: . a
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la préccdolt, mais qu’ils fuiTent diftribucs alternativement
l'ur les deux flancs. (/%. ).
La phalange creufe ou recourbee ai avant ccoit ainfi
nommée de ce que les deux ailes repliées en avant
de l'on front imitent en quelque façon la courbure
d’un arc. Le fruit de cette manoeuvre étoit que li
l’efcadron cominuoit de s’avancer & de vouloir combattre
de prés, il le trouvoit tout-à-coup enveloppé
de pris de toute part : s’il reftoit de pied ferme, l’infanterie
qui le choquoit en flanc au moyen de lés
ailes avancées, l’ébranloit, mettoit le délordrc dans
fes rangs, & venoit enluite ailément à bout des
meilleurs cavaliers qui ctoient à la tête de l’el'cadron
Cette manoeuvre fe faifoit au moyen d'un quart
de converfion fait à droite par la leefion de la gauche
, 6c fait à gauche par celle de la droite , celle du
centre ne bougeant point.
On donnoit quelquefois à une difpofiîion
comraiie à la précédente , c’ell-à-dire, qu’elle
devenoit alors recourbée en arriéré; 6c qu’au lieu
de fléchir lés ailes en avant du front, elle les ra-
nienoit 6c les replioit fur fon centre du côté de la
queue. On employoit cette manoeuvre pour fur-
prendre l’ennemi. Le centre fcul d’une troupe fe
montrant à découvert, 6c fervant à cacher ce qui
fuivoit par derrière, il comptait n’avoir à faire qu’à
une poignée de gens : fi ce petit nombre fuffifoit pour
foLitenir l ’attaque 6c pour vaincre , on n’en oppofoit
pas davantage ; s il étoit trop foible, en développant
les ailes de part 6c d’autre, on fe trouvoit bientôt en
état de détenle lur un front trois fois plus grand.
Le Lacédémonien Cléandre ayant ainfi formé fes
troupes fur un front très-étroit, à ce queditFron-
tin, pour que le nombre en parût moindre, les Ly-
caoniens trompes par l’apparence , vinrent l’attaquer;
mais les Lacédémoniens s’étant dépliés à l’in-
ftanr par 1 un 6c 1 autre flanc, enveloppèrent les Ly-
caoniens , 6c les taillèrent en pieces.
On combattoit cette rufe par une autre femblable,
au moyen d’une troupe convexe ou arrondie par-
devant , en portion de cercle : difpofition qui la fai-
foit auffi paroître moindre qu’elle n’éîoit, fa convexité
fervant à cacher une partie de fa force (Jig,
44- )•
On employoit contre le plcfion la phalange im-
plexe, qui préfentant à l’ennemi un front inégal 6c
tortueux dans toute l’étendue de fa longueur, l’in-
vitüit à fondre fur quelques-unes de fes parties fail-
lantes, 6c à defunir l’ordonnance du pléfon ; mais il
falloir que les déciirions qui étoient à la tête de la
phalange implexe, euflent attention à régler leurs
mouvemens fur ceux de l’ennem.i ; car fi celui-ci con-
fervoit fans la rompre, fa difpofition ferrée , ils dévoient
le recevoir de meme , 6c ne garder l’inégalité
de leur front que dans le cas où il avoir défuni le
fien(y%. 44 ).
Les Grecs difoient qu’une phalange étoit environnante
lorfqu’elle exccdoit de part 6c d’autre le front
de l ennemi, 6c qu elle pouvoir, en fe repliant fur
lui, renfermer dans la courbure de fes ailes.
^ C étoit une méthode particulière aux Lacédémoniens
d’étendre beaucoup le front de leur bataille,
6c de plier leurs ailes en forme de croilLmt, pour
envelopper leurs adverfaires. Pour cet effet, ils don-
noient a leurs troupes moins de hauteur que le reffe
des Grecs. lî-leur étoit ordinaire de fe mettre fur
huit rangs, au plus fur douze, tandis que les autres
peuples de la Grece fe formoient communément fur
feize de profondeur.
On délignoit par la même e.vpreffion l’une ou l’autre
aile de la phalange, quand on ne débordoit l’en- .
nemi que par un leul côté.
Toute phalange mife en bataille fur un front plus
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étendu que celui de la troupe qui lui elî oppofée, la
déborde néceflairement, au moins par l’une de fes
ailes; mais de ce qu’on déborde l’ennemi par une
aile , il^ ne s’enfuit pas toujours que l’on foie en bataille
fur un plus grand front ; car la même chofe
peut arriver, quoiqu’on lui préfenie un front moins
étendu quele fien. (A^.)
§ PHASÊOLÔIDE, {Bot.Jard.') en latin glycine,
en anglais knobbed-rooted liquonce vetch,
Caracîere gcnérique.
La fleur efl: papilionacce, l'étendard efl courbé
par les bords, 6c denté au bout ; les ailes lont tournées
en arriéré ; la nacelle eft figurée en faucille,
6c fa pointe le haufl'e vers l'étendard. Le calice a
deux levres. On y trouve dix étamines , dont neuf
font jointes enfemble , 6c une eftféparée. Au centre
eft fitué un embryon oblong qui devient une filique
de la meme forme, laquelle s’ouvre en deux valves,
ôc contient des femences réniformes.
Effects.
I. Phafèoloïdé H feuilles ailées, à tige pérenne.
Glycine foliis pinnans, caille perenni. Hors, Uiffi
Glycine with a perennial Jîalk,
X. Phaféoloide à feuilles ailées ovale-lancéolces.
Glycine foliis pennatis ovato - lanceolaiis. Hort.
Cliff.
Glycine with ovalfpear shaped winged leaves.
3. Phaféoloide à feuilles ailées conjuguées, à lobes
ovales , oblongs , obtus.
Glycine foliis pennatis conjugacis, pennis ovaiis,
oblongis, obeujîs. Flor. ZeyL.
White liquorice in the weji Indies.
4. Phaféoloide , à feuilles , à trois lobes velues, à
grappes latérales.
Glycine foliis cernatis hirjucis , racernis Lateralibus,
Lin. Sp. pl.
Glycine with hairy trifoliate leaves,
5. Phaféoloide à feuilles à trois lobes laineufcs , à
grappes axillaires très-courtes, dont lesfiliques n’ont
que deux femences.
Glycine foliis ternatis tomentofis, racernis axilla-
ribus brevifjîmis , legnminihus difpermis.
Glycine with woolly trifoliate Leaves, 6cc.
La premiere efpece efl naturelle de la Caroline ,
la Virginie , 6c quelques autres parties de l’Amérique
feptentrionale. C’efi un arbrifi'eau farmenteux
qui s’élève, en s’entortillant autour des fupports voi-'
fins, à la hauteur d’environ quinze pieds. Ses feuilles
font compofees d’un grand nombre de folioles d’un
verd un peu argenté. Les fleurs naiffent à l’aifTelIe
des feuilles ; elles font d’une couleur purpurine , 6c
paroiffent en été. Cet arbriffeau fe multiplie par les
marcottes qu’il faut faire au mois de juillet, 6c qui
feront bien enracinées la fécondé automae. Il faut
mettre l’hiver de la litiere autour des glycines, pour
empêcher le grand froid de pénétrer jufqu’aux racines
q u i, fi les tiges périfTent, en poufleront de
nouvelles au printems. Cet arbriffeau doit être employé
dans les bofquets d’été; ou fi l’on en garnit
le tronc des arbres , les buiffons , les cintres 6c les
tonnelles, il produira un effet 6c une variété tres-
agrcables.
La fécondé efpece efl une plante vivace naturelle
de la Virginie ; elle s’élève en grimpant à environ dix
pieds de haut; les fleurs font de couleur de chair. Elle
fe multiplie en féparant, au commencement d’avril,
fes racines charnues qu’il faut couvrir de litiere
pendant l’hiver.
La troificme efl naturelle des deux Indes 6c de
l’Egypte. C ’efl une plante vivace ÔC volubile qui
feleve , en rampant, à huit ou dix pieds. Les flours
fontd’un pourpre clair, 6c reffemblantes à cçUes des
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haricots. Les femences font d’une couleur écarlate
vive & marquées d’un point noir. Cette plante
demande la ferre chaude : elle a les memes qualités
aufli une plante vivace volubile , qui
ne s’élève qu’à deux ou trois pieds. Les fleurs font
d’un beau bleu : elle efl naturelle de l’Amérique icp-
tentrionale. Ainfi on peut l’élever en pleine terre
dans nos climats, en lui donnant une fiuiation chaude
& abritée. Il faut la femer 6c la tranfplanrer au
printems. On la multiplie aifement en féparant les
La^clnquleme efpece, naturelle de la Virginie,
s’élève à cinq ou llx pieds : fes fleurs lont launes.
Ou la multiplie par les femences ; ruais elle demande
d’élre abritée durant I hiver. (M. U Baron
D E T s CH OU DI . ) n r u ' Sr
PHEDRE, {Mythol.) fille de Pafiphae 6c de
Minos, roi de Cre-te, foeiir d’Ariane 6cde Deuca-
lion, fécond du nom, epoufa Thefee, roi d’Athenes.
Ce prince avoir eu d'une première femme un fils
nommé Bipolyie, qu’il faifoit élever à Trezene :
obligé d’aller faire quelque léjour en cette ville , U
y mena fa nouvelle époufe. Phedre n’ eut pas plutôt
vu le jeune Hipolyte, qu’elle fut cprile d’ampur pour
lui ; mais , n’ofant donner aucun indice de la palhon
en prélence du ro i, 6c craignant qu après fon retour
à Athènes elle ne fut privée de la vue de l’objet qui
l’excitoit, elle s’avifa défaire bâtir un temple à Vénus
fur une montagne près de Trezene, ou, fous prétexte
d’aller offrir lès voeux à la dcefl'e , elle avoit
occalion de voir le jeune prince qui faifoit fes exercices
dans la plaine volfme.
Selon Euripide, /-’àddrjfait d’abord tous fes efforts
pour étouffer ccc amour naUÎ'ant. « Dès que je fentis
» les premiers traits d’une criminelle flamme , dit-
» elle , je n’eus d’autre vue que de lutter avec fer-
meté contre un mal involonta'ire ; je conimencois
» à l’enfevelir dans un filence profond . .^. je me fis
y> enfuite un devoir de me vaincre , 6c d’être chafle
» en dépit de Vénus. Enfin mes efforts contre cette
» puiffante divinité devenant inutiles , ma derniere
» rcffource efl de recourir a ta mort.. . . L honneur,
>. fondé fur la vertu , efl plus précieux que la vie »>.
Mais la malheureufe confidente qui lui avo;t arraché
le fatal fecret de fon amour , lè charge de le faire
réuffir 6c d’en faire la déclaration a Hipolyte. Celui-
ci efl faifi d’horreur à cette affreufe propoiition , 6c
veut s’exiler du palais julqu’à l’arrivée de fonpere.
La reine , inftruite des fentimens d’HipoIyte , 6c au
défefpolr de fe voir diffamée , a recours à un lâche
artifice pour fauver Ion honneur : « J ’expirerai,
>) dit-elle, fous les traits de l’amour ; mais cette mort
»meme me vengera, 6c mon ennemie ne jouira
» pas du triomphe qu’elle le promet : l’ingrat, de-
» venu coupable à fon tour, apprendra à réprimer
» la fierté de fa farouche vertu ». Elle le donne la
mort ; mais en mourant elle tient dans fa main une
lettre qu’elle écrit à Thefée , par laquelle elle déclare
qu’Hipolyte avoit -voulu la déshonorer, &
qu’elle n’avoit évité ce malheur que par fa mort.
Dans le fameux tableau de Polygnote , Phedre
étoit peinte élevée de terre 6c fufpendue à une
corde qu’elle tient des deux mains, ièmblant fe balancer
dans les airs. C’eft ainfi , dit Paufanias, que
le peintre a voulu couvrir le genre de mort dont
la malheureufe Phedre finit fes jours ; car elle fe
pendit de défel'poir. Elle eut fa fépulture à Trezene,
près d’un myrthe dont les feuilles étoient toutes criblées.
Ce myrthe , difoit-on, n’étoit pas venu ainfi ;
mais dans le teins que Phedre étoit pofl'édée de fa
paffion , ne trouvant aucun foulagcment, elle trom-
poit fon ennui en s’amufant à percer les feuilles de
ce myrthe avec fon aiguille de cheveux, ( fl-)
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§ PHÉNOMÈNE , f. m.. (Phyf ) Ce mot efl formé
du grec ^aiuc,fapperçois; il fe dit dans l’ufage ordinaire
de quelque choie d’extraordinaire qui paroît
dans le.scieux, comme les comètes, i’aurore boréale,
fS-c. Mais les philoluphcs appttlïttn: phénomènes tous
les effets qu’on obferve clans la nature , ou plutôt
tout ce que nous découvrons dans les corps à l’aide
des fens. Les phénomènes concernent la fituaiioii, le
mouvement, les changemens & les effets des corps.
Lorique nous confidérons, par exemple , l’ordre
la combinaifon defept étoiles que l’on remarque à la
grande ourfe, c’efl un phénomène de fituation : le
lever du ibleil, fon midi 6c fon coucher, nous offrent
un phénomène de mouvement : la lune qui commence
à paroitre, qui croît enfuite fenfiblcmenr, devient
demi-pleine , paroît après cela dans l'on plein ,
6c qui foiiffre enfuite en dccroiflant, mais dans un
ordre renverl'é , les mêmes variations qu’elle a fii-
bies pendant fon accroiffance, nous préfente un phénomène
de changement. Lorfqu’un corps efl pouffé
contre un autre, il agit fur lui; la même chofe arrive
lorfqu’un corps en tire un autre, 6i c’efl ce qu’on
appelle un phénomène d'effet.
Les phénomènes font la pierre de touche des hypo-
thefes ; pour qu’une hypothefe acquière quelque
degré de probabilité, il faut qu’on puiffe par fon
moyen expliquer quelques phénomènes, & la probabilité
de l’hypothefe augmente dans la même raifon
que le nombre des phénomènes , expliques par fon
moyen.
Ne-w-ton nous a donné des réglés admirables pour
l’explication des phénomènes de la nature ; elles font
trop importantes pour ne pas les dçnner ici avec
quelques exemples.
On ne doit admettre pour véritables caujes des
phénomènes de la nature, que celles que L'on connaît pour
être véritables , & dont la vérité efl démontrée par des
expériences, par des ol'fervations plufieurs fois réitérées,
G de differentes maniérés, & qui fifffent pour rendre
raifort des phénomènes que L’on doit expliquer.
On ne doit donc admettre pour caufes que celles
que les phénomènes de la nature indiquent manifèfle-
ment. Elles font véritables ; i'\ s’il efl conflanc
qu’elles exiflent dans la nature, 6c fi tous les phénomènes
concourent à démontrer leur exiflence ;
fi non feulement les phénomènes peuvent erre déduits,
mais encore s’ils ont une connexion néceiTaire
avec les caufes; 5*. fi les corps éprouvés 6c traités de
differentes maniérés, nous indiquent conflamment
les mêmes caufes des phénomènes ; 4°. fi on ne
peut fupprimer ces caufes l'ans détruire les phénomènes
eux mêmes.
Nous allons mettre cette théorie dans tout fon
jour par l’exemple fuivant. Si on plonge dans l’eau
d’un réfervoir la queue d’une pompe afpirante, 6c:
qu’on faflè mouvoir le pifton , l’eau s’élèvera dans le
corps de la pompe 6c le remplira ; o r , la caufe de
l’élévation de l’eau , dans cette occalion, efl mani-
feflement la preffion que l’air exerce fur la furface
de l’eau du réfervoir, à l'exception de la colonne
qui répond à la cavité pratiquée félon la longueur
de la queue de la pompe, 6c dont le piflon raréfie
l’air par fon élévation. Une preuve iucontefl.ablc que
c’efl à la preffion de l’air que l’on doit rapporter,
comme à fa véritable caufe, le phénomène que nous
venons d’expofer, c’eft que on fait que la furface
de l’eau du réfervoir efl foumife à la preffion de l’air
qui s’appuie fur cette furface ; parce que la preffion
de l’air efl capable de faire jaillir l’eau à une certaine
hauteur ; parce que l’expérience nous apprend
que li on lupprime l'air qui efl compris ^dans
le réfervoir, ou qu’onle remplilîe exaélementd’ eau ^
& qu’on le bouche de maniéré que l’air n’y puiffe
po'mt pénétrer; l’expérience, dis-je , démontre que