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) 1^’
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l’autre ; & <3ès-lors non feulement le tyran ne fait
plus lequel choifir pour fon fils, mais lorfqu’il veut
le déterminer, aucun des deux ne coulent à l’être.
De cette combinaifon de caradcrcs naiflent comme
d’elles-mêmes ces belles fituaiions qu’on admire dans
Hcraclius,
jycvine f i tu peux, dioifis f i tu l'ofcs.. . .
O malheureux Phocas ! 0 trop heureux Maurice !
Tu retrouves deux fils pour mourir aprh toi ;
Et je r^en puis trouver pour régner après moi.
Comment s’eft fait le double échange qui a trompé
deux fois le tyran? lur quels indices chacun
des deux princes peut-il fe croire Héracliiis ? Par cjucl
moyen Phocas les va-t-il réduire à la nécefiité de
décider fon choix ? quel incident, au fort du péril,
tranchera lenoeud de l’intrigue, & produira la révolution
? Tout cela s’arrange dans la penlée du
pocte, comme l’eCit difpofé la nature elle-mcme li
elle eût médité ce beau plan. C ’elt ainfi que tra-
vailloit Corneille. Il ne faut donc pas s’étonner li
l’invention du fujet lui coûtoit plus que l’exécution.
Quand la fable n’a pas été combinée avec cette
méditation profonde, on s’en apperçoit au defaut
d’harmonie ôcd’enfemble, à la marche incertaine
&. laborieufe de l’aélion, à l’embarras des dévelop-
pemens, au mauvais tiflu de l’intrigue, & à une certaine
répugnance que nous avons à fuivre le fil des
événemens.
La marche d’un poème, quel qu’il fo it , doit être
celle de la nature, c’eft-à-dire, telle qu’il nous foit
facile de croire que les chofes fe font paffées comme
nous les voyons. Or dans la nature les idées, les
fentimens, les mouvemens de l’ame ont une génération
qui ne peut être renverfée fans un renverfe-
ment de la nature même. Les événemens ont une
fuite , une liaifon que le poète doit obferver, s’il
veut que l’ illufion fe foutienne. Des incidens détachés
l'un de l’autre, ou mal-adroifement liés, n’ont
plus aucune vraifemblance. Il en efi du moral comme
du phyfiqiie, & du merveilleux comme du familier :
pour que la contexture de la fable foit parfaite, il
faut qu’elle netienne au-dehors que par un feul bout.
Tous les incidens de l’intrigue doivent naître fuc-
cefiivement l’iin de l’autre, & c'efi la cominuitc de
la chaîne qui produit l’ordre & l’unité. Les jeunes
gens, dans la fougue d’une imagination pleine de
feu , négligent trop cette regie importante: pourvu
qu’ils excitent du tumulte fur la feene, & qu'ils forment
des tableaux frappans, ils s ’inquiètent peu des
liaifons, des gradations & des paflages. C’eft par-là
cependant qu’un poète eft le rival delà nature, & que
lafiétion efi l’image de la vérité.
PLANETAIRE , ( Ajlron. ) infiniment qui repréfente
les mouvemens des planètes , foit par des
cercles, comme dans les fpheres mouvantes, foit
par des aiguilles & des cadrans ; les plus connus font
ceux de Huygens, dont on trouve la defeription
dans fes oeuvres; celui de Rome,dans les oeuvres
d’Howboxv, tome I I I celui qu’on appelle Orrery^
dans les leçons de Phyfique de M. l’Abbé Nollet,
tome VI. Le dofteur Defaguillers , qui faifoit conf-
triiire des planétaires, les nommoit ainfi, parce que
milord Orrery étoit le premier qui en eût fait faire
en Angleterre , & qui en eût accrédité l’iifage. On
peut encore donner ce nom aux machines defii-
nées à repréfenter le mouvement de la terre autour
du foleil, le parallélifme de fon ax e, & le
changement des faifons qui en efi une fuite. On en
trouve à Paris , chez Pafiemem , Robert de Vau-
gondy & Fortin; ces infirumens font plus ou moins
compofés.
On peut mettre aufii au nombre des planétaires,
les fpheres mouvantes ôc les pendules où font
P L A
repréfentées les révolutions des planètes ; on a v u ,
fur-tout à Paris, celles de Pigeon, d’Orangis, dePafi'e-
ment &: de M. Caftel ; on trouve les nombres des
engrenages propres à ces fortes de pendules, dans
le traité général des horloges du P. Alexandre
à Paris /7J4 in-8 '^. ) ; on y trouve l’indication des
auteurs qui ont parle de ces fortes d’ouvrages; mais
comme cette matière n’eft que ciirieiife, fans être
utile, il nous fiifiît d’avoir indiqué les fources où
l’on peut trouver des détails à ce fujet. ( M. D E
LA La n d e . )
§ PLANETES, ( Aflron. ) Les carafteres par lef-
quels on repréfente les planètes & que nous joignons
ic i , font relatifs aux noms de divinités qu’on
leur a données. Scaliger , dans fes notes fur Mani-
lius , dit qu’on les voit fur plufieurs pierres très-
anciennes. Pour le Ibleil, c’efi un cercle qui exprime
le centre de l’union ; pour la lune, c’efi un croilTant ;
pour mercure, un caducée ; pour venus, un miroir
avec fon manche ; pour mars , une fléché & un
bouclier ; pour jupiter , la première lettre du nom
qu’il porte en grec ZEi/ç,avec une incerfeélion ; pour
faturne, la faux, qui en étoit l’attribut. On peut
voir à ce fujet, la dijjertation de M. Goguet, dans
fon livre de Üerigine des loix ^ T. / / , p. , édition
in 4” . II y traite aulïî de l’origine des noms des
planètes.
Le Soleil ©
La Lune c
Mercure ?
Vénus ¥
Mars o"
Jupiter %
Saturne h
Vénus étant la plus brillante , fut aulTi ( après la
lune ) la premiere planete qu’on remarqua. C ’eft
la feule dont il foit parlé dans Héfiode & dans Homère
, comme dans l’Ecrirure Sainte. Démocrite
foiipçonnoit qu’il y avoit plufieurs étoiles errantes,
mais il n’avoit pas ofé en déterminer le nombre
( .SV/2. Quoefi. nat. liv.VII. c. j . ) ; & les Grecs ne
connoilloient point encore les mouvemens des cinq
planètes , lorfqu’Eudoxe en rapporta d’Egypte la
premiere connoifiance 380 ans avant Jefus-Chrifi.
Les Grecs , en voyant vénus briller tantôt le foir &
tantôt le matin , en avoient fait deux planètes différentes
, efperos & eofphoros , vefper & lucifer.
On prétend que Pyihagore fut le premier qui fit
connoître aux Grecs que ces deux aftres n’en fai-
foient qu’un ( Stob. tel. phyf. liv. I. Plin. Uv. 11. c. 8,
Diog. Laèr. liv. VIII. fee i4> p- 4S>9 •> ' ^ ^ 0 *
mais Phavorinus faifoit honneur de cette découverte
à Parmenide qui vivoit environ 50 ans plus
tard que Pythagore ( Diog. Laèr. à la fin de Parmenide.).
Mais les Orientaux poffédoient alors ces con-
noiffances depuis long-tems.Il eft quelquefois difficile
de diftinguer les planètes des étoiles fixes ; cependant
comme il n’y a dans le zodiaque, où fe trouvent
toujours les planètes, que quatre étoiles de la premiere
grandeur, aldébaran, regulus, l epi de la vierge
6C antarès ; lorfqu’on a appris à les connoître ,
comme nous l’avons expliqué awmoc é t o i l e , &qu e
l’on connoît à-peu-près la direélion ou le contour
du zodiaque ; on diftingue facilement une planète,
dès qu’on voit un afire qui eft à-peu-près
de la meme lumière, & qui n’eft p p une des quatre
étoiles que nous venons d’indiquer.
On trouvera dans la table qui eft à la fin de cet
article la durée exaéle des révolutions planétaires.
D ’après les dernieres obfervations dont je me fuis
P L A
fervi pour nies tables , d’abord les révolutions
tropiques , ou par rapport aux points équinoxiaux;
enfuite les révolutions fidérales, ou par rapport
aux étoiles ; enfin , les révolutions finodiques, ou
le retour de leurs conjonftions 6c de leurs oppo-
firions au foleil : on peut voir aux mots A n n é e & Révolution, la maniéré de calculer ces différentes
fortes de périodes.
Les révolutions que l’on trouve dans cette table,
comme dans tous les livres d’afironomie , font des
révolutions moyennes ou uniformes, dans lefquelles
on fait abfiraèlion de toutes les inégalités que les
planètes éprouvent dans la durée de chaque révolution
; ces inégalités que les anciens expliquoient
par des épicycles &: des cercles excentrique.s, s’expliquent
aujourd’hui plus naturellement ; lorfque
Copernic eut démontré que les planètes tournoient
autour du foleil, Kepler, aidé des obfervations de
Tycho-Brahc , reconnut que ces orbites n’étoient
point des cercles , mais plutôt des ellipfes ; Newton
îil voir enfuite que toutes ces orbites ctoieni décrites
en vertu de l’attraélion du foleil, ou d’une
force centrale en raifon inverfe du carré de la
diftance.
Ainfi , le principal problème de l’afironomle
fe réduit à déterminer la grandeur & la fituation
d’une ellipfe , par le moyen de trois révolutions;
î ’ai donné dans mon Aflronomie toutes les méthodes
que l’on peut employer pour cet effet, & l ’on a
vu à différens articles de ce Difiionnaire , les méthodes
particulières qui fervent à déterminer tous
les élémens d’une planete , la diftance moyenne ,
l’aphélie , l’excentricité , l’inclinalfon , le noeud ,
la révolution & le mouvement moyen , le.s inégalités
, ou l’équation du centre ; le rayon veéfeur,
ou la vraie diftance au foleil A: l’époque de fa longitude
moyenne pour un lems domié ; voici une
table de longitudes moyennes des planètes pour le
1 janvier 1 7 7 1 , à midi moyen ; au méridien de
Paris , fuivant les tables que j’ai publiées dans mon
Afironomie Sc qui font faites d’après les meilleures
obfervations , on trouve dans les tables le moiive-
tnent pour les années, les jours & les heures, &
il eft aifé de le calculer , dès qu’on connoît la durée
de la révolution. Ce mouvement ajouté avec l’époque
de la longitude , donne cette longitude
moyenne vue du Tbleil pour le tems propofé ; on
en retranche la longitude de l’aphélie , & l’on a
l’anomalie moyenne; on en conclut l’équation de
l ’orbite , ou l’équation du centre qui fe trouve auftî
toute calculée dans les tables , ainfi que la diftance
au foleil ; cette équation appliquée à la longitude
moyenne donne la longitude hcliocentrique fur
Porbite de la planete ; on y ajoute la reduftion à
l ’écliptique qui eft également toute calculée dans
les tables , & l’on a la longitude héliocentrique
réduite à l’écliptique.
9 ^ 10 40' 24"
7 13 4S 48
0 "9 3 ^ 5
10 11 20 37
9 3 15 ^9 10 11 7 I
4 19 46 30
Nous avons explique au/nor Longitude , S u p p l.
la maniéré d’en conclure l’élongation , & par con-
féqiient la longitude géocentrique , ou vue de la
terre.
Les tables des planètes font le rcfuUat de toutes
P L A 399 les obfervations, de toutes les recherches, de tous
les calculs des aftronomes , & fans les tables, on
ne pourroit prédire les éclipfes, ou autres phénomènes
, ôt le préparer à les obferver , que par des
calculs d’une longueur rebutante ; aufii les aftro-
nontes le font ils prefque tous occupés à faire de
bonnes tables des mouvemens planétaires.
Les tables les plus familières aux aftronomes ,
font celles qui lcrvent à calculer le lieu d’une planets
pour un tems quelconque , & qui renferment
cinq articles principaux ou cinq efpeces de tables
différentes ; i° . les longitudes moyennes de chaque
planete., vues du foleil pour le commencement de
chaque année ; c’eft la table des époques ou des
racines des moyens mouvemens : on y joint la
longitude de l’aphélie & celle du noeud ; tout cela
pour le premier janvier à midi , dans les années
biffextiles, ou pour le 3 i décembre précédent,
fl l’année eft commune ; 1^. les moyens mouvemens
de la planete ^owx les années , les mois, les jours,
les heures, minutes & fécondés, & les mouvemens
de l’aphélie & du noeud ; 3®. l’équation de l’orbite
ou l’équation du centre pour chaque degré d’anomalie
, ou de diftance à l’aphélie.
Cette équation appliquée à la longitude moyenne,
donne la longitude vraie de la planete dans fon orbite
; on y ajoute à la table d’équation , celle de
la diftance au fo le il, ou du rayon veéteur de la
planete.
4®. La réduéllon à l’écliptique, ou b différence
entre la longitude dans l’orbite & la longitude réduite
à l’écliptique , telle qu’on a coutume de la
calculer; elle dépend de la diftance entre \z planete
& fon noeud ; 5*^. la latitude de la planete, ou la
diftance à l’écliptique , vue du foleil ; les fonde-
mens de toutes ces tables ont été expliqués à leur
place.
Telle eft la forme des tables des planètes ufitécs
depuis long-tems. M. de Fouchy en avoii propofé
dans les mémoires de 173 1 , une forme nouvelle ,
mais l’ancienne eft confacrée par les tables les plus
célébrés , qui ont été celles de Ptolomée , les tables
Alfonfmes, les tables de Copernic , les tables Ru-
dolphines de Kepler , celles de M. Halley, celles
de M. CafTini ; les dernieres tables font les miennes
, qui ont paru dans la fécondé édition de mon
Afironomie en 1771 , & qui font le rcfultat des obfervations
& des calculs les plus récens & les plus
exaéls.
Les planètes éprouvent aufii des inégalités ou des
perturbations , qui devroient entrer dans les tables
aftronomiques, mais qui font trop petites & trop
peu connues jufqu’ic i , pour être employées dans
les calculs ordinaires ; il n'y a que le foleil 5e Jupiter
, dont les perturbations aient été enmloyées
dans nos tables, quoiqu’on ait calculé aum celles
des autres planètes.
Les inégalités que le mouvement de la terre dans
fon orbite , fait paroître dans le mouvement des
planètes , c’eft-à-dire , les parallaxes annuelles ,ont
fervi à trouver leurs diftances , & nous les avons
rapportées en parties de la diftance moyenne du
foleil à la terre.
Pour avoir ces diftances en mefure abfoiue, par
exemple, en lieues , il faut connoître la parallaxe.
On trouvera dans la table qui eft à la fin de cet
article, les diftances de toutes les planètes au foleil
& à la terre , en fuppofant la parallaxe du foleil de
huit fécondés & demie , au lieu que dans la table
qui eft au/720ID istan CE, elle eft fuppofée de 8" 5 3 ,
peut-être eft-elle moins de 8 " 6 , Voye;^ Passage
DE VÉNUS , Suppl.
Les diamètres apparens des planètes fe mefurent
avec les micrometres, en minutes & en lecondes;