Ï2 N I O du Nil. Il eft encore incertain fi TAbawi des Abyllîns
eft le Nil, ou uiîe riviere qui te jette dans le Nil. En
effet, il le joint dans la Nubie à un fleuve appelle
dans le pays Rivitn blanchi, qui ayant plus d’eau que
l’AbawI, & venant de beaucoup plus loin, paroît
être le Nil des anciens. Satburce reculée dans l’intérieur
de l’Atrique, 6e qu’on juge être au voifinage
de l’équnteur, nous cfl encore inconnue. (C.)
NlÜBÈ , ( Myth. ) fille de Tantale & l'oeur de
Pclops, épouia Amphion , roi de Thebes , & en
eut un grand nombre d’enfans. Homere lui en
donne douze, Héfiode vingt, & Apollodore quatorze
, autant de filles que de garçons. Les noms
des garçons étoient Sipylus, Aginor, Pbxdim'.ùs ,
Jfminus, MynitiiSyTantalus, Damaßchihon. Les filles
s ’appelloient Ethofta ou Thcra, CUodoxay AJliedu ,
Ph:hi.z, Pdopia , Aßycraun, Ogygiii. Niobi, mere
de tant d'entans , tous bien nés & bien faits ,
s’en glorifioit 6c méprircii Latone qui n’en avoit
eu que deux : elle venoit jiifqu’à lui en faire des
reproches & à s’oppotér au culte religieux qu’on
lui rendoit, prétendant qu’elle-même mérifoit à bien
plus julîe titre d’avoir des autels. Latone offenfee
de l’orgueil de Niobî, eut recours à fes enfans pour
s’en venger. Apollon 6c Diane voyant un jour
dans les pleines voitines de Thebes les fils de Niobi,
qui y faifoient leurs exercices, les tuerent à coups
de fléchés. Au bruit de ce funefle accident, les
feeurs de ces Infortunés princes accourent fur les
remparts , & dans le moment elles fe fentent frappées
tombent fous les coups Inviflbles de Diane.
Enfin la mere arrive, outrée de douleur & de défef-
p o ir , elle demeure atfife auprès des corps de lés
chers enfans , elle les arrofe de fes larmes: la
douleur la rend immobile , elle ne donne plus
aucun flgne de v ie , la voilà changée en rocher.
Un tourbillon de vent l’emporte en Lydie fur le fom-
inet d’une montagne, oii elle continue de répandre
des larmes qu’on voit couler d’un morceau de marbre.
Cette fable efl fondée fur un événement tragique.
Une pelle qui ravagea la ville de Thebes,
fit périr tous les enfans de parce qu’on attribuoit
les maladies contagicules à la chaleur immodérée
du foleil , 011 dit que c’étolt Apollon qui
les avoit tues à coups de fléchés : ces fléchés font
les rayons brùlans du foleil. On ajouta que ces
enfans demeurèrent neuf jours fans fépulture, parce
que les dieux avolent changé en pierres tous les
'Thébains, & que les dieux eux-memes leur rendirent
les dcvo'irs funèbres le dixième jour; c’efl que
comme ils étoient morts de la pefle , perfonne
n’avoit olé les enterrer, & tout le monde parut
înlénlîble aux malheurs de la reine ; figure vive des
calamités qui accompagnent ce fléau , où chacun
craignant une mort allurée , ne fonge qu’à fa propre
confervation , & néglige les devoirs les plus
effentiels. Cependant après que la violertce du mal
fut un peu pafl'ée , les prêtres, qu’on prend pour
les dieux, le mirent en devoir de les enfevelir.
Niobè ne pouvant plus fouffrir le féjour de Thebes
après la perte de lés enfans & de l’on mari, qui
s’étoit tué de défefpoir , retourna dans la Lydie
Ôc finit fes jours près du mont Sypile, fur lequel
on voyoit une roche, qui regardée de loin, reflém-
b io it, dit Paiifanias, à une femme en larmes &:
accablée de douleur ; mais en la regardant de près
elle n’a aucune figure de femme , encore moins
de femme qui pleure. Enfin parce que Niobé avoit
gardé un profond filence dans l'on afflidion , &
qu’elle étoit devenue comme muette ÔC immobile ,
ce qui eft le caradere des grandes douleurs, on a
dit qu’elle fut changée en rocher. ( -fi )
NIORD , ( Hiß. di Suide, ) porta d’abord la
thiare, puis la couronne; ü avoit été grand-prêtre
N I T
du temple d’Upfal ; il monta fur le trône de Suede,
en fut chaffé parHervitus, prince de Ruflîe, alla
chercher un afyle en Daiieniarck , 6c fut enfin rap-,
pellé par fes fujets. 11 avoit été prêtre 6c roi pendant
fa vie ; il fut aile d’en faire un dieu après la
mort. Ce prince vivoit dans le premier liecle de
l’ere chrétienne. ( Nî. d e S a c y . )
§ NISMES, ( Géogr. ) cette ville a 40000 âmes ,
felon l’abbé Explîi , tandis que le DiUionnaire
raif. des Schnus ne lui en donne pas loooo.
J’ai pafl'é trois jours en cette ville , 6c on m’a
alluré qu’il y avoit 3 5 a 40000 peiTonnes, dont
près de la moitié étoient proteftans.
Ün découvrit fous François I. la médaille frappée
à l’occaiion de l’établiflément de la colonie
Nîmoife, qui portoit Col. mm. avec un crocodille
attaché à un palmier : le roi marque dans fes lettres
patentes de 1535, qu’il donne ces nouvelles
armes à la ville, tant en confidération de la vénérable
antiquité , dont il avoit toujours été amateur
, que pour l’eflime qu’il avoit pour Nîmes.
Pendant fou féjour, en 1533, il vilita curieufe-
ment tous les beaux monunicns d’antiquité qui
décorent cette ville.
Les habitans érigerent à cette occafion cette
fameufe colonne , au haut de laquelle efl: placée
un falaraandre , avec cetjç infcriptlon ; Franc. F,
Reg. P. P. M. B. Q. Nbfh'auf. D . D. c’eft-à-dire,
Fruncifeo I. Francorurn régi, patri patries , magijlra-
tus populufqiie Nemauji dedicarunt. Que ce monument
efl honorable à François I. 6c au gofit des
habitans de Nîmes !
La magnifique fontaine à laquelle on travaille
depuis 1 7 4 4 ,6c où on a découvert tant de morceaui
curieux de la belle antiquité , a été décrite par
M. de la Ferricre , chanoine de la cathédrale ,
6c dont M. l’abbé Expilli a donné un bon abrégé
dans fon article de Nîmes.
Pourquoi ne pas ajourer aux illuflres Nîmois i
les noms de Seguier , de Leon Ménard, tous deux
tie l’académie des Inicriptions 6c Belles-Lettres de
Paris ; ce dernier a fait X'HiJïoire de Nîmes en 7 vo l.
publiés en 1750 & ann. fuiv. On ne peut
reprocher à ce livre inftniétif, que fon exceflive
prolixité. M. de Maucomble dont j’ai parlé en
Xarticle de M e t z , en a donné un excellent abrégé
in-%'^. en 1 7 6 7 ; 6c fur-tout du célébré Efprit
Flechier, qui a ilUiflré ce fiege cpifcopal par fes
vertus , fa charité 6c fes ouvrages ?
Le confui de Nîmes, nommé VillarSy reçut de
la cour l’ordre de maflacrer les proteftans à la
Saint Barihelemi , 1572.; auflitôt il alTemble les
principaux citoyens des deux religions, 6c leur
fait jurer à tous de s’aimer 6c de vivre eiTpaix,
malgré la diverflté des cultes. Ce beau trait d’hif-
toire oublié par M. Anquetil dans fon Efprit de
la ligue, fe trouve dans les notes d’un difeours
couronné à Touloufe en 1770, 6c m’a été confirmé,
dit M. Fréron, (^An. lit. tome 1. page 2S1. tyy2. )
par des perfonnes nées à Nîmes, où l’on en cun-
ferve prccieufement la tradition.
La couronne treflee par la fottlfe , ne s’ajufte
point fur la tête du génie; c’eft le nouvel ornement
d’architeélure dont on avoit à Nîmes couronné
lamaifon quarrée. Un voyageur pafTe devant
l’édifice, 6cs’écrie : «je vois le chapeau d’arlequin
» fur la tête de Cefar ». ( C. )
§NITIOBRIGES,(G^eV. GHif. rt«c.)Céfarparie
d’un roi des Niciobriges , dont le pere avoir obtenu
du fénat d’être déclaré ami du peuple romain.
Strabon les nomme entre les Pecrocorh & les Ca-
durci, auxquels ils font effl-ftivement contigus. On
lit Ancrobroges dans Pline : Sidoine Apollinaire écrit
Nuiçbroges, On trouve aufti N'uiobrogts dans la table
N I V
thcodolienne , mais à la vérité dans un emplacement
bien éloigné de fon lieu , entre Durocojlorum,
Reims, 6c Augufiobona , T’roies.
Les dépendances des Nioßobriges s’étendoient au-
delà des limites aftuelles du diocefe d’Agen, leur
capitale , 6c lur ce qui compofe le diocefe de Condom
, qui en eft un démembrement, auquel l’érection
d’un liege épifcopal à Condom, en 13 1 7 , a
donné lieu. Le titre qui fubfifte de féncchal d’Age-
nois 6c de Gafeogne, eft une fuite de cette ancienne
cxtenfion de l’Agenois. On peut ajouter que le
vicomté de Brulois, fttuc entre Agen 6c Leitoure,
relevoit des évêques d’Agen 6c non des ducs de
Gafeogne. D’Anv. Not. Gal.pag. ^85. ( C. )
NIVELLE ( l a ) Géogr. Hiß, beau château en
Bourgogne , à l lieue de Saint Jean de Lône 6c cinq
lieues de Dijon : nous n’en parlons ici que pour
rapporter un trait de patrioiifme digne de pafler à la
pofterité.
Le généra! Galas , à la tête d’une formidable armée,
entra en Bourgogne où il prit 6c brûla prefquc
tous les bourgs 6c villages le long de la Saône, en
1656; voulant s’affurer un paffage fur cette riviere ,
il vint mettre le fiege devant Saint Jean de Lone.
Gerard Jacquot du Magni, baron d’Esbarres, 6c
Claudc-Jacquoi de Tremont l'on fils, quittèrent leur
château de U Nivelle , 6c vinrent s’enfermer dans
Saint Jean de Lune pour aide râ le défendre. Quelques
amis reprefenterent à ce vieillard vénérable, qu’il
devroit du moins fouftraire à ce péril éminent un fils
d’un âge encore tendre , le feui héritier de Ion nom
6c de les grands biens, en l’envoyant dans un lieu
de fiireté jufqu’à ce que l’orage tût palTé : mais ce
généreux vieillard les regardant de travers , leur
rejîrocha la lâcheté de ce confeil ; « o u i, dit-il, je
» plongerois mon épée dans le coeur de mon fils fi
» je fa vois qu’il eût la moindre part à cette démar-
» the : ni lui 111 moi ne pourrons jamais trouver une
» j)lus belle occafion de lervir la patrie, 6c de ver-
» l'er notre lang pour la défenle d’une ville d’où
» dépend le laliit de la Bourgogne 6c le deftin de la
» France ».
En effet les braves du Magni rendirent de grands
fervices pendant le fiege, 6c animèrent la garnilon
6c les bourgeois par leurs exemples & leurs confeils.
Le pere fe fit porter fur la breche , où alfis dans un
fauteuil, il tiroit fans ceffe contre l’ennemi, ayant
à fes côtés des domeftiques occupés à charger continuellement
fes armes. De Tremont, fon digne fils,
payoit de fa perlonne dans les occafions les plus
pcrilleufes. Enfin loutenus par la valeur de 400
habitans, ils forcèrent une armée de 80000 hommes,
qui avoit livré inutilement trois affauts, dont le dernier
dura quatre heures, à lever le fiege 6c à lélàu,ver
dans les bois 6c prairies inondées par la Saône, oit
il en périt un grand nombre. On trouva dans leur
camp quantité d’armes 6c des charrettes à eftîeu de
fer chargées de grains 6c de pain de munition qu’on
amena clans la ville. Foyer Saint Jean de Lô n e ,
ci-après ; le Commentaire de M. de la Mare 6c la
Guerre des deux bourgs, par M. Begiiillet.
M. d'Ulfieux, dans fon drame l'iir ce fie'^e mémorable
, met au nombre de fes trois héros défen-
feurs de la patrie, le brave Jacquot du Magni. Le
chateau de la Nivelé appartient aujourd’hui à
M. Berbis de Rancy, un des plus refpeélables
feigneurs de la province, (G .)
§ Nivelle , {Géogr. ) Voici l’explication
du proverbe du chien de Jean de Nivelle, qui s'enfuit
quand on P appelle. baron de Montmorenci,
avoit époufé en premieres noces Jeanne de Fofeux,
baronne de Nivelle, de Fofléux 6c autres terres en
Flandres; il en eut deux fils , Jean , feigneur de Ni~
ydU, 6c Louis, baron de Foftéux. Après la mort de
N O B 53 Jeanne, fon mari fe remaria à Marguerite d’Orge-
mont dont 1! eut Guillaume, héritier des biens de
la maÙon de Montmorenci, d’où defeendoit le connétable
: Jean 6c Louis haïlTant leur bellc-mere ,
fe retirèrent en Artois 6c en Flandres, où ils fondèrent
deux branches de la maifon de Montmorenci.
Ils s’attachèrent au duc de Bourgogne , comte de
Flandres, contre Louis X I. Leur pere les fomma de
revenir , a fon de trompe. N’ayant point comparu,
il les traita de ôc les déshérita. La foriimatioa
faite a Jean de Nivelle 6c <bn refus de comparoître ,
ont donne lieu, fuivant le pere Anfeline 6c M. Dé-
fonneaux , nouvel hiftorien de cette maifon , au
piovcrbe fi connu ; iL rejjemble au chien de Jean de
Nivelle, qui s'enfuit quand on L’appelle. (C. )
N K
NKAMBA , ( Luth. ) efpcce de tambour des
habitans du Congo, qui s’en fervent pariiculicre-
rrrent dans leurs parties de débauche. Le Nkamba
eft fait avec une clpece de calebalTe , fruit de
l’arbre appelle Alikonda, 6c qui elt longue d’environ
deux ou trois pieds, ou bien \q Nkamba ciL
fait d’un morceau de bois creux qui n’eft couvert
que d’un côté : le fon de ce tambour s’entend d’affez
loin. { F .D . C .)
N O
§ N O B L E S S E , f. f. ( Belles - Lettres. ) If
y a trois mille ans qu’Homere a défini mieux que
perfonne la nobi-je politique , fon objet, fes titres ,
la fin, lorfque dans Xlliade {Lib. N.Il.') Sarpédon
dit à Glaucus: « ami, pourquoi fommes-nous revé-
» rés comme des dieux dans la Lycie } pourquoi
» poffédons-nous les plus fertiles terres 6c recevons-
» nous les premiers honneurs dans les feftins C’ell
» pour braver les plus grands périls , 6c pour occii-
» per au champ de Mars les premières places; c ’eft:
» pour faire dire à nos foldats ; D e tels princes l'ont
» dignes de commander à la Lycie ».
C ’eft d’après cette idée d’élévation dans les fentl-
mens, & d’après les habitudes au’elle fuppofe , que
s’eft formée l’idée de noblejfc dans le langage. Des
âmes fans cefTe nourries de gloire &c de vertu,doivent
naturellement avoir une façon de s’exprimer
analogue à l'élévation de leurs penfées. Les objets
vils 6c populaires ne leur font pas aftez familiers
pour que les termes qui les repréfentent foient de
la langue qu’ils ont apprilé. Ou ces objets ne leur
viennent pas dans l’efprir, ou fi quelque circonftance
leur en prefente l’idée 6c les oblige à l’exprimer, le
mot propre qui les dcftgne eft cenfé leur être inconnu,
6c c’eft par un mot de leur langue habituelle
qu’ils y fupplcent. Voilà le caraéfere primitif du langage
& du ftyle noble : on fent bien qu’il a dû varier
dans fes degrés 6z dans fes nuances, félon les tems,
les lieux, les moeurs 6c les ufages ; qu’il a dû meme
recevoir 6c rejetter tour à tour les mêmes idées 6c
leurs fignes propres, félon que la même chofe a été
avilie ou ennoblie par l’opinion ; mais c’eft toujours
le même rapport de convenance des moeurs avec le
langage , qui a décidé de la noblejfe ou de la baffeÛe
de l’exprclfion.
Quelle eft donc la marque infaillible pour favoir
fl dans les anciens un tour, une image , una compa-
railon, un mot, eft noble ou ne l’eft pas?
Il n’y a guere d’autre réglé de critique, à leur
égard, que leur exemple 6c leur témoignage.
Il en eft à-peu-près des étrangers comme des
anciens : c’eft aux Anglois, dit-on, qu’il faut demander
ce qui eft trivial 6c bas, 6z ce qui eft noble dans
leur langue: l’opinion 6c les rageurs endécident; 6c
h I