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u r n , r e , re n , mt.
Je cherche enfuite l’échelle de mode mineur de mi
I'emblable à rcche'lle du mode mineur de L i , que
nous avons trouve
U , f l , f l ^ » f o l , f o l la .
On verra aifénient que celte échelle doit être
m i , f i ^ , f o l , l a , f , u t y ! U ^ , n , r e ^ , r in .
Comparons prefentement ces deux oâaves de m i,
& nous ferons furpris de voir qu’il n’y a entre elles
d'autres différences que celles qui fe trouvent entre
l’échelle du mode ntajeur & la quatrième oêlave de
notre échelle. Dans cette quatrième oclave il y a
une note de plus {u que dans l’échelle diatonique
des modernes ; le f i de cette quatrième oétave cft
un peu plus haut, & de la eft un peu plus bas que
ne font le f a & le la de cette échelle. De même dans
i’oftave de mi prife fur notre échelle, il y a une
note de plus la que dans l’échelle du mode mineur
de mi : le / i étant diefe dans cette même échelle,
elt plus haut que le f a tiré de notre échelle Ajzrme/:/-
{ ju i , puifque ce f a tient à peu-près le milieu entre
\ e f i ^ & leyh naturel des modernes. Enfin la note
la de l’échelle du mode mineur eff aufll un peu plus
haut que la de notre échelle. Car cette note la du
mode mineur eftla quarte juffe au-deffus de m i; elle
Tî TTy
doit donc être exprimée par la ou la . Donc en
ajoutant au mode mineur de mi la note \ a , & en
baiffant d’un quart de ton environ les notes f a ^ Sc
l a , on trouveroit que l’échelle de ce mode mineur
feroit précifément compofée des mêmes notes qui
fe iroLiveiTt de fuite dans notre échelle harmonique
entre mi & mi. Mais puifque ces différences qui fe
trouvent être les mêmes entre la gamme des moder-
ner & la quatrième oélave de notre échelle harmonique
ne nous ont point empêché de conclure que
cette gamme des modernes devoir fon origine à cette
quatrième oda ve, puifque, dis-je, cela a été pour
ainfi dire démontré dans la fuite de cet ouvrage,
nous pouvons conclure avec autant de raifon que la
gamme du mode mineur tire également fon origine
de notre échelle harmonique.
Cette origine du mode mineur fi fîmple , fi analogue
à celle du mode majeur, nous paroît être
line nouvelle preuve en faveur de l’échelle que
nous propofüos, puifque l’on voit que les deux modes
que les modernes regardent comme naturels y
font également compris, puifque l’on voit qu’elle
fatisfait d’une maniéré bien fimple & moyennant
très-peu de changemens qui ne peuvent être qu’avantageux
, à ce qui avoir paru jufqu’à préfent ne
pouvoir être expliqué que par des fuppofitions pour
la plupart peu fondées. La quatrième odave de notre
échelle eft la gamme des modernes , à laquelle
on a fait les moindres changemens polTibles pour la
rendre régulière.
Nous avons vu que notre échelle enrichlroit la
mulique d’un grand nombre d’intervalles qui n’é-
toient pas feulement foupçonnés, & que dans bien
des circonffances ces intervalles dévoient fournir
les exprelîîons les plus heureiifes ; l ’origine que
nous venons de donner au mode mineur doit à préfent
faire imaginer que chaque note de l’échelle kar-
moniqui a de même un mode qui lui eff propre, &
par conféquent qu’il doit y avoir une infinité de
modes tous auffi différens entre eux, que le mode
majeur l’eft du mineur» C’eft ce que nous allons
examiner.
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Suivant les modernes, le mode majeur n’cfl dif-
tingué du mineur que par la tierce. Si l’on examine
le mode mineur tel que notre échelle nous l’a fait
connoître , on verni facilement que ce mode doit
différer du majeur, non feulement par la tierce,
mais même par tous les intervalles de fuite comparés
un à un. Il doit encore différer par des Intervalles
particuliers propres au feul mode mineur tels
que ff- & -hl, par le nombre des intervalles, ôc
enfin par des notes particulières, qui ne peuvent
point fe trouver dans les deux modes d’une même
tonique. Toutes ces différences doivent rendre les
deux modes plus tranchans que nous ne l’éprouvons
habituellement.
Nous fuppofons l’origine du mode majeur & du
mode mineur bien conllatée; ces deux modes ont
cela de commun , c’efl que leurs échelles forment
une fuite harmonique dont le premier terme eft double
du dernier. Ne pourroit-on donc pas former
d’autres modes que le majeur & le mineur , & qui
fuivroient la même loi que fuivent ces deux premiers
? Par exemple , ne pourroil-on pas former ua
mode de toutes les notes comprifes entre f o l S z / b l ,
comme on a formé le mode majeur de toutes les
notes comprifes entre u t S i u t , 6c le mode mineur
de toutes les notes comprifes entre mi 6c mi > Tout
porte à le croire. i° . Ce mode feroit aufîi différent
du mode mineur, que le mode mineur eft différent
du mode majeur. Ce mode feroit, comme les
deux premiers, une progrefTion harmonique , dont
le premier terme feroit double du dernier. Ï1 paroît
donc prcfque certain, 6c toutes les analogies fem-
blent le prouver, qu’on peut donner pour un troifteme
mode l’oâave de ƒ«/, dont les fons fe trouvent
de fuite dans notre échelle. L’échelle de ce mod©
fera,
f o l , l a , i a , f , UC, r e , m i , Ü , f i , ^ , f o l .
Nous convenons qu’aucune expérience n’a encore
fuggéré ce mode; mais la maniéré dont nous l ’avons
déduit, l’analogie exaâe qui fe trouve entre
ce mode 6c les deux que nous connoiffons, fait que
nous n’hcfitons pas à le donner pour un troifieme
mode, dans lequel nous engageons les muficiens à
travailler.
Nous allons même plus loin, 6c nous ne craignons
pas de dire que toute la fuite de fons , dont les ex-
prefïïons feront une progrefTion harmonique, telle
que le premier terme foit double du dernier, formera
l’échelle d’un mode particulier, qui prendra
fon nom de la note qui répondra au premier terme
de la progrefTion. O r , comme tous les nombres pof-
fibles peuvent chacun devenir le premier terme
d’une progrefTion harmonique, il s’enfuit qu’il peut
y avoir une infinité de modes dans le fens oii nous
prenons le mode majeur 6c le mode mineur; ce que
l’on peut déduire légitimement de la formation de
ces deux modes.
Il eft clair que tous ces modes, dont le nombre
feroit infini, fe retrouveroient de fuite dans notre
échelle harmonique, fi elle étoit prolongée à Tin-
fini. Mais fans étendre nos recherches fi loin, voyons
fimplement quels font les premiers qu’elle nous préfente.
Nous avons déjà reconnu les modes d’««, de
m i , à c f o l ; plaçons chacun dans le rang qu’il occupe
dans la gamme, nous aurons toutes les échelles
fuivames.
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V ÿ “ TT TT TT ” Tf
u [ , r e , m i, f a , f o l , l a , ^a, J i , u t ,
re, m i, f a , f o l , la , [a , f , 'ill, ' i , r l ,
~ Il I î I J '4 I ‘ 6 TT TT TT To
mi, f a , f o l , l a , ^a, f , u t , r e , m i,
f a , f à , ' t a , i a , f i , u t , re, m i , % , f â ,
j ' o l , ï a , i a , f \ u t , k y r e , à ' , wJ, /V/,
la , la , ' f i , u t . r e , m i , ^ , f i , S J o l , U , ,
& c .
Tous ces modes different entr’eux , non-feulement
par la tierce, comme les modes majeurs 6c
mineurs des modernes , mais par tout 6c chacun de
leurs intervalles, dont la tonique feroit le terme le
plus grave. Ils different encore par le nombre des
notes qui entrent dans chaque échelle, Quelle
plusgrande preuve que notre échelle harmonique eft
immédiatement diôée par la nature , que cette pro-
digieufe fécondité que nous lui trouvons 1 Ces modes
fe reffemblent, non-feulement parce qu’ils font
tous formés d’une progrefTion harmonique, dont le
premier terme eft double du dernier, mais encore
parce que les notes dont les dénominations font
les mêmes, ont S i doivent avoir les memes valeurs
dans toutes ces modes ; par conféquent plus de tempérament.
Ce problème, dont la théorie confon-
doit les plus favantes fpéculations, 6c dont la fo-
lution eût_ prefque anéanti le plaifir de Tharmo-
nie, en lui donnant des entraves trop étroites , ne
doit plus embarraffer ni le muficien géomètre , ni le
muficien artifte ; les intervalles ne feront plus
altérés, l’iiarmonifte aura dans fon oreille un guide
toujours fur lorfqu’il accordera ces inftrumens
magnifiques qui, deftinés à imprimer dans nos coeurs
la plus profonde vénération pour la divinité, ne
fervent touvent, par le bruit importun qu’ils font
fous des doigts nial-ha!)iles , qu’ii nous diftraire du
relpecl que le lieu laint doit nous inlpirer.
En confidcrant les modes, tels que nous les pré-
fentons, on trouvera qu’ils offrent encore d’autres
avantages non moins importans. Chaque mode fe
laiffera facilement diftinguer, non-feulement parle
goût du chant, par le nombre des notes qui com-
pofent fon échelle ,mais encore par la note fenfi-
ble qui dans ces modes doit faire plus d’effet qu’elle
n a coutume d’en faire dans les modes majeurs des
modernes. La tranfpofition n’aura plus lieu ; il ne
faudra plus qu’une feule clef dans la mufique ; un
figneavec cette cieffuffira pour marquer dans quelle
Ciftave de 1 échelle harmonique fera prile la tonique
; on pourra même fe paffer de ce figne ,
comme on le verra quand nous parlerons de
la meftire. Enfin il fera aile à tout muficien de
fe convaincre que rien n’eft plus facile à rendre
à la voix que chacune des échelles de ces
modes. Qu’il fafle chanter à Tun de fes plus foibles
écoliers la fixieme oftave de l’échelle harmonique
compofée de quarts de ton, il fera furpris de la juf*
telle avec laquelle , en très-peu de tems , il rendra
cette oftave , pourvu qu’il ait foin de lui donner
avec uninftrument, ou autrement, le s to n s f a , la ,
& { a , auxquels il n’eft point accoutumé.
Lauteurde c e fy f ém e , M. Jamard , affiire avoir
•fait là-deffus, en préfence de perfonnes très-capa-
bles den juger, des effais dont il a eu tout lieu
d être content. '
Il y a d autres modes q u i, dans notre échelle
harmonique, precedent ceux dont nous venons de
parler, & qui, par leur dureté, me parodient peu
Tome I K I* . * i
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propres ctre introduits dans la mufique : ees modes
font.
I j 'o l , 1 (1 , u t ,
f o l , l a . f n , f o l .
i u , UC, re, m i , f a , f h ,
De quelque petit nombre des notes que chacun dé
CCS modes foit compofé , nous ne doutons pas cee
pendant qu’un nnificien habile n’en hache tirer parti
dans Toccafion. ‘
Nous avons trouve huit modes pour chacune des
huit notes de notre quatrième odave ; on en trouvera
feize pour chacune des notes de la cinquième
oéfave, auxquelles on peut ajouter la premiere note
de la fixieme ( car nous ne croyons pas que la voix
puiffe procéder par plus petits intervalles, & nous
penCons qu’il faut laiffer aux oifeaux le foin de
s’exercer dans les gammes fui vantes) cela fera vingt-
cinq modes; ajoutons encore les trois dont nous
venons de parler; on aura en tout vingt-huit modes
dans notre échelle harmonique , dans lefquels
il fera poftible d’exécuter , 6c qui auront tous entr’eux
pris de fuite la même différence.
Mais fl notre échelle harmonique paroît fi féconde
, la contre-harmonique ne l’eft pas moins. Il faudra
donc confidcrer auffi vingt-huit autres modes
dans cette fécondé échelle , ce qui fait en tout
cinquante-fîx. La mufique étoit une langue qui n’a-
voit que deux expreffions , nous lui en trouvons
cinquante-fix. Mais le muficien fera-t-il jamais en
état de parler avec pureté S i énergie cette nouvelle
langue fi riche ? Nous confeiilons de s’en
tenir pendant long - tems aux modes principaux
des deux échelles , c’e f t - à -d ir e aux modes
d 'u t , d e m i , d e f o l , d e { a , 8c d’«; de l’échelle har-
8 10 12 14 j S
monique, & aux modes d’«;, de la , d e f a , de re S i d 'u t
de Téchelle contre-harmonique, fi même on juge
à propos de compofer dans cette échelle, ce qui ^
je crois, fera toujours très-difficile.
Les modernes admettent deux femi-tons majeurs
dans leur échelle diatonique m i , f a . S i f i , u t exprimés
Tun S i Tautre par 11 eft clair que chez
nous m i , f a eft plus qu’un demi-ton, puifque cet
intervalle, au lieu d’ê t r e e f t .12. H „ ’en eft point
ainfi de f i , ut ; nous exprimons cet intervalle comme
les modernes par f i , mais il ne s’enfuit pas
dc-ià que nous devions le regarder comme un femi-
tou, ainfi qu’ils ont coutume de le faire. Il nous
paroir bien plus naturel de le regarder comme formant
un ton , mais le ton le plus foible de la gamme
& le plus approchant du demi-ton. Le plus fort de
tous les demi-tons fera u t , //z ^ ou -fy, comme la
plus fort de tous les tons eft u t , « ou | ; 6c par conféquent
le plus petit de tous les demi-tons fera
TT TT _
f i ^ i m t i ’ intervalle que l ’on regarde communément
comme eonftituantle quart de ton enharmonique.
Nous pouvons dire îa même chofe des quarts d«
tonsi Le plus grand«/, «/^ doit avoir pour expreffion
, 8c- le plus petit f i ^ut doit être
Ainfi quelque définition qu’on ait donnée d’ailleurs
des intervalles qui entrent dans notre échelle, nous -
croyons pouvoir regarder notre quatrième oftave
comme la gamme des ton?, la cinquième comme Isi
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