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Il n’y a point d'nrtere clans raraclinoule , pns meme
dans ccdle de la moelle de l’éplnc , c|iii cli certai-
nenîcnt une des membranes les plus étendues du
corps animal.
Mais [es nafs mnnqticnt entièrement aux meninges,
aux tendons, à tout Tarrierc-faix ; il e(l adè/.
incertain s’il y a des nerfs dans la cavité des o s , dans
les memirranes en général. Cette leule réflexion doit
nous éloigner de regarder les r:erfs comme l’élément
du corps animal : des parties qui ne reçoivent aucun
nerf, ne le (ont pas l'ormées de leur (ubflancc. ü ’ail-
leurs le nerf ei\ le llege de la léniibilité , pUilieurs
parties du corps humain lont inlenlibles. .Skn-
SililLITt; , Suppl.
Le nerf n’eJi point irritable , & ne s’accourcit jamais
la l'uite d’aucune irritation ; i! n’eil irritable ni
par le fer ni jiar les elprits acides. Ce n'elt pas parce
que les libres ne font pas parallèles ; les paquets mé-
ciulialrcs le font au.Ti bien que ceux des libres charnues
; rien n'emimcheroit qu’elles ne fe raccourcil-
fenc de mC'me, li elles avoient le pouvoir de le raccourcir.
Le «tv/'placé lur uir inflrument de maihé-
maiique exaélcmciit divifé & irrité , de quelque
manière qu’on le juge à [iropos, met en contradion
Je imifele, dans lequel il fe partage; mais il relie
immobile lui-meme, & ne change pas d’un centième
de ligne la longueur de les j)aquets médullaircs.C’cll
une raii'on de plus pour ne pas regarder le nerf
comme l'élénîent unique du corps humain ; il ditî'erc
cllcntiellement de la libre mufculaire : il différé aulî'i
évidemment du tilTu cellulaire. Quand la macération
(lillbiit ce rilfu , & le réduit en tioccons fpongieiix ,
Je //e'/’coitlérve l'on port la lIrucUirc , même apiès
quelques mois de macération.
Les extrémités des nerfs lont d’une nature ditî'é-
rcnie. Ceux de l.i langue , &i apparemment aufli ceux
(le la peau , entrent clans la petite éminence , qu’on
ap[)elle muimion &i. s’y confondent avec la ccllii-
loilté d’une maniéré il ne pas pouvoir en être dillin-
gués : iis fe dépouillent auparavant de leur pie-
mere.
Le ^tiv/optique devient une membrane pulpeufe
eSc molle , dans laquelle on diftingue deux lubflan-
ces , rextérieure , qui ell pulpeule lans ftrndure
apparente, ik rintérieure, qui dans plulieurs ani-
maux ell évidemment tibreule.
Le nerf mow do la Icptieme paire fe termine par des
éminences molles &: pulpcufes.
Le nerf olfaclif, les nerfs des mufclcs & du relie
du corps humain le terminent par des branches imperceptibles,
dont il cH impolîlble de découvrir la
ih'udure particulière.
J’ai [larlé ailleurs des ganglions que l’on trouve
dans bien des nerfs. Voyee^ Ganglion , Suppl.
Je paÜ'e aux fondions phyliologlques des nerfs. Ils
font les organes par Icfquels le fentiment des objets
extérieurs parvient à frapper l’ame : iis lont encore
l’organe par lequel les mulcies font mis en mouvement
pour exécuter les ordres de la volonté.
Nous appelions fentlr quand les changemens cau-
fés dans le corps de l'animal excitent du changement
dans leur ame. L’acide nitreux fumant détruit le
«£■ //'du cadavre , mais cette dcÜruttlon n’cll plus un
lentiment.
C ’ell le nerfSc le nerf fcul qui tranfmet à l’ame ce
changement arrive par le contad des objets extérieurs;
changement à la liiite duquel il arrive un
cliangement dans l’ame.
Le nerf irrité , de quelque maniéré que ce foit,
excite un lentiment d’iine violence extrême. Je me
fouviens des cruelles douleurs que je me fuis données
pour en faire l’cxpéilencc , en initam le petit
filet nerveux d’une dent découverte par la carie ;
elle feroit au-cldl’us des forces lium.aincs li elle du-
N E R roit; mais l’huile de cajeput appliquée, ott en un
inflant le lentiment, en ciétruilant le nerf. J’ai fait
avec répugnance fur des animaux timides des ligatures
de nerfs. Les lapins, dont je n’avois jamais entendu
la voix , le pl.iigncnt avec des cris lugubres ,
qui expriment leur clélel'polr quand on lie leurs nerfs ,
& j’ai vu périr plufieurs chiens uniquement par le
funelle elfet de la ligature du nerf médian. De grandes
douleurs ont été bien des fois mortelles dans
l’homme même.
Ce n’cll que le nerf qui rcpréfente ù l’ame les changemens
du corps. Dès qu’on a lié le no/d’un mufcle,
d’une partie quelconque du corps de l’animal, on
peut déchirer ce mufcle, on peut le brîiler, on peut
verier fur la partie les poifons cliymiques les jrliis
acres , il n’en réfultera aucune douleur. La luxation
a fouveiit détruit le lentiment. C ’cll en coupant
le ncrfe\won a fouvent enlevé dans un moment les
douleurs les plus algues. C ’efien retranchant le nerf.,
né de l’infraorbical, que feu M. Albinus appaifa des
douleurs extrêmes de la lèvre lupcricurc ou du
ne/..
Quand le ncr/'ell l’organe d’un fens particulier,’
ce lens cil détruit par les léfions du nerf qui en eft
le condudeur; ce fens périt avec le nerf. On a des
oblervatlons fans nombre de la cécité produite par
des cxollofes , des fradures , dos os enfoncés , des
hydatldes , des fquirrhes 6c des excroilTances de
toute elj)cce cpii compviinolent le optique. J’ai
vu & guéri la cécité née d’une cliiitc, en dillipanr par
des réviiliions, le lang qui comprinioit le nerf optique.
Le cerveau , qui ell le centre de tous les nerfs,
cléiniit tous les Icns quand il ell devenu incapable
d’agir par une forte comprefllon.
Je dois obferver à cette occafion , qu’on rétablit
<t la vérité le fentiment lufpcndu par la ligature du
nerf ou par la prefllon ; mais que la liibllance du nerf
efl trop tendre pour fupporter une trop grande violence.
Galien a déjà remarqué que le nerfWc trop
rudement ne le rétablit jîoint.
Pour que l’ame s’apperçoive donc de l’imprelTioii
de l’objet extérieur, il faut que le «e// foit libre depuis
l’organe du fentiment jufqu’au fiege de l’aine.
C’eft une preuve fenfible cjuc le «i-’r/feul cfl chargé
de cette fondion , car le lentiment demeure également
fupprimé, quand même les arteres, les muf-
cles, l’organe du l'ens même, font dans l’intégrité la
plus parfaite, & que le nerf ccmdufleur du fentiment
ell feul lupprimé.
Ce qui achevé la déinonllration , c’cll que les
parties delliuiées de nerfs font dellituées de lentiment.
Tout le monde ell perl'uadé de cette vérité
par rapport aux cheveux , aux ongles; il n’en cil pas
de même de bien d’autres parties , auxquelles on a
attribué, & àos nerfs ürl du fentiment, quoique la
nature leur ait refulé & les uns 6c l’autre. Tels font
la tlure-mere , la pie-mere, les o s , les tendons, les
ligamens , la plus grande partie des membranes.
Comme c’ell une vérité importante qui doit être dé*
montrée à toute rigueur, j’aime mieux la renvoyer
à un article j>articulier. y. Sen sibilité, Suppl.
Les parties fenfibles feront donc engénéral celles
qui font douées de rserfs. Elles lcront peu fenfibles
lorl'que ces nerfs font en petit nombre , ou qu ils font
peu confulérables. C ’ell le cas des arteres que j’ai
toujours liées, fans que j’y aie apperçu de lentiment,
apres avoir pris la précaution d’eii féparer les nerfs.
C’elt encore à-peu-jirès le cas des vil'ceres. Le foie,
la rate , les reins , le poumon meme , font fouvent
rongés par des abcès très-conlidérables 6c le rein
rem'pü de pierres, fans que le mal fe foit jamais trahi
par des douleurs.
Le lentiment cil plus v if dans les parties oit les
nerfs fout, ou plus nombreux, ou plus ù découvert.
N E R
Ils font plus nombreux dans le pénis, ils font prcfque
niuLs dans le gl.ind ; aulli ell-il le iiege d’un lentiment
très-vif. li eu cil à-[)cu-pres de même de la langue ,
qui i\ la vérité n’elt pas lulcepiible d’une volupté
auHl vive , mais qui cependant lent vivement, qui
goûte du plaifir, 6c qui a, outre le touchcr,lon lens
particulier. Le lentiment cil v if encore dans le nez ,
6c même dans rellüniac6c dans les intellins : la feule
nudité des/Av/j ell la caufe du fentiment exail des
intellins , car leur nombre n’elt pas confidérable.
L’ell'et de celte nudité ell cxirCmiement fenfible
dans la jieau. Couverte de rcpidcrme,eile lent peu ;
cette pellicule enlevée 6c la peau découverte, elle
ell extrêmement fenllblc, 6c le moindre frottement
lui caille de la douleur.
L'inflammation augmente de même la fenfibllité.
La peau dont je viens de parler , allez peu fenfible
dans Ibn état naturel, le devient extrêmement par
rmllamniation. Un oeil enflammé nelupporte pas Je
jour 6c voit de nuit, parce qu’il ell Icnlible û une
lumière trop foible pour ali'etterun (xjil bien conlli-
tué. 11 y a un état des nerfs qu’il ne convient pas d’aj)-
peller tenfion , car aucun nerf n’^iX tendu , mais dans
lecjuel le lentiment ell exalte, il y a des hypochon-
dres qui ne l'apportent qu’avec peine le moindre air.
L’hydrophobie rend les ions 6c les couleurs un ])eu
fortes , infupportables. M. Albinus le cadet a inlini
ment loulfert d’une exaltation de l’ouic; il entendoit
(les chevaux qui palloieni û une grande dillancc de
fon Icjour, le chant d’un coq , le moindre cri étoit
un lupplice pour lui Ou a remarqué que dans les îles
des tropiques, les plus petites blelfurcs ont été l'iii-
vies de convullious 6c du Ipalme cynique.
Le nerficwi leul, mais il ne lent pas tout entier.
L’enveloppe celluleulc ne lent rien , elle a quelquefois
loutenu l’eau rcgale , lans que le nerf^w ait fouf-
fcTt;mais le feaipel qui perçoit l’enveloppe réveilloit
le fentiment de la pulpe médullaire. M. Kavaton a
vu les nerfs s’exfolier j)ar des coups de feu, 6c le fentiment
6c le mouvement relier en uiiier.
Le fentiment d’un nerf pafl'e-i-il û un autre nerf?
On a répondu difl'éremment à cette queltion ; on a
cru que les filets nerveux étant dilhngués depuis le
cerveau jul'qu’à l’cxtrêimié du nef., 6c les branches
nerveufes partageant à la vérité les paqueis médullaires
de leur tronc, mais n'étant rien au relie des
paquets, le fentiment d’un /if/y'n’entrainoit un autre
nerf, que j)nf le moyen du cerveau.
Je ne m’oppofe pas à la vérité anatomique de l’ob-
fervation. Je conviens que le IcaQel, enléparant la
branche nervéule du tronc , n’entame pas les filets
médullaires qui relient dans le tronc, 6c qu’en effet
ces filets paroilfcnt être dillinils 6c léparés les uns
des autres dans toute leur longueur.
Malgré cette obfervation, vraie en elle-mc“me , il
y a des exemples troj) fi appans de la communication
du lentiment d'un nerf particulier à l’autre. Tout le
monde connoît ragaccmem des dents, qui initie l'on
aigu produit par la lime, loilqu’elle entame une lame
de fer. Une mauvaile dent a caufé des ollalgies qui
ont difparu dès que la dent a etc arrachée. Les praticiens
connoiflent tous les vomiflemens qui l'urvien-
nent û la douleur , produite par une pierre arrêtée
dans rurcterc ; 6c la convullion qui s’étend dans une
grande partie du corps dans réterniiemcnr.
Il y a plus. On a vu des/zt’j/i détruits, 6c le fenti-
ment d’une partie du corps, d’un doigt par exemple,
détruit avec lui, reparoitre au bout de quelques
mois ; les chairs Iphacclees 6c inlenlibles remplacées
par des chairs naturelles , 6c qui jouifloient du lentiment
le plus libre. On a vu te /zer/'infraorbita! coupé
enlever une douleur au vil'age qui revenoit dans la
fuite. Tous ces phénomènes l'emblent indiquer que,
non-feulcment les nerfs communiquent entr’eu x ,
N E R a p
mais que par ces mêmes communications l’efpric
animal renire dans les extrémités d’un nerf, dont le
tronc a été coupé , 6c lui rend le fentiment que la
partie avoir perdu avec fon nerf.
6i je voiilois me livrer û l’hypothefe, je fuppofe-
rois que le «1,’r/entier peut rendre au nerf coupé le
fentiment, en tiraillant la cellulaire renaiflante , 6c
en ébranlant le «L-r/’quine coinmunic|ueroit plus avec
le cerveau. Mais il me fembic [)lus probable de dire
que les ganglions coniondent les filamens nauirclic-
ment dillindts , 6c que le lentiment peut pafl'er d’un
nerf à 1 autre par ce rélervoir commun aux deux
nerfs, 6c que fans les ganglions même , il doit y
avoir dans la llrudlure intérieure àcs nerfs, des communications
entre leurs dilférens filets que le fcalpcl
ne peut pas découvrir.
Lu fécondé fondlion des nerfs cil de porter au
mufcle un lurcroit de force , qui le fait prévaloir l'ur
Ion antagonille , 6c qui le met en mouvement. Cette
fonflion a certainement lieu dans les nuifcles fournis
à la volonté. J’examinerai fi elle a lieu dans tous les
mufcles fans exception.
L’irritation quelconque du nerfimx agir le mufcle
qui en reçoit des brandies, 6c li ces branches fe jiar-
tagent û plufieurs mulcies, la convullion s’étend k
tous CCS mulcies. Si c’efl la moelle de l’épine que
l’on irrite , tous les mufcles l'e contraclent lorl'que
leurs nerfs naiflent au-defTous de la partie irritée. Si
l’on irrite la moelle alongée ou le cervelet, tous les
mufcles du corps de l’animal font agités par des
convulfions. J’ai fait ces expériences fur dilférens
nerfs d’un grand nombre d’animaux; d’autres auteurs
les ont faites,l’événement ell toujours le même;il n’y
a que le coeur, les intellins, l’cflomac, 6c en général
les parties exceptées, dont le mouvement fe fait
lans le concours de la volomé.
Les rurfs communiquent donc au mufcle une force
motrice. Mais û autres expériences prouvent que
c’ell la puitl'ance déi ivée de la volonté qu’ils lui com-
mimiqiient. Cette volonté peut à l'on gré faire agir
tel membre qu’elle préfère, 6c lui faire faire les
mouvemens qu’elle f'ouhaite. Je dis tel membre plutôt
que tel iruilcle ; il n’cfl pas iCirque la volonté ait
lur les mufcles un pouvoir bien diflinfl. Je ne fâche
pas qu’on ait jamais ii.nté de fiiire agir le flylopha-
ryngien fcul fans le concours des autres lévateurs,
m tel autre mufcle qui a plufieurs affociés pour le
meme mouvement.
Mais cette puiffancc de la volonté s’exécate uniquement
j)ar le miniflerc des nerfs. Qu’on lie le nerf
d’un mufcle quelconque, que ce nerf [o\i comprimé
ou coupé, l’ame a beau vouloir, le mouvement
qu’elle voudrait ordonner ne s’exécute plus. Cette
expérience efl très-aiiée à faire furie nerf récurrent,
dont la ligature ou la dis ifion met fin en un moment
aux cris de l’anima! & lui ôte la voix. Quand le même
««;ƒdonne des branches à plufieurs mufcles, ils
perdent également le mouvement tous à la fois. Galien
a fait cette expérience fur le cochon , qui ne fe
refuie jamais dans fes foufîrances la confolaiion des
plaintes les plus fonores , mais qui malgré tous Tes
efforts ne peut produire de fon , dès que les deux
réciirrens font liés. J’ai refait cette expérience , &
elle efl très-connue. Liés, les mufcles du larynx per- '
dent le mouvement. L'expérience réuffit de meme
avec les nerfs des extrémités.
Quand on comprime ou que l’on coupe la moelle
de l’épine, tous les mufcles qui proviennent fous la
partie lézée , les extrémités inférieures entières,
les mufcles qui expulfent les excrémens ceffent
d’obéir à la volonté.
La compreffion de la moelle alongée, qui efl l’origine
commune de tous les nerfs , détruit le mouvement
volontaire dans tout le fyflême animal ; 6c
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