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608 R E P deces nerfs animent les quatre cornes du coquillage,
&C préficlent à tous leurs jeux. Ün peut s’ètre amufe
à contempler lesmouvemens fi variés de ces tuyaux
mobiles en rom iens , que l’animal fait rentrer dans
fa tête, & qu’il en fait ibrtir quand il lui plaît. On
n’imagine point combien les deux grandes cornes
font une belle chofe : on connoît ce point noir 6c
brillant qui e(l à l’extrémité de chacune : ce point
ert un véritable oeil. Ceci doit être pris au pied de
la lettre : il ne s’agit pas d’un fimple cornée d’infefte.
L’oeil du limaçon a deux des princijiales tuniques de
notre oeil ; il en a encore les trois humeurs ; enHn ,
il a un nerf optique de la plus grande beauté. Sans
s’arrêter à l’appareil des miilcles deftinés à opérer
les divers mouvemens de la tête & des cornes,
nous ajouterons feulement que le limaçon a une
bouche , revêtue de levres , garnie de dents , &
pour vue d’une langue 6c d’un palais. Toute cette anatomie
feroie feule un petit volume ; 6c ceux qui en
font curieux, peuvent recourir à la B iM e d i U nucu n
de Swammerdam.
Croira-t on à préfent que ces cornes du limaçon ,
qui font de fi belles machines d’optique, fe régénèrent
lorfqu’on les mutile ou même qu’on les retranche
entièrement? Cette régénération parfaitement
conftatée, ell en même tems fi complette 6c fi parfaite
, que l’anatomie la plus exaéle ne découvre
aucune différence entre les cornes reproduites , 6c
celles qui avoient été mutilées ou retranchées. Voilà
fans doute déjà une alTez grande merveille ; mais ce
qui ctl rouf audî vrai, fans être le moins du monde
vrailemblable, c'ell que toute la tête du limaçon ,
cette tête qui ell le fiege de toutes les fenfations de
l’animal, 6c qui, comme on vient de le voir, eft
l ’ademblage de tant d’organes divers, 6c d’organes
la plupart li compoles ; cette tête fe régénéré toute
entière ; 6c fi on la coupe au limaçon, il s’en refait
une nouvellequi ne différé pointdel’ancienne. Certe
régénération ne fe fait pas comme celle du ver de
terre 6c de ces vers d’eau douce qu’on multiplie en
les coupant par morceaux, 6c dans lefquels la partie
qui le reproduit, fe montre d’abord fous la forme
d’un petit bouton , qui s’alonge peu-à-peu , 6c dans
lequel on découvre tous les rudimens des nouveaux
organes. Il n’en va pas de même dans la régénération
de la tête du limaçon : les loix qui s’y obfervent,
loni toutes differentes. D ’abord, les diverfes parties
qui compofoient cette tête , ne fe montrent pas
toutes enfemble ; elles apparoilTent ou lé développent
les unes après les autres ; 6c ce n’eff qu’au bout
d’un tems affez long qu’elles femblent le réunir ,
pour former ce tout li corapofé qui porte le nom de
létî.
Cette découverte fl belle & fi neuve a d’abord
excité bien des doutes, qui auroient pourtant dû
céder à tout ce que MM. de Réaumur 6c Trembley
avoient déjà publié fur la régénération du polype ,
&c fur celle de bien d’autres animaux de la même
claffe ôc de claffes très-différentes. Croiroit-on
qu’il a paru en 1766 , une brochure intitulée L u m
d i M . de Rome de T i p , à M . Bertrand f u r les p o lypes
d'eau douce ^ où l’auteur prétend démontrer
que M. deRéaumur 6c Trembley fe font trompés
en regardant le polype comme un véritable animal ?
Cette auteur ofe avancer, comme une chofe au
moins très-probable, que le polype n’ell point un
animal, mais qu’il n’eft qu’un façon fourreau, plein
d’une multitude prcfque inlinie de petits animaux.
Cet écrivain, qui n’avoit jamais vu de polypes ,
qui n’avoit jamais lu M. de Reaumur, ni M. Trem-
biey , ii’cff que i’abreviateur de M. Bazin ; il y a
dans fa brochure plus d’erreurs & de méprifes que
de pages , 6c elle ne mérlioir affurément pas que
M. de Bomare en fît un e.xtrait dans le SuppUnuni
R E P de fon Dlclïonnaire dliifoire naturelle , au mot Po
LYPE.
Pour revenir à la régénération de la tête du lima-
çon , quelquefois il ne paroît d’abord fur le col ou
le tronc de l’animal, qu’un petit globe, qui renferme
les rudimens des petites cornes, de la bouche des
levres 6c des dents. D ’autres fois on ne voit paroîire
d abord qu’une des grandes cornes , garnie de foii
oeil: au-delTus , & dans un endroit écarté, on découvre
les premiers traits des levres. Tantôt on
n’obferve qu’une^ efpecc de noeud formé par trois
des cornes ; tantôt on découvre un petit bouton
qui ne renferme que les levres ; tantôt la tête le
montre en entier, à la réferve d’une ou de plufieurs
cornes. En un mot, il y a ici une foule de variétés
qu’on traiteroit de bifarreries, s’il y avoir dans là
nature de vraies bifarreries. Mais le philofophe
n’ignore pas que tout s’y fait par des loix confiantes
qui fe diverlifiem plus ou moins fuivant les fujets,
6c dont telles ou telles reproduUions font les réfultats
immédiats. Maigre toutes ces variétés dans la régénération
de la tête du limaçon , cette régénération
fi furprenante s’acheve complettemenr, 6c l ’animal
commence à manger fous les yeux de l’obfervateur,
S’il relloit quelque doute à cet égard, on le diffipe-
roit par la diffeâion de la tête reproduite , qui y
démontre toutes les parties fimilaires 6c diffîmilaircs
dont l’ancienne étoit compofée.
Le limaçon, en comparaifon du polype, eff une
efpece de coloffe; l’anatomie y découvre une multitude
d’organes dont le polype ell privé : cependant
le limaçon ne paroît pas encore affez élevé dans
l’échelle de l’animalité; il relie toujours, je ne fais
quelle difpofition à le regarder comme un animal
imparfait, qu’on place volontiers tout auprès de
rinleéte; 6c ce volfinage, qui ne lui eft point du
tout avantageux, diminue un peu à nos yeuxUa
merveille de fa régénération. S’il nous paroiffoit
plus animal , il nous étonneroit davantage, parce
que nous ne jugeons des êtres que par comparaifon ,
6c nos comparaifons font pour l’ordinaire peu phi-
lofophiques.
C’eil donc un beaucoup plus grand fujet d’étonnement
d’apprendre qu’un périt quadrupède, con-
flruit à-peu-près fur le modèle des petits quadrupèdes
qui nous font le plus connus, fe régénéré prelque
tout entier. Ce petit quadrupède elt la falamandre
aquatique, déjà célébré chez les naruraliffes anciens
6c modernes, par un grand prodige, qui n’avoir
d’autre fondement que l’amour du merveilleux, 6c
que l’amour du vrai a détruit dans ces derniers tems:
on comprend qu’il s’agit du prétendu privileo-e de
vivre au milieu des flammes. La falamandre 'eff fi
peu faite pour vivre dans le feu, qu’il eff démontré
aujourd’hui par les expériences de M. Spallanzani,
qu’elle ell de tous les animaux celui qui réfiffe le
moins à l’excès de la chaleur.
Les infedes n’ont point d’os, mais ils ont des
écailles qui en tiennent lieu. Ces écailles ne font pas
recouvertes par les chairs , comme les os ; mais elles
recouvrent les chairs. La coquille du limaçon, fub-
ffance plerreufe ou cruffacée, recouvre aulfi les
chairs ; 6c ce caractère ell un de ceux qui femblent
le rapprocher le plus des infeêlcs. Il y a cependant
quantité d’inCeélesdont le corps ell purement charnu
ou membraneux. 11 en ell d’autres qui font prelque
gélatineux; à cette claffe appartient la nombreulé
famille de polypes. La falamandre a , comme les
quadrupèdes, de véritables o s , qui font recouverts,
comme chez eux, par les chairs. Elle a de vériraMes
vertébrés , des mâchoires armées d’un grand nombre
de petites dents fort aiguës ; 6c les jambes ont
à-peu-près les mêmes os qu’on obfcrve dans celles
des quadrupèdes proprement dits. Elle a un cerveau,
R E P un coeur, des poumons, un effomac , des intelHns,
un foie, une vélicule du fiel, 6*c. Elle paroît fe
rapprocher,par faforme ÔC par fa llruâure,dii lézard
6c du crapaud. Elle n’ eit pas purement aquatique ,
elle ell amphibie; elle peut vivre affez long-rems
liors de l’eau.
Si l’on a jette un coup-d’oeil fur un fqueletre, ou
fur une planche d’ollcoiogie qui le repréfente, on
aura acquis quelque notion de la forme 6c de l’cn-
grainement admirables des différentes pieces offeufes
qui lecomjxifent. L’effentie! de tout cela fe retrouve
dans la falamandre. Sa queue en particulier ell formée
d’une fuite de petites vertebras, travaillées 6c
affemblécs avec le plus grand art. Mais ces pieces ,
quoique multipliées , ne font pas les feules qui entrent
dans la conffruélion de la queue. Elle préfenie
encore à l’examen de l’anatomille un épiderme, une
peau, des glandes , des mufcles, des vaiffeaux fan-
guins, unemoèlle fpinale. Nommer fimplement toutes
ces parties, c’ell déjà donner une affez grande
idée de l’organifation de la queue de la falamandre ;
ajouter que toutes ces parties déchiquetées, mutilées,
ou même entièrement retranchées, fe réparent, fe
confolidenr, 6c même fe régénèrent totalement,
c’ell avancer un fait déjà fort étrange. Mais des parties
molles, ou purement charnues , peuvent avoir
de la facilité à fe réparer, à fe régénérer : que fera-ce
donc fl l’on peut aflurer que de nouvelle vertebres
reparoiffent à la place de celles qui ont été retranchées
? Que fera-ce encore, fi ces nouvelles vertèbres,
retranchées à leur tour, font remplacées par
d’autres ; celles-ci par de troifiemes , & c . 6c fi cette
ri'producîion(uccci'C\vç de nouvelles vertebres paroît
toujours le faire avec autant de facilité , de régularité,
de prccifion , que celle des parties molles, &
qui doivent demeurer telles }
Mais combien la régénération des jambes de la
falamandre ell-elle plus étonnante que celle de fa
queue; fi toutefois, après tant 6c de fi grands fujets
d’étonnement, il peut y en avoir de nouveaux 1
Qu’on n’oublie point qu il s’agit Ici d’un petit quadrupède
, 6c non fimplement d’un ver ou d'un in-
fefte. La divifion des animaux en parfaits 6c en imparfaits
, ell fans doute la chofe du monde la moins
philofophique : cependant elle ne laiffe pas d'être
affez naturelle 6c très-commune. O r , dès qu’on parle
d’un animal imparfait, l’efprit ell tout difpofé à lui
attribuer ce qui choque le plus les notions communes
de l’animalité ; témoin l’opinion fi ancienne 6c
fl ridicule, que les inleêles nailfent de la pourriture.
Eiit-on jamais donné cette origine, non à un éléphant
, à un cheval, à un boeuf, mais a un lievie ,
à une belette , à une louris? Pourquoi ? C’efi qu’une
fouris, comme un éléphant, ell un animal réputé
parfait, 6c qii’en cette qualité il ne peut naître de
la pourriture.
Qu’on fâche donc que la falamandre ell un animal
auffi parfait qu’aucun de ceux auxquels on accorde
ce caraûcre. Elle ell un quadrupède tout comme le
crocodile : fes jambes font garnies de doigts articulés
& flexibles ; les antérieures en ont quatre ; les pof-
térieiirs en ont cinq. Par jambe, au relie, il faut entendre
la cuifië , la jambe proprement dite 6c le pied.
Perfonne n’ignore que la jambe cil un tout organique
, compofé de parties offeufes, grandes , moyennes
6c petites, 6c de parties molles, très-différentes
entr elles. L’appareil de toutes ces parties fe trouve
dans les jambes de la falamandre. Cependant, fi l’on
coupe les quatre jambes de cet animal, il en repouffera
quatre nouvelles qui feront fi parfaitement fein-
blables à celles qu’on aura retranchées, qu'on y
comptera , comme dans celles-ci, 99 os.
On juge bien que c’ell pour la nature un grand
ouvrage que la nproduUion complette de ces quatre
Tomi IV,
R E S 609
jambes, compofees d’un fi grand nombre de parties,
les unes offeufes, les autres charnues: auffi ne s’a-
cheve-t-elle qu’au bout d’env-iron un an dans les la-
kniandres qui ont pris tout leur accroiffemenf.
Mais dans les jeunes tout s’opere avec une cclcrité fi
mervciileiife,que la régénération parfaite des quatre
jambes n ell que l’affaire de peu de jours. Ce n’ell
rjcn, ou prefque rien, pour une jeune falamandre,
que de perdre fes quatre jambes 6c encore fa queue.
Un peut meme les lut recouper plufieurs fois confe-
cutives, lans qu’elle ceffe de les reproduire toutes
entières. M. Spallanzani allure qu’il a vu jufqu’à fix
de QQsreproducUons fucceffives , oii il a compté 687
os reproduits. La force reproduclive a une fi grande
énergie dans cet animal, qu’elle ne paroît point diminuer
fenfiblement après plufieurs reproducHons ^
puîfque la derniere s’opere auffi promptement que
les précédentes. Une preuve encore bien remarquable
de cette grande force de reproduclion^c'cü qu’elle
fe déploie avec autant d’énergie dans les falamnndrc-s
qu’on prive de toute nourriture, que dans celles
qu’on a foin de nourrir.
On comprend bien que la régénération des parties
molles s’opere plus facilement encore que celle
des parties dures, 6c l’on ne fera pas furpris d’apprendre
qu’en obfervant avec le microfeope la circulation
du l'ang dans les jambes reproduites, on la
trouve prccifément la même que dans les jambes qui
n’ont fouffert aucune opération. On y diftingue nettement
les vaiffeaux qui portent le fangdu coeur aux
extrémités, ceux qui le rapportent des extrémités
au coeur.
Lorfque la reproduUion des jambes commence à
s’exécuter, on apperçoit à l’endroit où une jambe
doit naître , un petit cône gélatineux , qui ell la jambe
elle-même en miniature , 6c dans laquelle on
démêle très-bien toutes les articulations. Les doiots
ne fe montrent pas tous à la fois. D’abord les jambes
renaiffantes ne paroiffent que comme quatre petits
cônes pointus. Bientôt on voit fortir de part 6c d’autre
, de la pointe de chaque cône, deuxautrescônes
plus petits, qui avec la pointe du premier font les
rudimens de trois doigts : ceux des autres doiots fe
manifeftent enfinte.
Mais tout le merveilleux n’efl pas épuifé. Si l’en-
ticre régénération d'un tout organique , auffi com-
poié que l’cil la jambe d’un quadrupède, ell une
choie très-fiirprenante ; ce qui ne Fell pas moins , ou
Fell peut-être même davantage, c'eft qu’en quelque
endroit qu’on coupe une jambe , la reproduction
donne conftamment une partie égale & fembJable à
celle qui a été retranchée. Si donc l ’on coupe la
jambe à la moitié ou au quart de fa longueur, il ne
lé reproduira qu’une moitié ou un quart de jambe *
c’ell-à-dire , qu'il ne naîtra précifément que ce qui
aura été retranché. Si l’on fait, par exemple , la
fedion dans l’articulation du rayon , on voitrenaître
une nouvelle articulaiion avec le nombre précis des
os qui étoiertt au-deffbus de l'articulation. Les mâchoires
, les dents , 6c la multitude des pieces qui les
compofent, fe régénèrent auffi avec la même facilité
6c la même prccifion que les extrémités.
De pareils prodiges meritoient fans doute d’être
tranfmis à la poflérirc, & de fe trouver coniignés
dans le premier Dictionnaire des fc itn c c s qui paroît
apres leur découverte. Il ne nous en a coûté que la
peine de les extraire de la PalingJné/ïc de M. Bonnet,
le philofophe le plus propre à obferver 6c à rendre
compte des obfervations. ( + )
REPS, {G éogr. ) ville de Tranfylvanie , dans la
province des Saxons, &dansl’Atland. Elleefld'une
allez vallc enceinte, 6c elle a un château pour l'a
défenfe. (^D . G .')
RÉS ou REIS , ( Monnoie, ) monnoie de compte
HH hh