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cet événement funefîe, li en tout fcms II y a eu de
l’air entre le poumon & la pleure ?
On a propofé une autre expérience décifive pour
juger cette queftion. S’il y a de l’air dans la poitrine
du quadrupède, il n’y a qu’à le plonger (ous
l ’eau & ouvrir alors là pleure. S’il y a de cet air ,
il s’élèvera par l’eau en forme de bulles , & ces
bulles ne fe montreront point , s’il n’y a point
d’air.
On a fait & vérifié cette expérience dans l’animal
en vie ôc dans le cadavre : aucune bulle n’a
paru, pas même après avoir étranglé l’animal; ce
qui met le poumon dans l’état de dillention le plus
violent.
U eft vrai que cette expérience peut manquer ;
elle n’eft pas fans difficulté. On peut blefl'er le poumon
en perçant la pleure, ce qui arrive aflez aifé-
ment dans l’animal vivant; l’air fort alors du pou-
mon & forme des bulles. On a vu aufiî l’air , attaché
aux poils de l’animal, fournir, quoiqu’en petite
quantité des bulles d’air qui s’élevoient dans
Pair.M
ais il eH aifé de fe défendre de l’ erreur, dès
qu’on ne la cherche pas. Pour connoître fi l’on a
bleflé le poumon^ il faut fouffler la trachée-arterc
par la gueule de l’animal. Si le poumon cil blelfé ,
l'air enfilera cette voie , il donnera des bulles, 6^
il n’y en aura point, fi le poumon elt entier.
Pour éviter l’air aitacirc au po il, il n’y a qu’à
bien mouiller l’animal avant de faire l’cxpcrience ,
& les bulles ne paroîtront point.
La chirurgie ell venue à l’appui. On a vu en
Angleterre , l’air reçu dans la poitrine & retenu
dans la cavité, caufer de l’opprelfion. On a imité
par l’expérience cette extravafation de l’air : on a
introduit de l’air dans la poitrine de l’animal vivant
; on l’y a fait relier ; la refpiratlon en a fouf-
fert à un dégré éminent. On avoit fait ce que les
auteurs de l’hypothefe , que nous avons combattue
, regardoient comme l’état de la nature.
La quehion paroit décidée au relie , & on ell
d’accord à rejetter cet air , qu’on avoit placé entre
le poumon 6c la pleure.
Les poumons font deux vifeeres en général fem-
blables, qui remplilTent les deux facs de la pleure.
C ’efl une inexaclitude, que de les appeller au lii'igu-
lier le poumon. Le poumon du côté droit ell plus
grand, ôc fes vaifiéaux lont plus conlidcrables :
la cavité droite du poumon ell à la vérité plus
cotirte, mais elle ell de beaucoup plus large , parce
que le médiaftin defeend du bord gauche du der-
num. Les deux poumons font prelque contigus fu-
périeurement ; ils s’éloignent l’un de l’autre en def-
cendant.
Leur figure efl en général celle d’un cône oblique
, dont la pointe arrondie s’élève au bas du
c o u , plus haut que la premiere cote. La bafe ell
obliquement tronquée, 6c le poumon ell plus long
par derrière que par devant. La convexité pofté-
rieure ell la plus marquée , antérieurement elle ed
plus applatie , & les côtés le font tout-à fait. Le
poumon du côté gauche ed échancré pour faire place
au coeur, dont il lailTe une partie à découvert,
Les poumons font abfolument libres , & ne font
attaches que par les vailTeaux 6c par une prolongation
de la pleure, qu’on peut appeller du nom
de ligament. Des fentes profondes partagent cha-
que/>o«/?zo« en lobes ; celui du côté gauche n’en a
que deux ; celui du côté droit a outre les deux une
dividon imparfaite. On a vu la même divifion du
côté gauche. Le lobe inferieur ed toujours le plus
long.
Les quadrupèdes à fang chaud 6c.à fang froid, les
cctacées 6c les oileaux, ont des poumons ; des
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poilTons à fang froid le plus grand nombre n’en a
point, aiilTi-bien que les inletles.
La membrane extérieure du poumon ed la pleure
même , qui arrive à ce poumon par les vaid'eaux 6c
par les tégumens. Sa lurface extérieure edIilTe; elle
regarde la cavité de la poitrine. La lurface intérieur
e , qui cd l’ extcrieure de la pleure , ell couverte
d’une celiulofité fine. Elle ed foiblc dans l’homnie
6c plus fine que la pleure ; les vaidcaux font très-
petits.
Quoiqu’elle paroilTe délicate , cette membrane
contient l'air , 6c même la colle de poilTon in-
jeélée. On trouve dans les poumons 6c dans la fur-
face des velfics remplies d’air , 6c des empoules
d’eau épanchée , dans la funede maladie qui règne
parmi le bétail à corne. Si donc l’air qu’on a fouf-
dé clans la irachée-artere n’y relie pas, ce n’ed
pas par la membrane du poumon qu’il s’échappe ,
c’ed par la trachée même , qui en fe dclTéchant
cede d’être ferrée par le lien.
Dans tous les animaux le poumon cd d’une fub-
dance molle, fpongieule ôc particulière. Sous la
membrane extérieure, il y a un tilTu cellulaire très-
fin, le même cjui couvre par-tout la fubdance extérieure
de la pleure.
Son enveloppe enlevée, \tpoumon fe fépare 6c
fe partage en lobes. La membrane externe couvre
ces lobes en padànt par-cled'us la divifion , comme
le feroit un pont. Dans l’intervalle des lobes il y a
de la celhilûlité, elle y ell plus lâche 6c plus fenfi-
blc; c ’ell dans Ibn tillu que rampent les vailTeaux
du poumon. Quand on enfle un de ces intervalles
li fe gonfle, 6c le lobe qui avoit paru fimplc, devient
un monceau de lobules accumulés les uns fur
les autres. Des cloifons celluleufes s’élèvent entre
ces lobules : examinés plus exaûemcnt, on volt
ces cloilbns fe multiplier entre des lobules toujours
plus petites, devenir plus fines, 6c féparer des lobules
prefque imperceptibles.
Qu’on iuive au microfcope & à l’aide de l’air,
un de ces petits lobules , on y découvre des lignes
fort profondes en refeau ; ce font les intervalles
des lobules , qui compoloient les lobules plus fen-
dbles, remplie d’une ccllulofitc très-fine 6c fans
graifTe. Les plus petits lobules lont compofés de
cellules, qui communiquent très-librement enfem-
ble ; la communication n’ed pas également ouverte
entre un lobule 6c un autre.
Le microfcope découvre à la fin des lobules in-
vifiblesàroeil limple, 6c compofés de cellules mem-
braneufes, qui communiquent enfemble , & dont
les membranes fouiiennent les réfeaux des plus
petits vailTeaux. L’oeil ne voit pas la fin de la divifion
, 6c ne didingue pas une cellule unique.
Quand on a fouffle le poumon , les lobules paroif-
fent comme une écume , ils deviennent en meme
tems plus larges 6c plus longs, ils s’éloignent les
uns des autres, ils blancbilTcnt ; qu’on "feche le
/7O//W0/2 dans cet état, chaque coupe repréfentera
des petites cellules polygones ; ce font les véficii-
les dont le poumon ell compofe.
Dans les grands animaux , comme dans le boeuf,
l ’air lüufflc dans les intervalles des lobes, ne pallé
pas dans la druéhire vcficulaire du ; 6c l’air
poiilTé par la trachée dans la fubdance véfic'ulaire
ne péne-tre pas non plus dans les intervalles.
Dansles petits animaux,& dans l’homme même,
l’air paffie des intervalles dans la fubdance vélicii-
laire 6c de celle-ci dans ic.s inicrvaües. Cette différence
a fait naître entre les anatomilles des dilpü-
tes, qu’une vérification des expériences faites fur
pluficurs efpcces d’animaux auroient épargnées.
Dans les grenouilles 6c dans les tortues , les vé-
ficulcs font plus grandes 6c polygones, elles font
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fenarées par des cloifons membraneufes en pluficurs
cellules, 6c les parois des grolTes veffies font couvertes
d’autres véficules beaucoup plus fines. Ces
poumons s’cnflent 6c le vuident avec beaucoup de
facilité 6c de promptitude au gré de l’animal.
J’ai expolc ce que la vue fimple peut nous apprendre.
Les phyliologides ne s’en font pas contentés
; ils ont ajouté à la druélure vifible des particularités
que les fens ne leur avoient pas révélées.
On a cm voir que les petites branches des
bronches fe terminoient après plufieurs fubdivitions
par des ampoules, dont chacune feroit à-peu-pres
ovale, 6c termincrolt fa petite branche de bronche.
On a cru voir dans les animaux une gaine mulcu-
laire, qui recouvriroit la face intérieure de chaque
véficule.
Les vclicules du poumon communiquent fans cloute
avec les petits rameaux, qui dépofent l’air dans
les petites cellules, dont le poumon elt compofé.’
Mais ces véficules ne fo«t certainement pas des
veffies fermées , ovales ou coniques; elles font ,
comme dans tous les îifiiis cellulaires fans figure
déterminée , 6c ouvertes de tous côtés : elles communiquent
les unes avec les autres, non par les rameaux
des bronches feuls , mais par les ouvertures
dont elles font percées. Cette llruélure ell bien
celle des grenouilles , des tortues, 6c celle encore
de tous les tiffus cellulaires du corps animal, qui
relTemblent parfaitement à celui du poumon^ quand
on les a foufflés.
Je ne connois point de fibres mufculaircs au tiffin
des poumons., pas même dans le boeuf.
Les vailTeaux du poumon entrent pour beaucoup
clans fon économie animale. De tous les vifeeres du
corps humain, il a reçu de la nature les plus gros
troncs de vaiffeaux, ils égalent à-peu-près ceux de
tout le relie du corps. L’artere pulmonaire reçoit
tout le fang du ventricule droit qui ell plus gros que
le ventricule gauche ; les veines du poumon rendent
au ventricule gauche tout le fang qu’il reçoit, à la
petite portion près qui répond à une partie des ar-
teres coronaires. L’artere pulmonaire ell plus große
que l’aorte dans le foetus, elle lui ell à-peu-près égale
dans l’adulte, ou du moins la dlfl’érence n’cfl pas
d’un dixième. Cette fupériorité de diamètre n’efi
que pour les animaux à fang-chaud. Les poumons des
poilTons 6c des quadrupèdes à fang-froid, ne reçoivent
qu’une médiocre branche de l’aorte.
Dans le foetus, l’artere pulmonaire reçoit tout le
fang de la veine-cave qui ne paffe pas par le trou
ovale ; Taorte reçoit le meme fang , mais elle ne reçoit
pas dans fon orifice la portion très-confiderabie
du fang, que le tronc de l’artcre pulmonaire amené
à Taorte defeendante.
Dans l’adulte, le tronc de Tariere pulmonaire s’efface
, 6c il ne relie que les deux groffes branches de
cette artere ; la droite, c’ell la plus confidcrable, 6c
la gauche qui arrive chacune à fon poumon, qu’une
celiulofité confidérable y accompagne, qui s’y di-
vife 6c fubdivile, 6c qui donne à chaque lobe ou
lobule fon artere.
Elle ell en général plus mince de beaucoup 6c plus
flexible que Taorte. Une veine accompagne chaque
artere, ôc quelquefois il y a deux veines pour une
artere. L’une 6c Tautre font attachées par un tifiu
cellulaire au bronche, 6c les vaiffeaux de toutes les
dalles font un paquet qui ne fe quitte pas.
Les extrémités des arteres pulmonaires font des
réfeaux, dans lefquels le fang paffe des artères dans
les veines. Ce paffiage ell plus libre que prefque partout
ailleurs, dans le corps animal. Le fiiif, Tair
meme,paffie de Tartere dans la veine. Le microf-
copc découvre la communication des arteres avec
les veines, dans la grenoiulle,
Toüh i f .
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L’artere ne décharge pas toute fa liqueur dans la
veine, une grande partie en paffe dans la cavité
des véficules du poumon 6c dans le bronche. L’eau
poulTce dans la veine-cave paffe aifément dans Tartere
pulmonaire, & fort colorée par la trachée, mais
réduite en écume.
^ Il n ell pas rare que le fang , même dans Thomme
vivant, luive cette route, 6c cette hémoptyfic n’ell
pas tort dangereule dans les femmes , auxquelles
elle tient lieu quelquefois des purifications ordinaires.
J ai mjeéle 1 eau colorée dans la trachée, elle elt
lortie par Tartere pulmonaire.
Le chemin ell également libre du bronche à la
veine pulmonaire. L’eau colorée injeftce dans cette
veine fo^t avec écume de la trachée. Il ell plus douteux
fl Tair fuit la même route, ÔC s’il entre dans la
veine depuis la trachée. Les expériences fe contre-
difent là-deffus , 6c je penche à préférer celles qui
comreditent ce paffiage. J’..i vu dans un jeune chat
Tair paffier de la trachée au cosur, mais c’ell un exemple
unique, 6c dans le plus grand nombre d’expériences
il ne pafiè pas.
Une partie de Thumeur qiTamene au poumon i’ar-
tere, exhale par la furface de ce vifeere, 6c Ton
imite avec faciÜré ce fuintemenr.
Les veines pulmonaires nûffiames fe rcuniffient
par des petits troncs; chaque lob;\'e a le fier : elles
accompagnent les arteres 6c forment à la fin quatre
ou même cinq gros troncs, deux du côté droit, deux
du côté gauche. Le tronc inférieur de chaque côte
ell le plus petit. Ces troncs reeni;, ii; fom ent le
finus veineux gauche qui ell prefque quarté, & donc
l’oreillette de ce côté ell comme une appendice.
La généralité des veines du corps humain ell plus
grande que les arteres que ces veines accompagnent,
6c les veines-caves font plus groHes que
Taorte. Cette différence paroîr répondre à la \’ifeffs
fuperieure avec laquelle le fang artériel fe meut,
comparée à la vîteffie du fang veineux.
Dans le poumon on trouve généralement le contraire.
Depuis iqu’une fociété d’amis a fuir cette
obfervation à Amfferdam, on s’ell accordé affez
généralement à regarder chaque veine pulmonaire
comme plus petite que Tartere à laquelle elle répond.
Depuis quelques années on révoque cette fupé-
riorité en doute. On prétend même que les arteres
du poumon ont fur les veines leurs compagnes , la
meme fupériorité que dans le relie du corps animal
, d’autant plus encore qu’elles font plus nom-
breufes.
Pour décider cette quelîion il faut choifir les places
où il n’y ait qu’une artere contre une v eine, car
il y a de ces places. On trouve alors décidément ôc
coiillamment Tartere plus greffe ; la proportion à la
vérité n’ell pas confiante ; je Tai vu de treize à onze,
6c de cinq à trois. Elle lé foutient dans plufieurs
efpeces de quadrupèdes.
Les arteres 6c les veines qu’on appelle pulmonai-
font dellinées aux ufages généraux du corps
animal ; d’autres arteres font faites pour le poumon ;
on les appelle bronchiales. Il y en a ordinairement
deux 6c quelquefois davantage.
Celle du côté droit naît affez conftamment de
Tartere intercofiale , qui fort la premiere de Taorte
ddeendante vis-à-vis de la quatrième ou cinquième
côte. Quelquefois cependant elle fort de Taorte fans
communiquer avec cette intercofiale ; elle efi provenue
encore de la Ibuciaviere droite, de Tinter-
colliile fu])éricure ou de la mammaire. Elle approche
, en ferpentant, du bronche de fon côté , elle fe
partage , 6c va accompagner la face antérieure 6c la
poftérieure, apres avoir donne de petites branches
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