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tôt cette propofitioii fingulicre» U feu rareju lor ;
mais 11 enfiiite , portant mes recherches plus loin, je
découvre que le feu produit le même elfet fur les
autres métaux, fur les demi-métaux, fur pUifieurs
folîiles, fur les parties animales ôc fur les végétaux ,
alors j’établis cette propofition univerfelle , le feu a
Li propriété de ruréfur tous Us corps ; 6c cette propoii-
tion , toute générale qu’elle lo lt , doit être reconnue
pour vraie. Continuant encore mes recherches, fi je
trouve quelques corps qui réiiÜent à l’aélion du feu,
& qui ne fe dilatent point, ou que )’en oblerve quelques
uns qui, au lieu de le dilater, le rellerrent ÔC fc
renferment dans de plus petites bornes, ma propo-
lition générale n’en lera ()as moins vraie pour cela ;
mais elle IbufFrira une exception relativement aux
lubllances dont nous venons de parler. De ce que
nous oblcrvons conlhmment, que li on fond plulieurs
métaux enfemble, le mélange formera une malle plus
dure que chaque métal en particulier, nous concluons
en général, que les métaux hétérogènes font
plus dors que les métaux homogènes : or comme on
obferve aulîi que l’alliage de l’ctain hn d’Angleterre
avec celui de Malac forme une malle moins dure,
cette obfervaiion donne lieu à une exception qui
rellreint l’étendue de la propolition univerlelle. Cette
exception a encore lieu dans le mélange de plulieurs
métaux, félon certaines proportions ; la malle qui en
réfulte forme un mixte d’une moindre folidité que
fes parties conlîituantes ; aulfi dans tous ces cas doit-
on indiquer ces exceptions , ainfi que leurs bornes.
Ayant beaucoup avancé dans fes recherches par
la voie de l’analyle, & ayant découvert par Ibn
moyen les caufes de pluûeiusphénomenes, c’ell alors
qu’il ell permis de mettre en uiage la méthode contraire,
c’ell-à-dire, la méthode iynthétique. On fe
fort de ce moyen lorfqu’ayant déjà découvert plu-
fieui'S caufes , & que les ayant mifes dans toute leur
évidence , on les regarde comme des principes certains,
propres à développer les phénomènes qui y
ont rapport. Par exemple, lorfqiie j’ai découvert
que les corps que l’on foumet à l’acHon du feu le
lailTe pénétrer parla matière ignée, & que le feu
fe développant & agilTant en toute foret de fens,
les dilate, je conclus qu’une pierre que je tiens en
main fe dilatera fi je l’expofe à l’ardeur du feu : 6e
chaque fois que je me propole de dilater un corps,
& d’augmenter Ion volume, j’ai recours au feu,
comme à une des caufes que je reconnois pour être
propres à produire cet effet. Les philolbphes ne font
en cela que fuivre la méthode des mathématiciens ,
qui precedent d’abord par la voie de l’analyfe , lorf-
qu’il s’agit de découvrir des chofes difficiles & inconnues
, & qui nbnt recours à la fynthele qu’après
avoir profité des fecours de l’analylé.
Il n’eft guere polfible, dans la philofophie , de
porter fes recherches plus loin ; cependant on tâche
d’employer utilement l’analogie pour augmenter le
nombre des connoilTances philolophiques. En lup-
pofant, par exemple, une harmonie établie entre les
différentes parties de l’univers, & que les qualités
que nous lavons appartenir aux fubllances que nous
connoiffons, appartiennent également à celles que
nous n’avons pas encore examinées; nous jugeons
que les propriétés que nous découvrons dans les
corps céleffes conviennent également aux corps
fublunaires , & alternativement. Bien plus , dans la
conduite ordinaire de la vie , nous raÜonnons fou-
vent par analogie , & nous conformons nos aâions
à ces raifonnemens. Par exemple, nous marchons
aujourd’hui avec tranquillité fur un terrein fur lequel
nous vîmes plufieurs perfonnes fe promener
hier ; nous mangeons aujourd’hui d’un mets, parce
que nous le trouvâmes bon hier, & que nous éprouvâmes
que c’étoitune bonne nourriture»
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Ce fut conformément à cette méthode que Hermès
établit fa philofophie, & plufieurs pliilofophes
modernes l’ont imité en cela. Cependant il ell bon
d'obl'erver qu’on ne doit lé lervir rie l'analogie qu’avec
prudence , li on veut éviter l’erreur oîi cette méthode
peut conduire, & qu’il ne faut pas toujours fe
confier aveuglément à un raifonnement quineferoic
établi que fur l’analogie, parce que la nature n’agit pas
toujours de la même maniéré dans la produélion des
effets lemblables, mais compofes. Par exemple, de
ce que plulieurs el'peces de mouches font ovipares ,
eft-ce une railbn fuffil'ante pour conclure qu’elles le
font toutes ? Le célébré M. de Reaumur en a découvert
plulieurs, dont il nous a donné une très-belle
defeription , qui font vivipares. De ce que plufieurs
animaux périllént lorfqu’on leur coupe la tête, ell ce
une railon fuffilânte pour conclure que tous ceux à
qui on coupera la tête mourront ? non certainement,
6c on fait aéluellement qu’il y en a plufieurs, tels
que les polypes de riviere & plulieurs autres encore,
qui furvivent à cette opération. De ce que le concours
du mâle & de la femelle eff nccelTaire pour la
propagation de plufieurs elpeces,ce n’ell pas une
railon lulfifante pour conclure que cet accouplement
foit néceffaire pour la propagation de tous les in-
feétes. On trouve plufieurs animaux qui font hermaphrodites
; on en trouve d’autres q ui, quoique femelles,
ont la faculté d’engendrer jufqu’à cinq fois
fans le concours du mâle. De ce que les rameaux de
prefque toutes les plantes s’élèvent en haut & ne retombent
point vers la terre , eff-ce une raifon d’affirmer
que le gui de chêne fuit la même direêlion dans
fon accroilTance ? non certainement ; car l’expérience
démontre qu’il croît & qu’il fe dirige en toute forte
de fens.Dans l’hiver, uneforte gelée s’oppofe à l’ac-
croilTance des plantes; l’agaric néanmoins continue
à pouffer. D'où il paroît qu’on ne doit point faire
ufage, ou au moins qu’on ne doit ufer qu’avec la
derniere circonfpedion , de l’analogie, ainfi que
Needham nous le confeille fort prudemment.
(D . /-.)
§ PHILADELPHIE, {Géo§r.') Cette ville mer-
vellleufe, fiir la fin du dernier liecle, s’éleva prefque
fubitement au milieu des fauvages de l’Amérique ,
& ne ceffe de s’étendre de jour eu jour. L’amour fraternel
eff fon unique loi fondamentale : fes portes
font ouvertes à tout le monde , & fon fondateur n’en
a formellement exclu que deux fortes d’hommes, le
fainéant & l’athée.
Les Trembleurs ou Quakers, perfécutés en Angleterre,
s’étant réfugiés en Amérique fous la conduite
de Guillaume Pen, y fondèrent cette colonie.
L’enthoufiafme que Fox leur avoit communiqué n’a-
voit pour objet que les vertus morales , fans aucun
dogme métaphyfique.IIs s’excitoient au tremblement
pour confulter le Seigneur, & iis fe croyoient tous
autant de prophètes & de prophéteffes. Pen paya le
terrein délért oii il vouloit bâtir fa ville, afin que fon
établiffement fut béni de Dieu &. des hommes. Ces
Trembleurs ont beaucoup rabattu de leur enthou-
fiafme ; mais ils ont confervé leurs maximes & leurs
ufages.
Cette ville eft la patrie du célébré M. Franklin,
dont M. Barbeu du Bourg vient de publier les (S.u-
vrgs, traduites fur la quatrième édition angloife, en
2 vol. in-4.^. 1773 , avec le portrait de l’auteur, au
bas duquel on lit ces quatre vers :
I l a ravi le fett des deux ;
I l faitfieurir les arcs en des climats fauvages :
VAmérique U pierce à la tete des fages : _
La Grèce VauroU mis au nombre de fes dieux. (C.)
PHILIPPE, S. {Hifl.facrd) apôtre de Jéfus-Chriff,
naquit à Bethzaide, ville de Galilée fur le bord du
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tic de Gcnéfareth. Il fut le premier que Jéfus-Chriff
aiipell i à fa fuite : Philippe le ftiivit ; & peu de tems
après, ayant trouvé Narhanacl, il lui dit qu’il avoit
trouvé le Meffie, l’amena à Jélus-Chriff. Ils fui-
vireiit enfemble le Sauveur aux noces de Cana, &
Philippe fut bientôt après mis au rang des apôtres.
Ce fut à lui que Jéfus-Chriff s’adreffâ, lorfque voulant
nourrir cinq mille hommes qui le fiivoient, il
demanda d’oîi l’on pourroit acheter du pain pour
tant de monde; Philippe lui répondit qu’il en taudroit
pour plus de deux cens deniers. Dans le long dil-
cours que Jéfus-Chriff tint à fes apôtres la veille de
fa paffion , Philippe le pria de leur faire voir le pere;
mais le Sauveur lui répondit : Philippe^ celui qui me
voit ^ voit außi mon pcrc^]o5't\ xiv. Voila tout ce
que l’évangile nous apprend de ce faint apôtre. Les
auteurs eccléfiaffiques ajoutent qu’il étoit marié &
avoit plufieurs filles, qu’il alla prêcher l’cvangile en
Phrygie, & qu’il mourut à Hiéraplc, ville de cette
province^ (-f )
Philippe, ( Hiß. ßcr.') le fécond des fept diacres
que les apôtres choilirent après l’afeenfion de Jéfus-
(ffiriff. Ün croit qu’il ctoit de Céfarée en Palcftine ;
au moins eff-il certain qu’il y clemeuroit & qu’il y
avoit quatre filles vierges & propheteffes, Act. xxj.
<j. Après le martyre de faint Etienne, les apôtres
s’etant dilperfcs , le diacre Philippe alla prêcher
l’évangile dans Samarie, où il fit plufieurs conver-
fions éclatantes. Il y étoit encore, lorfqu’un ange
lui commanda d’aller fur le chemin qui defeendoit
de Jérufalem ä Gaze. Philippe obéit, & rencontra
l’eunuque de Candace qui étant venu à Jérufalem
j)Our y adorer le vrai Dieu, s’en retournoit lifant
dans Ion char le prophète ll'aïe. L’efprit de Dieu
dit alors à Philippe de s’approcher, & le faint diacre
ouïr que l’eunuque liioit ce paffage du prophète : Il
a été mené comme une brebis à la boucherie, & n a point
ouvert la bouche non plus qu'un agneau qui demeure
muet devant celui qui U tond. Il a été dans fon abaif
fement délivré de la mort ; qui pourra raconter fa génération
& fon origine Aei. viij. 32. L’eunuque lui
ayant demandé de qui parloir le prophète en cet
endroit; Philippe commença à lui annoncer Jefus-
Chriff , 6c ayant trouvé un niiffeau lur la route,
l ’eunuque, touclré des paroles du diacre, demanda
à être baptife, & ils defeendirent tous deux dans
l’eau , où Philippe le baplifa ; après quoi, l’efprit du
Seigneurie tranfporta à Azor, où il prêcha la parole
de Dieu , jufqu’à ce qu’il vint à Céfarée de Paleffine.
On croit qu’il y mourut, quoique quelques-uns le
faffent aller à Tralles en Afie, cîi ils prétendent qu’il
fonda une églife dont U fut l’apôtre 6c l’évêque, (-j-)
Philippe I , ( Hlfi. anc. Hiß. de Madédoine.)
troificme fils d’Amyntas, roi de Macédoine, & fon
fucceffenrau trône , naquit l’an du monde 3621. Son
pcre,pour gage de l’ofifcrvation des traités, le remit
aux Thebains, qui confièrent fon éducation au
fage Epaminondas. Le jeune Macédonien formé par
les leçons d’un fi grand maître, en eut tous lestalens
fans en avoir les vertus. Lorfqu’il parvint à l’empire,
il eut honte de ne commander qu’à des barbares : il
entreprit d’en faire des hommes, en leur donnant
des loix & des moeurs. Les moyens dont il fe fervit
pour monter liir le trône manifefferent qu’il en étoit
digne. Appelle deThebes pour prendre la tutelle de
fon neveu , il profita de fon enfance pour préparer
fa grandeur. Les Macédoniens, environnés d’ennemis,
avoient jufqii’alors combattu fans courage 6>C
ians gloire ; ô: s’ils n’avoient point encore été fubju-
gues, c’eft que leurs vollins avoient dédaigné d’en
laite leur conquête. Philippe affeclaut une confiance
que peut-etre il^n’avoit pas, releva les courages abattus.
Le foidat fier de marcher l'ous un difciple d’E-
paminondas, fe fournit, fans murmurer, à une dif-
Toine i r .
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cipline fevere. Ses maniérés affables & prévenantes
adoucirent la rigueur du commandement : les Macédoniens
, heureux 6c triomphans, le placèrent fur le
trône que fon ambition dévoroi; en fecret, 6c dont
il affectou de redouter les écueils.
Le choix de la nation fut juffifié par les plus bril-
lans fuccès; Philippe^ âgé de 24 ans, développa
tous les talons qui lont le fi uit de l’expérience. Tous
les cqncurrens au trône furent fubjiigucs par fes
bienfaits : il n’y eut ni de murmurateurs ni de rebelles;
les victoires impoferent filence aux rivaux
de la grandeur, & firent oublier par quels degrés il
étoit parvenu à l’empire. Sobre & tempérant, il in-
troduifit la frugalité dans le camp ; fa cour fimple &
meme auffere , n’offroit point cet éclat impoffeut*
dont les rois indignes de l’être mafquent leur peti-
teffe. I-.a Icvérité de la difcipline milit.aire n’eut rien
de pénible, parce qu’il en donna lui-même l’exemple.
Ses foldats, honorés du titre de fes compagnons,
fe précipitoient dans tous les périls pour mériter les
diffinélions dont il récompenfoit la valeur. Ce fut lui
qui créa cette fanieufe phalange qui préfentoit à
l’ennemi im rempart impénétrable ; ce bataillon for-
moit un carré long de 400 hommes de front fur \6
de profondeur ; il croit fi ferre dans fa marche , que
le choc de l’ennemi ne pouvoir fcbranlcr ni refifter
au ficn. Chaque foidat ctolt armé d’une pique longue
de vingt 6c un pieds : ce fut cette phalange redoutable
qui clcvales Macédoniens à un fi haurdégré
de fplendeiir.
Une armée auffi bien difcipünée lui Infpirala paf-
fiondes conquêtes; il contint la Grece en répandant
le bruit artificieux que le monarque Perfan meditoit
d’y faire une invafion : ce fntainfi qu’en rcalilànt des
dangers imaginaires , il fe rendit l’arbitre des rivaux
de fa puiffance. Les IJiiriens étoienr maîtres de plufieurs
places dans la Macédoine , il les en chaff'a ; &
pour mieux les nffoiblir, il porta le feu de la guerre
dans leur pays. Après leur avoir livré plufieurs combats
toujours ùilvis de la victoire , il s’empara d’Am-
phlpolis , colonie des Athéniens que cette hoffllité
rendit fes ennemis. Philippe, fans leur déclarer la
guerre, leur enleva Potidéc. Son infidieufe éloquence
leur perluada qu’en perdant ces places, ils ne per-
doient rien de leur piiiff'ancc. La plus utile de fes
conquêtes fut celle de Cnidé,àqui il donna fon nom,
6c qui devint dans la fuite célèbre par la mort deBru-
tus 6c Caffuis. Cette acqiiifition, fans être clorieufe
à fes armes, fervit de dégrc à fa puiffance; il fit ouvrir
près de cette ville une mine d’or d'oîi il tira par
an trois millions. Cette fonrcc de richeffè le mit en
état d’acheter des efpions 6c des traîtres qu’il entretint
dans toutes les villes allarmées de fon ambition.
Il avoir coutume de dire qu’il nV avoit de villes
imprenables que celles où un mulet chargé d’or ne
pouvoit entrer ; en effet, ce fut avec ce métal plutôt
qu’avec fes armes qu’il fubjugua la Crece.
Il eff un hcroïfmedomeffique que le fage l'cul peut
apprécier : l’ambitieux Philippe du tumulte du camp
veilloit aux devoirs d’un pere de famille. Sa femme
Olympias ayant mis au monde Alexandre, il n’en eut
pas plutôt appris la nouvelle qu’il écrivit à Ariffote
pour le prier de Je charger un jour de fon éducation.
« Je vous apprends, lui dit-il, qu’il m’eff né un fils ;
» je rends grâces aux dieux moins pour me l’avoir
» donne que pour m’avoir fait ce préfent de votre
» vivant : je me flatte que vos foins en feront un
» prince digne de fes hautes deffinées ».
La guerre facrée qui embrâfa la Grece y doona le
fpeclacle de toutes les atrocités qu'enfante le zele
religieux; Philippe., tranquille fpeétateur de cette
fcenc horrible, laiffa aux dieux le foin de venger
leur injure. Sa politique ténébreufe attîfoit en fecret
le feu qui dévoroit les différentes contrées de laCrece.
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