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■ nomme M..rc, que Barnabé vouloit emmener avec
lui. Les deux ap ô ire s fe Icparerent, & / .m/ choillt
un nouveau amipagnon , nomme Etaiit à Lycaonie
, il pni avec Un un ddcipie , appelle Timothce. 11 palîa enluilo par la Phrygie par la Galatie ; 6C
l'ciprii de Dieu l’ayant empcehe d’aller prêcher 1 c-
van-gile dans les provinces d’Alie & de Bithymc, il
le reiidit en Macédoine , à l’occaiion d’un longe dans
lequel il vit un Macédonien qui le conjuroit devenlr
cclai[cr l'a patrie. Liant dans la ville de Philippe, il
chali'a le démon du corps d’une jeune lille qui prédi-
foit l’avenir, 8r qu'on venoit conlulier de toutes parts,
comme une pytlionilîe. Les iiiiiitres de cette jeune
hile qui retiroient un grand prolit de les prédictions
, 1e lailireni de Pm.! & de Silas, & les condm-
fire it devant l,s mjsdlrats, les acculant de troubler
ie repos public. L’apdire Sr Ion compagnon turent mis
en pnlon. Maisau milieu de la nuit, pendant qu’ils
éioieiit en prière, il lurvint un grand tremblement de
terre qui ébranla les fondeinens de la pnfon. Aiilh-
tôi toutes les portes s’ouvnreni, & les fers de tous
les piilonmers tiirenlbrlles. Le geôlier s’etant cveillc,
& voyant les portes de la priloii ouvertes, s’miagina
que tous les prilonnicrs avoient pris la fuite , 8c
voulut le tuer; mais P.:iu lui crm : A'e crains rien, nous
fommes tous ui. Le geôlier prenant de la lumière ,
en 1 a dans la prhon, tomba tout tremblant an.v pieds
de Paul 61 de Silas, 5c leur dit : « feigneiirs, que
V faut-il que je faire pour être faiivén ?.... a croire
>1 en Jelns-Chrilf , lui répondirent-ils , & tu feras
n faiivé, toi & ta maifoii ». Cette nuit-là même, ils
le ba itil’erem avec la famille. Le lendemain , des
litleiirs vinrent dire au géolier, de la part des iiia-
Eiftrats, de faire fonir ue prifon Paul & Silas. Le
Séoiier étant allé promptement annoncer cette nouvelle
à fG«/, l’apôire répondu: <■ Vo, magiltrats ont
» ofe empnfonner des citoyens romains fans forme
H de procès, apres les avoir lait battre ignomlnieule-
» ment en public, -Si maintenant ils veulent les faire
» fonir fecrétemenl de prifon ; il n’en fera pas ainfi :
» qu’ils viennent eii.s - mêmes en perforine nous
.» rendre la liberté». Les lideiirs ayant rapporté
cette réponleaux magiltrats, ils tremblèrent au nom
de ciioÿm romain; vinrent promptement les prier
d’cxculer leur ignorance de fonir de la ville. ^
Paul le rendu à TheUaloniqae , mais une lédition
excitée par les juifs, l’obligea bientôt d’en fonir 11
éprouva le même inconvénient à Berce ; de là il le
tranl'porta à A'hene-s, 8c le Ipeclade de celte grande
ville entièrement livrée à i’idoliurie, eiiHamnia fou
z-ele. 11 prêcha dans la fynagogiie des juifs 8c dans la
place publique. Il diipu.a avec Ics.philolophes qui
lecondiiilirenl dans l'aréopage, 6c lui demandèrent
l ’e-xplication de la nouvelle dodrine qu’il enleignoit.
Les Athéniens qui palToiera leur vie à dire ou à écouter
des no.iveaiués, s’affemblerent en foule autour
de cet étranger, dont les lenlimens paroilfoieni fi
nouveaux. Paul, debout au milieu de l’aréopage,
leur dit : «Athéniens, je vois que vous êtes en tout
» d’une fup.-rftilion e-xtrême ; car , en palfant Sc en
» exam’mant vos Idoles, j’ai remarqué un autel avec
» cette inferi ition : ne dieu inconnu. Ce dieu que
» vous adorez fans le connoitre, je viens vous l’an-
.» noncer». U leur paila enfuite des grandeurs de
D ieu , delà van’ité des idoles, de la nécelfité de faire
pénitence, du jugement dernier, 8c de la réfurrec-
tion de J. C. Les uns, entendant parler^deja rélur-
refiion des morts, le moquèrent de l’apôtre; les
- autres lui ilirent: «nous vous eniendroiis encore une
>, fécondé fois parier fnr cette matière ». Quelques-
uns s’attachèrent à lui, 6c crurent en fes dilcours.
F.ntre ces derniers étoit Dents l’arcopagite , 8c une
fetmne nommée Damans.
JD’Athencbj-^a«/ vint à Corinthe j & Te logea chez
P A U _
un juif nommé Jquila qui travallloit faire des
tentes : c’etoit auiîi le ineiier de Paul, & cet illuitre
apôtre ne crut pas déshonorer Ion minirtcre, en tsa-
vaillant de fes mains comme un fimple ouvrier ; mais
cetre occupation ne l’empccha pas de faire un gi and
nombre de converfions dans Corinthe qui lui ;'ttir6'’
rent de nouvelles perlé entions de la part'des juifs.
Us le traînèrent au tribunal de Gallion , proconlul
d’Achaïe. torique Paul commençoit à ouvrir la
bouche pour plaider la caufe , le proconlul prit la
parole & dit aux juifs: «Si cct homme croit coupable
» de quelque crime, vous me trouveriez prêt à vous
»» rendre jullice ; mais s’il s’agit de vaines chicanes
» lur des noms des fubtilités de votre loi, cela
»» vous regarde; je ne fuis point juge de pareilles
» matières Il le renvoya ainfi de Ion tribunal. Paul
s’embarqua enfuite pour la Syrie, & le rcndit à
Ephele où il ne ht que palTer. Il alla enluite a Cé-
farce & à Antioche ; parcourut la G>il.itie & la
Phrygie; puis il retourna à Ephele, 6c il bapiila
quelques difciplcs qui ne coanoiil'oient encore que le
baptême de J-an. Ü Ht auHi dans cctie ville un grand
nombre de miracles cclatans. Les linges qui avoient
touché Ibn corps guérillbient les malades ôc chaf-
Ibient les démons. Quelques juifs qui le môloient
d’exorciler, elUyerent de chaÜer les cKmons par
cette ibriTUtle ; “ Je te commande de lortiv de ce
» corps, de la part de Jeliis que Paul annonce •»_ ;
mais le démon repondoit: « je connois Jefus , je
>» comtois PaïUr, mais je ne lais qui vous ôtes ». U
arriva même qu’un homme qu’ils exorcifoient ainli
qui étoit poiïcdé par un démon trcs-nvéchant, fe
jettâ fur eux, déchira leurs habits &: leur Ht plufieurs
bleffures. Cette aventure contribua beaucoup au
luccès des prédications de Paul. Le chnllianirme Ht
de grands progrès parmi les Ephéfiens. Un orfevre,
nommé Démetrius, qui avoit coutume défaire un
grand débit de Hatucs de Diane , voyant que fon
commerce tomboit, rallembla tous ceux de fa pro-
fellion , 6c leur reprélenta qu’ils feroient bientôt
ruinés, s'ils Ibuffroient que Pau! prêchât plus long-
tems la nouvelle duélrine dans Ephefe. Animés par
ce dilcours, ils ameuterent le peuple contre P./ü/,
en criant qu’il vouloir détruire le culte de la grande
Diane d’Ephefe. La fédicion fut très-violente, bc ne
s’appaifa que diÆcilement.
Paul étant parti d’Ephefe, parcourut la Macédoine.
il demeura lept jours à froade. La veille de
Ion départ, pendant qu'il prêchoit avec chaleur dans
le ccnacle , la nuit étant déjà fort avancée, un jeune
homme, nommé Eutychc, qui s’etoit endormi fur le
bord d’une fenêtre, le laiHa tomber fe tua ; l’endroit
étant fort élevé. Cet accident interrompit ie
dil'cours de Paul. Il defeendit ; & fe couchant fur le
jeune homme, il le tint étroitement embraffé,
dit à ceux qui croient prclens : m vous ufiigci pas,'
il ejl vivant. Il remonta auHi-tôt dans le cénacle, où
il parla jufqu’au jour. Avant fon départ, on lui amena
ie jeune homme vivant. Il fe rendit enfuite par
terre à Alîbn, puis à Mitylcne, où s’étant embarqué,
il palTa vis-à-vis l'ifle de Chio ; vint aborder à .Samos,
Si le jour fuivant à Milet. U ne voulut point aller à
Ephefe, dans la crainte de s’y arrêter trop longtems,
& de ne pouvoir arriver à Jerufalem pour la fore de
la pentecüte, comme il le louhaitoit. Il envoya donc
avenir les anciens de l’églife d’Ephefe , qui le rendirent
auffi-tôt à Milet. Là , il leur Ht les adieux les
plus tendres ; leur rappella les inHruaions qu’il
leur avoir données, bc les conjura de n’en perdre
jamais le fouvenlr. «Pour moi, d i t - il, entraîne
>» par l’eJ'prit de Dieu, je vais à Jcruralem, igno-
» rânt ce qui doit in’y iirtiver ; fi ce n’ell que l’eqiril
» fami m’annonce, dans toutes les villes par où je
» pall'e, que les fers & les iribulaiions m’attendent i
P A U nfénifalem. Mais rien de tout cela n’cll capable de
» m'eft'rayer; & je facrilie volontiers ma vie, pourvu
»que j’acheve dignement ma carrière, bc que je
rempüHé jufqu’au bout le mlnillere de la parole
» CUC j’ai reçu de J. G. Et maintenant voilà que je
fais certainement que vous tous, à qui j’ai annoncé
» l’évangile, ne me verrez plus deiormais. C ’ell pour
« la derniere fois que je vous parle. C ’eft pourquoi
J» je vous prends à témoins que, H vous vous perdez,
je luis innocent de votre perte, Si que je n ai
» épargne pour votre falut ni peines ni travaux. Sou-
» venez-vous que, pendant l’elpacs de trois ans, je
«n'ai cefTc, jour de nuit, d’exhorter avec larmes;
« & maintenant je vous recommande à Dieu, &
«vous iaiH’e fous la proteétion de fa fainte grâce.
« Mon minillcrc n’a jamais eu pour objet aucun in-
« terêt temporel. Je n’ai reçu de vous ni or, ni argent,
« ni aucune forte de prélém : vous le favez ; & ces
« mains ont fourni fuffifamment à mes befoins & à
« ceux de mes compagnons. C ’eft gratuitement que
« j ’ai répandu fur vous lestrcfors fpiriuielscle la grâce,
« me reffouvenant des paroles de Jcfus-Chrlft : Celui
» qui donne e(l plus heureux que celui qui reçoit ». En
achevant ce difeours, il fléchit les genoux, & fe
mit en pricre avec tous les ailiflans. Les ioupirs
les fanglots éclatèrent alors dans l’aflemblée. Chacun
fondûit en larmes, dans la penfée qu’il ne devoit
plus revoir le faint apôtre. Ils fe jetterent tous à fon
co l, l’embrafferent tendrement, & ie conduifirent à
fon vaifl'eau.
Paul, apres avoir paffé dans les ifles de C o s, de
Rhodes, de Pafare, iailfant Chypre fur la gauche.
Ht voile vers la Syrie, 6c vint aborder à T y r , où il
demeura fept jours. De là H fe rendit à Ptolémaïde ;
puis à Céfarce, où il fe logea dans la inaifon de Philippe
, évangéliHe , lequel avoit quatre Hiles vierges
qui prophetilbient. Il y demeura quelques jours,
pendant lefquels il vint de Judée un prophète , nommé
Agahus qui, étant ailé trouver Paul, prit U ceinture
de cet apôtre, & s’en étant lié les pieds 6c les
mains, en dilant ; « l’elprit faint m’apprend que les
« Juifs lieront ainfi,dans Jérufalem, l'homme auquel
« appartient cette ceinture , 6c qu’ils le livreront
« aux gentils ». Les compagnons de Paul, entendant
cette prédiôHon, firent tous leurs efforts pour le détourner
d’aller à Jérufalem; mais l’apôtre leur répondit
: « Vos larmes 6c vos prières font inutiles ;
« car je fuis prêt à l'apporter, non feulement les fers,
« mais la mort même pour le nom de Jefus-Chrifl >>.
Il fe rendit donc à Jérufalem , l’an 5 8 ; 6c l’oracle du
prophète ne tarda pas à s’accomplir. Les Juifs d’Alie
l’ayant ajipcrçu dans le temple, fe lailirent de fa
perfonne, en criant ; « Voilà l’homme qui ne'ceH'e
« de prêcher de tous côtés contre la loi judaïque
« 6c contre le temple»! Le peuple entra aulli-îot
en fureur. Paul fut traîné ignominieufement hors
du temple, & eut été mis en pièces par la multitude,
H le tribun Lyfias ne fût promptement accouru
avec des l'oidats. Il commença par le faire
enchaîner, & ordonna qu’il fût conduit dans la citadelle.
Le peuple le fuîvit en foule. Paul, ayant obtenu
la permilTion de parler, fit aux aififtans un récit
détaillé de fa convcrfion miraculeufe. A peine
reùt-il achevé, que les juifs crièrent, qu'on le fa£e
mourir ! il nejî pas digne de vivre. Le tribun commanda
qu’il fût battu de verges, 6c appliqué à la torture ;
mais, Paul ayant déclaré qu’il étoit citoyen romain,
cet ordre ne fut point exécuté.
Le lendemain, l’apôtre commençant à parler de
nouveau pour f'? defenfe, devant l ’alTemblée des
pretres, Ananias, le prince des prêtres, ordonna
quoi! le fi'appfit au vifage. Alors Paul lui dit :
« Dieu te frappera, mur blanchi. Tu es affis pour
w nie juger félon la loi ; 6c lu ordonnes qu’on
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»me frappe, contre la loi». Ceux qui l’environ-
noient, lui dirent : « Quoi ! vous inaudifTez ic giand-
» prêtre }.... Paul leur répondit : mes freres, je ne
» favois pas que c'etoit le grand-prêtre; car il efl
» écrit : vous ne maudireq_ point le prince de votre peu-
»pie». La nuit fuivante Dieu parla dfonajiotre 6c
lui dit : Sois ferme & confant : car il faut que tu
me rendes témoignage à Rome, comme tu viens de me
U rendre à Jérufalem. Le lendemain, une troupe de
Juifs , au nombre de plus de quarante , formèrent
une confpiration contre Paul, 6c firent fermant de
ne boire 6c de ne manger qu’après l’avoir mis à mort.
Mais leur complot ayant été découvert, le tribun
envoya Paul à Céfaréc, fous bonne elcorte, pour y
être juge par Félix, gouverneur de la Judée. Paul
refia pritbnnier dans celte ville pendant deux ans,
Félix différant toujours, fous divers prétextes, le jugement
de cette affaire. Porcins Fclhis, fuccefl'eur
de Félix, propola à Paul de le faire conduire à Jérufalem,
6c de ie juger dans cette ville. Paul, qui
favoit que les Juifs avoient ddl'ein de lui dreüer
des embûches fur la route pour le tuer, en appella à
Céfar. Quelques jours après il plaida encore fa caufe
devant le roi Agrippa 6c la reine Bérénice , 6c s’embarqua
enfuite pour ritalie. Le vaiffeau qu’il mon-
toit, fut enveloppé dans une violente tempête qui
conflerna tout l’équipage ; mais /^iz^Jannonca qu’aucun
de ceux qui éioient fur le vaiffeau , ne périroit,
6c qu'on perdroit feulement le vaiffeau. En effet,
étant arrivé afl’ez prè.s du port de l’ifle de Malthe, le
vaiffeau fe brifa contre un écueil ; mais tous les
gens de l’équipage gagnèrent le port, partie à la nage,
partie fur les planches du vaiffeau.
Ils furent accueillis avec beaucoup d’humanité
par les habitans de l’ifle qui allumèrent du feu pour
les réchauffer. Paul ayant mis un tas de larmens dans
le feu , la chaleur en Ht fortir une vipere qui s’attacha
à fa main ; ce que voyant les Maltois, ils fe dirent
entr’eux ; « Cet homme eft fûrement un homi-
ncicle qui après s'êire fauvé des eaux, efl encore
» pourfuivi par la vengeance divine ». Paul fccoua
la vipere dans le feu 6c n’c-n reçut aucun mal. Les
infulaires s’attendoient à chaque moment de le voir
enfler & crever; mais, loriqu’ils virent qu'il ne ref-
fentoit aucune atteinte de la morfure de cette bête,
ils le regardèrent comme un dieu. L’apôtre palfa
trois mois dans cette ifle, il guérir le pere de Publias,
le premier du lieu, 6c Ht iiluficurs autres miracles.
Arrive à Rome , il eut permifiion de demeurer oîi il
voudroit avec le foldat qui le gardoit. Il paffa deux
ans entiers à Rome, occupé à prêcher ie royaume
de Dieu 6c la religion de Jefus-Chnfl, fans que
perfonne l’en empêchât. Il convertit plufieurs per-
fonnes, jiifcjues dans la cour meme de l’empereur.
Enfin après deux ans de captivité, il fut mis en liberté,
fans que l’on lâche comment U fut déchargé de l’ac-
eufation que les Juifs avoient intentée contre lui. Il
parcourut alors l’Italie, d’où il écrivit VEpitre aux
Hébreux. Quelques-uns prétendent qu’il alla en Ef-
pagne, 6c il parle lui-même du deffein qu'il avoii d’y
aller , dans l'on Epitre aux Romains ; Cum in Hifpa-
niamprojicifci caepero ,fpero quhdpreeteriens videarn vos.
Ce qu'il y a de plus certain, c’elt qu’il repaffa en
Afie, alla à Ephele, oîiil laifl'aTimothée; 6cen Crete,
où il établit Tite. U Ht enfuite quelque fejour à Ni-
copole, revint à Troade, pafl'a par Ephefe, puis
par Milet, 6c enfin il le tranfporta à Rome, où il
fut de nouveau mis en prifon. Ce grand apôtre con-
fomma fon martyre, le zq juin de l^n 66 de Jefus-
Chrifl. Il eut la tête tranchée par l’ordre de Néron ,
au lieu nommé les eaux falvlennes, 6c fut enterré
fur le chemin d’üflie. On bâtit lur ion tombeau une
magnifique églife qui fubfifte encore aujourd’hui.
Nous avons de S. Paul quatorze épitres qui portent