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fétide; le péricarde rempH ou abreuvéd iinc fanie ,
ou d\m fluide jaunâtre & corrompu : les autres
A'ifceres ramollis & comme diffous , parfcmes d hy*
datides , de puPiiles , de taches de différente forme
ou couleur : le coeur flal'que & comme raccorni ; le
lang qu’il contient très-noir & pret'que folide; le
Ibie noirci, ou livide, ou engorgé ; les parties de la
génération tuméfiées 6c noirâtres.
Quelquefois meme, en examinant l'intérieur du
ventricule avec attention, on peut y trouver des
fragmens ou des relies de la matière diipoifon ; il cil
vr.ii que li les vomilTemens qui ont précédé la mort
ont été fréquens 6c copieux pour Tévacuation, ils
auront dit entraîner la plus grande partie de la lub-
flance venimeufe ; mais il eil poflible qu’il en reflc
encore une jiartie cantonnée dans les rides de l’efto-
mac ou des imeflins. On obferve quelquefois le froncement
des membranes de ces vifeeres, fur-tout li
l ’on a pris pour poifon des caufliques pareils à l’acide
nitreux, à i’hulle de vitriol; on voit môme des el-
carres jaunâtres ou noires , dans le trajet de l'oelo-
phage , de l'etlomac, des inteflins : d’autres fois on
remarque un raccornifl'ement extraordinaire dans
ces parties qui font rappetilfées & comme oblitérées
: on les déchire quelquefois avec la plus grande
facilité. 11 s’écoule par la bouche une liqueur fétide
& de différente couleur ou confillante : l’abdomen
ou d’autres parties fe crevent ou prélVntent des dé-
chiremens. Ünvoitenfîn, tant extérieurement qu’in-
terieurement, desveffîes dif'perlées çà 6c là, 6crem-
jilies d’une férofité jaune ou obfcure, & prefque
toujours d’une odeur cléfagréable.
Il ell clair qu’on doit conllamment avoir égard
aux routes par lelquelles on préfame que le poifon
a été inliniié. Comme c’efl fur-tout parles premieres
•\^oies que les malfaiteurs rinfinuent, ou que les mé-
prifes (e commettent, on fent qu’il ell plus effentiel
d’infiffer fur les effets qui fuivent cette maniéré d’in-
ti oduire le/poij/ô«; mais l’atroce barbarie a quelquefois
porté le rafinement jufqu’à s’occuper des moyens
de l’inilnuer par d’autres voies. On connoît les effets
de la morfure des animaux venimeux ; on lait que
les vapeurs qu’on refpire avec l’air peuvent être
alTez fubitement mortelles : on fait encore qu’il
exiffe des hommes 6c des nations affez féroces pour
ajouter I’aflivitc du poifon aux effets de leurs armes,
d'ailleurs affez meurtrières.
On peut donc, fans être crédule , admettre la pé-
nétraiion des poifons par la refpiration , par les
plaies, les injeélions ou lavemens, par l’efpece ou
la qualité des armes offenffves.
On a prétendu qu’on pouvoit imprégner, avec du
poifon, des habits, des lettres, des bijoux, &c. qu’on
pouvoit le meler dans des bains , des odevirs ; qu’on
pouvoit enfin, en empolfonnant les fources de la
vie , rendre funefle aux hommes l’attrait qui les
porte à fe reproduire.
Je n’ofe prononcer fur ces poffibilités ; je fais que
l’homme féroce qui étouffé le cri de l’honneur 6l de
l'humanité, peut quelquefois emprunter tout l’art
du génie, & je me félicite que cette fcience téne-
breufe 6c horrible n’ait jamais été réfervés qu’au
très-petit nombre de ces êtres qui furent l’opprobre
de l’efpece humaine.
Les différentes fubffances véneneufes dont les
propriétés fufpendent ou éteignent la vie de nos
organes, fe tirent des trois régnés de la nature. L’ob-
fervation ayant démontré qu’il en ell qui font con-
flamment fuivies des mêmes effets dans les animaux
vivans, ou dont l’analyle chymique peut reconnoitre
les traces, on voit que la folution des queftions médico
légales concernant les poifons , doit être nccef-
iairement avancée parla connoiflance de leur nature
& de leurs efpeces.
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Les poifons font fimples ou compofés, naturels
ou artificiels, il en eff; de cauffiques ou corrofifs dont
les effets fur les parties vivantes font très-lenfibles ;
d’autres tuent en s’oppofant ffinplement à riiiflucncc
du principe de v ie , fans rien ôter du tilî'u des ibii-
des , ni laiff'cr des traces fenfibles de leur aélioii, Il
ce n’eff I’aff'aiffcment ou le relâchement général des
vaiffeaux.
Il en eff enfin qui étouffent en engourdlflant la fen-
fibilité des parties, 6c d’autres qui fufpendent le
cours des fluides en les coagulant ou en refférrant
violemment les vaiffeaux qui les contiennent.
Les corroffts 6c les narcotiques tuent très-promptement,
6c leurs effets s’annoncent avec une rapidité
qui ne laiffe guere lieu de douter fur leur emploi.
Les affringens tuent beaiicou[) plus tard, quoique
leurs iymptomes loient prompts à paroître. Les
autres donnent fouvent lieu à des maladies chroniques
mortelles , dont il eff difficile de foiipçonner la
caufe.
Parmi les fubfixinces minérales qui agiffent fur le
corps à la maniéré des poifons , font i° . l’arlènic ÔC
les fubffances arfénicaies, comme la cadmie ou cobalt
, le realgar, l’orpin ( V'oyi'^ A r s e n i c , Suppl. ).
L ’arfènic eff Iblubie dans tous les liquides en plus ou
moins grande quantité, il agit à la maniéré dufubli-
mé, quoiqu’un peu moins promptement : c’eff le plus
indomptable des poifons, \\ ne peut être imtigc ni
mafqué d’aucune maniéré ; 6c lorfqiie des chariarans
téméraires ont olés'en 1ervir pour l’emploi extérieur
ou intérieur avec tous les [irétendus correèlifs, on a
toujours vu leur audace luivie des effets les plus
funeftes. L’application extérieure de l ’arlénic a des
dangers qu’on ne peut le diffimuler, 6c l’on fait par
les expériences de Sprcegel, que s’il eff appliqué fur
une plaie ou fur des vaiffeaux ouverts, il caule une
mort allez rapide, ün peut reconnoitre la prélence
de l’avfénic dans les différentes lubliances avec lef-
quelles on l’a mêlé, en joitant ces fubffances fur des
charbons alhimcs ; l’odeur d’ail qui fe manifeffe dans
l’évaporation , eff un figne caraélcriflique des fubffances
arfénicaies; un fécond moyen, non moins
mile 6c plus conffamment praticable, c’eff de ver-
fer une petite quantité des alimens ou des matières
qu’on foupçonne mêlées â l’arfcnic, dans une diffb-
lution de litharge ; la noirceur fubite de cette diffo-
lution annonce la préfencc de l’arfénic dans le melange.
Je fais que des médecins célébrés ont recommandé
dans quelques cas l’ufage intérieur des fubffances
les plus dangereufes. Frédéric Hoffmann attribue
à l’orpiment natif que les Grecs appelloient
fmdarack , une puiff'ante vertu fudoriffque, &c.
mais quoique cette autorité foit refpeftable, on ne
peut s’empêcher de regarder cette fubffance comme
très-ffilpeéle; & d’ailleurs un expert appelle en
jurtice a moins à décider quelles font l,es fubffances
nuifibîes, que celles qui ont nui dans le cas fur lequel
il eff confuhé ; il lui importe peu qu’une caufe
aefiveait été fans effet quelquefois, pourvu qu’il re-
connoiffe qu’elle a agi dans ce même cas.
Z®. Le cuivre , fa chaux , le ver-de-gris. II faut
fans douteéviter l’exagération, en taxant indiffinéle-
ment le cuivre d’être pernicieux aux animaux vivans.
Lorlque Mauchart compolâ fa dilTerration intitulée.
Mors inolla, il pouffa la chofe à l’extrême ; on peut,
à l’aide de la propreté & de quelques précautions,
faire fervir le cuivre, fans aucun danger, pour mille
ufages économiques ; mais on fait aulfi par des expériences
malheureufementfamilieres, que lorfquc
le cuivre pénétré dans les corps vivans , foit en fubffance
, foit diffous de quelque maniéré, il y produit
tous les effets d e s O n peut lire avec fruit à
ce fujet une diffcrtacion de M. Thierry, foutenue
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dans l’unlvei-fitc de Paris , fous la préfidence de
M. Falconet, 6i qui a pour titre, nb omm rc cibarta
V(fa (znea prorsùs ablcganda. CuiVRE, DiH.
raf. des Sciences, àic.
3°. Le plomb &C fes preparations, comme litharge,
minium, cériife, fucrc defaturne, &c. Onconnoit
la maladie familière aux peintres, mineurs, doreurs
& autres ouvriers, qu’on appelle colique de plomb
ou de Poitou : on fait encore quels font les funeffes
effets produits parles vins aufteres ou acides, qu’une
friponnerie puniffable fait adoucir avec la litharge
ou le fficre de faturne. Ces malheureufes expérien-
ces prouvent affez le danger du plomb pris Intérieurement,
quoique la rapidité des Iymptomes le rende
moins dangereux que les fubffances dont il eff parlé
ci-defflis ( P l o m b , L it h a r g e , Diel. ruf.
des Sciences, Sic.). Le meilleur moyen_ de reconnoitre
la préfence du plomb dans les vins falfifiés,
c’eft, félon Z'eller, d’y verier un peu du mélange de
la leffive de chaux vive 6^ de l ’orpiment, la moindre
particule de plomb devient facile à appercevoir par
la noirceur du vin; & l’on peut foumettre à cet examen
, avec plus de fruit encore , la lie du vin falfifié,
après l’avoir expofee â un feu de fonte.
4'^. Le fublimé corrofif ôi: les diff'érens précipités
{Voyei M e r c u r e & S e l s m e r c u r i e l s , Dicl. raf.
desSciences,6i.c .y Ces différentes fubffances fali-
nes dont l’aâivité & la caufticité font reconnues ,
ne pourront jamais fe préfenter en fubffance dans
l’eftomac des cadavres; ce n’eft que par les effets
qu’on peut en juger. Le dégât dans les premieres
voies Si fur-tout l’état des glandes falivaires, pourront
les faire préfumer : ff l’on trouve dans le ventricule
un liquide qu’on foupçonne contenir en dif-
folution du fublimé corrofif ou du précipité, on
verra ce liquide changer de couleur 6Î jaunir, en y
verfant une liqueur alkaline.
5°. Le verre, les fleurs,le régule, le foie & le
beurre d’antimoine, dont les effets utiles à très-petite
dofe, n’empêchent point qu’on ne doive les
claffer parmi les poifons, lorfque la dofe en eff ex-
cefTive. A n t i m o i n e , DiH. raf. des Sciences,
6iC. 6®. Les différens acides minéraux, les vitriols,
l’alun, la chaux v iv e , le plâtre , dont on peut apprendre
les propriétés dans les différens articles du
Dicl. raif des Sciences, &c.
On peut ranger dans cette même claffe les lefiives
alkalines très-faturées, la vapeur des charbons allumés,
les météores des mines de charbon de terre,
l’air renfermé depuis long-tems , ou chargé d’exha-
laifons minérales, animales ou végétales échauffées
ôc corrompues ; la vapeur du foufre allumé , les ex-
halaifons des corps fermentans, connues fous le non»
de §as ou efprics fauvages ; la foudre, les eaux corrompues
, &c. font des caufes pernicieufes dont l’extrême
aûivité fur les animaux vivans eff atteffée par
l’ol)fervatlon la plus commune.
La mort foudaine dont on eff frappé par la plupart
de ces caufcs,ne laiffe pas le tems d’apperce-
voir la gradation dans les fyraptômes. Le feul examen
du cadavre 6ila connoiffance des lieux peuvent
éclairer l’expert. Voyez ci-deffus les figues généraux
qu’on obférve fur les cadavres, &: Xarticle
M é b e c i n e l é g a l e , Suppl.
Les expériences de Sprcegel ont fait voir que l’ef-
prit-de-vln reélifié, l’el'prit-de-fel &L l’huile de tartre,
injeftés dans les vaiffeaux fanguins d’un animal vivant,
le uient très-promptement en coagulant le fang.
Le vinaigre diffUlé, injeûé de la même maniéré,
tue avec la même promptitude, mais en diffolvant le
fang ; enfin , l’air feul injefté pareillement dans les
vaiffeaux, produit une mort prefque auffi rapide.
Langrish avpil déjà vu que la vapetyr du foufre in-
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froduîte dans la trachée-artere d’un chien, le tuoîc
en quarante-cinq fécondés de teins. Il parole pur le
réfuUat des differentes expériences que la feule dilatation
forcée des vaiffeaux, par des liquides quelconques
injeffés, eff liifiîrante pour caufer la mort
des animaux vivans fur Icfquels on la pratique.
Mead, dans fon Traité des poifons, parle d’une
liqueur tranfparente 6c trcs-peffinte qui étoit pourtant
fl volatile, qu’elle s’évaporoit en entier fans
application de chaleur artificielle. Cette liqueur
étoit fl cauffique, qu’elle attaquoit la fubffance mênic
du verre, 6c lorfqu’on plaçoit fur une table un flacon
rempli de cette liqueur , la flamme feule de la chandelle
attiroit cette vapeur dans fa direêUon, 6c la
vapeur devenoit mortelle feulement pour celui qui
étoit placé auprès de la chandelle. Cette déteftablc
compoffiion, dit Mead, étoit formée du mélange de
certains l'els ôc de parties métalliques.
Le régné animal fournit phifieurs caufes perni-
cieufes à la vie des hommes. Les morfures des animaux
enrages donnent rarement lieu aux rapports
en jufflce, il eff inutile de s’en occuper ici, Foye;^
R a g e , dans ce Suppl.
La morfure des animaux venimeux, tels que la
vipere , eff un peu plus digne d’attention; on s’eff:
long-tems occupé de la maniéré dont le venin de
cet animal s'iiifinue dans la plaie qu‘ll a faite; on
trouve prefque par-tout le détail des fymptômes
qui la fuivent, 6c je crois devoir me dilpenfer d’en
faire ici l’extrait, â caufe du peu d’occafions qui
rendent cette connoiffance utile au médecin expert
enjuffice. Le préjugé , bien plus que l’e?.périence, a
fait regarder comme venimeufes les morfures des
araignées, des fcorplons, des ferpens ou couleuvres
ordinaires que nous voyons en France, des rats,
&c. 11 paroît parles obfervations de MM. de Mauper-
tuis, de Bon, de Sauvages, que parmi nos animaux
domeftiques, nous n’avons d’autre animal que la
vipere dont la morfurefoit véritablement venimeufe.
On voit, à la vérité, dans d’autres climats, d’autres
efpeces de ferpens dont la morfure eff promptement
mortelle: tel eff le ferpent ù fonnette qui, félon
Sloane , peut fe donner à lui-même une mort très-
prompte enfé mordant ( Tranfacl. philof. ).
La morfure de la tarentule ne mérite pas même
qu’on en faffe une exception , quoique Baglivi ait
traité avec le plus grand détail les effets qu’elle produit
6c l’efpece de curation qui lui convient, Kæhler
regarde cet accident comme une efpecede fpleen que
la mufique foulage, & qui eff familier aux Tarentins,
foit à caufe de leur genre de v ie, foit à caufe du
climat qu’ils habitent: il obferve que cette maladie
n’attaque pour l’ordinaire que les femmes ou ceux
d’entre les hommes qui mènent une vie ircs-féden-
taire. Laurenti, premier médecin du pape , affuroit
que le tarentifme n’eft attefté aujourd’hui que par
quelques payfans.
Ce n’ert pas parles feules plaies ou morfures qiie
les animaux peuvent nous nuire. Il en eff qui excitent
des ravages confidérables, en les avalant intérieurement
ou en les appliquant à l’extérieur. Les
cantharides mlfes fur la peau produifent des inflammations
, des ulcérés ; les crapauds eux-mêmes, s’il
faut en croire les naturailftes, font couverts de verrues
remplies d’une matière lalteufe qui produit fur
la peau tous les effets des véficatoires. Selon les ob-
fervations de M. Roux 6c de M. le baron d’Holbac,
il s’élève d’une fourmilière une vapeur d’une odeur
forte 6c défagréable qui tue en peu de minutes une
grenouille vivante qu’on y expofe ; elle fuffoque
même les fourmis qui l’exhalent, lorlqu’on les ra-
maflé en grande quantité dans un petit efpace ;
elle produit enfin fur la peau humaine l’effet des