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990 U N I fur une feule portée, & tout le relie vitide, hors la
partie qui guide les autres, éc qiu elt ordinairement
-celle du chant, dans un air, ou le premier violon.
Dans un unijjon général, toutes les parties ne font
pas ctfedivemenr d Vuni(jon; mais la viole joue
l’odave de la balle, 6i les violons Todcave de la viole ;
quand il y a ées flûtes, elles lonc fouvent à l’odave
des violo/is.
\_'u/7!(j'on général, bien employé , eft une des plus
j-iches luurces de l’expreilion nuilicale ; pour s’en
convaincre, il lulHt de parcourir les oeuvres des
nuMllturs compoliteurs. D. C.)
§ UNITÉ, 1. t. {_BclUs-Lsures. Po(/Ie.) Elle efl
dclinie dans le Dicïionnaire raij. dis- Sciences^ &c.
um qualiti qui f.iii qu'un ouvrage (Ji par-tout égal S’
J'oiucnu. Cette dciinitioifne rend peut-être pas l’idée
d’/r-.’iré avec allez de julleiîe de précilion.
Un ouvrage d'un ton décent ik convenable , d’un
dyle analogue au lujet, qu’aucune négligence ne
dcjîarc , 6l qui, d'un bout à l’autre , le relfcmble à
lui-rncine, comme celui de la Bruyere, ell un ouvrage
dgal & fouunu , ^ il n’y a point d’«/z;ré.
Mais lorl'qu’en éciiv.int on le propole un but générai
, un objet unique, toiit doit le diriger & tendre
vers ce but ; voila Vunhi de dijein. C’elt ainlt que
dans YE[f.ù fur i ’enicndcment hunuin de Locke tout
le réunit à ce point, Vorigine de nos idées.
Le caradere du lujet, le caradere dont s’ell revêtu
T'ccrivain , li c’eft lui qui parle, le caradere
qu'il a donne à fes perfonnages, s’il en introduit 6c
s’il leur cede la parole, décident le caradere du langage,
& celui ci doit le foutenir & fe relî'embler à
lui-même : c’efl ce qu’on apjte'lle tinité de ton iÿ de
J ly li. Poyei^ A N A L O G I E , S uppl.
Dans la poélîe épique & dramatique on a preferit
d'autres unités', l'avoir, dans l’iine & dans l’autre ,
Vunité d’adion , Vunité d’intérêt, Vunité de inoetirs,
Vnnité de tems, de plus, dans le dramatique,
Vunité de lieu.
Sur Yunité d’adion, la difficulté confidoit à favoir
comment la même adion pouvoit être une fans être
fimple, ou compofee fans être double ou multiple ;
mais en fe rappellant la déHnition que nous avons
donnée de l’adion , Toit épique , foit dramatique , on
jugera, du premier coup-d’oeil,quelsfontlesincidens,
les épKodes qui peuvent y entrer fans que i’adion
ceffe d’être une.
L’adion, avons-nous dit, eft le combat dc?5 caiifes
qui Tendent enfemble à produire l’cvcncmcnt, ik des
obdaclcs qui s'y oppolént. Une bataille efl une,
quoique cent mille hommes d’un coté, & cent mille
hommes de l’autre, en balancent l’évcnement &: fe
dilputent la vidoire ; voilà l’image de l’adion. Tout
ce qtii, du côté des cauiés ou du coté des obllacles,
peut naturellement concourir à l’un des deux efforts,
peut donc faire partie de Tun des deux agens; ik
i ’cvcnemenc n’étant qu’w/r, les agens ont beau fe
multiplier ; s’ils tendent tous, en lens contraire, au
même point, l’adion efl une : enforte que pour avoir
une idée julle & précil'c de Y unité d’adion, il faut
prendre l’inverfe de la définition de Dacier, & dire,
non pas que toutes les adions épifodiques d’un
poème doivent être des dépendances de l’adion
principale, mais au contraire , que l’adion principale
d’un poème doit être une dépendance , un rc-
fultat.de toutes les adions particulières qu’on y emploie
comme incidens ou épifodes.
Or,- toutle rcfle égal, plus une adion ell fimple,
plus elle ell belle; & voilà pourquoi Horace recommande
l’un & l’autre ,fimplcx & unum. Mais fi l’on
ell obligé de fimplifier l’adion le plus qu’il ed poffi-
ble , ce n’efl pas pour la réduire à l’iiniré; c’ efl pour
éviter la coniulion, & fur-tout pour donner d’autant
plusd’aifimce,de développement deforce à un plus
U N I petit nombre de refforts. Dans une foule, rien ne
le diÜingue ik rien ne lé deffme ; de même dans une
muhimde de perfonnages d’incidens, aucun n’a
le tems & l’elpace de fe développer; aucun n’ell
laillaiit, arrondi, détaché comme il devroit l’être.
Homere ert celui de tous les poètes qui a le mieux
dclliné fes caraderes, qui les a marqués le plusdiüin-
dement , le plus fortement prononcés; encore le
nombre de les héros fait-il foule dans ï'IUade; ik la
mémoire rébutée du travail de les retenir, fe réduit
H un petit nombre des plus frappans, & lailfe échapper
tout le relie. Le Taffe, en imitant Homere, a
limplifié Ion tableau ; chacun desperlonnages y tient
une place diilinde : Armide, Clorinde, Herminic,
Godefroi , Soliman, Renauld , Tancrede , Argan
font prclcns à tous les efprits.
L’épopée donne à l'adion un champ plus vafie
que la tragédie; £k c’ell leur étendue qui décide
du nombre d’incidens que l’une & l’autre peut
contenir. Un épilode détaché de l'aélion hillorique,
luffit à l'adion épique ; un incident de l’adiou
épique luffit à l’adion dramatique; & ce n’ell pas
que l’adion épique ne foit une, ce n’ell pas que
l'adion hillorique ne foit une encore: dès qu’une
caufe protUiit un effet, c'ell une adion, & cette adion
ell une ; mais la caufe & l’effet peuvent être limples
ou compolés, ou plus compoles ou plus limples.
L’une des cauiés de la ruine de Troye , cil le facrifice
d’Iphigénie , ik cette fable détachée a fait un poème
dramatique. La colere d’Achille n’efl que l'un des
obllacles de la même adion , & cet incident détaché
a produit feul un poème épique. On peut comparer
l’adion au polype dont chaque partie, après qu’elle
ell coupée, ell encore clle-meme un polype vivant,
compieitemcnt organifé ; mais l’adion totale n’en
ell pas moins une : elle ell feulement plus compofee
ou moins fimple que chacune de fes parties. Àinfi,
en faiiant un jioème de toute la guerre de Troye ,
on n’a pas manqué à Vanité, mais à la fiinplicité
d adion : on s’ell chargé d’un trop grand nombre
de caraderes à peindre, d’évenemens à décrire , de
relTorts à développer; on a furchargé la mémoire,
fatigué l’imagination, refroidi l’amc, cliffipc l’intérêt,
dont la chaleur efl d’autant plus vive que Je
foyer ed plus étroit ; enfin on a e.xcédc les propres
fo rc es , épuilé fies moyens; on s’elt mis hors d’ha-
leiiK? au milieu de fa courfe, &: on a fini par être
froid , llériie <k languifl'ant. 'Voilà pourquoi, même
dans l’épopée , il ell fi important de fimplifier & d®
refferrer l’adion.
Brumoi a pris, comme Dac ier, l’inverfe delà
vérité fur Vunité de l’adion : il veut qu elle foit fans
mélange d’aclions indépendantes d'elle; il failoit dire,
d'aüions dont elle foit indépendante , &C ce n’efi pas ici
une difpute de mots;car de Ibn principe il infère que
l’épifode d’Eriphile dans Y Iphigénie en Aulide ,YV\t.
duplicité d’adion : or, par la conllitiuion de la fable,
l’adion dépend de cetépifode; car c’ell Eriphlle qui
empêche Iphigénie de s’échapper. Le poète, à la vérité
, pouvoit prendre un autre moyen ; mais pourvu
que le moyen foit vraifemblable & naturellemen;
employé, il ell au choix du poète.
C’ell un étrange raifonneur que Brumoi ! il compare
Y Iphigénie de Racine avec celle d’Euripide ,
de l'a cellule il décide que le ])oète François a tout
gâte. Suppnfons, dil-il, qu Euripide revint, quediroil--
il de l'épifode d'Eriphile , efpece de duplicité d'aclion &
d'iniérée inconnue aux Grecs? Que diroit Euripide ? U
diroit qu’il n’y a point de duplicité d’adion , 6c
qu’Eriphile vaut mieux qu’une biche ; que l’intérêc
ell fl peu double, qu’au moment qu’on l’ait qii’Eriphile -
a été riphigénie facrifice , les larmes , ceffent & tous
les coeurs font foulages. Que dirait-il de la galantaie
fran^oifé d'AilùLLe? U diroit qu’AchdIe n’sfl point
U N l U N I
galant, & cfu’ileff Achille amoureux, qu’il parle d’amour
en Achille. Que diroit’ il du duel auquel tendent
les menaus de ce héros ? Il diroit qu’il n’y a pas plus de
duel que dans YlUade, 6c que par-tout pays un héros
fier & offenfc menace de fe venger. Que diroit-il des
entretiens feul à feul d'un prince & d'une prince(fe? Il
diroit que la décence y régné ,& que dans les rentes
d'Agamemnon, Achille a pu fe trouver deux momens
feul avec Iphigénie. Neferoit-ilpas révolté de \oirCly-
umnefre aux pieds d’ Achille? Ilferoit jaloux de Racine,
il luienvieroir ce beau mouvement, 6c il trou-
veroit que rien n’cll plus naturel à une mcrc au dc-
fcfpoir, dont on va immoler la fille.
Revenons à notrelujet : fi l’épifode ellabfolument
inutile au noeud ou au dénouement de l’adion,
comme l’amour de Thcfce & celui de Philodete
dans nos deux (Edipes, 6c comme l’amour d’Antio-
ebus dans la Bérénice de Racine, il fait duplicité
d’adion ; de-là vient que l’amour d’Hyjipolite pour
Aricie ell plus éj)ilodiquedans la Phedre, que l’amour
d’Eriphile dans Vlphigénie.
Mais ce qu’on a dit avec quelque raifon de l’épi-
fode d’Aricie, on l’a dit au ffi de l’épifode d’Hermione,
6c en cela on s’ell trompe. Sans Hermione il croit
pofiible que Pyrrhus indigné livrât aux Grecs le fils
d’Hedor 6c d’Andromaque ; mais, révénemerrt fup-
pofé tel que Racine le donne, il étoir difficile d’imaginer,
pour la révolution , un moyen plus tragique,
une caufe plus naturelle de la mort de Pyrrhus, que
la jaloulie d’Hermione, ni un plus digne infiniment
de fes fureurs que le fombre 6c fougueux Orefte.
N’a-t-on pas dit auffi que l’amour nuifoit à Yurtité
d’adion, parce que cette pa ffton étant naturellement vive
& violente, elle panageoit L'intérêt? Mais fl l’amour
même efi la caille du crime ou du malheur , s’il en
cfi la vidime , où efi le partage de l’interet ? Et ce
partage meme feroit-il que l’adion ne lèroit pas
une ?
Onn eyeft pas moins mépris fur d’intérêt
.que fur i unïté d’adion , 6c. l’équivoque vient de la
meme caufe. L’adion une fois bien définie , on voit
qqe le delir, la crainte 6c i’efpérance doivent le rcu-
nir en un feul point ; mais pour cela il n’efi pas nc-
ceffaire qu’ils fe réunilTent fur une feule perfonne :
levenement que Ion craint ou que l’on Touhaite
peut regarder une famille , un peuple entier ; il peur
même concilier deux partis contraires qui, tous les
deux intéreffans, font fouhaiter 6c craindre pour
tous les deux la même chofe. Deux jeunes gens
aimables 6c amis l’un de l’autre tirent l’épée & vont
s’égorger fur un mal-entendu ou fur un mouvement
de dépit 6c de jaloufie. Vous tremblez pour l’un 6c
pour l’autre , vous delirez qu’il arrive quelqu’un qui
îeiirimpofe, fes défarme 6c les réconcilie : voilà un
intérêt qui femble partagé, 6c qui pourtant n’efi
qu’un : tel efi fouvent l’intérêt dramatique.
L'unité des moeurs confifie dans l’égalité du carade
re , ou plutôt dans fon accord avec lui-même;
car un caradere peut être inégal, flottant 6c variable
ou par nature, ou par accident ; alors fon unité
coniifte a etre conllamnient inconfiant, également
léger, changeant, ou par le flux 6c le reflux des
pallions qui le dominent, ou par l’afcendam réciproque
& alternatif des divers mouvemens dont il cft
agité ; mais c’efi alors par un fonds de bonté ou de
méchanceté , de force ou de foiblefl'e, de fcnfibilhé
ou de froideur, d’élévation ou de baffefl'e que fe décide
le caradere , 6c ce fonds du naturel doit percer
a travei s tous les acciclens. Or c’efi dans ce fonds bien
marqué,_ bien connu , 6c confiamment le même,
que fe fait fentlr Yunité ; c’efi par-là que les hommes
placés dans les mêmes fituations , expofes aux memes
combats , mis enfin aux memes épreuves, fe
font difiinguer i un de l’autre , 6c que chacun , s’il
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efi bien pemt, fe reflèmble à lui-même, & ne ref-
Icmble qu’à lui.
Dans 1 application dece principe, que le caradere
ne doit jamais changer, on n’a pas allez difiingué le
fonds d’avec la forme accidentelle ; 6c dans celle-<i
ce qui efi inhérent d’avec ce qui n'ell qu’adhérent.
Le vice efi une trop longue habitude pour fe corriger
en trois heures : c’efi une fécondé nature ; mais
ce qui n’efi qu’un travers d’efprît, un égarement
paffager, une folie, unemeprife, un moment cl’ivref-
Ic ; ce qui dépend des mouvemens lurnultueiix des
pallions, peut changer d’un infiant à l’autre ; ainfi de
l’erreur au retour, de l’innocence au crime, 6c du
crime au remords, le pafi’age efi prompt 6c rapide ;
ainfi 1 avare ne change point , mais le diffipateur
change; ainfi Tartufe efi toujours Tartufe, mais
Orgon pafl'e de fon erreur 6c de l’excès de l'a crédulité
à un excès de défiance ; ainfi Mahomet doit toujours
être fourbe, mais Séide doit ceffer d’être crédule
& fanatique.
Dans le poiwne épique, Vunité de tems n’efi réglée
que par l’étendue de l’aétion , ni celle-ci que par la
faculté commune d’une mémoire exercée ; en forte
que l’aélion épique n’a trop d’étendue 6c de durée
que lorfque la mémoire ne peut l’embraffcr fans
fans eftort ; 6c cette regie n’ert pas gênante, car il
s agit, non des détails , mais de l’enfembie de l’aélion
6c de fes maffes principales ; or fi elle efi bien diftri-
buée, fi les épifodes en font intéreffans, s’ils s’enchaînent
bien 1 un à l’autre, fi les paffions qui animent
l’aêlion, fi l’intérêt qui la l'outient nous y attache
fortement, la mémoire la faifira, quelqu’étendue
qu’on lui donne. Brumoi la compare à un édifice qu’il
faut embraffer d’un coup d’oeil ; & quel édifice dans
fon vrai point de vue, n’embraffe-t-on pas d’un coup
d’oei!, fl l’enfemble en efi régulier ? Si donc un poète
avoit entrepris de chanter l’enlèvement d’Hélcne,
vengé par la ruine de T roye, & que, depuis les noces
de Mcnclas jufqu’au partage des captives, tout fût
interefl'ant, comme quelques livres de l’Iliade, & le
fécond de l’Enéide ; l’aélion auroit duré dix ans , 6c
le j)ocme ne feroit pas trop long.
Nous avons des romans bien plus longs que le
plus long poème ; & par le feul intérêt qui nous y
attache, les incidens multiplies en font tous très-
difUnftement gravés dans notre fouvenir.
II n’en efi pas de même de l’adion dramatique.
Dans le récit on peut franchir dix années en un feul
vers ; mais dans le drame tout éft prêtent, 6c tout fe
pafl'e comme dans la nature. Il feroit donc à Ibuhaf-
ter que la durée fiftive de l’adion pût fe borner au
tems du fpedacle ; mais c’eft être ennemi des arts 6c
du plaifir qu’ils caufent, que de leur impofer des
loix qu’ils ne peuvent fuivre,fans fe priver de leurs
reffources les jaliis fécondes, 6c de leurs plus touchantes
beautés. Il efi des licences heureiiles dont
le public convient tacitement avec les poètes, à condition
qu’il les emploient à lui plaire & à le toucher:
de ce nombre efi l’extenfion feinte 6c fiippofée du
tems réel de l’adion tlfcâtralc. De l’aveu des Grecs
elle pouvoit comprendre une demi-révolution du
foleil, c’efi à-dire , un jour. Nous avons accordé les
vingt-quatre heures, & le vuide de nos entr’ades
efi favorable à cette licence ; car il efi bien plus facile
d’étendre en idée un intervalle que rien ne me-
lure fcnfiblement, qu’il ne l’étoit de prolonger im
intermede occupé par le choeur, 6c mefuré par le
choeur même.
A la faveur de la difiradion que l’intervalle vuide
d’un ade à l’autre occafionne , on efi donc conveim
d’étendre à l’efpace de vingt-quatre heures le tems
fidif de l’adion ; 6c c’eft communément allez, vu la
rapidité, la chaleur que doit avoir l’adion théâtrale ;
mais fl les Efpagnols 6c les Anglois ont porté à l’excès