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4S4 P O M
line touffe tie jeunes plantes qui profpcrereut fi
bien , qu’après en avoir déjà arrache peu a peu de
toutes petites, j'étois oblige de les éclaircir entièrement,
en ne laifiant qu’une douzaine lur la meme
place’, qui également i'e trouvèrent de plus de la
moitié trop ferrées ; j’ en diftrlbuai un couple de cent
à des amateurs ; malheureufement U furvint une
grande chaleur & fécherefte qui en fit périr le plus
grand nombre ; on auroit pu en conferver quelques-
unes au moyen des arrofemens; M. de T. n’enlauva
que deux , dont il eutun boiffeaudefruiis , la inoicic
en/’owwdi rondes , l’autre en longues.
M. F. que j’avois lollicité de faire le meme elTai,
fcnia auÜî de la graine , une partie affez tard ; cependant
elle reuffit au-delü de toute attente ; de celle
feniée le 10 mai il fe trouva une plante dont, quoique
le lofeptembre on n’y eût encore apperçu la moindre
apparence de fruit, il m’apporta le lonovembre
une /)£>wwt; parfaite du poids de vingt oncesm afliirant
que la même plante en avoir produit encore douze
a u t r e s d e lîx à dix onces, Sc il etoit tout glorieux
que fon coup d’elTai eût mieux réulTi que l'ex-
périence du maître, voulant parler de L. qui n’en
ont tout au plus que de la groffeur d’un ceuf de poqle.
On a aulll recueilli dans un carreaude dix-feptpieds
(le long, de trois 6z demi de large, des pommes, auflî
des plantes de graines , qvû peloient en tout 62 liv. ;
ainfi, quoique d’autres les ayant replantées tard , &
fans beaucoup de foin , ils n’y trouvèrent fur la fin
d’aofit qu’un fort tilîii de racines fans fruit, & en oélo-
bre jufqu’à cent quarante/>om/;2e5,de la grofleur feulement
d’une noifette ,les plus greffes de celle d’une
noix. Ceci ne doit pas furprendre , & doit avoir la
mêmecaufe que je foupçonne, au même effet des
/Jomm<:iHoliandoifes,tropd’engrais& trop peu de
difiance , vit que les unes & les autres ontpomTé des
tiges jufqu’à fix memefept{ pieds de haut ; toute la
feve a donc commencé par produire, comme à l’ordinaire
, des tiges, des branches, des feuilles , enfiiite
feulement des pommes, par conféqueni trop tard pour
pouvoir grofîir à proportion ; c’efi a quoi il faut longer
de remédier. Cependant les autres experiences
îulHites font fi frappantes,qu’elles peuventqous convaincre
que cette découverte eft des plus importantes
& des plus profitables i auflî , des payfans d’un
certain village , qui ne vouloient rifquer ni leur tra-
t'ail ni leurs pommes de terre, déclarèrent d’abord, lorf-
qu'un ami quiypoffede une campagne, leur eut fait
la relation de toutes ces expériences, qu’à l’avenir
ils s’appliqueroient à la culture des pommes de terre ,
puifqu’on pouvoir faire de fi belles récoltes au
moyen des filières, des branches ou boutures, 6c de
la graine , fans y employer le fruit même.
M. F. fuppofe qu’il n’eft pas néceffaire de cueillir
la graine parfaitement mûre; qu’il fuffit d’en agir
comme aveccellede pîufieursautres légumes du jardin
que l’on coupe avec les tiges, laiffant mûrir la
graine qui y efi attachée; je ne fuis pas tout-à-fait
dans fes idées ; il faut agir avec précaution : les boules
de graine approchant de la maturité, peuvent
être traitées fur ce pied ; mais celles qui n’en ont encore
acquis aucun degré, ne peuvent être employées
utilement; j’ai fait une réflexion ci-deffus à ce fujet,
& les Anglois quife font avifés depuis peu de femer
de la graine des pommes de terre , n’ont d’autre but
que de les renouveller, par la réflexion , que toute
plante, légumes, bleds, &c. dégénèrent peu-à-peu, &
qu’il faut y remédier par de la nouvelle graine ; or ,
fe propofant d’acquérir par-là des plantes plus vigou-
reufes, des fruits plus gros, plus parfaits , plus fains
6c de meilleur goût, il eft inconteftable que pour atteindre
ce but, il faut femer une graine qui le foit de
même ; celle qui eft foible, légère , mal mûre , ne
fauroit faire cet effet, encore moins celle qu’on tire
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par lavage du marc des boules de graine dont il fera
parlé en fon lieu.
Tems de planter. Les faifons fe trouvent fi lUvei fes,
qu’on ne peut indiquer imtems fixe ; il faut être attentif
aux circonftances: il eft inconcevable qu’en
Suede, pays fi froid , oii on fait de fi riches récoltes
en pommes déterré, où on plante, luivant Ahlftroem,
en mars, en février même; à la vérité ,fi la terre eft
dégelée &qu’on plante profondément , les pommes
de terre n’oni rien à craindre du froid , comme l’on
peut s’en convaincre par celles qu’on a négligées au
tems delà récolte, 6c qui, quoique fouventà peu de
profondeur, reparoiffent & produifent l’été fuivant ;
par contre , elles auront peu de progrès à efpcrer,
aulfi long-tenis que la chaleur n’eft pas alTez forte
pour y pénétrer 6c pour mettre la feve en mouvement
; mais bien auffi-îôt qu'on peut efpérer quelque
effet de la chaleur ; alors la feve travaille 6c fait
fon effet, 6c encore mieux , fi on vouloiry préparer
la pièce en la faifant germer comme ci-defius : on
pourra donc ne pas tant fe prefi'er pour les planter ,
fans pourtant aller trop loin , comme on le fait ordinairement
, en ne plantant qu’en mai, ôc négligeant
par-là le principal effet végétatif de la feve de mai,
qui eft pourtant d’une importance extrême ; c’eft
de-là que je dérive la caufe de la différence de la maturité
dans les mêmes efpeces de pommes de terre. ^
Des payfans qui ne les avoient plantées qu’en niai,
ayant appris que d’autres cultivateurs , d’une autre
condition , en recueilloient déjà à la faint Jacques
1772 pour en manger , elTayerent la meme chofe ;
ils furent furpris de n’en point trouver ; 6c concluant
de-là très-ridiculement que ces plantes ne porte-
roient point de fru it, les arrachèrent. M. F. par
contre , plantant les nôtres en a v r il, malgré le mauvais
tems qu’il fit, m’envoya, depuis la faint Jacques
jufques vers la fin d’août, de 3 o efpeces, la plupart
greffes, mûres 6c en bon nombre ; ce que je ne
puis attribuer qu’à cette différence, que fur celles-ci
la feve de mai a pu agir, 6c non fur celles-là. Autre
preuve. En 1771 , je fis le premier effai avec les
yeux feuls, non des morceaux, 6c les fis planter en
mai dans le jardin ; ils pouffèrent plufieurs tiges vi-
goureufes 6c vertes. Le 6 août j’en examinai une
plante, pour voir à quel point en étoient les fruits ;
je n’en trouvai pas la moindre apparence. Cela me
chagrina, 6c je crus mon efl'ai manqué. On laiffa les
autres plantes de même qualité jufqu’en automne ;
alors en oiftobre on y cueillit bon nombre de pommes
de terre 6c greffes : aufli voit-on que leur plus fort
accroiffement fe fait en août 6c feptembre , après la
feve ou pouffée du mois d’août. On comprendra- donc
aiféraent, que fi elles jouiffent en outre de celle du
mois de mai, l’avantage pour la groffeur 6c le nombre
doit être infini.
Je dois propofer ici un problème que je ne puis
réfovidre , 6c qui ne fauroit l’être qu’après de nouvelles
expériences. L. feniit, comme moi, l’importance
d’avoir des pommes de terre aufli hâtives que
poflibles : il confeilla donc de planter pommes de
terre en automne ; fuppofant que , fi on trouvoit le
moyen de les préferver contre les rigueurs du froid
pendant l’hiver, on en pourroit peu-à-peu créer des
efpeces plus précoces q u i, végétant dès la fin de
l’hiver, produiroient des fruits mûrs en juin, en mai
même. J’en voulus faire l’effai; j’en plantai quelques-
unes , par quatre fois , pendant tout le cours de
feptembre 1771 : elles pouffèrent de belles tiges le
printems fuivant, 6c furent vigoureufes pendant tout
l’été. Je me flattai d’avoir réiilfi ; & pour n’y rien
déranger, je n’y touchai point pendant tout ce tems.
En octobre je voulus faire ma récolte. Quelle fur-
prife pour moi de n’y point trouver, non-lèulêment
les pommes plantées ( car on ne les retrouve jamais,
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puirqu’ellcs fer,vent à former les racines 5c les nouveaux
fruits), mais point de fruits de l’année,que je
fuppofois en devoir être provenus, plus gros 6c en plus
grand nombre que pommes ou morceaux plantés
au printems ! Il n’y eut donc qu’un tiflû très-fort de
racines , des jeunes jets fans nombre, 6c une infinité
de fruits q u i, de la groffeur d’une noifette, tout au
plus d’une noix, commeiiçoient à fe former, l’efpece
rouge comme la blanche, tout également. A quoi
donc la nature s’eft-eilc occupée pendant tout ce
tems? Voilà qui mérite d’être approfondi; ce qui
n eft pas ma!-aifé en réitérant la même opération , 6c
en arrachant, dès le printems fuivant, chaque mois,
une plante , pour voir la marche de la nature , 6c la
prendre fur le fait.
Culture ultérieure. Pendant quelque tems on n’a
befoin que de nettoyer la place des mauvaifes herbes
en la fardant, 6c ce aulfi fouvent qu’il eft pofiible. Il
y a des cultivateurs qui comptent tellement fur cette
operation , qu’ils confeillent de choifir exprès des
terreins pour \<i%pommes de terre remplis de chiendent
ou autres mauvaifes herbes parafites 6c difficiles à
extirper , fe croyant affurcs que par ce moyen elles
feront pleinement détruites. En fardant il faut prendre
garde de ne pas blefi'er 6c rompre les jeunes racines
felon les circonftances. Si les pommes de terre
font plantées profondément, il n’y a rien à craindre,
juliqu’à ce que ces efpeces , qui s’élèvent vers la fur-
face , y foient montées Ôc y aient formé des racines.
Si par contre on en remarquoit à peu de profondeur
, il faudroit ufer de la plus grande précaution.
Si les plantes pouffent dans les buttes, il vaiidroit
mieux en arracherles mauvaifesherbes avec la main,
ou du moins agir avec d’autant plus de précaution,
afin de ne pas couper les racines Ôc les traînaffes par
lefquelles les jeunes pommes tirent leur nourriture de
la maîtreffe pomme ou racine. Nous avons déjà parlé
ci-devant de la nécefiiié de butter les plantes du plus
au moins.
Si les diverfes efpeces produifent plufieurs tiges
de 4 à 7 pieds de haut, il conviendra , ou de "les
provigner, auquel cas il faudra l’efpace proportionné
; ou de les élaguer , en ôtant le fiiperflu en tiges
6c en branches ; le tout avec précaution de ne faire
ni trop ni trop peu. En les provignant avec foin,
chaque pareille tige produira plufieurs plants en racine
, 6c ceux-ci des fruits , comme d’autres plantes.
On n’eft pas d’accord fur la queftion , fi on doit
faucher les tiges encore vertes ou non ? Il le faut
faire avec reflexioh , 6c fuivant le tems où on a
planté les pommes de terre, par conféquent auflî celui
ou la plante a acquis plus ou moins de maturité. Au
commencement la végétation fe tourne principalement
vers la tige pour former celle-ci, de même que
les branches , les fleurs , la graine 6c leurs boules,
beaucoup moins vers le bas pour la formation du
fruit. Lorlque la feve n’a plus tant de fonéHons à remplir
parle haut, elle defeend 6c fe joint à l’autre, qui
a déjà commencé la formation des pommes ; alors,
agiffant de concert, c’eft une des caufes qui accélèrent
vers l’automne les progrès des pommes de terre
en nombre 6c en groffeur. Lors donc qu’on s’apper-
çoit, Ce qui eft affez vifible dans quelques efpeces,
que la feve diminue ; que dans quelques-unes même
les tiges ôc feuilles deviennent plus pâles, on peut,
fans rifque de faire du tort à la plante, couper les
tiges à proportion ; le fruit s’en reffent en bien, 6c
on emploiera ces tiges 6c feuilles utilement pour le
bétail; c^e qui fait une nourriture faine 8c agréable.
Il y a même des endroits en Allemagne où on prend
ces t ip s coupées, avec leurs boules de graine, qui,
pour la plupart, ne font pas encore mûres : on pile
tout enfemble ; on jette cette maffe dans des tonneaux
ou cuvots, par couches, qu’on faupoudre de
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fel ; on la conferve pour en nourrir & engraifïer le
bétail en hiver. Quelques-uns s’y prennent, pour les
couper , de la manière fiiivante. Ils lient les tiges de
chaque plante par le milieu , coupent la partie fupé-
neurc ; au tems de la fouille ils déchauflént les fruits
de chaque creux avec un croc ou autre outil : une
femme tient ce bout encore lié , & tâche de l’arracher
; un homme donne un coii[) ou deux à l’endroit
qui en a bcloin , & on arrache de cette façon les
fruits, bon nombre à-la-fois.
En faifant cette manoeuvre de couper ces tiges en
feptembre, il faut renoncer à la plupart de la -raine
pour Icmcr : à moins d’un etc fec, il s’en troiiveroit
peu de bien mure. Au refie, puifque nous connoifi
Ions a prdent beaucoup plus d’efpeces qu’autrefois,
il faut aufli les étudier féparémenr, pour connoitre
fl cette coupe leur feroit du bien ou du mal, s’il faut
la fiiire plutôt ou plus tard , plus haut ou plus bas^.
Enfin un cultivateur qui veut découvrir, pour fa fa-
tisfaélion U. le bien public , la marche de la nature
de pareils légumes , aura encore de quoi s’amufer,
malgré tout ce qu’on en a écrit.
Je fuis d’avis que des efpeces qui poiiflent beaucoup
6c de grandes tiges, il les faut retrancher en
partie , de meme que les filioles ou jeunes jets produits
plus tard depuis la racine ; par-là on fores , à
ce que je fuppofe , la feve à travailler du côté du
fruit ; d’ailleurs tout ce qu’on retranche , fi on le
replante d’abord, produit de nouvelles plantes 6c
des pommes de terre.
^ Ceux qui ne les coupent pas , les emploient à la
récolte ; les uns, pour litiere du bétail; d’antres qui
les trouvent trop dures, les brûlent fur la place:
d’une maniera ou d’autre , elles fervent encore
d’engrais.
Tetns & maniéré de ramajjer les pommes de terre. Je
diftingue quant au tems; jamais je ne confeillerois
d en taire la récolte entière, môme des plus précoces
, dès le mois daoùt, mais feulement autant
qu on a befoin alors pour la nourriture ; l’expc-
rience prouve que toutes le s efpeces , lors même
que les tiges font feches,-augmentent en quantité 6c
en groffeur jufqu’au commencement du froid. H y a
plus ; ceux qui préféreront leur intérêt & profit au
defirde s’épargner quelque peine , trouveront bien
leur compte, fi en cueillant quelques fruits en juillet
6c août pour la nourriture , ils n’arrachent aucune
plante, mais la déchauffent, en détachent doucement
quelques-uns des plus gros fruits, 6c recouvrent
les autres de terre; ces fruits augmentant,
comme nous venons de le dire, indépendamment de
cela, vers l’automne, ce retranchement de quelques
uns contribuera à multiplier ôc groffir les autres
; de maniéré que pour le moins, ce qu’on en
•aura recueilli fera en pur profit.
Le tems de la récolte en gênerai dépend de nlu-
fieurs circonfiances. Si ces pommes de terre fe trouvent
plantées fur un terrein defiiné à être femé'hi
même automne , il faut bien compaffer le tems pour
cela; ce qui eft difficile, impoifible même. Qui a
prévu en 17(18 ce tems confiamment pluvieux, oui
a empêché d’enfemencer la plus grande partie des
terres, 6c qui a été la première fource 6c caufe de
la difette funefte qui a afflige prefque toute l’Europe?
Qui a prévu en 1772 que l’automne, je dirai
prefque l’été , dureroit jufqu’en décembre ? 11 faudra
prendre ic i, comme en tout, un milieu ; en général
, on croit qu’on ne peut trop hâter les femail-
les des bleds; je connois des cultivateurs qui l’entreprennent
en août ; en 1772 , généralement on l’a
faite en feptembre comme d’ordinaire, également
en un mois de tems ; elle étoit fi fort avancée , qu’on
fut obligé dans les terres bonnes 6c bien cultivées,
de la faucher ; que même on a vu fur la fin de