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; i 8 R E S force, lorfqae nous voulons fouiîlcr, chanter, donner
de la vigueur à la voiv ou lancer au loin un poids
par la force de l’expiration.
La poitrine ell donc rétrécie dans tous fes diamètres.
Mais d’autres cailles achèvent de faire lor-
îir l’air de la poitrine. Les poumons par la force
morte, innée à toutes les membranes , les bronches
par la force vive des fibres mufculaires , qui réunifient
leurs portions cartilagincufes , rcirerrent le
poumon, comme on le voit fe relTerrer quand on
a ouvert la pleure, ÔC que l’air celTe d’enfler le
poumon par la trachée. Dans les quadrupèdes à
fang froid les côtes font peu de chemin, le diaphragme
n’exifte pas, la force contraftive des poumons
fait feule l’expiration.
Dans les grands efforts, pour élever fa voix,
l’homme fe fert des mufclcs auxiliaires , qui abaif-
fent les côtes du facrolombaire , du long du dos,
du quarré des lombes, des fléchilfeurs du cou
des côtes, des flernocoflaux.
Le premier effet de l’expiration & le but principal
, c’efi la fürtie de l'air corrompu qui nous opprime.
Ce n’efl pas que le poumon fe vuide jamais
entièrement d’air, la vifcofiié de l’humeur, qui hu-
meéie les bronches & les vcficules, en retient toujours
une grande partie dans le poumon. Il efl fur-
prenant avec quelle facilité le poumon denfe du
foetus perd cette denfité, & apprend à nager; au
lieu qu’avant la première nff>iration il alloic au fond
de l’eau avec promptitude. Une feule Tcfpiranon ^
une feule fois que l’on y aura loufflé de l’air, fuffit
pour produire ce changement.
Ce phénomène mérite d’être exaélement connu,
parce que la vie des femmes aceufées d’infanticide
en dépend.
Le poumon du foetus qui n’a pas refpiré , eft pe-
fant, compaéf & coule à fond dans l’eau , cette
expériençe ne manque jamais. Le foetus ne refpire
qu’avec un peu de peine , & l’on ne fouffle fon
poumon qu’avec difficulté. Mais quand il a été une
ibis rempli d’air, il devient blanc & fpongieux, &
clès-Iors il nage conflamment.
De-là cette réglé de droit: une femme efl fuf-
pefte d’infanticide ; on met le poumon de l’enfant
dans une quantité fuffifante d’eau : s’il nage , l’enfant
a refpiré, & la niere efl coupable ; s’il coule à fond,
l’enfant n’a jamais refpiré, il n’a pas vécu , la mere
n’eft plus fufpeéle de l’infanticide.
Cette réglé a été combattue & défendue; on a
beaucoup agité cette queftion. v'oici un précis de
ce qui m’a paru de plus confiant.
Quand le poumon efl frais , ÔC qu’il n’a pas fenti
la corruption, quand il n’y a pas de bulle d’air
attachée à fa furface, quand il ne teint pas l’eau
dans laquelle on le plonge, & que dans cet état il fur-
nage , le foetus a refpiré, ou ce qui revient au même
pour l’expérience phyfique , on a foufflé fon poumon.
Quand même il y auroitde l’odeur & les com-
mencemens de la puîréfaélion, ils ne le feroient
pas nager encore.
Si le poumon a beaucoup de fang dans les artères
& les veines , ce fera une marque qu’il eft né
vivant.
Si le foetus plonge dans l’eau & gardé quelque
tems , la teint, la corrompt, & fe couvre de bulles,
& fi la corruption eft avancée , le poumon nagera,
quand même le foetus n’auroit pas refpiré, & l’expérience
ne prouve plus rien contre fa mere. Mais
pour conftater fon innocence, il conviendra alors
de jetter dans l’eau le foie ou le coeur du foetus. Si
c’eft la putridité qui a fait furnager le poumon,
elle fera furnager également le foie ou le coeur, &
fl ces vlfceres furnagent, il eft prouvé que le pou-
ijion fumage par le fimple effet de la pourriture.
R E S
Si le foetus eft extrêmement corrompu, & le poumon
réduit en pare par la pourriture, il fe fera
déchargé de fon air, & il coulera fond. Un poumon
dans cet état ne prouve pas l’innocence de la
mere : il ne la charge pas non plus, ôi l’expérience
eft nulle.
il ne feroit pas impoflible qu’un enfant vînt au
monde avec des pierres , des concrétions gipfeu-
fes, Scdesfquirres dans le poumon ; un poumon de
celte efpece pourroit aller îl fond , fans que pour
cela la mere fût innocente, car le foetus pourroit
avoir vécu. 11 arrive bien dans les adultes, & je
l’ai vu plufieurs fois ,que le poumon fquirreux, plll.
treux , gorgé de fang, efl allé à fond, après mille 8c
mille rcfpiianons. Mais ces cas font infiniment rares
dans les enfans qui viennent de naître, & le pige
ne pourroit pas être induit en erreur, parce que
la caufe qui a empêché le poumon de nager tombe
lous les yeux.
Si le foetus a vécu fans refpirer, ce qui peut arriver
, ôi ce que j’ai vu dans les animaux, fes poumons
iront <1 fond , parce qu'ils n’ont pas été remplis
d’air, & la mere pourroit être coupable. Mais
ce cas doit être très-rare , il n’eft pas préfumé , 6c
la mere n’en doit pas fouffrir.
Si quelqu’un avoit voulu fccourir un enfant né
fans refpirer, & s’il avoit foufflé dans la bouche
de l’enfant, le poumon nageroit fans doute , & la
mere pourroit également être innocente. C ’eft un
cas poffible, mais où l’affirmative devroit être
prouvée.
Le poumon d’un animal tué par la force du viii-
de , pourra nager ou aller à fond fuivant les cir-
conftances. Il nagera , fi le vuide a agi avec vî-
teffe , & que l’air n’ait pas pu s’échapper par la
trachée. Le poumon fe gonflera alors jufqu’à crever.
11 nagera conftamment fi l’on a lié la trachée.
Mais s’il a effeêUvement crevé , ou fi l’air a pu en
fortir par la trachée, il pourra arriver que le
poumon foit denfe , compaft, rouge , & qu’il
aille à fond.
Je n’ai rien trouve de bien affuré fur l’état des
poumons des perfonnes tuées par la foudre, otr
des animaux que l’air développé, que les Anglois
appellent improprement air jîxcy aura tué, ou qui
ont péri dans la grotte du chien. Tout ce que j’at
pu recueillir, c’eft que le poumon dans ces diffé-
rens cas a été comprimé & blanc, le fang paroît
en avoir été chalfé.
Après cette digrefflon, revenons à l’effet de
l’expiration fur le poumon. PrelTé de toutes parts ,
il deviendra plus petit dans la même raifon , que la
cavité de la poitrine diminue. Ses lobes s’accumuleront
les uns fur les autres, les angles que les
bronches font entr’eux deviendront plus aigus ,
les bronches eux-mêmes plus courts & plus étroits,
les vailTeaux qui les accompagnent reprendront
leur figure de ferpens, & leur longueur diminuée
les fera replier fur eux-mêmes.
Les vaifleaux du poumon étant comprimés, le
fang en reflueroil contre les arteres , fi le torrent
du fang artériel ne lui refiftoit. Mais comme la force
du coeur eft plus grande que la force de l’expiration,
la preffion que foiiffre le fang veineux, le
fang même artériel du foetus eft entièrement déterminé
contré le finus gauche, & le poumon fe trouvant
déchargé, l’anxiété ceffe.
Le poumon en foiiffre d’autant moins , que d’un
côté il fe delivre du fang, & que de l’autre l’artere
pulmonaire lui en apporte moins, parce que fc*
branches réfiftent davantage à l’imprefflon du
coeur.
Nous avons dit que le poumon ne peut pas don-
ngr paffage à cette énçjime quajaiit« de (aJ’S **
R E S
difproporilonnée à fon volume , que par l’aftlon de
l’air, qui étend les bronches, qui redreffe les vaif-
feaux tortueux, quioenleve de defliis les arteres du
poumon la compreflîon des bronches ôc des lobes
accumulés les uns fur les autres. L’expiration ne
fauroitdonc être foutemie long-tems, & I ’amefent
la nécefflié d’une nouvelle infpiration , qui enfle le
poumon, & qui ouvre le paffage au fang.
Quand l’air manque au poumon , 6c que malgré
les efforts de la poitrine, ce vifccre ne peut fe gonfler
, il naît une anxiété intolérable, & la mort
même y fiiccede en peu de tems. C ’eft le cas des
animaux qui périffent dans le vuide , ou bien dans
un efpace où l’air eft trop raréfié pour pouvoir ré-
fifter à la coniraftion naturelle des folides du pou-
mon, & oii par conféqiient le poumon ne s ’enfle
pas. Les animaux à fang chaud périffent dans une
minute ou deux , & cette mort eft irrévocable. Jfai
efl'ayé fur ces animaux la force du choc cleêlrique :
il produit quelques mouvemens dans les mufcles,
mais qui ne fuffil'ent pas pour rappeller l’animal à la
vie.L
es animaux h fang froid , dont les poumons ne
reçoivent qu’une artere médiocre , & dans lef-
quels le poumon devenu inutile n’arrête donc
qu’une petite portion de la circulation , l’opération
du vuide eft beaucoup plus lente, les poifTons y fur-
vivenî des jours entiers.
Dans l’homme la nécelîîté d’une nouvelle infpiration
revient bien vite , mais l’ame ne l’attend
pas ; elle fait agir les organes de rinfpiration avant
quelle fente la nécefflté. L’expiration ne défemplit
donc jamais entièrement le poumon, & l’infpira-
lion n’y accumule jamais ce fang à un degré incommode.
PJu-s un homme fe porte bien , plus fa refpiratlon
eft libre , &L plus elle eft lente , toute chofe égale.
On refpire une fois pendant que le coeur frappe quatre
fois la poitrine, il y a même quelquefois cinq 6c
fix pouls contre une rtjpiration.Toüie efpece d’exercice
accéléré 6c le pouls & la refpiration, mais la
fievre accéléré beaucoup plus le pouls. La volonté
peut prolonger la refpiraiion ; je l’ai fait durer pendant
l’efpace de feize pouls.
Le foupir eft une infpiration profonde & longue,
par laquelle le poumon fe remplit d’une grande
quantité d’air. Nous foupirons pour dégager la
poitrine , quand le fang a de la peine à y paflér ;
c’eft le fruit de la triftelfe.
Le bâillement différé du foupir par l’ouverture
lente 6c complette des mâchoires, par la longueur
& la grandeur de l’infpiration , par lefquelles il fiir-
palTe le foupir. Il en différé encore par une grande
expiration qui la termine. C ’eft encore un des
moyens dont l’animal fe fert pour faire pafl'er le
l.ing par le poumon, lorfque ce paffage eft médiocrement
embarrafl'é, après la courlé, avant le fom-
mcil, dans les vapeurs , dans le vuide.
La fuccion aura la place , elle appartient à l’inf-
piration.
Le halement eft une fuite de courtes infpirations,
qui alternent avec des expirations également courtes.
Le deffein de la nature y eft encore d’ouvrir,
le plus qu’il eft poflible , les paffages du poumon ,
pour que dans un tems donné, il y pafle le plus
de fang qu’ü eft poflible. Le mouvement mufeu-
laire, la courfe , les maladies avec obftruêtion du
poumon nous forcent d’haleter.
L’effort eft une longue infpiration , dans laquelle
le diaphragme defeend le plus qu’il eft poflible pendant
que la glotte eft fermée , & que les mufcles
du bas-ventre fe contraêfent. Cet effort fert com-
nninément à forcer le paffage des excrémens ou du
foetus; il contraint les vifeeres du bas-ventre de
Tome IF ,
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defçendre,& compri-m^ tout ce qui eft contenu
dans cette cavité. Ces avions réunies forcent à ior-
tir par les ouvertures inférieures de l’abdomen ce
que nous voulons en faire lortlr, les excrémens,
le foetus.
Un autre effet de l’effort, c’eft d’augmenter les
forces toutes les fois qu’on a un grand poids à élev
e r , & une grande puiffance à vaincre. II n’eft pas
fi aifé de trouver le méchanil'me, par lequel l’effort
donne des forces à l’homme, 6c par lequel l’exoi-
ratlon lui ôte dans le moment celles que rinfpiration
lui avoit acquires.
On fait, à la vérité, que le fang eft repouffé
vers le cerveau , parce que l'entrée du poumon eft
devenue plus difficile. On voit le vifage fe gonfler ,
le fang en hauffer la couleur , les yeux comme rougir,
& leurs vaiffeaux comme injeéfcs. On comprend
que le fang repouffé vers le cerveau agit fur
ce vifeere, comme l’inflammation & comme les
boiflbns fpiritueiifes agiffent. Dans la phrénéfie, le
fang fe porte avec abondance vers le cerveau , 8c
les forces de l’homme deviennent terribles. L’expiration
permettant au poumon de fe vuider, peut
relâcher ces forces.
Il m’a paru cependant qu’il y a quclqu’autre raifon.
On verra à fa place l’effet que l’expiration
fait fur le cerveau; c’eft elle qui le gonfle, 6c l’infpi-
pirarion naturelle le défenfle. Il eft vrai qu’une infpiration
foutemie le gonfle aufli, mais il doit y avoir
une raifon pourquoi l’expiration, qui certainement
pouffe le fang dans le cerveau , ne donne pas des
forces , comme les donne l’infpiration continuée.
Il m’eft revenu que dans la grande infpiration ,
l’épine du dos eft redreffée le plus fortement qu’il
eft poflible, la tête 6c le cou jettes en arriéré , &
que l’épine du dos acquiert dans cette époque foute
la roideur dont elle eft capable. Les mufcles du
bras, qui viennent de l’cplne,6c qui clevent, ou
l’omoplate, ou la clavicule , ou rhumerus, ont, par
confequent, dans l’infpiration, un point fixe parfdir,
rien ne fe perd de leur force; comme l’épine ne cede
point, toute leur force eft employée à élever le
bras, 6c le poids que l’on veut vaincre. Les mufcles
même des cuiffes tirent leur origine du baffin ou
des vertebres, 6c ils acquièrent par le même mé-
chanifme un point d’appui immobile par la tenfion
des mufcles dorfaiix. L’expiration relâche les forces
qui rendoient l’épine du dos rolde ; elle'ôtoaux
mufcles une grande partie de leur aOion , parce
qu’elle fait céder l’épine pendant que Je bras s’élève
, &c.
La voix 6c la parole appartiennent à I’infpiration,
mais elles font trop compliquées pour être traitées
dans cet article. Foye^ V o ix , Suppl.
La toux ell aulfi un dérangement de la refpha-
tion. Elle commence par une grande infpiration ,
une grande expiration la luit ; c’eft le moyen dont
fe fert la nature pour balayer le poumon ôc les
bronches du mucus ou de tout autre corps
incommode. Quand une feule expiration ne nous
en debarraffe pas , nous y failbns fucceder
plufieurs autres fecoulTes, toutes compofées d’une
grande infpiration & d’une expiration accélérée.
Comme c ’eft un aéle volontaire 6c coinpofé, il eft
très-difficile de forcer un animal de touffer, qttel-
que ftimulani que l’on applique â la trachée.
L ’éternument eft plus violent encore que la toux/
Ce ftimulus réfide dans les narines plus fenfibles
que les bronche.s. C ’eft une infpiration violente ,
la tête 6t le cou font rejettes en arriéré avec la plus
grande force, 6c une expiration également violente
y fuccede ; la tête 6c le cou font mis dans un état
de flexion, les cuiffes même font élevées. Cette
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