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9 8 0 T U T & il eft c!ii n om b re d e c e u x que les C o n g o is a p p e lle n t
cmhaukis. ^‘'oyc\ Ce m o t Lu(h. Suppl.
Les Indiens ont encore une forte de trompens,
appellée AtTrc/2(7./’cyc{ K e r r e n a , {^Lmh. ) Suppl.
Foyci auHi Tr« e, ( Luth. ) Suppl. _
L’on prérend e n c o r e que les Chinois o n tu n c efpe-
c e de de p ie r re , a u I IiLA P PA, (Lü/Zr. )
Supplcir.etu.
iaint .lérôme , dans Ton épitre à Dardanus, parle
d’une trompuic qui ie rcfléchiHbit vers rembouclnire
par quatre branches ; ôc il ajoute qu’elle avoir un fon
très-fort, & que ces quatre branches repréientoient
les ciuatre évangéliiles, &c. ( F. D . C. )
T U
TUTOIEMENT, f.m. {BdUs-Uttns. Poife. )
façon de parier à quelqu’un , h la fécondé perionne
du fingulier. La politelTc veut que dans notre langue
on fille comme li la perfonne à qui l’on adrefie la
parole ctoit double ou multiple , & qu’on lui dife
vous au lieu de su : c’eft une fingulariré qui répond à
celle de dire nous, quoiqu'on ne foit qu’un , lorfqiie
celui qui parle clt un fou\’crain ou une perfonne
confliruée en dignité , & qu’elle fait un aèie folem-
nel de la volonté ou de l'on autorité ; ufage qui, je
crois, prit nailfance chez les empereurs Romains.
Le nous eft encore réferve aux perfonnes en dignité
ou en foncions lérieules; le ^ous ell devenu d’un
ufage commun & indiipenfable , entre les perfonnes
qui n’étant pas familières, l'une avec l’autre, veulent
fe traiter décemment.
« Le tuîdümcnt, dit M. de Fontenelle ( vu de
» Plein Corn.illc ) , ne choque pas les bonnes
» moeurs, il ne choque que la politelTe & la vraie
>* galanterie ; il faut que la familiarité qu'on a avec
» ce qu’on aime, foit toujours relpcélueufe; mais
» aulH il cd quelquefois permis au relped d’cire un
» peu familier. On fe tutoyoit anciennement dans
» ie tragique même, aiilfi bien que dans le comique ;
» & cet ufage ne finit que dans l’Horace de M. Cor-
» nciile, où CuriaceôcCamilielepraîiquent encore.
» Naturellement le comique a dû poulfer cela un
» peu plus loin, & à cet égard le lutoiemcnt n’expire
» que dans le Menteur ».
Je ne fuis pas tout-à-fait de l’avis de M. de Fontenelle.
Le tutoiement d’égal à égal , & clnns ime iîtua-
tion tranquille, ed fans doute une familiarité; mais,
foit dans le tragique , Ibit dans le comique , cette
fiiiiiliarité fera toujours décente , non-feulement du
f ere à la foeur , de l’ami à l’ami, mais encore de
l’amant à la maîtrefle , lorfque l’innocence, la fim-
pliciré , la franchife des moeurs l’autorifera , comme
dans le langage des villageois, des peuples agredes
ou faovnges , ou môme peu civilllés, & dont les
moeurs font apres & auderes : Alzire & Zamore fe
ttuoienî, & il n’y a rien d’indécent. C'ed peiU-ôire
la môme railbn, ou plutôt un fentiment exquis de la
vérité des moeurs, qui a engagé Corneille à donner
cette nuance de familiarité au langage do Curiace 6c
de Camille.
En g é n é r a l , to u te s les fois que la fam ilia r ité d o u c
e n’a u ra l’air q u e de l’in n o c e n c e & de l’ in g é n u i té ,
le tutoiement fe ra p erm is . II l’ e d de môme dans tou s
le s mo u v em en s d ’une îc n d r e d e v iv e o u d ’u ne palTion
v io le n t e .
O R O s M A N E A Z A I R E.
Q«êZ caprice étonnant que je ni conçois pas !
Vous ndaime:^ ? Eh , pourquoi vous forcez-vous ,
cruelle,
A déchi’ir U coeur d'un amant f i fideU ?
Je me connoiffiois mal ; oui, dans mon défefpoir,
Pavois cru fur moi-méme avoir plus de pouvoir^
T U T Prtmon coeur efi bien loin d'un pouvoirfi funtfie^
Zaïre , que jamais la vengeance cclcjle ,
Ne donne à ton amant, enchaîné fous ta loi ,
La force d'otihlier C amour qu'il a pour toi !
Qui , moi? que fur mon trône une autre fût placée l
Non , je n'en eus jamais la fatale penfée :
Pardonne à mon courroux, à mes fins interdits ,
Ces dédains affecîés, & f i bien démentis :
C efi le féal dcplaifir que jamais dans ta vie ,
Le ciel aura voulu que ta tendrefe effuie.
Je t'aimerai toujours... mais d'où vient que ton exur^
En partageant mes feux , différait mon bonheur ?
Parle, étoit-ce un caprice? Eji-ce crainte d'un maître.,
D'un foudan , qui pour toi veut renoncer à l'ctre ?
Seroit-cc un. artifice ? Epargne-toi ce foin ;
L'art II efi pas fait pour toi, tu n'en as pas befoin .*
Qji'il ne fouille jamais le faim noeud qui nous lie J
L ’an le plus innocent tient de la perfidie.
Je n'en connus jamais , & mes fais déchirés ,
Pleins d'un amour f i vrai. . . .
Z a ï r e :
Vous me défefpérez.
Vous TH êtes cher, fans douce , 6' ma tendrefe extrême
Efi le comble des maux pour ce coeur qui vous aime.
O r o s m a n e .
O ciel! expllquez’ Vous. Quoi? Toujours me troubler?
Cet exemple fait voir bien fenfiblcmcnt par quels
mouvemens de l ’ame on peut pafi'er avec bienl'éance
du vous au tu, & du tu au vous ; mais ce quied naturel
& décent dans le caraôtere d’Orofmane , ne le
(croit pas dans celui de Zaïre , parce qu’il n’ed que
tendre, & qu’il n’ed point palîionnc. Tant que la
pafTion d’Hcrmione ed contrainte, clic dit vous, en
parlant à Pyrrhus :
Du vieux pere d'Hechr la valeur ah.'itttte
Aux pieds de f.i famille expirante û J'a vue ;
Tandis que dans Jon jetn votre bras enfoncé
Cherche un refle de fan^ que Cdgc avait fiacé ;
Dans des ruifeaux de fang Troye ardente plongée ;
De votre propre main Polixem égorgez ,
Aux yeux de tous les Grecs indignés contre vous :
Qiu p:iit-o!2 refufer à ces généreux coups ?
Mais dès que fon indignation, fon amour & fa dou-
U-ur éclatent, Hermione s’oublie; le tutoiement ed
place ;
Je ne t’ai point aimé, cruel ? Qu'ai je donc fait f
J'ai dédaigné pour toi les voeux de tous nos princes ;
Je t'ai cherché moi-même au fond de ces provinces j
J ’y fuis encor , malgré tes infidélités ,
Et malgré tous mes Grecs , honteux de mes bontés. . . .
Mais , feigneur, s'il U fau t, f i le ciel en colere
Réferve à d'autres yeux la gloire de vous plaire , &C.
Une dngularité remarquable dans l ’ufage du tutoiement,
c'ed qu’il ed moins permis dans le comique
que dans le tragique ; di la raifon en ed que le fé-
rieux de celui-ci écarte davantage l'idée d’une liberté
indécente. Pour que deux amans fe tutoient dans
une feene comique , il faut qu’ils (oient d’une condition
oii les bienfcances ne (oient pas connues , ou
que leur innocence & leur candeur foit fi marquée,
qu’elle donne fon caraétere leur familiarité.
Une autre bizarrerie de l’iifage ed de permettre
\t tutoiement, du moins en poéfie , dans l’extrôme
oppofé à la familiarité : c’ed ainû qu’en parlant à
Dieu & aux rois on les tutoie , foit à l’imitation
des anciens , foit parce que le rcfped qu’ils impriment
edtrop au-de(Tus du foupçon , &qu e le cara-
âere en ed trop marqué pour ne pas difpenfer d’une
vaine formule,
T U Y
Grand Dieu , tes jugemens font remplis d'équité.
Grand r o i, cefe de v.iincre ou j e ceffe d'écrire.
Les deux caraéteres e.xtrômes Awtatoiementiee font
fentir dans ces deux epitres de M. de Voltaire;
P h iiis qu efi devenu U cems , & C .
T u m'appelles à toi , vafie 6’ puiffan t génie , t z c .
Dans l’une , il ed l’excès de la tamiliaritc ; clans l’autre
, l’excès du rc(pe<d Si le langage de l’apothéofe.
A propos de Pufage qui, dans notre langue , veut
qu’on mette le pluriel à la place du fingulier , je demanderai
pourquoi, dans un écrit qui elU’ouvrage
d’un foui homme , l’auteur, en parlant de lui-môme ,
fe croit obligé de dire nous ? Ce n’ed certainement
pas pour donner à ce qu’il avance une forte d’auto-
litc qui ail plus de volume & de poids ; c’ed au contraire
une formule à laquelle on attache une idée de
modeliie. Mais fur quoi porte cette idée ? Nous
croy ons, nous rupenfon s p as , nous avons p r o u v é , Sic.
E(ï-ce dire autre chofe queyé c r o is , j e m penjé p a s ,
j 'a i prouvé ? Il ed vraifemblable que cet ufage s’ed
introduit par des ouvrages de fociété, oii le travail
ctoit comiTuin Si rojiinion collective ; & que dans la
fuite, pour donner à leur dyle plus de gravité, quelques
écrivains ont fiiivi cet exenqile. Mais lorfqu’im
homme, en fe nommant, propole fes idées comme
venant de lu i, la tormule du nous ed au moins inutile
; Si la preuve que dans l’ulage Si dans l’opinion,
le perfonnel au (ingulier n’ed pas un trait de vanité ,
c’ed qu’en pariant ou en opinant, jamais orateur,
ni Caere , ni profane, ne s’ed aviic de dire nous.
( M. MÀRtao. \ ’ TEL. )
§ TUYAUX C A P I L L A I R E S , ( Phyfique. ) La loi
de rabailfement du mercure dans les tu y a u x capillaires
n’ed pas fi générale qu'on l’a cru jufqu’à pré-
fent. En voici une exception qui mérite d’ôtre
connue.
Ayez un tuyau de verre d’environ un quart de
ligne de diumetre. Si de trenie-fix pouces de longueur
: fondez à l’nne de ft'S extrémités un gros tube
long de deux ou trois pouces. Si fermé hermétiquement
par le bout oppolé: foudez-le de maniéré qu’il
communique imcrleurement avec cc tube capillaire.
Si courbez-le en demi-cercle vers le point de (d
jonétion. A l’autre extrômlié du tuyau capillaire
fondez une bouteille ouverte , communicante & recourbée
comme celle qu’on voit au bas des baromètres.
Le tube ainfî préparé, vous ie chargerez de mercure,
(don la méthode que nous avons donnée aux
articles B AROM ET re,T herm O METRE, Suppl c’ed-
à-dire qu’après avoir verfé du mercure dans la bouteille
inférieure, vous coucherez le tube fur un brader,
vous y ferez bien bouillir le mercure, vous
releverez enfuite le tube par le Itaut avec un fil de
fer, Si vous ferez monter !e mercure dans la bouteille
fupérieure; vous recommencerez cette operation
dxfois, huit fois, & c . jufqu’à ce que le mercure vous
paroide partaitement privé d’humidité , Sc le tube
parfaitement lempli ; alors vous coucherez le tube
lur le brader pour la derniere fois, vous y ferez
bouillir le mercure jui'qu’à ce que la boule fe trouve
à-peu-près il moitié vuide ; vous releverez le tube
auflï-tüt & vous le tiendrez dans une utuation verticale.
La bouteille fuperieure étant courbée vers le
bas, il y redera du mercure, tandis que l’autre
partie de cette liqueur defeendra à la hauteur d’environ
28 pouces.
Quand le tube fera refroidi, vous l’approcherez
d’une lampe pofee à la hauteur de 30 pouces, &
tenant toujoursle tubeverticalemenc, vousdirigerez
avec un chalumeau la flamme de la lampe fur la
partie du tuyau capillaire qui ed un pouce ou deux
au-delTus de la colonne de mercure. Quand la cha-
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leur aura amolli le verre, vous prendrez la partie
fupérieure du tuyau avec la mam Sc vous la Jéparerez
du i-ede du tuyau.
Alors vous aurez deux pièces, dont Tune fera un
baromètre capillaire, Sc l’autre une cfpece de fijihon,
conipoié d’une branche cajiiliaire Se d'une grolfe
branche ; ce fiphon (cra vuide d’air, Sc fermé hermétiquement
par les deux bouts.
Dans le liarometre ca|.ûllaire , le mercure fe tiendra
deux ou trois lignes j>Uis haut que dans les gros
baromètres; il en (cra de meme du mercure contenu
dans le iîphon , il le tiendra deux ou trois lignes plus
haut dans la branche capillaire que dans'la gioïie
branche.
Cette expérience ne rcullït que quand le mercure
a beaucoup bouilli dans le tube Si qu’il y cil parfaitement
dcilcché. Pour peu que le mercure foit humide,
il revient à la loi générale , qui eft de i'c tenir
plus bas dans la branche capillaire que dans la grolTe
branche. On garde dans le caiainet de l’Acaclômie
Royale de Metz trois de ces fiphons, dont les dilîe-
rcnccs font remarquables.
Dans le premier, le mercure a bouilli fortement
&c à plulieurs ivprifes, îk cette ébuiliticn a
fali la furtacc intérieure du verre ; le meiciire y eft
terminé par une furface un peu concave , & il s’y
lient conllamment deux lignes plus haut dans la
branche capillaire que dans la grolfe branche : oa
y remarque encore que de la (urface du mercure U
s’élève une quantité prodigieufe de moiccii'cs in-
fenfibles qui traverfent ie vuide & vont s’attaciier
h la furface oppofée du verre : ces molécules s’étendent
(ur le verre & en couvrent la (urfacc au bout
de quelques heures.
Dans le fécond fiphon, le mercure a moins
bouilli que dans le premier, la furface intérieure
du verre y eft moins (alie. Le mercure fe tient au
môme niveau dans les deux branclic-s , fa furface y
eft plane: l’exhalailbn s’y fait à peu-près comme
dans le premier.
Dans le troifieme fiphon , le mercure ac té employé
humide , il n'y a bouilli qii’auîant qu’il croit
néceflaire pour en faire fortir l’air. Le verre n’y eft
prdque point fiiii. Le mercure y eft terminé par une
(luface convexe , il fe tient qtiaire lignes plus
bas dans la branche capillaire que dans la grofle
Branche ; l’exhalaiiüu du mercure y paroît moins
abondante que dans Jes deux autres, 6: Us vapeurs
du mercure fe dlftribuent fur Je verre en petits globules
flparés.
La comparaifon de ces trois fiphons ne permet pas
de douter que rabnilîcnient du mercure dans la
branche capillaire du troifieme fiphon ne (oit l’cfrct
de l’humidiic 8c de l’air qui en eft infcparnble , & qtie
l’élévation du mercure dans la branche capillaire du
premier fiphon ne s'ienne de la ficcitc du mercure
ik des molécules de ce môme mercure qui fe font
infimiées clans les petites cavités de la furface du
verre par la force de rébuüition : voici comme on
pourroit expliquer la chofe.
Dans le troifieme fiphon , le mercure eft humide ;
une partie de cette luimidiic pafte dans le vuide, s’y
dilate, &z forme une athmofphere élaftiqiie: cetîe
athmofphere humide, appuyée furie verre, réfifte
iï l’afcenfion du mercure, ÔC comme elle eft j)!us
appuyée dans la branche capillaire que dans la grofte
branche, elle tient nccelTaifemciit le mercure plus
bas dans la première que dans la fécondé.
Dans le fécond fiphon, il n’y a plus, ou prefque
plus, d’humidité, & par conféquenc rienquis’oppofe
à l’afcenfion du mercure ; ainfi le mercure doit monter
au môme niveau dans les deux branches de ce
fiphon.
Dans le premier fiphon, non-feulement rien ne