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C’oit cette même clirpoirion à un fentiment exquis
qui renJ ces nerfs îi ieniibles à l'acreté. L’eternu-
ïiient, mouvement des plus convullifs , ell TefFet du
tabac & de Theliebore, & ces plantes âcres n’au-
roient rien produit de pareil, fi on s’étoit contenté
de les mâcher , & meme fi elles avolem etc répandues
dans rccll. Les hommes qui vivent d'une nourriture
finiple & uniforme , ont X'odomi plus fin ; c’eft
îe privilege des Tauvages de l’Amérique. On a vu un
enfant élevé dans un défert flairer les herbes, comme
le feroitune brebis, 6c choifir par Votiorac celle dont
ÎI vouluit fe nourrir : rendu à la focictc , accoutume
à diircrens alimens, il a perdu ce privilege. Cette
miditc des nerfs eflcntielle au feus de VoJonu ^ rend
la mucofitc ncccflâire; fans elle flair, dont le courant
palfle le plus ordinairement par le nez dans la
refjiiration , deiTccheroit rendroit infenfible la
numbrane pituitaire. C'ell à la inucoruc qu'on doit
peut-être la prcfence durable d’une odeur violente,
qui qutdquefois ne nous abandonne pas pendant des
journées entières.
Prefque tous les animaux font pourvus du fensde
Vo.lorjt ^ du moins les infeéles vont-ils chercher de
luin leur femelle ou leur nourriture. On a vu des
papillons mâles s’obfliner autour d’une boéte fermée
, dans laquelle il y avoir de leurs femelles qu’ils
ne pouvoient pas voir. Les abeilles lavent découvrir
au loin le miel, & en aller faire leur butin;
chaque infetfe vole, lans s’égarer, aux corps propres
faire éclorre les ceufs qu’il va pondre.
Pour les animaux flvnlllié de Xodorai efl lansdoute
de découvrir leur pjoie 6l de choifir leur aliment ;
les vaches , les brebis favent choitiv dans un pré les
herbes qui leur conviennent , l.ms toucher à celles
qui ne leur loru iennent pas ; le goüi les aide, mais
ce (eus virndroit tard, fi \'odor<u ne les averiilfloit
avant qu'ils eufl'em touché à des herbes nmhbles.
C'n \oi' dans le penchant des Alpes des étendues
iirm.', ni .■> couvertes de grau le tjeuiiane, d’hcUebore
b'uiiv: 'JC de najjel ; les \ aches , les moutons, les chèvres
qui paiirrnt dans ces quartiers, n'en touchent
jamais une teuiile. Les Eipagnois, dit-oii, qui par-
courolcnt u;^ nouveau monde , 6c qui craignoient de
trouver un podon dans des triiiis qu’ils voyoi.nt
P'>ur la premiere foi-,, n’en touchoient que ceux oîi
des animaux avoient mordu.
L'hoinmc a reçu , comme la brute, V odorat \>o\\x
cboiiir la nourriture. Quoique l'habitude l’emporte
quelquefois fur les dell'eins de la nature, je n’en
fui' pas moins perluadé qu’aucun aliment n'ell la-
Iiuaire, quan I fou odeur elf délagréable. Je regarde
comme pernicieux ce gibier que les connoilicurs
preferent; le commencement de pourriture qui en
rend les hbres tendres ne peut qu’être contraire à la
lantc : toute pouniture detniit la vie animale, elle
parvierif à devenir un poifon affure des qu’cdle elf
po! liée à un cc-riain degré : fi elle ne devient pas
tunelle, c’ell que le ciegoCir fait rejetter ce que la
nature veut nous f<iire éviter. Je me perfuade de
même que tout aliment tfl bon, lorl'que ion odeur
efl agréable , Ôc que le goût confirme cet agrément.
On a dit que la mancenillc joint à une odeur agréable
un poilbn inoriel ; des relations plus nouvelles nous
aflurent qu’il cfl impoflible de s’empoifbnuer avec
la mancenille, & qu’on ne iieui ni la mâcher, ni
l’avaler. Je ne chlconviens pas que l’utfortrr n'ait encore
pour but le p'aifir qu’il nous caufe : les fleurs
ne fervent pas à notre nourriture, mais elles flattent
bien agréablement nos fens par leur parfum. U y a
plus; cette odeur exqulie paroit être faite pour
l’homme feu! ; la nature fans-doute, en donnant de
riches couleurs A ram de fleurs, a eu noue bonheur
en vue. Odorant , Pr inxipe, dans ie
raif. des Sùcnces^ &c. (//. D , G. )
(ECO
(E C
(ECHALTa , (Gèonr. anc^ Hercule dctrulfit cette
ville pour le venger de la perfidie d’Erytus qui en
ctüit roi, & qui, après lui avoir promislole la fille,
avoir retire ia parole.
Mais il n ell pas laclle de déterminer la pofiiion
de cette (Echalu : on connoit une ville de ce nom
dans la Meflénie au Péloponnefé, & on croit que
c’ell celle d'Erytus. Strabon pente que ï'OEchalU détruite
par Hercule efl dans l’Eubée, au voifinage
d'Erctrie; on en connoit une troifleme en Tbcflaiie.
Géogr. de (C.)
§ (ECONOMIE AM.MALE , ( Mid. ) Pour parvenir
à 1a connoiflance à^'Ccnconomli animaU ^ il faut
connoître exailement le corps humain. L'anatomie
grülîicre ne conduit qu’à des généralités 6e à des
erreurs, la vérité ne fe fonde que lur le détail
le plus précis 6c le plus fouvent vérifié. Kien n'ell
indift'érent pour la fcicnce que l’on louhaite d'acquérir;
les grolTes parties bt ia plus fine, la llruc-
ture mifcrolcopique , tout cfl ellVntiel, parce qu’on
efl obligé de s’arrêter, dès qu’on ignoi e la vcriiable
flruélure d’une partie. Le Icalpel, l’inj thon , le mi-
crolcope doivent fe réunir pour nous procurer cette
connoiflance: elle ne fera jamais partaiie , mais elle
nous guidera du moins jufques à un certain point,
6c elle nous prélervera fur-tout des erreurs.
Cette anatomie doit s’étendre lur les animaux 6c
fur toutes leurs claffes. Lfuir llruffure comparée
jette un jour infini fur X(zeortomie animale. Si des
fonctions s'exécutent dans des animaux dénués d’une
certa.ne dalle de parties ; ces parties ne font donc
pas les cailles uniques 6c nécefl'aiies de cette fonction.
Si des animaux lans tête Sl fans neris font irritables,
l'irritabilité peut donc s’exécuter fans nerfs.
Il y aiiroit mille exemples à donner de i’iifage de
cette i'eule regie, Ii la nature de notre ouvrage ne
nous bornoit,
L’anatomiedesanimaux vlvans, la contemplation
des mouvemens qui s’exécutent dans l’homme , font
egalement n-cellaires jiour éviter le fabuleux 6c
pour s’approcher du vrai. Il faut voir agir le coeur ,
la rdpiraiion, les intertins, les mu'cles, pour parler
de leur aélion avec quelque dégrc de certitude.
Les blefl'ures peuvent, fous les yeux d’un homnte
attentif, être d’un plus grand ulage encore, parce
qu’on peut propofer des queflions à l’homme Sc
en recevoir des reponfes. Le mouvement périflal-
tique , la maniéré dont la niucofitc fe répand fur la
furface interne d’un inieftin , à la fuite d’une irritation
, ont été pleinement conftarés par des obfcr-
valeurs qui ont vu l’inteflin fortir du corps ou par
une chiite de l'anus ou par une blelTure.
La dilTeêlioiî des corps morts de différentes maladies,
répand un grand jour fur l’ufage des parties.
Si un organe fe trouve dérange ou détruit, que
dans l'hotnme , dont on a ouvert le corps, une
fonétion a manqué ou s’efldérangee, il naît de cet
accord une [irobabiliié , que cetie fonélion efl l’effet
de cet organe : cette probabilité devient une ef-
pece de certitude , quand fur un grand nombre de
iujers, on a trouvé réunis 6c le dérangement de la
flruélure 6c celui de la fonélion. On a cm de nos
jours avoir trouvé dans les fous &: dans les maniaques
le cerveau endurci , & fpécifiquement plus
pefani. Si cette obfervaûon fe confirmoit, 6c ù tous
les maniaques avoient la moelle plus dure & plus
pefante , on auroit fait un pas pour connoîire le
fiege 6c la caufe de la folie.
Si dans plufieurs fujets , l’artere aorte a été cm-
barraffee dans fon origine , & fi dans ces corps
i’oredle gauche 6c le ventricule de ce côté ont été
trouvés
( SCO trouvés élargis, on peut conclure avec ccr.itudc
que le làng coule de ces cavités dans l’aorte.
Si au contraire, un organe fe trouve dérangé &
vicié dans plulieurs fujets, 6c fi une fondlion n’a
point été altérée dans ces memes fujets , on peut en
conclure que cette fonclion n'efl pas l’effet de cet
organe. Si un grand nombre de perfonnes ont eu
d'-s pierres dans la glande pinéale , 6c que les fonctions
de flame n’ont pas été dérangées dans ces perfonnes
, il paroît démontré que la glande pinéale
n’efl pas le fiege de l’ame.
Les expériences faites à deffein fur dés animaux
vlvans, font ablblumcnt néeefTaires pour acquérir
de la conviêlion. Galien a bien mérité de la j)ofté-
rirc parcelles qu’il afaites. Il a coupé les nerfs recur-
rens, ii a vu qii'e la voix manquoit à l’aniina!. Il a
retranché les nerfs intercoflaux , la poitrine a perdu
le mouvement. Il a divilé la moelle de l'éjune , la
partie du corps de l’animal placée au-delîbus de
la divifion, d l reliée immobile 6c infenfible. C’eft
uniquement par cette voie que l’on a pu fe décider
fur les tonétions des nerfs, des mufcles, fur la
direélion du fang dans les vaifl'eaux ; en un mot,
ce que l’on connoit de plus avéré , efl dû à-peu-
près à ces expériences.
Il n’en cfl de moine des obfervations fûtes fur
les malades : on peur à la vérité en tirer un parti
unie ; mais il efl trcs-ailc de fe iailfer guider à l’erreur
par des oblcrvarions le plus fouvent nécdfii-
rcmenc vagues 6c indctcrniinées. Telles font les
douleurs qu’on a attribuées à l’os , au pcriolle , à
l’articulation, au tendon: le phénomène lui-même
ne diftingueroit pas la partie foufframe ; la douleur
ctoit da;.s le membre, c’ell gratuitement qu’on l'a
placée dans l’articulation , dans des parties auxquelles
la nature a reful'é le fentiment. De nos
jours on a fait un grand abus de ces obfervations
indéterminées, on a prefque réuffi à établir des
hypothel'es que l’évidence réfute. On ne doit jamais
aller au-delà rie ce que l'on voit, ni attribuera une
partie nommée des phénomènes qui peuvent être
ceux d’un autre.
Je n'infifle pas fur flutillté des mathématiques
dans Voe.onornic animale. Elle ell bien fenfible dans
Il s fonctions de i’oeil, elle ne l’efl pas également fur
les mouvemens des organes vitaux. Jiifqu’ici les
calculateurs ont trouvé des rcfiilrats fi oppofes,
qu’ils om dégoûté les phyfiologiftes modernes de
tout ufage de la géométrie.
Je UC difeonviens ])as qu’on a fait fervir la
fource -ie l’évidence pour la propagation de l’erreur.
Un homire célébré qui ignorait la force, de
l'irritabilité , n-.'. pouvoir comprendre que la force
du coeur pût s’accroitre avec les réfiflances ; ce
phenoincne lui paroillbit contraire aux notion.s les
plus fimpies. Un être intelligent léul pouvoir redoubler
Ic.s ctTorts contre une réfiflance augmentée,
notre géomètre démontrolt par le calcul, que
le coeur devoir perdre de Ion effet à proportion que
la réûllance feroit augmentée. Il vouloir clémonrrer
l’impolfibilitc d’un phénomène dont les l'ens prouvent
l'évidence. On lie l’aorte d'une grenouille , fl
l’on veut, après avoir arraché le ccêur; on lie la
veine cave & l’on fait refler le fang dans le ventricule.
On verra alors le coeur agir avec un eflbrt redoublé
lur ce fing, le pouffer dans l'arterc, la gonfler
l’alonger, employer en un mot deselforts qui n’ont
pas lieu dans l’animal lain , 6c dont le fang coule
avec la facilité naturelle. C’efl que les efforts d'un
imilcle augmentent avec l’irrltailon dont ils font
1 effet, 6c le fang renfermé dans le coeur fervoit d’un
aiguillon toujours préfenr.
Ce^roitcqjcndani-Iapcrfeéliondcîafcience,fllcs
( SCO I C 5
mouvemens du corps animai Sc leu.’'s caufes mécha-
niques pouvoicnt être fouinifes au calcul. Nous ne
femmes pas encore arrives à ce terme , fl digne de
nos voeux. Il ne faut cependant pas en déléipérer.
Dans l’oeil on y efl à-peu-près arrivé, l’ourquoi
d autres organes plus volumineux, également lou-
niis a l expérience & à la meflire, s’y reiûl'eroient-ils}
Je ne porte pas mes cfpcranccs aux caufes premieres
des mouvemens animaux. On ne connoit pas celle
de la gravité, mais on en connoit les effets, on en
mcflire avec préciflon les accroifl’emens. I)ans le
nnifcle je ne me flatterai pus de découvrir jamais la
caufe mcchanique paiTaqucUe le nerf met les fibres
ch.irnues en mouvement ; mai.s je ne délelpere pas
de déterminer exaélement 6c le véritable effet du deltoïde
, & l’effort beaucoup plus grand que le mufcle
fait pour opérer cet effet. On ne connoîtra jamais la
fource méchanique, dont naifi'ent Ic.s mouvemens
qui fuivem l’irritation; mais on s’approchera, on
parviendra jieut-ctre à en mefurcr exaèlcment l’effet,
à comparer cet effet à la force du flimulus, à déterminer
la durée de i’imprefflon motrice du flimulus,
à en calculer flaccuniiilation Scia force renaiflame
apres un repos apparent, qui n’ell que la fuite de la
foiblefle Sc de l’infuflifance du flimulus.
Après ces généralités, je ne faurois me difpenfcr
de remettre dans leurs bornes, les propofitions bazardées
dans cet articje du Dîcî. rciif. des Sciences.
Le moule intérieur efl une expreflion qui ne renferme
aucun lens , 6c ne donne aucune idée.
Les expériences de M. Lamure ne font pas les premieres
qui aient été faites fur l’influence de la refpi-
ration. Elles font même incomplettes Sc ne répondent
pas en tour aux phénomènes. J’ai publié mes
expériences avant que M. Lamure ait donné lesfien-
nes. Il en a fait de beaucoujj plus nombreufes , il a
étendu l’effet de la rcfpiration fur les veines inférieures;
il a averti que ce reflux n’ell pas dans la nature,
6c qu’il n'a lieu que lorfque l’on a détruit le
crâne, & donné à la dure-mere une mobilité qu’elle
n’a pas dans l’état naturel. M. Lamure a d’ailleurs
aflirmé plufieurs faits contraires à l’expérience. Les
Anus ne pulfent point ; le mouvement du cerveau ne
paraît que iorlque l’on a détaché la duro-mere du
crâne. La ligature des veines jugulaires ne produit
pas d’afibupiffement. Il n’y a point d’dpace entre
les (leux meninges.
Hippocrate Sc les anciens étolent trop peu anato-
miftes fans doute, pour écrire une bonne phyfioio-
gie. Ce n’efl qu’à force de génie , que ces gens
voyoient quelquefois au-delà des phénomènes inconnus
encore , 6c devinoient des caufes qu’ils
dévoient ignorer. Le fyflcme d’Hippocrate avoit
d’ailleurs beaucoup de rapport avec celui de Stahl.
Sa nature, quoique corporelle, avoit de l’intelligence,
de la prévoyance mê'me.
Galien, meilleur anaromifte, s’ctolt éclairé par
les expériences qu’il faifoit fur les animaux en vie.
Accablé fous le poids d’une foule de fciences, auxquelles
un homme ne pouvoir fuffire, Il donnoit quelquefois
des mots pour des chofes ; mais il y a beaucoup
à apprendre avec lui. Il a lémi l’évidence de
la petite circulation à travers les poumons. II a
fait des expériences très-fines Sc très-difficiles.
Les reflux vers le foie n’exiflent pas dans l’animal
vivant, quoique ce foit un phénomène vifible
dans un chien'ouvert. Si le fang refluoit dans le foie,
au lieu d’aller au coeur , le coeur ne recevant pas fa
portion nccell'aire de fang, ne feroit pas afièz irrité
Senc battroit plus. Le diaphragme peut modérer la
quantite du fang qui revient du bas-venire dans
l’infpiration , mais il ne l’écarte pas entièrement.
(J/./). G.)
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