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folution eft celui dont les particules îminiément me-
lées à celles de la liqueur diftblvante, n’en changent
pas la pefanteur fpcci/ique , ne montrent aucune des
qualités paiticulicrcs à l’air, rendent pas ces liqueurs
comprclTibles, ne leur donnent pas de l’é-
lafticirc , ne ié réuniffent pas en bulles.
îly a de l’air de ceiteefpece dans lefang, comme
il y en a dans l’eau ; cet air ne donne aucune marque
de l'on exiftence , que Ibus des conditions particulières
: il fe découvre & reprend fon élafticitc ,
quand on a enlevé la preftion de l’air extérieur,
quand on y applique un degré de chaleur fuperieur ,
Clique la putrcfaélion ou l’effervelcence le développent.
Cet air eft différent de l’air claftique, qui
forme des bulles dans l’eau. L’eau fimple tient de
l’air en folution , les eaux minérales en on t, & de
l’air ordinaire qui forme des bulles , qui eft élaftique,
qui réfifte à la comprelfion & force fouventles vaif-
feaux , de de Pair dift'ous comme Peau ordinaire.
Le fang de tous les animaux contient de Pair de
la derniere clpece, l’air en bulles n’y paroît que rarement
: dans les animaux à l'ang froid on en vo it,
après que quelque vaift'eau conlidcrable actéblelPé:
dans l'homme , je l’ai vu écumer dans le coeur par
les chaleurs de l’été.
L’air en folution n’entre que lentement dans les
liqueur«; ; il n’y perd pas fon élafticité ; mais il ne
l’exerce pas.
L’air hxe eft intimement attaché aux élémens des
corps, même les plus durs ; il ne fe fait aucune dil-
foluîion tans qu’il jjaroift'ede l’écume des bulles.
C ’tft Pair fixe qui en iort. De meme que Pair en
folution , il conierve fon élafticité , mais il ne paroît
l’exercer qu’après la dilPoUition de ces corps.
L’air a de la pefanteur , & fes colonnes gravitent
fur tous les corps. On fait que cette prelfton fur le
bord de la mer, eft égale à celle d’une colonne de
mercure de 19 pouces. C ’eft le calcul que l’on fait
ordinairement. Mais la pefanteur de Pair eft altérée
pur différentes caufes. Elle eft plus petite fur les
montagnes, plus grande au bord de lamer, plus
grande encore dans les mines. J’ai vu le mercure monter
de plus d’un pouce dans celle de la Dorothée à
Claufthal. Sur les montagnes , cette pefanteur diminue
fuivant une lo i, fur laquelle on u’eft pas encore
entièrement convenu. Les plus hautes montagnes
accelîibles du globe, ont diminué la preftion de l’arh-
mofphere de près de la moitié , & le mercure y eft
tombé jufqu’à prés de 16 pouces.
La chaleur peut auffi quelque chofe fur la pefanteur
de i’air ; ft on pouvoir fupporter dans l’air celle
de Peau bouillante, cette différence pourroit aller
à la moitié. Les exhalaifons diminuent la pefanteur ,
mais (Punc petite portion.
L'air pefant donc fur le poumon & fur le corps
humain en général ; celui-ci fera comprimé par Pair,
comme s’il étoitpreffé par un poids au moins de
30000 livres , la furface du corps ne pouvant être
eftimée à moins de quinze pieds quarrés. Cette jiref-
fion fera augmentée dans les plaines , &c diminuée
fur les montagnes.
Son effet eft puiffant &c vifiblc. Quand par la fuc-
clon ou par l ’effet du feu , on enlevc de-deffus une
petite partie du corps humain la preftion de Pathmof-
phere , cette partie du corps fe gonfle fur le champ,
& fo remplit de fang. L’effort du coeur preffant le
fang artériel avec la même force contre toute la
furface du corps , le fang entrera avec plus de facilité
dans celles qui ne feront plus comprimées, qui
rcfifteront moins ; c’eft la caufe de l’effet des ven-
loufcs.
Mais la dificrence de la preftion fur tout le corps
humain, ne fait pas un effet fcnfible. C’eft bien à
tort qu’on a voulu attribuer des maux de coeur 6c
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des crachemens de fang à la fubtillté de l’air fur les
hautes montagnes. J’ai très-bien refpiré fur la Fourche
& fur le Joch, où le mercure tomboit à 19" 2 "
de Zurich , è c h 19" 3'''''. Les académiciens françois
ont vécu ftx femaines fur le Pichincha à une hauteur
beaucoup plus conftdérable encore.
La différence de la preftion de Pair n’eft pas plus
fenfible pour la Tcfpiration. On refpire très-bien depuis
le degré de pefanteur qui répond à i6" de mercure
jufqu’à celle qui répond à 30".
Il n’en eft pas de même de Pair , dont la pefanteur
eft diminuée par la machine du vuide. Il eft étonnant
combien l’animal fouffre en refpirant un air dont U
denfité eft diminuée d’un trentième. Les oifeaux def-
tincs à vivre dans un air plus lé^er , ne fouffrent cependant
pas dans cet air raréfie une diminution de
pefanteur, telle que celle qui eft naturelle à une
grande hauteur. On vit fur le Pichincha , mais les
oifeaux périlTent quand le mercure tombe à 16 pouces
10 lignes dans Pair qu’ils refpirent.
Non-feulement Pair des montagnes fuftit à la refpi-
ration , il paroît meme y être plus convenable que
celui des plaines. Peut-être eft-cefa fraîcheur , peut-
être auffi y jouit-on du pur élément claftique, au
lieu que dans les plaines on refpire un air dont une
grande partie n’eft qu’une eau réfoute en vapeurs.
Les incommodités dont quelques voyageurs fe
font plaint,paroilîentne devoir être attribuées qu’à
Peffortavec lequel on monte à pied pendantplufieurs
heures conlécutives ; effort fur-tout prefque infiip-
portable pour des favans nés dans les plaines , au
lieu qu’il n’affefte pas les habitans des Alpes. Vous
les entendrez dire , je fuis vieux , je ne puis plus
marcher dans la plaine, au lieu qu’ils efcaladent encore
les plus rudes rochers & les plus élevés.
L’air extérieur communiquant avec le poumon
par le larynx, gravite fur la furface interne du vif-
cere. M. Jurln a évalué cette preftion par fon effet.
Dans une expiration médiocre , Pair qui fort du poumon
équivaut à une dragme demie , qui dans
une fécondé de tems parcouroît un pouce , & l’ex-
fpiration la plus forte eft eftimée à quatorze dragmes
pouffées à la même dlftance. Pour la preffion de
l’athmofphere , dans la fiippofttion d’une pefanteur
moyenne, il a trouvé qu’elle vaut une colonne d’eau
qui tombe d’un loooo"”^ de pouce, & dont la bafe
eft égale à la furface du poumon.
D’autres auteurs ont trouvé la force du foufle
trop petite dans les calculs de M. Jurin. Sans entrer
dans des détails fur lefquels il feroit impoftîble de
rien dire d’affuré, on pourroit être tenté d’eftimer
la preftion de l’air fur la furface du poumon par
raffaiffement de ce vifeere , qui arrive lorfqu’on a
ouvert la pleure: elle agit avec beaucoup de lenteur
ÔC éloigne le poumon fans aucune violence,
en le repouffant contre les vertébrés. Mais ce n’eft
pas la preftion de l’athmofphere que l’on voit dans
ccite expérience. Elle eft nulle, parce que le poumon
eft dilaté avec la même force par la colonne
d’air qui preffe par le larynx fur la furface intérieure,
pendant que l’air le comprime par fii fiirfacc extérieure.
On voit plutôt la force de la contraéllon du
poumon abandonnée à elle-même.
La preftion de l’air contre un cfpace vuide d’air
ou rempli d’un air extrêmement atténué , agit avec
beaucoup de violence. La moindre dill'crcnce de pefanteur
dans l’air, celle d’un -!-^ de la pefanteur entière
produit un vent qui parcourt un pied par minute.
L’air réduit à un quart de la pefanteur donnera
naiffancc à un vent qui par chaque pied cubique
d’a ir , élevera 904livresà la hauteur d’un pied. La
vîteffe d’une balle chaftée par l'arquebufe à vent
eft égale à celle d’une balle qui eft pouffée par la
détonation du falpôtrc ; elle porte la balle à 4^00
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pieds dans une fécondé. Si l’eQace étoit entièrement
vuide , le vent feroit d’une force prodigieufe. Jean
Bernoulli l’a comparé à un vent dont chaque pied
cubique d’air éleveroit 909 livres à 3 248 pieds.
C e s c a lcu ls a u ro n t le u r u t i l i t é , to u te la nfpiraùon
é tant l’ e ffet d ’un air plus d enle , qui p r é v a u t c o n tr e
un a ir plus r a r e , & q u i par c o n lé q u e n t d o it d ila te r
le p oumon .
Je ne puis me difpenfer de parler de l’élafticité
de l’air ou de la force expanfive avec laquelle il tend
à fe dilater, dès que la réfiftance des corps am-
bians eft diminuée. Cette qualité eft fi effenticlle à
l’a ir , que hors d’état de la mettre en jeu, il ne
laiffe pas que de la coiiferver pendant plufieurs
années. Tendant à s’étendre il fe laiffe comprimer
des efforts étonnans.
Ce n’eft pas l’élafticitc de l’air qui fe perd parla
refpiraiion même , c’eft fon aptitude à la refpiration.
Le phénomène eft avéré , que l’air dans lequel un
animal a vécu & refpiré , devient abfolumenr incapable
d’entretenir en vie ou le même animal , ou
un animal quelconque. Un homme qui tireroit l’air
qu’il refpire d’un grand ballon de verre, étoufferoit
en peu de tems , s’il s’obftinoit à refpirer le même
air. Sans même qu’une chambre foit fi exaélement
fermée, il fuffit qu’elle foir remplie de monde,8c
que l’air n’y foit pas fuffifamraent renouvelle ,pour
rendre cet air mortel ; les Anglois en ont fait une
terrible expérience au Bengale en 1757.
Les expériences les plus nouvelles ne permettent
pas de rejetter la caufe de la mauvaife qualité de
î ’air qui a paffé par le poumon , fur la perte de l’élafticitc
; elle s’y foutient auffi bien que la pefan-
îcur. L’humidité n’eft pas non plus ce qui fuffoque
les animaux. Ils vivent dans l’air des bains , plus
humide encore. On eft réduit à croire, qu’il fort
du poumon des exhalaifons âcres qui agiffentfur la
nfpiraùon comme les vapeurs du charbon , 8c qui
contraélant les bronches t e lesvcficules , empêchent
le poumon de fe dilater.
Il feroit trop long de parler des différentes vapeurs
qui rendent l’air incapable d’être refpiré , de la
flamme qui confume ce qu’on pourroit appeller la
partie vivifiante de l’air, des vapeurs fouterraines
inflammables , des mephitis dont la nature eft encore
obfcure , & qui agiffent peut-être comme ces
vapeurs du poumon , de la pourriture , de l’air non
renouvelle des puits 8c des mines , de plufieurs
odeurs , dont quelques-uhcs nous paroiffciit agréables.
Et cependant l'air le plus pur que l'homme puiffe
Tcfpirer , n’eft jamais fans un mélange confidérablc
de plufieurs vapeurs, des exhalaifons des animaux
qui pourrilTent , de l’acide univerl'cl, des exhalaifons
minérales , de l’eau , des graines même des
plantes, 8c des oeufs des petits animaux. La nature
nous U préparé à un élément mêlé , 8c l'air peut
être chargé de vapeur.«: jufqu’à un degré confidéra-
ble , fans devenir nuifible , pourvu qu'il foit renou-
vellé.
C’eft l’air alternativement pompé danslc poumon
& chaffé de ce vilcere , qui fait le jeu de la ^fpi-
ration.
Le foetus ne refi)lre point, il nage au milieu des
eaux. Sorti de fa pi*ifbn Une refpire fbuvent pas dans
le moment. J’ai vu de petits chiens tirés de la litière
de leur mere , vivre un tems conlidérable fans refpirer.
La morne chvffe arrive aux enfans 11 eft très-
commun don voir n.iître avec les apparences de la
ïnort , qui ne reviennent à la vie que par les foins
Utiles que l’on fç donne pour eux, Ün a louile dans
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leur bouche, on a comprimé le bas-ventre, on a fait
quelque irritation , on les a réveilles par la chaleur.
Sans ces foins, leur état de langueur auroit fait place
à la mort.
Ce n’efl donc pas le fang de l’artcre pulmonaire
pouffé dans le poumon , qui dilate ce vifeere. Cette
caufe auroit agi dans l’enfant qui vient de naître ,
avec plus de force que clans l’homme adulte , cette
artere étant à cet Age plus grande que l’aorte.
Ce n’eft pas non plus un mouvement propre au
poumon , qui certainement n’a point de force dilatante
qui puiffe attirer l’air.
Je n’ignore pas qu’on a cru voir la rfpiraiion fe
faire dans une poitrine ouverte, après qu’on avoit
détruit les cotes 8c le diaphragme. On affure que le
poumon fort j)ar la blefî'ure , par fa dilatation , que
l’animal ne périt pas, quand on a ouvert les deu.x
cavités de la poitrine.
Ces erreurs font des fuites des expériences mal
faites ou mal obfervées. Le poumon fort fans doute
par une bieft'ure faite à la pleure, mais c’eft par les
forces de l’expiration, Il peut arriver que l’animal
refpire avec une , avec les deux cavités de la poitrine
ouvertes , parce que dans les efforts qu'il fait,
les mufcles 8c les tégumens fe feront placés devant
la plaie , Sc l’auront bouchée.
Mais en vérifiant les expériences , 8c en y prêtant
toute l’attention nécefi'aire , on verra ce qu’on a
indique à Wi ùcU Po um o n , S u p p l. La pleure découverte
pofe immédiatement fur ces vifcercs : on
perce la pleure , le poumon fuit 8c s’ap[)latit , l’animal
perd une partie de ia refpiration 8c de fa voix.
II perd entièrement la voix 8c la vie , quand on
ouvre l'autre cavité de la poitrine. Le médiaffia
empêche que la bleffure de l’une des cavités ne foit
mortelle; elle le devient, quand on perce le mé-
diaftin, 8c alors les deux poumons étant devenus
inutiles , le fang n’y paffant plus , & l’aorte n’en recevant
plus , la mort eft infaillible.
Qu’on lie la trachée, on verra le jeu de la refpiration
fe faire , fans que le poumon rempli d’air faffe
le moindre mouvement. L’animal fait agir avec les
plus grands efforts fes côtes 8c (bndiaphragme , pour
chercher l'<fir, fans que le poumoncontiibue le moins
du monde à ces mouvemens.
La caufe de l’infpi ration eft la dilatation du poumon.
Dans l’animal qui refpire , il eft naturellement rempli
d’un air égal 8c femblable à celui de l’athmo-
fphere. Le poids de l'athmofphere balancé par la réfiftance
de l’air contenu dans le poumon, ne pro-
diiiroit rien. Mais dès que l’air intérieur du poumon
eft dilate, 8c qu’il perd de fa denficé, il ne réfifte plus
à l’athmolphere avec laquelle la cavité du poumon
communique par la trachée , ôc l’air extcricur entre
dans le poumon par fon poids , juiques à cc que
le poumon foit rempli d’un airauffi dcnlcque celui
dcrathmofpherc.
C’eft pour cela que le poumon eft comprime , 8c
ne fauroit fe dilater, quand la pleure eft ouverte.
Il y a équilibre alors entre l’air (|ui pcfe par la trachée
, 8c entre l'air cjui pelé fur la pleure. La même
athmofphere dihue le poumon 8c le comprime ; abandonné
à lui-même il eft applatl parla force contractive
naturelle.
Le poumon tiré de la poitrine 8c mis dans une
velfie , qui communique par la trachée avec lath-
mofpherc, fe dilate ])ar la même raifon , quand l’air
dont il eft environné, eft raréfié.
Les forces qui dilatent la poitrine, (ont les mêmes
qui répandent l’air du poumon fur une plus grande
furface en affoiblift'ant la réfiftance en le raréfiant;
8c ces mêmes caufes donnent alors à l'athmofphere
la fupériorité fur l’.fir du poumon; il entre par la
trachée, U remplit l’efpace du poumon, que l'air