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d’im empire ufurpé. Vologefes , roi des Parthes,
profitant des troubles de l’Arménie , mit Ion trere
Tiridate fur un trône autrefois occupé par [es ancêtres.
Rluiiiamifti, trop foible pour leur rclifier, fe
réfugia dans Tlbérie. La contagion le fervit nÿeux
que Tes armes. La peûe détruifit plus de la moitié de
l’armée des Parthes , & ceux qui furvécurent à ce
fléau abandonnèrent TArménie où Khadamtjh ne
rentra que pour exercer de nouvelles cruautés. Ces
peuples , quoique familiarifés avec l’efclavage , fe-
couerent le joug dont ils étoient accablés. Ils I alfié-
gerent dans fon palais d’oii il fe fauva avec fa femme
Zénobie. Cette princeffe étant enceinte, ne put fup-
porter les fatigues de la route : alors , prévoyant
qu’elle alloit fe voir abandonnée aux vengeances des
barbares , elle pria fon mari de lui donner la mort.
Rhadamijh , dont l’amour étoitune fureur, refufa,
pendant quelque tems, de lui rendre ce ferviceiphu-
niain. Mais enfin , tranfporté de jaloafie , il craignit
qu’un autre ne devînt pofleffeur de tant d appas. Ce
fut pour prévenir cet outrage qu’il la frappa de fon
épée ; & la croyant morte, il traîna fon corps dans
l’Araxe , d’où elle fut retirée par des bergers qui la
rappellerent à la vie. Rhadamijîe, couvert d’un fang
fl précieux , s’enfuit dans l’Ibérie où il pafia le relie
d’une vie troublée par fes remords. Il vivoit fous les
régnés de Claudius & de Néron. ( T—N.')
§ RHAMNO'iDE , ( Bot. Jard. ) en latin rham-
noïdts y hlppophae ; en anglois , fio. buckthorn ; en
allemand, faknut^dorn.
CuraUiTC glnlnqiU.
Les fleurs mâles & les fleurs femelles font portées
par des individus ditFérens ; les fleurs mâles ont un
calice d’une feule feuille découpée en deux parties ,
& quatre étamines courtes ; les fleurs femelles ont
un calice d’une feule feuille ovale & partagée en
deux fegmens par le bord ; au centre eft fitué un
petit embryon arrondi, qui devient une baie glo-
buleufe à une feule cellule, contenant une feule
femence oblong-arrondie.
Efpcces.
1. Rhamndide à feuilles figurées en fer de lance.
Hippophae foins lanceolatis. Linn. Sp.pL
Sea buckthorn with a willow leaf
1 . Rkamnoide à feuilles ovales.
Jiippophae foliis ovatis, Linn. Sp. pU
Canada fea buckthorn.
La premiere efpece croît d’elle-même fur les
bords de la mer dans les fables des dunes; je l’ai
auffi rencontrée le long de quelques torrens en
Suiffe, elle s’élève dans les bonnes terres à dix ou
douze pieds ; les individus mâles parviennent même
à quinze , & peuvent s’élever en arbre fur une tige
unique & nue ; les feuilles font étroites , épailfes ,
rabattues par les bords, d’un verd de mer par-delTus,
& de couleur de rouille par-delfous ; les fruits font
d’un jaune-orangé , il s’en trouve une variété dans
les fables de Hollande qui porte des baies rouges.
La fécondé efpece eft naturelle de l’Amérique lep-
îentrionale ; fes feuilles font plus larges & plus
courtes : ces arbrilTeaux fe multiplient aifément par
lesfurgeons qu’ils pouffent abondamment de leurs
pieds. Jufqu’à ce que le /z°. 2 foit plus commun, on
peut le multiplier de marcottes & même de bouture
s , ou le greffer fur le commun. Les rhamnoides
méritent une place dans les bofquets d’été & d’automne
, par le ton fingulier de leur verd & l’éclat
de leurs baies ; ils ne perdent leurs feuilles que bien
avant dans le mois de décembre. ( M. U Baron d e
T s c h o u d i .')
§ RHETIA , ( Géogr. anc.') La Rhétie étoit com-
prife entre les Alpes Rhétiques & la Vindélicie,
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elle s’étendolt de l’oueft à l ’eff, des frontières de
l’Helvctie à celles de la Norique. Le pays des Grj.
fons répond en grande partie à la Rhetie ; les courfes
que les Rhetes firent en Italie , les cruautés qu’ils y
exercèrent, obligèrent Auguffe d’envoyer contre
les barbares , Drufus, fils de Livie ; ce jeune prince,
aidé de fon frere Tibere, vainquit ces montagnards,
força leurs châteaux , & fournit la Rhetie. Horace,
en célébrant ces exploits, en rapporte la principale
gloire à Augufie.
La vigne rhéiique , tranfplantce dans le territoire
de Vérone, donnoit un vin très-effimé, que l’empereur
Augufte mettoit au-cleffus de tous les autres.
Virgile ne lui préféré que les vins de Falerne.
( C )
RHETRA, {Gèo§r. anc. ) ancienne ville d’Aile-
magne , dans le Mccklenbourg, fur le ToUenderff e,
occupoit le terrein où eff aujourd’hui le village d;
Prilwiz : on y trouva , à la fin du fiecle dernier , un
grand nombre d’idoles & d’urtenfiles deffinés aux
facrifices , dont l’antiquité eft incontellable , & qui
répandent un nouveau jour fur la religion des Vendes
; ces différentes pieces font toutes de métal &
paroillént avoir été fabriquées entre le dixième
& le douzième fiecle, dans l ’intervalle des deux
pillages auxquels la ville de Rhetra fut livrée. M.
Pan-Wogen, peintre de la cour de Berlin , a publié
en 176Z , Us antiquités rtligieufes des Obotrites,
trouvées dans le temple de Rhetra, deffinées & gravées
en taille-douce. Voyei Journal Encycl. 2 juil-
le t!i773 , /J.
Radegaft étoit le premier dieu de Rhetra, il fut
adoré dans prefque toute l’Allemagne : on l’appelloa
aufii Lucciajici : ces noms fignifient le confeil fuprê-
me de dieu unique ; il eff nud , avec une lete de
chien, au-deffus de laquelle eft un oifeau. Par la
lettre d’un Brandebourgeois à un Mecklenbour-
geois, imprimée à Butzov 1773 , on contefte la
fituation de Rhetra aux environs de Prilwitz , & on
eft porté à croire que cette ville antique fut fondée
fur la Muritz, dans la principauté de Guftrow; on
y foutient aufti, contre l’ouvrage de M. Mafch ,
fur les anciens monumens, que les idoles dont il
s’agit ne font pas les mêmes qui ont été confervées
dans le temple de Rhetra.
Non nofirum inter vos tantas componere lites. ( C. )
§ RHONE , ( Géogr. anc. & mod. ) Le Dicl. raf
des Sciences y &c. page 2C0 , 2 col. tome X I F , dit
que ce fleuve mouille le fon de La Claie ; c’eft de la
Clufe ou de VÉclufe, en Bugey , enfuite Vienne &
Lyon ; U falloit dire, felon fon cours , Lyon &
Vienne : onne dit rien des bouches à\x Rhône
y fuppléer.
Les anciens ont varié fur le nombre de ces bouches,
comme fur celles de plufieurs autres fleuves,
qui fe partagent en divers bras pour fe rendre dans
la mer. Polybe , felon Strabon, reprenoit Timée
d’en compter cinq, n’en reconnoiffant que deux;
Artemidor en connoiffoit trois; & Pline diftingue
en effet trois bouches par des noms particuliers.
Lybica appellantiir duo Rkodani ora modica : ex lus
alterum Hifpanienfeyalttrum Metapïnum : tenium idem-
que amplijjirnum Maffalioiicum. Marianus Capellaen
parle de même ; Ptolomée ne diftingue que deux
embouchures, l’occidentale & l ’orientale ; mais on
peut regarder comme une troifieme bouche du Rhône
y le canal qu’il prend pour celui de Marius, ^
qu’il indique avant que d’arriver à la bouche occidentale.
Les changemens arrivés dans les embouchures
peuvent mettre de la difficulté â reconnoitre
les anciennes : un bras, fous le nom de Pajjon,
confidétable il y a un fiecle, avoit été abandonnée
huit ans avant qu’Honoré Bouche compofo^t la
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Choro^r.tpkie, qui précédé fon Hifoire de Provence ,
ie fleuve s’étoit porté tout entier dans un autre canal
nommé bras de fer; mais le Rhône a repris
depuis fur la gauche, 6c forme aujourd’hui le canal
des Lofnes.
On peut retrouver le Metapinum de Pline dans la
plage éi la tour de Tanpan; VOflium Hifpanitnft,
reculée vers l’Efpagne, doit être la décharge du bras
du Rhône, qui fe détache du grand canal, un peu
au-deffus d’Arles, près de Fourques , qu’on nomme
le petit Rhône. Le Mafalioticum Ofium eft la grande
embouchure du côté de Marfeille , une branche par
divers rameaux s’ eft étendue jufqu’à Aigues-mortes;
l’iffue de ce canal qui, d’Aigues-morres conduit
à la mer, lé nomme Gras du R o i, fans doute à
caufe de l'embarquement de faint Louis. L’ouverture
qu’on a donnée dans la mer, au-défions de
Peccais , fe nomme U Gras-neuf, gradiis novtis.
(^ • )
RHUDEN ou RUTHEN, (Géogré) ville du duché
de Weftphalie, dans l’éleéforat de Cologne, en
Allemagne. La riviere de Mon en baigne les murs,
& quelques couvens s’y trouvent. C ’eft le chef-lieu
d'un comté particulier qui renferme encore les petites
villes de Warften & de Kaldenhart, avec nombre
de villages & de châteaux. ( Z?. G. )
§ RHYTHME, ( ) mot grec dont l’étymologie
eft au moins incertaine.
Nous entendons dans cet article, par le mot
rhyihme, un certain ordre dans la fucceffîon des
tons; & pour donner tout-d’un-coiip à notre ledeur
une idée jufte générale da rhythme en mufique ,
nous remarquerons qu’il y fait le même rôle que la
mefure des vers en poéfie.
Comme les anciens ont attribué une grande force
efthérique au rhythme, &quemêmeaujoiird’huitout
le monde avoue que ce qu’on appelle proprement
beau dans le chant en dépend , c’eft ici qu’il appartient
d’en rechercher la nature & l’effet. Ces recherches
feront d’autant plus utiles , qu’aucun artifte ne
les a entreprifes, au moins que je fâche ; ce qui eft
caufe que les compofiteurs ont foiivent eux-mêmes
des idées très-confuiès du rhythme ; ils en fentent
bien la néceffité, mais ils ne peuvent en rendre
raifon.
Je viens de dire qu’on attribue la beauté proprement
dite de la mufique au rhythme. Pour déterminer
plus exaftement le fujet de mes recherches , il faut
néceffairement que je remarque ici que léchant tire
fa force efthétique de deux fources très-différentes.
Les tons de la mufique peuvent avoir une fignifi-
catlon naturelle, & où le rhythme n’entre pour rien.
On entend des fons qui d’eux - mêmes iont gais,
joyeux, tendres, triftes ou douloureux. Ces tons
ont le pouvoir de nous remuer, fans que l’air y entre
pour rien ; & fouvent on donne auffi le nom de beau
à ce pouvoir. La beauté qui réfulte du rhythme eft
toute autre ; elle gît dans des chofes parfaitement
indifférentes en elles-mêmes ; dans des choies qui
n’ont aucune fignificatlon naturelle, qui n’expriment
ni la joie ni la douleur.
Pour écarter toute dlfcuffion étrangère à la recherche
que nous allons faire de l’origine, de la nature
& de l’effet du rhythme, nous ne choifirons d’abord
que des élémens indifférens en eux-mêmes, tels que
le Ion d’un tambour ou celui d’une feule corde ; fons
qui n’ont par eux-mêmes d’autre pouvoir que celui
que le rhythme leur donne : cnfiiiie il nous fera facile
d’appliquer notre théorie à d’autres clémens.
Qu’on le repréfente donc les finiples coups frappés
fur un tambour, ou les fimplesfons d’une même
corde, & qu’on fe demande: Comment une fuite de
pareils fons peut-elle devenir agréable, & obtenir un caractère
tnoral oupa(fionné> l’on fera jufte au point
Tome IV.
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où commencent les recherches fur le rhythme. Venons
au fait.
D ’abord il e.ft clair que des coups qui fe fiiivent
fans aucun ordre, ou fansobferver entr’eux des tems
égaux, n’ont rien qui puiffe réveiller l’attention : on
entend ces coups lans y penl'er. Cicéron compare
quelque part le nombre oratoire à la chiite varice,
mais régulière , des gouttes de pluie : cette compa-
raifon peut auffi nous eire utile. Tant qu’on n’enicnd
que le bruit confus des gouttes, on ne j>enfe rien
d’autre finon qu’il pleur. Mais fi au milieu de ce bruit
on entend la chiite de quelques gouttes particulières,
& qu’on s’apperçoive que ces gouttes reviennent
toujours dans le môme tems , ou qu’après le même
efpace de tems il tombe toujours deux, trois ou plus
de gouttes qui fe fuivent dans un certain ordre , &
ont par-là même quelque chofe de périodique,
comme les coups de marteau de trois ou quatre forgerons
, alors l’attention eft excitée à examiner
cet ordre. Voilà donc déjà un commencement au
rhythme ; favoir, le retour régulier des mêmes coups.
Si donc, pour en revenir aux coups de tambour,
nous imaginons une fuite de coups égaux, & qui fe
fuccedent à égales diftances, 6c que nous les repré-
fentions par des points égaux 6i. mis à des diftances
égales, e y » » O, nous aurons une idée de l’ordre
le plus fimpîe dans la fuite des chofes ; ce qui fournit
le premier degré, le degré ie plus foible du rhythme.
Ses coups font égaux entr’eux, 6c fe fuivent à égalés
diftances ; 6c ce rhythme, le plus fimple de tous, ne
produit rien qu’un degré trcs-foible d’attention. Car,
comme les fons qui frappent continuellement notre
oreille, n’ont ordinairement aucune régularité remarquable,
on devient attentifauffi-tôt qu’il s’en trouve.
Veut-on augmenter encore l’ordre d’un degré ,on
le peut en rendant les coups inégaux en force, & en
variant ces coups forts & foibles , fuivant une regie
fixe. La regie fixe la plus fimple eft de faire conftam-
ment fiiccéder un coup fort à un foible : alors , outre
la régularité de la fuccelfion des coups à diftances
égales, on remarqiieroit celles qui réfiiltent de ce que
les coups fe fuccedent toujours par couples , dont le
premier coup eft fort & l’autre foible , comme ces
points » . I » . j » . 1 Ici commence déjà ce que
nous appelions mefure en mufique. Cette fucceffîon
mefurée de coups a quelque chofe de plus peur attirer
l’attention. On y trouve une double uniformité,
& le premier degré de changement.
Nous pouvons pofer ici comme un fait connu,
que l’uniformité, alliée au changement & à la variété
, réveille un fentiment agréable. Voilà donc
d’oii réfulie le plaifir que nous trouvons à des chofes
qui, ifolées & en elles-mêmes font parfaitement indifférentes
ici nous commençons à comprendre
comment le rhythme ou le bon ordre , obfervé dans
une fuite de choies indifférentes , peut faire naître le
beau.
A prefent il eft facile de s’imaginer combien de
changemens on peut faire dans la mefure ; ce qui
rend non feulement l’ordre des coups plus varié,
mais lui donne auffi un caraétere. Comme il leroit
faftidieux & inutile de s’étendre là-defiùs, je me
contenterai de faire quelques remarques à ce fiijer.
Tout le monde fent la différence de caraftere
qu’ il y a entre la mefure à quatre tems & celle à
trois. La mefure J J J i J J J i , ou J I J J' ! >
ou encore ©I J [ J J I . nous fait une toute autre
irnpreffion que la melure J J J J ! J J J J i > ou
que celle - ci J J J | J j J h . c e s deux fortes de
mefures ont un caradtere diftlngué & différent de
J'J"J' I o''JT I J'J'J' ' J 'J '/1 de la mefure à deux tems 6c de celle a trois. Four
fentir cela,on n’a qu’à prononcer , pendant quelque
tems, les mots fulvans, en obferyant laponftuauon;
M M m m ij
l l ' l i