
6 i o R E S
ft* *
H'.
aftion fe répété plulîeurs fois jufqu’à ce que le ftl-
mulus foit enlevé.
Le rire commence par une infpiratlon, plufieurs
expirations imparfaites y liiccedent. Lorfqu’il c(f
prolonge, des inl'piraiionss’y mêlent, que des iuites
d’expirations interrompent; la glotte étant rétrécie,
en même tems le rire ell accompagne d’un fon.
On comprend que le rire peut naître par l’irritation
du diaphragme ou de quelques autres parties
nerveiifes ; mais il ell très-difficile de trouver la liai-
fon qu’il y a entre lui &C entre la caule morale,c’eft
ordinairement le lentiment d’une ablurditc inattendue
dans l’union de deux idé'cs.
Les pleurs, quoique nés d'une caufe morale op-
pofée , ont de la reffiemblancc avec le rire, les mul-
cles meme du vifage y prennent une forme allez
femblable. On commence par une grande infpira-
lion , plufieurs expirations accélérées & imparfaites
y fuccederit, Si tout fe termine par une grande expiration
tbnore , & par une profonde inJpiration qui
y fuccede fur le champ.
Ce n'elîpas un embarras dans le poumon qui caule
les pleurs, c’ell toujours une caufe morale , prelque
toujours de la triifeflé, mais affez fouvent un atten-
drifl'ement mêlé de plailir. La liaifon de cet état de
Tame avec l’aftion corporelle eft entièrement inconnue.
Le hoquet a fa caufeprlncipalement dansl’eflomac
ou dans l’cefophage , fouvent auffi dans une dépravation
gangreneufe, ou dans quelque violente irritation
nerveufe.
Ce qu’il y a de fingulîer, c’eft que le fon particulier
du hoquet ell produit par l’inlpiraiion , au lieu
que les autres Tons généralement font des effets de
l’expiration. L’infpiration fefait par une lécouffe. Ce
mouvement ell ablolument involontaire.
Le vomiffement appartient à l’ellomac, quoiqu’ il
foit accompagne d’un effort, & d’une forte defeente
du diaphragme.
L’utilité de la rcfpiratlon va nOus occuper ; cet
objet ell important & difficile. Avant que d’entrer
dans aucun détail, il faut fcparer avec foin rutllité
dé la rcfpiration de fa nécelTité ; il n’y a aucun doute
fur la derniere , la premiere ell à-peu-près inconnue.
C’ell à la néceffité que fe rapporte le problème
de Harvey. D ’oîi vient, demandoit ce grand homme
, le foetus vit-il au milieu des eaux ; les foetus des
animaux arrachés avec les membranes, y vivent fans
que l’animal paroiffe avoir befoin de n fp ira iio n ?
D'où vient enfuite, lorfque l’enfant ell n é, ou qu’on
a déchiré les membranes du petit chien, que l’un &
l ’autre ont refpiré, que dans le moment même la
Tcfpiradon devient pour eux une néceffité abfokie ,
qu’ils périffent dès qu’on les remet dans l’eau , dans
laquelle ils vivoient avec aifance un moment auparavant
, ou qu’on les prive de l ’ufage de l ’air par quelque
moyen que ce foit ?
Ce problème a été un peu exagéré. Une feule
refpiradon ne rend pas l’ufage de l’air fi abfolument
néceffaire. 3’ai Hé la trachée à des petits animaux
tirés du ventre de leur mere ; j’en ai mis dans de l’eau
tiede. D’autres auteurs ont fait les mêmes expériences.
Il a fallu plus d’une rsfpiradon pour ôter au
jeune animal la faculté de vivre fans l’ufage de
l’air.
Du refte le problème n’a aucune difficulté. Dans
le foetus le poumon ne donnoit paffage qu’à une petite
quantité de fang , le trou ovale & le canal artériel
paffentde l’oreille &du ventricule droit à l’aorte,
peut-être les huit neuvièmes du fang de la veine-
cave.
Quand le jeune animal a refpiré, & que fon pou*
|nona été rempli d’air, l’artere pulmonaire jette tout
R E S
fon fang dans cc vlfcera , le trou ovale ne laiffe plus
palier qu’une partie de celui qu’il envoyoit à l’oreillette
gauche, 6 i prefquc tout le fang de l’animal paffe
à travers le poumon , dans un teins égal à celui dans
leq\icl il pulle par toutes les autres arteres.
il arrive alors ce que nous avons dit à l’occafion
de la néceffité de l'expiration ; cette quantité de fang
accumulée dans le poumon n’enlort que par l'effet
de l’infpiration , &c après rexpiration une nouvelle
ipfpiration ell néccflàire pour donner paffage au
lang que les cavités droites du coeur ont envoyé au
poumon. Le poumon fuis la refpiradon ne lailléroit
palier qu’une portion de fang égaie à celle qui y
palloii dans le foetus: pour donner paffage à celle que
cliarioit le conduit artériel, & à une partie de celui
qui enliloit letrou ovale, il faut donner au poumon
une dilatation que l’air leul peut lui donner.
Mais qu’ell-ce qui a forcé l’animal qui vient de
naître à infpircr, à prendre l’air? Seroit-ce une irritation
produite par le froid de l'air aihmofphérique
qui trappe un corps tendre accoutume à la douce
chaleur du fcui de la mere ? Ce troid repercuteroit-il
le fang au poumon qui en feroitfurchargc? Seroit-ce
la douleur ou l’incommodité du paffage au monde ,
& l’envie qu’auroit l’animal de fe plaindre, envie
qu’il ne peut fatisfalre qu’en prenant de l’air ? Seroit-
ce l’habitude où il ell d’avaler l’eau de l’amnios,
mife en doute , à la vérité , par quelques auteurs ,
mais rendue très-probable par des expériences faciles
à faire ?
Dans le poulet on a la commodité de voir le foetus
avantqu’il foit expolé à l’air, & d’en fuivre les mou-
vemens. Le poulet certainement ouvre le bec , de le
ferme long-tems avant qu’il refpire ; il avale l’eau de
l’amnios, qui donne avec les acides un ceré coagulé,
parfaitement lemblable à celui que l’on ne manque
jamais de trouver dans l’ellomac du poulet. Seroit-
ce la nourriture qu’il cherche qui l’engage à faire des
mouvemens , dont la fuite eff de faire entrer de l’air
dans les poumons, comme elle l’étoit dans l ’oe uf d’y
faire entrer de l’eau nutritive?
Pendant le relie de la vie , la néceffité de la refpi^
ration eff aéluellement expliquée, l’infpiration exige
l’expiration; fans cette alternative nous fuffbque-
rions. L’expiration rend de même i’infpiration néceffaire.
Nous refplrons donc, parce que fans la
refpiradon le ventricule gauche ù . l’aorte ne rece-
vroient plus qu’une très-petite portion de fang, incapable
de foutenir la circulation.
C ’eft Tutilité de la refpiradon qui va faire l’objet
de nos recherches. Celle qui de tout tems a été
adoptée par le plus grand nombre des phyfiologi-
ffes , c’ell l’entrée de l’air élaffique dans le fang. Les
auteurs refpeétables qui fe font déclarés pour cette
hypothefe, méritent fans doute qu’on examine les
raifons qui les ont perfuadés.
On a vu , à ce que l’on croit, l’air fouillé dans la
trachée paffer dans le fang veineux. On a vu l’air en
bulles & en écume dans le fang des tortues, des hommes
même ; on l’a vu dans la faignée foriir avec le
fang. Il eff conllant qu’on voit très-fouvent de l’aif
dans les veines du cerveau, & même dans d’autres
veines des fujets que l’on diffeque , les emphylêmes
font communs, & naiffent fubitement ; c’cil de l’air
épanché dans le tiffu cellulaire. On a vu de l’air dans
le bas-venti e , dans le péricarde.
Soumis à la pompe pneumatique, tous les animaux
&: toutes leurs humeurs fournilTent de l’air; il ell en
très-grande abondance dans le fang. Je n’infifte pas
fur cette preuve, quieffeftivement ne démontre que
l’air en folution qui ell généralement reçu.
On s’appuie de la rougeur du fang , que l’on croit
être l’ouvrage de la refpiradon. On a vérifie que le
fang a une couleur fombre, lorfque l’accès de l’air
R E S
en eftiniercepté. Ce même fang reprend une couleur
vive , & la premiere coupe d’un gâteau de l'ang
noirci fe teint la premiere, les autrescoupcslscolo-
rent fucceffîvement.
P o u r le chemin par lequel le fang reçoit Pair,
on croit aff'ez généralement que cet élément paffe
des bronches des vélicules dans les veines pulmonaires.
Cet air, ajoute-t-on , conferve fon élafficité dans
le fang, il y fait des vibrations qui éloignent les globules
les uns des autres, qui confervent la ffuiclité
du lang, & qui y entretiennent un mouvement in-
teffin. H n’y a pas, jufqu’au mouvement progreffif
même , qu’on n’ait attribué à l’air.
D ’autres auteurs attribuent à Pair des particules
aèlives, néceff'aires pour la confervation de la vie
des animaux. Ce principe vital, peu connu, mais
dont l’expérience démontre Pexiftence , eft détruit
continuellement parla refpiradon,S>i doit être réparé
depuis Pathmofphere.
Dans le fiecle paffé on décidoit plus hardiment
fur la nature de cet efprit vital. C’eft le nitre de Pair,
difoit-on, qui eff reçu dans le fang du poumon; c’ell
lui qui en allume la rougeur ; c’ ell lui, a-t-on ajouté
dans ce ficelé , qui le condenfe ôcle rafraîchit, de qui
en éloigne la pourriture.
Je l’ai d it, & je ne comprends pas la répliqué qu’on
peut faire à une expérience aulfi fimpie. L’air ne
conferve & n’exerce pas fon élafficité dans le fang,
puifque le plus grand froid ôc le plus grand poids ne
le compriment pas. Dès que fon élafficité eff libre ,
la preffion & le froid le condenfent, la chaleur ôc
i’abfence de toute compreffîon le raréfient.
Les expériences les plus exaffes ont fait voir
qu’une preffion médiocre ne fait pas paff'erPair de la
trachée dans le fang : c’eft une preffion fupérieure à
la réfiftance d’un animal encore tendre qui lui a fait
faire quelquefois ce chemin.
Les bulles que l’on a vues font l’effet d’une bleffure
ou d’une pourriture. Il eff très-commun dans les animaux
à fang froid, dont on a bleffé quelques vaif-
feaux, de voir rouler dans les vaiffeaux de greffes
bulles d'air, très-fupérieures en volume a celles du
fang, & qu’on n’y voit jamais quand tout eft relié
dans un état naturel.
L’air des veines du cadavre peut entrer de la même
maniéré. Il peut être l’effet du développement
naturel de l’air fixe , que la putréfaélion rend vifible.
Dans les emphyfemes c’eff une corruption ou bien
la bleffure du poumon, ou l’air reçu par la plaie , &
enfermé par les bandages qu’il faut aceufer.
Pour la rougeur, il ne paroît pas que l’on puiffe
l’attribuer à l’air. Le poulet ne refpire pas, fon fang
eft cependant, dès le fécond jou r, du plus beau
rouge. Je ne trouve pas même que l’air donne au
fang humain cette haute couleur. Sorti du nez, d’une
ariere exhalante, le fang eft du plus beau rouge :
reçu fur le papier le plus net, mais expofé à l’air, il
perd à chaque moment de fa couleur, & prend celle
du iang de boeuf. Il n’y- a aucun fonds à faire fur la
différence de couleur du fang veineux 6c du fang
artériel.
_ L’hypothefe qui attribue pour utilité à la refpira-
lion y le rafraîchiffement 6c la condenfation de cette
humeur vitale, demande un peu plus de détail. Chez
les anciens cette idée étolt fondée fur le feu inné
qu ils croyoient brûler dans le coeur. Chez les modernes,
c’eft fur les faits quelle s’appuie, & fur le
plus grand diamètre de chaque artere pulmonaire ,
cornparee à la veine fa compagne. On y a ajouté ,
mais avec moins d’affurance, que le fang.de la veine
pulmonaire , qui ell celui des arteres, ell plus dénié
que le fang de l’artere pulmonaire, qui eff celui de
R E S 6 2 1
la veine-cave. D ’ailleurs le froid 6c la denfité s’ac^
compagnent dans toute la nature.
Il eff iCir que le fang du poumon eft plus chaud que
l’air qu’on refpire ordinairement ; le tempéré de l’air
eft à 53 d<.grés, le fang eft à 96. Il doit donc paffer
du fang dans l’air une certaine portion de fa chaleur,
l’air s’échauffera, & l’halcine qui lort de la bouche
aura à-pcii-prcs la chaleur du fang, dans le tems que
le fang fe refroidira. ^
Le fait eft v ra i, mais n a-t-on pas oublié que bien
certainement le fang du ventricule gauche , & celui
de l’aorte , n’eft pas plus froid ni moins denfe que
celui du ventricule droit & de la veinc-cave. Si donc
le poumon a enlevé quelque portion de la chaleur
du fang , il faut que cette même portion ait été réparée
furie champ.
_ On a voulu alléguer que les animaux ne peuvent
vivre dans un air auftî chaud que celui du fang. Il eff
fûrq u’im air de 96 degrés de chaleur eft incommode,
mais il ne tue pas. La chaleur du foleil monte
fouvent à 100 , à 1 10, à 130 degrés, & on y vit
on y travaille. M. Tilleî nous a fourni un exemple
beaucoup plus frappant. Une fille a vécu pendant dix
minutes dans un four oîi la chaleur étoir de 130 dé-
grés de Réaumurfupérieure à celle de l’eau bouillante.
Ün vit dans une chaleur un peu moins forte,mais de
beaucoup fupérieure à celle du fang ; dans les bains
on fent même avec plaifir la fupériorité de la chaleur
de l’eau. Le foetus vit fans refpiradon , dans une
place plus chaude que fon propre coeur ne rendroit
l'on fang ; le poulet, dans un oeuf plus échauffé encore
; & le poiffon, dont la chaleur naturelle eft de
quatre , vit dans une eau tiede de 60 degrés & au-
delà. Des expériences exactes ont fait voir que les
chiens ne périffent pas dans la chaleur des étuves à
fucre. Ün ne fait pas ce qui peut en avoir impofé là-
deffus à Boerhaave.On vit donc dans un air beaucoup
plus chaud que ne l’ eft jamais le fang d’un animal
vivant, de le befoin de l’air n’eft donc pas dans fa
fraîcheur.
Il eft probable que plus l’air eft rare, & plus vite
il eft gâté par des vapeurs qui fortent du fang ; &
plus il eft denfe , plus, par conféquent, il y a de
l’élément de l’air dans le volume que l’on Infpire , &i
plus long-tems il rélille à cette corruption.
Nous avons reconnu cependant que les veines
pulmonaires font plus petites en comparaifon des
arteres leurs compagnes, que ne le font les branches
de la veine-cave , vis-à-vis de l’aorte. Quelle peut
être la raifon de cette différence ?
Peut-être les veines pulmonaires avoîent-elles
peu befoin de cette ampleur, parce qu’elles Ibnc
courtes, qu’elles fe dégagent après une courfe
fort courte dans l’oreillette gauche, au lieu que les
branches de la veine-cave ont un grand voyage à
faire , dans lequel elles peuvent rencontrer beaucoup
plus d’obftacles.
Peut-être les branches de la veine-cave font-elles
faites plus amples , comme le font les grandes veines
dans les animaux à fang froid , les grandes veines
voifinesdiicoeur; c’eft pourfervir d’entrepôt au fang
veineux , toutes les fois que fon retour eft retardé
par l’effort, par des expirations, par la fituafion
droite du corps , S i par l’aéHon des mufcles.
Pour l’oreillette droite elle tient la fupériorité de
fon volume de l’état du foetus, dans lequel elle ctoit
nécefl'airement beaucoup plus ample que l’oreillette
gauche , parce qu’elle contenoit le fang du conduit
artériel que l’oreillette gauche ne reçoit pas.
Quelle que foit la caufe du diamètre fupérieür des
veines du poumon, ce n’eft certainement pas la di-
verfité dans la denfité. Cette différence elî fi petite
qu’elle eft douteufe, au Heu que la iùpériorité des
veines pulmonaires par-deffus les arteres eft viùble,
' ! ''[! ' ‘I