724 SAN
'r I
w
couleur, & en augmentent plutôt la fluiclîté qn ils
ne la diminuent. Le nltre eft celui de tous les fels >
qui donne la plus belle couleur au fnrtg. Il eft remarquable
que les folutions de ces fels fi propres à
embellir tuent les animaux quand on les
jnjei51e dans les veines.
Les allcalis fixes dilTolvent lefang , Sc en hauffent
la couleur , du moins dans mes expériences. L’huile
de tartre m’a paru y faire naître des caillots membraneux
& laminés.
Les alkalis volatils n’agllTent pas de même. L’ef-
prit de i'el ammoniac conferve la couleur & la fluidité
du fang; mais l’efprlt de coriiede cerfle noircit,
&; produit des caillots peu durables, femblables à des
nuages & à des membranes.
L’acide végétal, comme le vinaigre, donne au
fang une couleur brune trcs-défagréable fans le coaguler;
le fcl efl'entiel de l’alléluia produit à*peu-pres
la meme couleur. La crcine de tartre a caufé une
précipitation , & la partie inférieure s’efl coagulée.
Des acides minéraux, l’alun conferve la couleur
rouge, qu’il rehaulTe généralement dans les fucs des
végétaux ; à grande dofe la poudre d’alun coagule le
fing. La folution de vitriol & le fel de mars le coagulent.
Des efprits acides l’eflet efl différent, félon
qu’ils font plus ou moins délayés. Lorfqiflils le font
dans beaucoup d’eau , ils ne coagulent pas le
quoiqu’ils tuent les animaux , mais ils lui donnent
une couleur terreufe une apparence de boue.
Les efprits acides concentrés le coagulent, &
tuent l’animal, quand on les injeéte dans une veine.
Les efprits inflammables caiifent le même épaif-
fiifeinent, ils font dufangwne efpece de parenchyme,
pareil au foie d’un jeune animal. L’huile de térébenthine
fait le même effet, auffi bien que l’huile de ge-
rievre.
Par CCS expériences nous n’apprenons pas encore,
fl le fang penche à la nature acide, ou bien à l’alka-
line ; il ne fait eftérvcfcence ni avec les acides, ni
avec les alkalis; car l’huile de vitriol fait à-peu-près
le même effet fur l’eau qu’elle fait fur le fang : elle
y caufe de la chaleur.
Il y a des animaux , qui fans le fccours de l’art &
fans celui de la pourriture trahllfent ce penchant à
i’alkali. Les fucs de certains animaux vivans , font
d’une âcreté corrofive & brident la peau, tel cfl le
fuc que lue la falamandre &. le lézard gecko , & le
fuc dont pUifieurs chenilles font pénétrées. L’urine
du tigre a l’odeur des cantharides; le bouillon des
écreviffes verdit le fyrop violât. II y a le long de la
moelle de l’épine dorfale des grenouilles, de petits
amas d’une efpece de chaux , qui fait etfervefcencc
avec l’acide.
S’il y a des animaux où l’alkali eft prefque développé
, il y en a d’autres où l’acide l’eft encore davantage
; telle eft la fourmi, qui donne une quantité
prodigieufe, &, prefque deux tiers de fon poids
d’acide aceteux , ce que d’autres infeéles ne font
pas.
Les humeurs des animaux, & lur-fout de ceux
qui ne font pas fortis de l’état de jeuneffe , portent
l’empreinte évidente de l’acide. Le bouillon de veau
s’ai'TÎt. La gralffe , la moelle , le beurre font entièrement
acides , Ck donnent au feu des principes de
la meme nature. 11 en eft de même de la matière purulente.
La chair fermente avec du pain & de l’eau.
La tranfpiration des enfans fent l'ouvent l’aigre, &
cette odeur palfe dans la fueiir. Le fang meme dif-
îillé , donne une liqueur ronfle & acide.
Il y a donc dans les animaux des élémens qui
penchent à l’acide , il y en a qui fe rapprochent de
la nature de l’alkali. Ces cicmens fe développent par
les maladies de par la piitrétacbon.
Tous les médecins ont parlé fueurs acides,
SAN
qui precedent l’éruption des miliaires, de l’acidité de
lafueurou de l ’eau abdominale, des fii jets dont les os
s’étoient ramollis, effet que l’on attribue à l’ acide
prédominant qui a diffous la terre abforbante des os.
Dans les maladies, & fur-tout dane celles des en-
fans , l’aigreur eft fouvent remarquable , on la
retrouve dans la galle , dans le cancer meme.
La putréfaûion commence par le développement
de l’acide. Je me fouviens encore que dans ma jeuneffe
, les cadavres que je difl'équois , & fur lefqiiels
j’étois obligé de travailler pendant plufieurs femaincs,
commençoient par fentir l’aigre ; cette odeur gagnoic
le coeur & les miifcles. On a vu encore l’acidité (ùi)-
After, en même tems que la putridité, dans la chair
mife en macération. Mais la preuve la pins furpre-
nante de la part que l’aigreur peut avoir à la pour-
riture, c’eft la relation d’une obfervation que M.
Cadet a eu le courage de faire. Il a fait déterrer un
cadavre, qui avoir été mis dans le plomb i ans
auparavant. Le plomb avoit été rongé , & il s’eioic
formé du fel de faturne. Une liqueur épanchée avoit
le goût de ce fcl, & en meme tems de l’acide marin ;
le fel volatil étoit caché fous cette acidité prédoml-
nante, & il fallut recourir au fel de tartre pour U
mettre en liberté.
Cette difpofitlon des animaux à l’acide n’eft cependant
pas de duree, elle cede en peu de tems éc
généralement à la putridité, dont les commence-
mens font accompagnés de l’alkalefcence.
Les propriétés qui marquent la domination de
l’alkali , ne tardent pas à fuîvre l ’acidité : elles fe
montrent même affez fouvent fans qu’elles aient été
annoncées par une acidité bien marquée. L’alkalef-
cence différé de la putridité : les corps alkalins font
effervefcence avec les acides, ils verdiflent le fyrop
de violettes & répandent une odeur piquante & fln-
guliere, très-différente de l’odeur de la putridité.
L ’air fe développe en même tems , il s’éleve des
bulles , & le corps où la putridité a commencé, fur-
nage à l’eau ; car l’air fe développe avant que la putridité
ait fait des progrès. Dans un vaiffeau fermé ,
cette nature alkaline fe conferve affez long-tems ;
mais à l’air ouvert, elle fe diflîpe bientôt, 6c dès que
l’effervefcence avec les acides eft à fon plus haut
degré, elle fe diflîpe, elle diminue & la puanteur y
fuccede. L’odeur de la putridité eft infupportable,
elle fait vomir, elle eft meme un poifon mortel, lorf-
qu’elle eft bien concentrée ; les alkalis ne font rien de
pareil. La putridité détruit peu-à-peu le corps fur
lequel elle agit, fon odeur meme diminue; l’air
epuifé permet au corps putréfié de retomber au
fonds de l’eau, 6c il n’enrefte qu’un peu de terre
friable.
Ce ne font pas les animalcules qui caufent la pourriture,
leur préfence n’empêche pas certaines inf.i-
fions d’être antifeptiques ; la putridité fe fait dans
des vaiffeaux fermés, lors même que les petits animaux
n’y ont point d’accès.
L’humidité & la chaleur favorîfentla putréfaélion.
Dans les corps folides, ce font les degrés de 90 a
100, & dans les fluides de 100 à 1 10 qui l’accélerent
le plus puiffamment. Elle eft bien différente de la
fermentation qui fe fait à une chaleur beaucoup plus
foible. J’ai fait dans les grandes chaleurs de l’été des
expériences fur la putréfaction des cadavres que je
m’obftinois à vouloir diffequer; je ne faurois en donner
le détail fans Infpirer au leàeur le dégoût que
j’ai reffenti. En vingt-quatre heures le Jung eft alka-
lefcent, & toutes les graiffes font devenues une
huile fluide.
Les maladies produîfent dans l’homme vivant un
très-grand dégrc d’acreté & d’alkalefcence. Des chevaux
attaqués de la morve ont donné un fang fétide
qui teignoit en verd le fyrop de violettes, & où l’on
SAN
voyoît fur des bulles d’air les couleurs du prlfme. La
falivation produit dans toutes les humeurs un degré
d'alkalelcence confidérable ; la bave de ces infortunés
verdit le lyropde violettes, ôc fait effervefcence
avec les acides, ün a vu dans les fievres [nitrides
malignes, \<d fang de mauvaife odeur & ruririe faire
effervefcence avec les acides. Dans les fievres malignes
, on a vu l'alkali voiaril fe développer, quand
on lavoir les mains avec du favon, ou bien avec une
l'oliition d’alkali fixe. On a vu l’iirine retenue décolorer
l’argent, & faire effervelcencc avec les acides.
Les eaux des hydropiques donnent fouvent des marques
évidentes d’alkalefcence. Le poifon du cancer
a teint de verd le fyrop de violettes.
La putridité fe produit encore plus vifiblement
par les fievres. Une odeur de cadavre tranipiroit d’un
homme robufte, malade d’une fievre miliaire: il en
lira lui-même un préfage mortel, que je vis accompli,
ajirès avoir fait la même obfervation. Le fang
tiré à des malades de cette daffe, fe piirrcfie plus
vire que le/û/zgd’un homme fain ; il en eft de même
de la bile , de l’urine, des excrémens & des chairs en
général. Rien n’eft plus pénétrant que l’odeur de la
petite vérole confluente & maligne, elle m’a paru
réunir le piquant de l’alkali volatil avec le nauféeiix
de la pourriture.
Les corps des perfonnes qui ont été enlevées par
une fievre maligne ou par la pefte , fe corrompent
très-vite. La vajicur de la matière d’un bubon pefti-
leniiel, foiimife à l’expérience & diftilléc , a ren-
verfe le médecin audacieux qui a ofé s’expofer à ce
danger. La même chofe eft arrivée à des chirurgiens
qui ont ouvert des charbons.
Le mouvement mufculaire qui accéléré la circulation
à-peu-près comme la fievre , produit les mêmes
effets. Les baleines, qui fuient avec une rapidité extrême
devant le fer des harponneurs, répandent une
mauvailè odeur, même pendant leur vie ; & le fang
des cerfs pourfui vis par deschaffeurs, qui fortoit de la
plaie, cioit d'une très-mauvaife odeur. On fait, dans
les offices même , que la chair d’un animal forcé à
la chafl'e devient molle, qu’elle fe déchire fous les
doigts, & qu’elle dccolore l’argent. La faim fait le
même effet fur nos humeurs.
Le yà/jg devient alkalefcent, & ])affe jufqu’à la
pourriture , par l’abus des fels alkalis ou fixes. Les
remecles de Mlle Stephens ont rendu quelquefois
le fang afl'ez âcre pour élever des veflies.
On connoît l’horrible odeur de l'haleine de plufieurs
perlonnes Icorbuiiques, rachitiques, phthyfl-
ques : elle approche fouvent de celle du cadavre.
Toutes ces expériences rapprochées paroiffent
prouver qu’il y a dans le fang de la difpofition à
s’aigrir, & des parties qui paffent à une acidité acé-
teule ; que généralement cependant cette acidité
n’eft pas durable , & qu’elle fait place , en peu de
tems, à l’alkalcfcence : que la putridité fuit de près ;
qu’elle fubfifte bientôt feule après avoir détruit l’al-
kalelcence ; qu’elle eft le dernier période de la cor-
rujnion des humeurs & des parties animales.
Nous nous arrêterons moins à l’analyfe qui fe fait
avec le feu : elle change trop rapidement & trop violemment
le J'ang 6c les humeurs ; & nous ne fautions
admettre , lans erreur , qu’il y a dans le fang
des lels & des huiles, tels que la diftillation en fait
naître. Ces mêmes fels & ces mêmes huiles, & tous
les élémens qu’on aura retires du fang par la force
du feu , mêlés enfemble , ne feront jamais qu’une
liqueur âcre , très-différente de la nature bénigne &
tempérée du fang.
L clément du fang qui en compofe la plus grande
partie , c’ert l’eau qui s’éleve dès le 1 io*= degré de
Fahrenheit: elle n’eft pas pure, mais Ion goût &
Ion odeur lont foibles, La proportion de cette eau
SAN 7 2 5
augmente dans les maladies dans lefquelles le fano
eft diffous , comme dans la chiorofe , dans les longues
fievres intermittentes ; elle diminue dans le
Icorbut, dans la fievre.
Après l’eau & à la chaleur de l’eau bouillante &
au-cleffous,s’élèvent des vapeurs,qui réunies,forment
ce qu on appelle efprit-dcfang , liqueur mêlée d’eau ,
d huile 61 de tel volatil, dont l’apparence eft hui-
leule, quieftamere, rouffe & alkaline. Ce même
eiprit ne laiffe pas de retenir des veftiges d’une nature
acide : il teint en rouge le papier bleu , & l'acidité
le développe par l’évapor .tiun , quand on a
donne à I alkali volatil le tems d’exhaler en partie.
Cet acide paroît être de la clafl'c végétale : il le détruit
quand on mêle de la chaux aufing^ & I’t-fprit
qui monte dans cet état eft tout de feu.
Le lel volatil du fang monte avec lui & apres lui ;
il eft en fc«-me d’arbriffeaux , & d’une odeur extrêmement
pénétrante. C’eft un alkali volatil un peu
different des autres. 11 s éleve deux huiles du fang. La premiere accompagne
les dernières portions de fel volatil; il cfl:
jaune , & plus fluide plus léger ; l’huile noire ,
tenace, femblable à de la poix , monte la derniere.
Elles font alkalines l’une êc l’autre ; il y a cepen :;mt
encore quelques vefliges d’acidité. Elle paroît naître
en grande partie des globules rouges qui font inflammables
quand elles font feches.
Ce qui ne s’éleve pas au feu devient fpongieux ,
fe bourfoufïle , & fait une mafle noire, poreufe,
légère , friable , falée , alkaline & inflammable.
Dans ce charbon on trouve , en le caicinair , un
fel fixe, en partie alkalin & mêle de fel marin. Ce
fej,_ préparé fur de grandes quantités cf.- jang , 6c
pétri avec du bol & même avec du labié j.'ilo , donne
un elprii acide qui paroît être mêle u’un acid, vegetal
& de celui du lel marin.
La terre eft abforbante , elle bouillonne avec
l’acide , & peut le changer en craie. La terre du fer
eft mêlée avec elle ; je l’ai vue bien des fois. On
calcine le charbon du fang humain, on approche
l’aimant de la chaux; il en attire un nombre de
miettes, qui réunies, en y ajoutant du phlogiftique ,
& foufflécs à la lampe iur un charbon , donnent un
véritable globule de fer. La terre du fer tirée du
fang fait de l’encre avec les galles , 6^ on peut s’en
fervir pour faire le bleu de Frulfe, fans employer
d’autre vitriol.
On ne doit pas mettre en doute l’exiftencc de
cette terre ferrugineufe qui fe trouve dans la partie
rouge dn fang de tous les animaux, quoique plus
abondamment dans l’homme , & en plus petite quantité
dans les poifl'ons. Elle eft uniqirement fournie
par les globules, 6c les liqueurs albumineufes n'en
donnent pas.
Cette propriété particulière des globules a donné
Heu de conjefturer que leur rougeur pourroir bien
venir du fer , dont la couleur rouge paroît dans la
pierre hématite, dans le colcothar, dans les tuiles
6c en plufieurs autres occafions.
II eft prefque inutile de rappciler encore une fois
que dans l’homme vivant il n’exifte dans le fan>r ni
efprit, ni huile , ni fel volatil, 6c que tous ces clé-
mens font l’effet de l’affion du feu fur des élémens
beaucoup moins âcres, beaucoup moins décidément
huileux. On ne doit donc pas chercher les différens
tempéramens dans la proportion de ces fels 6c de
ces huiles.
Tout ce qu’on peut dire là-deffus de probable ,
c’eft que la quantité de globules rouges , 6c leur
proportion aux liqueurs albumineufes , augmentée
au-deflîis de la médiocrité , paroît faire ce qu’on ap-
pelloit un tempérament atffiétique. Plus un animal
eft robufte 6c mieux nourri, 6c plus fon fang paroît
t k
•? I ^