffe fenfible-
ment à la mêtne hauteur , fon image vue dans le
petit miroir, paroît décrire un arc de cercle, dont
le point du ciel où eff le foleil eff le centre ; cet arc
doit toucher l’horizon dans le point où le vertical le
coupe; ainfi à égales dlffanccs de part & d’autre de
ce point, l ’image du foleil doit paroître également
éloignée de l’horizon ; & dans ce point fcul elle doit
concourir exaèfementavec l ’horizon; onpeut choifir
le point du foleil dont on veut avoir la hauteur. La
plupart des marins fe fervent du bord inférieur de
l’image du foleil au lieu du centre , ce qui efl beaucoup
plus exaft. Pour obferver la dillance d’un
affre, on met le plan del’inffnimcnt dans le plan des
deux affres ; on regarde l ’im directement par l’ouverture
du miroir fixe, & l’on amené l’autre dans la
même direüion , en inclinant l’alidade & le miroir
mobile. Avec un ncîant bien fait de 20 pouces de
rayon,onpeut avoir la hauteur du folcii ou fa diffance
à la lune, à une minute près, ce qui fuffit poiir