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582 R E C des vues de pacification. Contran , perfuadc que les
propoficions du roi des Viiigoths déccloient la foi*
bielle , envoya une armée de Ibixante mille hommes,
Ibus les ordres de Bozoti, dans les provinces des
Gaules qui appartenoient aux Viligoths. Recarede
envoya de ion coté Claude, gouverneur de Liili-
ianie,s’oppolér aux François, lur lel'quels Claude
remporta la plus éclatante vié^oire. Heureux , aimé,
vidorieux , le roi des Viligoths qui ne Ibngeoit qu’îi
établir d’une maniéré inébranlable le catholicil'me
dans lés états, convoqua dans Tolede un concile,
oti fe trouvèrent cinq métropolitains & loixante*
deux éveques. Dans cette allcmblée, la converfion
tles Vifigoths à la toi catholique rut confirmée &
atteftée par un ade national. Il s’en lalloit cependant
beaucoup que tous les lujets de Recande fuflent
convertis; an contraire, les rcglemens qui furent
daines dans ce concile , foulcverent une foule d’ariens
: Argimond, l’t"^ premiers officiers de la
maifon du roi, le mit à leur tête , trama une
horrible conlpiration contre le prince & fa famille;
mais ce fanatique arien fit entrer tant de conjurés
dans ion complot, que ion delîein lut connu ; on fe
failit du coupable & de les principaux complices,
& on les lit tous expirer dans les fupplices. Depuis
quelques années , les juifs , riches bt méprilés, of-
froient à Recande une lomme tvcs-confidérable , s’il
vouloir les déclarer capables d’occuper les charges
publiques, leur permettre d’avoir des efclaves chrétiens,
& des chrétiennes pour concubines. Leurs
demandes furent accueillies comme elles mérltoient
de l’être; le roirejetta leurs oflVes avec mépris, &
leurrefula avec indignation des efclaves chrétiens
& des concvibines chrétiennes. La reine Bada ctoit
morte, & , quoique fort âgé, Recarede^ moins pour
lui-même que pour le bien de les états, époufa une
i'ceur d’ingonclc, tille de Brunehaut, Clodofmdequi
avoir été promilé au roi des Lombards, arien , 6ilur
lequel il eut la préférence, par le moyen de deux
places de la Gaule Narbonnoife qu’il céda à Brune-
haut. Il étoit depuis long-tems fatigué des demandes
tracalTé par les incurlions des impériaux qui pic-
tendoient avoir des droits lur plufieurs contrées cT-
pagnoles. Le roi des Vifigoths envoya des riches
préfens au pape Grégoire-le-Grand, & le pria de
lui'faire remettre un extrait des traités faits entre le
roi Athanagilde & l’empereur Juftinien , afin de
favoir quelles étoient les terres lur lelquelles ces
voifins pouvoient avoir des prétentions fondées.
Grégoire-le-Grand fatisfit le roi des Viligoths ; mais
il ne contenta point le patrieequi, gouvernant au
nom de l’empereur grec , fit faire une invafion dans
les états de Recarede. Les impériaux furent battus,
repoufles dans leurs limites toutes les fois qu’ils tentèrent
d’en fortir. Recarede plus fort qu’eux, eût pu
les accabler ; mais par une équité bien rare dans un
vainqueur, il fe contenta de les empêcher d’ufurper,
& ne voulut point les dépouiller de ce qu’il crut
leur appartenir légitimément, quoique la conquête
de leurs polfelTions eût paffé pour une jufte repré-
faille contre de tels aggrelTeurs. Quelques efforts
c[\XQ Recarede i\t ^ quelques moyens qu’il employât
pour affurer la paix, Ion régné fut encore agité par
une irruption foudaine des Gafeons qui tentèrent de
s’emparer des contrées qu’ils avoient autrefois occupées
en Efpagne : ils furent repouffés avec beaucoup
de perte , contraints de repaffer les Pyrénées.
Cette guerre terminée, le roi des Vifigoths
s’occupa tout entier des affaires civiles & eccléfia-
ffiques de fon royaume , travailla fort utilement
pour fes fucceffeurs & pour le bien de la nation ;
abrogea les anciennes loix qui lui parurent ou inl'uf-
fifantes ou fuperflues, en fit de nouvelles très-fages ;
& U mettoit en ufage les moyens les plus propres à
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épurer les moeurs, lorfqii’il fut attaqué d’une maladie
qui en tres-peu de jours le conduifit au tombeau. 11
mourut dans le mois de février 601, après un régné
d’environ lei/.e années. Il n’acquit point la célébrité
de Ion pere, & il n’en voulut pas ; il eût pu, comme
Lcovigilde, faire de valles conquêtes, dévafter des
provinces , ruiner des nations : il aima mieux être
doux & équitable. Léovigilde fc rendit formidable;
Recarede fc fit aimer, ne fut craint que des ennemis
de l’étar, & rcfpeêlé de tous.
Recarfde i l , roi des Viligoths, (////?.
Pénétrés d'admiration pour les vertus & les talens
de Sifebut leur ro i, qu’une mort inattendue venoit
de leur enlever, les Viligoths, dont la couronne étoit
éleétive, crurent devoir la placer, parreconnoiffance,
fur la tête du jeune Recarede, fils de ce bon fouve-
rain. Peut-être Recarede II eût-il, comme fon pere,
mérité la confiance , l’cftime & le refpeêl de fes
fujets ; peut-être aulîi n’eût-il été qu’un méchant
prince, 6c c’ell ce qu’on ne lauroit décider ; car il
étoit fort jeune Ik prefque dans l’enfance encore,
lorfqu’ il fut élevé lur le trône : à peine il s’y ctoit
affis, que la mort vint changer en deuil les fêtes
les réjouiffances de fon avènement. Scs fujets l’a-
voient élu dans le mois de mai 6 ii , & il tut inhumé
dans les premiers jours du mois d’août luivant. On
ignore jnfqu’au genre de maladie qui conduilit ce roi
enfant dans le tombeau. {L . C. )
§ RECERCELÈE, adj. f. {terme de BUfon.) fe
dit d’une croix ancrée dont les huit pointes circulaires
ont chacune deux circonvolutions. I^oye:^ pl. lil^
fi". 162 de Blafon , Dicl. raif. des Sciences , k c .
L ’étymologie de ce terme vient du vieux mot
gaulois recercelé, qui a lignifié tourné en Ipirale en
maniéré de volute.
Ferlayde Sathonnay, en Breffe ; de fable à la croix
recerceUe d'argent. {G. D. L. T .)
RECESUINTHE , roi des Vifigoths, {Hlfiolre
d'Efpagne.') Le vertueux Chindaluinihe , prince
éclairé dans un fiecle fort ignorant, & chez les
Vifigoths q u i, de toutes les connoiffances humaines
, n’eüimoicnt & ne cultivoient que la fcience
miliraire, Chindafuinthe , accablé fous le poids des
années & prefque nonagénaire, obtint de la nation
que fon fils ReceJ'uimhe partageroit fon trône & lui
feroit affocié. Il y avoir eu jufqu’alors quelques
exemples de femblablesafl'ociacions,&ellesavoient
toutes été funefies aux louverains qui les avoient
demandées ; mais Chindafuinthe connoifibit les
vertus, les talens 6l la modération de fon fils : il ne
fut point trompé dans fon attente ; ce le fage Rece-
fuinthe ne s’affit fur le trône , en janvier 645, que
pour foulager fon pere de ce qu’avoit de plus pénible
le fardeau du gouvernement. Quelque tenis avant
cette affociation, le jeune prince avoir époufé Rici-
berge , dont on ignore l’origine. Libre des foins qui
jufqu’alors avoient rempli tous fes momens , Chin-
daluinthe ne s’occupa plus que des belles-lettres, des
feiences, qui avoient fait jadis les plaifirs de l'a jeu-
neffe, & qui furent le charme de fa caducité. Il fit
conftriiire auffi le magnifique monalîere de S.aint-
Romain d’Ornifga , mourut amèrement regretta
de ^es peuples. La nation avoir applaudi â l’alî'ocla-
tionde /^ec^/}ii/ir^c,maiselleavoitmccomenté beaucoup
de grands qui, comj)tant lur la mort prochaine
du vieux ro i, avoient pris des mefurcs pour que
rélefHon leur devînt favorable. Le plus ambitieux &
le plus ulcéré d’entre ces afpirans à la royauté, étoic
Froïa q u i, j^ar fon illufirc naiffancc , les richeffes,
fon crédit & la puiffance de les parens, s’étoit flatté
que nul autre que lui ne pourroit lui difpiitcr, aprc^
la monde Chindafuinthe, la couronne des Vifigoths.
Irrité de la préférence que le fils du dernier fouve*
rain avoir obtenue , du vivant même de fon pere, il
R E C ne renonça point à fes vues d’élévation ; au contraire,
réfolu de périr ou de régner, au défaut d’élecHon , il
fe détermina à employer la force, & il alla lever
une armée chez les Gafeons qui, n’attendant qu’une
occalion d’entrer en Elpagne , pafferent en foule les
Pyrénées, fondirent furies terres des Vifigoths, & ,
conduit par Froïa, mirent à feu & à fang tous les
lieux par où il pafferent. Recefuinthe, à la tête d’une
armée peu nombreufe , mais aguerrie, vint arrêter
ce torrent deftruêfeur : il attaqua impétueufement
les Galcons ; il les vainquit, en maffacra la plus
grande partie , & contraignit le refie à prendre la
fuite. Le petit nombre de Gafeons qui échappèrent
la pourfuite du vainqueur , fe hâtèrent de gagner
leur pays. Froïa difparut aufii avec quelques-uns
des fiens , & l’on ignore entièrement dans quelle
contrée il alla cacher fa honte Si fa vie. Quelqu’é-
clatante neanmoins que fut cette viéfoire , elle ne
concilia point encore à Recefuinthe l’affedion 6c
l’obéiffance de toutes les provinces; il y- en eut quelques
unes qui perfifierent dans leur mécontentement
, & qui fe préparèrent à fe défendre , au cas où
î’on voudroit les foumettre par la force des armes.
Mais il n’employa point cette voie , & peu-à-peu fa
douceur 6c fa clémence lui ramenèrent tous les Vifi-
gochs. Lorfqu’à force de foins 6c de vertus ce bon
roi eut rétabli le calme, il convoqua un concile à
Tolede ; 6c dans cette affemblée, compofée des
évêques , des prélats 6c des feigneurs les plus difiin-
gués du royaume, Recefuinthe , après avoir expofé
l’état aéfuel des affaires, demanda que le concile
fixât une confeffion de foi catholique qui fût invariable
; qu’on fiatuât fur la maniéré dont il falloir
en nier envers les rébelles , auxquels il defiroir qu’on
pardonnât ; qu’il fût délibéré que dans toutes les
plaintes que l’on pourroit porter contre lu i, il ferok
nommé des arbitres pour juger impartialement 6c
avec équité ; que les grands fuffent invités a obferver
ce qui feroit fiatué par les évêques affemblés ; enfin
que l’on délibérât fur la maniéré dont il falloir traiter
les Juifs qui, après avoir été baptifés , auroient apo-
fiafié. Le concile fit fur ces divers objets plufieurs
canons & plufieurs réglemensqui furent jugés très-
utiles, que le roi fit exaftement oblerver , 6c aux*
quels il fe fournit lui-même. L’attention de Recefuinthe
à concourir, autant qu’il dépendoit de lui, au
bonheur de fes fujets & à la gloire de la nation , le
fit chérir & refpeaer , même de ceux qui s’éroient
le plus hautement déclarés contre lu i , lors de la rébellion
de Froïa. Il ne lui refioit plus d’ennemis dans
l’état; & les ecclcfiaftiques , fi faciles dans ce lems
à s’agiter Ôi à fe fbulever, donnoient l’exemple du
zele & de la foumifiion. Leur confiance étoit fi entière
, que c’étoit lui qu’ils coiifultoient fur les points
les plus importans, & que c’étoit â fon autorité , 6c
non à celle de l’évêque de Rome, qu’ils avoient
recours. En effet, ce fut Recefuinthe, 6c non le pape,
auquel môme on ne fongea point à s’adreffer, qui
rendit à la métropole de Mcrida tous les évêchés qui
en relevoient anciennement, 6c qui avoient été fuc-
cefiîvement annexés à la métropole de Brague. Les
affaires eccléfiafiiques n’occupoient cependant point
affezie roi des Vifigoths , qu’il ne donnât également,
& avec le plus grand fiiccès , fes foins aux diverfes
parties de l’adminifiration publique. Il veilla fur les
juges 6c les tribunaux, réprima tous les abus qui
sétoient introduits 6c muliipliés dans la maniéré
d infiruke les procès 6c de rendre la juftice , fit ref-
peûer l’autorité des loix ; 6c ce qui prodinf^t un bien
plus grand effet, donna â la nation, qui n’avoit que
des moeurs corrompues , des moeurs douces & honnêtes.
Après bien des années d’un régné paifible 6c
Riciberge fon époufe, 6c il fut
obledc par fes parçns 6c par fes freres qui, le voyant
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veuf, fans enfans, 6c vieux, le prefferent de parta-.
ger fon trône avec quelqu’un d’entr’eux. Il connoif-
lüit 1 artachemenr des Vifigoths au droit qu’ils avoient
oe s L-hrc un roi ; 6c comme d’ailleurs peut.etre il ne
xoyoït pas, dans le nombre de ces afpirans â la
royauté, perfonne qui fût capable d’en remplir les
foaaioiis, ,{ déclara qu’il vouloit régner fcLil, 6c
iaiflaa la nation l’avantage & la liberté de lui choifir
un iicce eur. Quelque tranquillité qui régnât néan-
moins dans 1 e u t , Rcc,f,n„,l„ .Vetoi, point fans in-
quietude; les progrès des Sarrafins & leurs conquêtes
en Afiiqiic, 1 allarnierent. Le cor,ne Grêpoirc , eou-
verneiir de la province de Carthage, du domaine des
Viligoths, avoit tenté de s’oppoler aux luccès des
armes de ces conqiiérans, 8c il avoir été cruellement
hatlu ; les troupes avoient été mafliicrécs, & il étoit
rclte lui-menie au nombre des morts. Cette défaire ,
K la crainte d avoir lur fes vieux jours une guerre à
loutenir contre ce peuple dévafiateiir , caiùerent un
tel chagrin ii Recefuinthe , que fa fanté en fiitafioibiie.
il crut que l’exercice lui rendroit fes forces, 6c dans
cette elpcrance , il fe fit tranfporter à Gerticos , lieu
de la naiffance , (iiivant quelques hilioriens , 6c k
environ quarante lieues de Tolede. Mais le changement
d air n opéra point l’effet qu’il en attendoit,
au contraire fa maladie augmenta , 6c , après quelques
jours de fouffrance , il mourut le premier iép-
tembre 6 7 1 , dans la vingt-quatrieme année de Ion
régné. Il mérita pendant fa vie les regrets que les
Viligoths lui donnèrent à fa mort. ( C )
§ RÉCITATIF, f. m.{Poéfie lyrique. Mujiqiie. )
Du cote du muficien le récitatif efi i’elpece de chant
qui approche le plus de l’accent naturel de la parole,
6c du côté du poète, c’efi la partie de la feene def-,
tince a cette efpece de chant.
^ Lorfqu en Italie on imagina de noter la déclamation
théâtrale, l’objet de la mufique fut, comme
celui de la poéfie, d’embellir la nature en l’imitant ;
c eft-à-dire, de donner à la déclamation chantée
une mélodie plus agréable pour l’oreille, 6c , s’il
ctoit pofiîble , plus touchante pour l’ame que l’ex-
preffion naturelle de la parole, fans toutefois contrarier
, ni trop altérer celle-ci; en forte que la
reflcmblance embellie fît encore fon lüufion.
Le principe de tous les arts qui le propofenf;
d imiter la nature, efi que l’imiration foit quelque
chofe de reffemblant 6c non pas de l'emblable.
L’imitauon efi donc un menfonge , foit dans le
moyen loit dans la maniéré dont die fait iilufion ;
6c ce qu’il y a de fingulier, c ’efi que le témoignage
confus que nous non,, rendons à nous-mêmes que
l’art nous trompe , efi la caufe du plaifir fenlible &
délicat que nous éprouvons à être trompés. Il doit
donc y avoir dans l’imitation une reffemblance , afin
que l’ame y foit trompée ; mais il doit y avoir en
même tems une difference fenfible afin que lame
S apperçoive 6c jouific confufément de fon erreur.
Ce n’eftpas que la nature même préfeniée fur un
théâtre avec toute fa vérité , comme dans les combats
de gladiateurs ou d’animaux , ne pût faire une
forte de plaifir, fi en elle-même elle étoit affez belle
ou affez touchante ; mais ce plaifir léroit l’effet direél:
de la réalité, & non l’eftèt delà furprife que l’art
nouscaufe quand nous admirons fon adreffe , 6c que
femblableà Galathée, il fe cache Ôc fe laifl'e encore
appercevoir en fe cachant.
Alternativement favoir 6c oublier que l’imitation
efi un artifice ; fentir à chaque infiant le mérite de
l’art en le prenant pour la nature; jouir par fenti-
ment des apparences de la vérité, 6c par réflexion
des charmes du menfonge , voilà le compol'é réel
quoiqu’ineffable du plaifir que nous font les arts
d’imitation.
J’ai dit que le menfonge ctoit tantôt dans U
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