3 0 N E R quand le malade conferve la v ie , la moitié des muf-
cles volontaires refte fouvent fans mouvement.
Quand cette comprefTion a celle , quand on a enlève
bien promptement le lien du nerf, le mouvement
revient au mul'cie , & la volonté reprend l'on
empire.
Après ces expériences fi connues & fi abondamment
conftatees, il y auroit du fcepticifirie à refufer
aux nerfs la qualité de conduéleurs de la force niuf-
culaire qui agit fur les ordres de la volonté.
Le mouventent que le /zer/donne au niufcle , va
en defeendant, c’eft-à-dire, qu'il defeend du cerveau
ou de la moelle de l’épine au mufcle, & il ne remonte
pas du mulcîe au cerveau. Quand je lie le nerj médian
d’ un chien , les niufcles de la patte deviennent
paralytiques, mais les imifcles fupcricurs à la ligature
ne foutfrent lien. ün a fait l’expérience avec
exaélitnde dans ia moelle de l'épine, Sc conüammcnt
l'irritation n'a tait fon effet que lur les mulcles, dont
les nerfs naiffoient au-deffous de l ’irritation. On a
fuccefiivement coupé la moelle de l’épine aux lombes,
enl'uite au haut de la poitrine, & à la fin au cou.
La première blelfure priva les extrémités inférieures
de leur mouvement, la leconde a détruit la refpira-
tlon , la derniere les mouvemens des bras.
Le mouvement paffe-t-il d’un côte de la moelle
nerveufe à l’autre ? etl-il tùr que les nafs du coté
droit nailicnt du coté gauche , éc les nerfs gauches du
coté droit}
Dans la moelle de l’cplne rien de pareil n’a été
obfervé. C ’eft toujours du coté de la compreffion
que les miifcles deviennent paralytiques, & ceux du
cote oppolé ne font point affeéRs.
Dans le cerveau il n’en eft pas toiit-à-fait de même.
Ün a fouvent vuque la compreffion du côté droit
de l’encéphale a ôté le mouvement aux mulcles du
côté gauche du corps. C ’eff une ancienne oblerva-
tion mille fois vérifiée.
Il efi très-difficile de rendre ralfon de ce croife-
ment, d’autant plus djfficile, qu’il n’eff pas confiant,
& qu’il y a des obi'ervations nombreutes , dans lef-
quelles les niufcles droits ont perdu le mouvement
lorldue le cerveau étoit comprimé du côté droit.
On a cherché dans le croifement de certaines
fibres médullaires de ia fente de la moelle alongée
la folution de ce phénomène. Elle ne leroit jamais
complcire, parce que plufieurs nerfs naillent plus
haut que cette fente ; mais il y a plus, ce croifement
eft démenti par l’anatomie. Je renonce à la gloire
d’expliquer ces paralyfies qui furviennent à la luite
d’une léfion de la partie oppofée du cerveau , & que
j’ai vu furvenir de même aux bleft'ures faites à delfein
à des animaux.
J’ai dit que l’effet desllgatures des nerfs ne remonte
pas , il n’en eft pas de meme de l’irritation, Quand
cependant elle eft violente, elle fe communique non-
feulement aux mulcles voillns , mais à tous les muf-
cles de l’animal. Kicn n'eft plus commun que le
fpafmc cynique qui lurvient aux opérations des tefti-
cules, accompagnées de la caftration , qui, dans
des climats plus ardens, furvient à des blcffures
d’ailleurs trcs-légeres. Lesbleffiires des nerfs confi-
dérablcs , les elquilies enfoncées dans les chairs, les
'poifons corrofifs excitent trcs-louvent des convul-
fions univerlélles , & répilepfie eft trcs-louvent la
fuite de l’irritation d’un nerf particulier, de celle que
caufent aux inteftins des vers ou des aigreurs d’une
pierre arretée dans l’uretre.
Le fentnneni n’a lieu que lorfque le nerf a con-
fervé fa continuité naturelle avec le cerveau ; dès
qu’elle eft interrompue, les léfions les plus violentes
du nerf ne font plus d’effet fur l’ame. Il n’en eft pas
• de même du mouvement. Pour que l’irritation du
nerf en produife dans lemufclejil n’eft pas néceffaire
N E R que le nerf folt entier, ni qu’il communique avec
le cerveau. Un ner/Icparé de la partie fupérieure
ou lié , produit également des contraéfions dans Ion
imifcle, quand il eft irrité fous la ligature ou fous la
divilion.
J’ai parlé jufqu’ici des mufcles fournis à la volont
é , & de l’empire des nerj's fur ces mulcles. Cet empire
a-t-il lieu dans tous les mufcles , dans ceux même
qui ne font point fournis à la volonté, Ôc quiagilVent
fans fes ordres? C ’efl une queftion qui a été vivement
difeutée dans ce iieclc, car les anciens ne
léparoient point les aétions vitales des actions volontaires.
Us attribuüient les unes & les autres , les
fievres , les criies , la formation meme du foetus à
l’ame.
L’expérience doit décider cette queftion ; fans
elle la raifon ne trouveroit jamais que des doutes.
II y a certainement une différence efténtielle entre
les mulcles Idjets à la volonté, 6i. entre ceux qui
agiffent fans fes ordres. Le nerf du deltoïde irrité le
force à fe contraéier, 6c meme malgré la volonté à
laquelle ce mufcle obéit dans l’état de la nature. Le
nerf à\.i deltoïde comprimé lui ôte le mouvement,
malgré la volonté encore ; il le lui rend dès que la
compreffion eft enlevée.
Il n’en eft pas de même des organes vitaux. J’ai fait
les expériences les plus nombreufes fur le coeur ;
d’excellens anatomiftes les ont vérifiées en Italie. Les
nerfs du cceur dérivent de ceux du cou , de l’inter-
coxtal, de celui de la huitième paire. Qu’on coupe
tous ces nerfs , qu’on arrache même le coeur à la grenouille
, rien ne change dans fon mouvement; il
continue fesbaitemens pendant vingt-quatre heures
entières. Dans cette grenouille cependant les mufcles
volontaires font fournis à l'influence des nerfs ; ils le
concradent quand le nerf eft irrité ; ils perdent le
mouvement quand U eft coupé.
U y a plus; cLins les quadrupèdes, fans exception,
les nerf du coeur irrites ne produifent aucun changement
dans fes moiivcmens ; s’il eft en repos, il ne
le contracte point ; s’il bat, il n’akere point l’ordre
de les battemens, il ne les précipite point, & il ne
les rallcntit pas. Qu’on irrite la moelle de l’épine, ia
moc te alongée, le cervelet, tous les mufcles de
l’animal font agites par de violentes convulfions, le
coeur letil ne change rien , ni à fon repos, ni à Ion
battement.
J'ai fait des expériences moins décifives fur le
coeur,fur l’eftomac , iurlaveffie, furl’iitérus, mais
je ne me foiiviens pas d’avoir jamais vu dans ces parties
naître , après l’irritation de leurs nerfs, des
mouvemens femblables à ceux que l ’irritation produit
dans les mufcles fujets à la volonté,
11 y a plus; on l'ait que dans le fommeil la volonté
n’agit point fur les mulcles volontaires, & que dans
l’apoplexie elle agiroit inutilement. Mais dans le
fommeil & dans l’apoplexie, le mouvement du coeur,
des inteftins, de l’eftomac, continue comme dans la
fanté la plus parfaite. La caufe du mouvement de
tous les mufcles volontaires eft opprimée alors par
une [îreffion violente du cerveau : le mouvement
des parties vitales continue ; les nerfs n’ont donc pas
la meme influence fur les organes vitaux qu’ils ont
fur les organes de la volonté.
Ces phénomènes paroillént prouver, avec certitude,
que dans les mufcles volontaires la caufe de
leur contraefion vient jirincipalemem des nerfs, &c
que leur force naturelle, qu’on appelle irrltabU,ne
fuffit pas par elle-même à produire des contradtions
d’une certaine force. Au lien que dans les mufcles
de l’organe vital, la force contradHve naturelle des
mufcles paroît être afi'ez puiffanre pour les mettre
en mouvement, même fans le fecoiirs de celle qui
vient des nerfs. Ce n’eft pas que pour cela les nerfs
N E R
foient inutiles ; ils doivent fans doute concourir à
l’intégrité du mufcle, il eft même prefque certain
que leur pulpe médullaire eft un des cicmens effen-
tiels, dont la fibre mufculaire eft compofée, & il eft
bien naturel que le bon état de la fibre fuppofe celui
du nerf qui fait une de fes parties.
On ne doit pas cependant inférer de cet aveu,
que le nerf eft la caufe efficiente du mouvement mufi
culaire du coeur. L’artcre eft également requife pour
le bien-être du mufcle. Sa ligature en détruit la force
contradlive, & cependant l’artere n’étant point irritable
, & fon irritation ne changeant rien au mufcle
qui refte irritable, quand même l’artere eft coupée,
l’artere certainement n’eft pas la caufe du mouvement
mufculaire , qui d’ailleurs ne périt pas fur le
champ par fa ligature, mais après plufieurs heures ,
comme je l’ai vu dans des bieffures , dans lefquelles
la crainte d’une hémorrhagie funefte avoit obligé le
chirurgien de lier le tronc de l’artere.
Ce n’eft pas une hypoihefe d’ailleurs que cette
plus grande difpofitionau mouvement,parlaquelle le
diftingiient les mufcles de l’organe vital. Ils font
elTentiellement plus mobiles , & confervent leur
force contraèUve quand les mufcles volontaires
l'ont perdue. Voye^ Ir r it a b il it é , Suppl.
Je ne répété pas ici l’hypothefe qui a placé dans
le cervelet l’origine d e s v i t a u x , l’anatomie ne
l’admet pas. Les nerfs les plus particuliérement attaches
au cervelet font ceux de la cinquième paire ,
qui naît des colonnes, que le cervelet envoie à
rifthme du cerveau. Mais la cinquième paire eft évidemment
l’organe du fentiment dans la langue, les
dents dedans le nez; elle eft l’organe du mouve-
meut dans plufieurs mufcles qui appartiennent à cet
organe, y. ci-après Nevrologie. Pour la quatrième
paire elle ne fait aucune fonêlion vitale , fe perd
entièrement dans le mufcle droit intérieur de l’oeil.
D ’ailleurs , les expériences que l’on a fuppofées
pour fonder cette prérogative du cervelet, font
entièrement fans fondement. L’animal dont on bleffe
le cervelet ne meurt pas plus vite que celui dont on
bleffe le cerveau. J’ai vu , & d’ autres auteurs ont vu
des abcès & des fquirrhes du cervelet, qui prouvent
évidemment qu’une léfion du cervelet n’eft pas abfo-
lument ou fubitement léthale, & que par conféquent
les , auteurs des mouvemens vitaux, ne partent
pas privativement du cervelet : en fuppofant
même que le mouvement du coeur dépende des
nerfs.
Il en eft de même du corps calleux, dont les plaies
n’ont abfolument rien qui les diftingue des autres
léfions du cerveau.
D ’ailleurs la dcftruéUon de l’encéphale , & celle
de la tête, n’arrete pas le mouvement du coeur dans
im animal à fang froid : il y a une très-grande probabilité
pour appliquer ces expériences aux animaux
à fang chaud. Le coeur du quadrupède ovipare bat
comme celui du quadrupède vivipare ; il a fa veine,
fon artere, fon oreille, il rcffemble parfaitement au
coeur de l’embrion vivipare. Si donc le coeur de la
grenouille & le coeur du poulet peuvent agir fans le
concours de la tête & de la cervelle, il doit y avoir
une caille du mouvement du coeur différente des
fonflions du cerveau, & fuffifante pour celle du
coeur. Si elle l’eft clans le poulet, fi fon coeur fe fuffit
à lui-même, il n’y a aucune caufe qui puiffe détruire
cette force innée du coeur dans tous les changemens
qui arrivent au coeur parl’accroiffement de l’animal.
C H. D. G. )
NEKITI/S , (^Géogr. anc.") Ce n’eft point une
île , comme plufieurs géographes l’ont penfé , mais
une haute montagne de l’île d’Ithaque , couverte
d’une forêt. C’ert pourquoi Enée découvrit cette
E R iî
montagrle avant d’appercevoir les rochers qui bordent
Ithaque. yEn. /. /ƒ/, y. 27/. (C )
§ NERPRUN, (Boc.Jard.) en latin r'iamnuSf
en anglois, buckthorn, en allemand kreutidorn.
Caracleres générique.
Le nc-pniri fç lo n Miller, porte fes fleurs mdleS
Sc les fleurs femelles fur différens individus. Je ne
l’ai jamais remarqué, & M. Duhamel n’en clic rien.
Selon ce dernier auteur, la fleur eft compofée d’un
calice d’une feule piece en entonnoir, coloré en-
dedans, èc ordinairement découpé en cinq par les
bords. Ce nombre varie, mais chaque divifion on
voit de très-petits pétales en forme d’écaillcs qui, fe
renverfant vers le centre de la fleur, couvrent les
étamines : clics font auffi nombreufes que les divi-
fions du calice, ôc leur infertion fe trouve fous les
pétales ; elles font terminées par des fort petits
ioinmets : au milieu eft le piftil formé d’un embryon
arrondi &c d’un ftyle que termine un ftigmateobtus,
lequel eftdivifc en trois lanicres. L’embryon devient
une baie ronde, divifée en plufieurs loges, &C qui
contient plufieurs femences appîaties d’un côté 6c
convexes de l’autre.
Des différences effentielles & la crainte de charger
un genre de trop d’efpeces, nous ont fait féparer les
frangula , les alaternes, les paliurusôi les jujubiers ,
que M. Von-Linne a réunis fous le genre rhamnus.
Efpects.
1. Nerprun à fleurs axillaires, à feuilles ovale-
lancéolées, dentelées ÔC nerveufes. Grand nerprun
commun.
Rhamnus fioribus axUlaribus , follis Oyato-Lincto-
lulls ,ferratis , nervojis. Mill,
The purging or common buckthorn.
Z. à fleurs axillaires, à feuilles ovales,
terminées en pointe , nerveufes & entières. Petit
nerprun.
Rhamnus forlbiis axllLurihus , foliis ovaùs , acumi-
natis, nervofs , Integcrrimis.
Lude entire leaved hucküiorn.
3. Nerprun à feuilles lancéolées, à fleurs axillaires.
Rhamnus foliis lanceolatls, fioribus axUlaribus.
Mill.
Buckthorn with fpear-shaped leaves.
4. Nerprun à feuilles formées en coins ,grouppées
S>c péiennes; à fleurs latérales raffemblces en co-
rymbes.
Rhamnus foliis cuneiforrnibus, confertis, perennan-^
tibus ; fioribus corymbofis alaribus. Mill.
Buckthorn with wedge shaped evergreen leaves.
On en trouve un bien plus grand nombre d’efpeces
dans le Dichonnaire raif des Sciences, & c. où
l’on a apparemment rafl'emblé les genres que nous
avons féparés.
Le nerprun n^. 1 fe trouve dans les haies réduit à
l’état de buiffon ; mais lorlqu’on l’éleve de graine
6c qu’on lui forme une tige nue , il s’élève à près de
dix-huit pieds, 6c forme un arbre agréable par fon
feuillage d’un beau verd glacé 6c les corymbes de
fes fruits de jais. Son bois eft du plus beau jaune 6c
fe polit parfaitement ; il pourroit être employé dans
les ouvrages de marqueterie. J’en ai vu un morceau
dans le fameux cabinet du chanoine Gefner à Zurich,
qui a fait la colleâion de tous les bois du monde:
il a une petite planchette unie de chacun. Les baies
de nerprun font un purgatif hydragogue, peut-être
trop peu employé, 6c on en fait le verd de veffie
dont on fe fert pour peindre en miniature.
Le nerprun n^. 2 , indigene de la France méridionale,
ne s’eleve qu’à trois ou quatre pieds de
haut. M. Duhamel a cru que fes baies étoient ce
qu’on appelle graine d'Avignon ,• il a ete mal informe,
t P