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ceux oil il apperçoit des corps etrangers ou des taches
terriigineules ; ces morceaux rejettés ne l'ont
pas perdus, il les met à part, pour fervir au raccommodage
des pots. La terre à pipes brlfée en morceaux
, le jette dans une cuve 3 , qu’on remplit
jul'quVi environ quatre pouces du bord fuperieur;
le batteur verle enfuite de l’eau pour la détremper,
jurtju’il ce que la cuve i'oit pleine : cette operation
le tait ordinairement le foir, & la terre trempe toute
la nuit. Le lendemain l'ouvrier vifite la cuve, écume
la terre avec l’écumetteJig. 4 , pour en enlever les
ordures, pailles, bois, €'c. remue la terre avec le
t'er de la palette /g. i , plongeant jul'qu’au fond ,
pour amener au-ded'us la terre qui étoit delî'ous,
cciimc de nouveau , pratique une rigole lur la fur-
face de la terre , & la dirige vers le point B ,/ g . j ,
quielîiin trou rond, bouché par un faufl'et ; &
îorfque la terre elf bien dépofée , il ouvre ce trou
pour lailTer écouler l’eau qui fumage. Cette terre
n’eft que détrempée & non délayée , elle n’a que la
quantité d’eau qu’elle a pu abforber ; cependant elle
eli encore trop humide pour l’employer: on la lai(fe
donc fe delTécher & prendre une certaine confilfan-
ce , fl on en a le tems , ou bien on la mêle avec de
la terre feche , ou des rognures de pipes molles, &
des pipes molles cafl'ées qu’on ramaffe avec foin &
propreté , & qu’on fait fécher pour cet ul'age. On
met dans la cuve , Jig. (T, un lit de ces rognures
feches , d’environ deux pouces , lur un lit de terre
détrempée de trois pouces ; puis avec le tranchant
de fer de la palette , qu’on enfonce jufqu’au fond
de la cuve, on coupe les rognures les plus grolTes
pour les faire pénétrer avec les plus petites dans
l’argllle détrempée ; les coups de la palette doivent
fe croifer : cette opération le répété fur deux nouvelles
couches femblables que l’on met fur les premieres
; alors on étampe ces quatre couches, c’elt-
à-dire , qu’on les comprime avec la dame ou hampe
Jig. 7 , jufqu’à ce que l’on juge , par la diminution
de leur volume , que les rognures en abforbant l’eau
furabondante de la terre détrempée , fe font incorporées
avec celle-ci. Sur cette terre ainfi étarapée
ou pilée, on met de nouveaux lits de rognures &
de terre qu’on travaille de la même maniéré, jufqu’à
ce que la cuve foit pleine.
La terre étampée fe transféré de la cuve jig. (T,
dans la cuve jig. ^ , au moyen de la palette ; & lorf-
que le batteur y en a mis trois ou quatre pelletées ,
il la bat un inftant avec le battoir/g. c), ou le pique-
ron Jig. 10, continuant ainfi jiifqii’à ce qu’il ait tranf-
valé toute la terre étampée. Cette opération faite
fur de petites quantités de terre à la fois, alîimile
les rogmires à l’argille. Pour donner à ce melange la
derniere perfefHon, le batteur en prend plufieurs
pelletées qu’il pofe fur l’établi/g. 11, qu’il a eu foin
de nettoyer avec la broffe Jig. 12 ; il en fait un lit
long & étroit, fuivant la longueur de l’établi; 6c
après l’avoir égalifé avec le plat C du barreau Jig. i j ,
il le bat fortement avec le dos B , commençant par
un bout 6c finiffant par l’autre. Lorfqu’il a battu une
fois toute cette maffe, il la ramaffe , tant avec les
mains qu’avec la razette/g. /4, la remet fur l’établi
dans un fens contraire à la premiere pofition , 6c la
bat de nouveau, de façon que les nouveaux coups
du barreau croifent les premiers : cette opération
finie, il coupe une tranche de cette argiile avec un
fil de laiton ; fi la couleur eft uniforme , la terre ell
alTez battue; fi la couleur eft veinée 6c de teintes
différentes, le mélange encore imparfait a befoin
d’être rebattu.
Quand la terre a reçu toutes les préparations que
l’on vient de décrire, le batteur en forme une mafi'e
à-peu-près cubique, /g . , pour être remife à
d’autres ouvriers.
P I P
La maniéré dont on prépare la ferre à pipes en
Hollande , différé de celle de Flandre telle que nous
l’avons détaillée d’après M. Duhamel ôc M. Rigaiilt.
Les Hollandois commencent par bien faire fécher la
terre, la réduire en jx)udrc avec un maillet, la mettre
à tremper pendant un ou deux jours , fuivant la
quantité que contiennent les cuves, laiffer écouler
l’eau qui fumage, remuer la terre avec une pelle
de fer jiifqu’à ce qu’elle ait pris la coniillance d’une
pâte liée, la pétrir, en faire des pains longs d’un
pied , larges & épais de fix pouces; puis ils les mettent
dans un moulin qui rend la liibihmce entièrement
homogène, ÔC lui donne toute la perfeétion
qu’elle doit avoir.
Pour comprendre la conllruélion de ce moulin,
il faut imaginer une barre de fer ^ B , Jig. 1 (7 , établie
perpendiculairement entre les poutres O a M
6c N B F ; les deux bouts de cette barre font reçus,
favoir celui A dans des collets de fonte, Si celui B
dans une crapaudine de même métal, & elle ell: mue
circulairement au moyen du levier C D qui lui ell
fermement attaché e n i? , oii l’on ajoute une barre
de fer courbée Z>g, à laquelle on attela un cheval,
qui par un mouvement circulaire fait tourner la
barre A B ; cette barre cil dans l’axe d’un cylindre
creux , ou d’un tonneau cylindrique ouvert par en-
haut en £1 (7 , & fixé par cn-bas fur le plancher R S
qui lui fert de fond. Ses douves ont un pouce &
demi d’épaiffeur, 6c lont exaélement jointes les unes
aux autres par quatre cercles de fer £ / F ; fon
diamètre ell de deux pieds, 6c fa hauteur ell de
trois pieds & demi ; il ell percé en-bas de deux trous
quatvésa^cd, de huit pouces, vis-à-vis l’un de
l ’autre. Sa hauteur ell partagée en quatre parties
égales c, c, c,c ,fg . l y , par autant de lames de fer bc
qui ont deux ou trois lignes d’épaiffeur, 6c deux
pouces & demi de largeur ; ces lames font fixées à
la barre de fer verticale, & forment comme autant
de rayons de cercle formé par le cylindre oii elles
font placées, 6c de la circonférence duquel elles
s’approchent autant qu’il ell polTible, fans cependant
la toucher. Chacune de ces lames horizontales ell
chargée de quatre autres de la même largeur 6c
épailteur, majs qui s’élèvent perpendiculairement à
la hauteur de fix pouces , telles que a, a , a, a ; ces
lames perpendiculaires Ibnt des couteaux q u i,
quand le cheval fait tourner la barre E £ , coupent
par leur mouvement circulaire les pains qu’on a mis
dans le tonneau ; 6c la terre corroyée & divifée en .
morceaux affez minces, fort par les trous a bed.,
Jig. 16 , auxquels on adapte en-dehors une planche
dk a pour retenir la terre qui en fort. En coupant
un de ces morceaux avec un fil de fer , on juge à fa
couleur fi elle ell fuffifamment préparée ou non ; li
elle ne fell pas, on la remet une fécondé , une
îroilieme , ou même une quatrième fois dans le
moulin, jufqu’à ce qu’elle foit allez bien pétrie 6c
corroyée.
Fabrication des pipes. Les rouleurs commencent
par prendre une partie de la terre préparée , mife
en malTe ou en pain, & à en faire des rouleaux ,
Jig.. 18, en leur donnant à-peu-près la forme que les
pipes doivent avoir; ils arrangent enluite ces rouleaux
par poignée de quinze, 6c les arrangent fur
trois couches en forme de pyramide,/ g . 1^ ; la
premiere couche ell compofée de fix rouleaux, la
fiîconde de cinq, la troifieme de quatre ; quand ils
ont acquis une confiflance fiilfifante en léchant, l’ouvrier
prend un rouleau 6c le perce avec une broche
de fer , fig. 2 0 : opération délicate ; l’ouvrier faifit
ce qui doit faire le tuyau ab,Jig. 2 1 , entre deux
doigts qui fuivent la pointe de la broche , à mefure
qu’il la fait avancer , en pouffant le manche ; car
l’ouvrier accoutumé à ce iravail, a le taél affez fin
pour
P I P pour fentir au travers de la terre une petite emû
nence circulaire qui ell au bout de la broche, à mefure
qu’elle avance dans Taxe du rouleau. Quand la
broche ell entrée de toute fa longueur, qui efr celle
même du rouleau, il donne un coup de pouce à la
boule de terre d qui doit former la tête de la pipe ,
pour commencer à lui faire prendre l’inclinaifon
qu’elle doit avoir dans le moule.
On met enfuite la pipe 6c la broche dans un moule
de cuivre (^g. 22) frotté d’huile, pour que l’argille
ne s’y attache pas ; ce moule ell formé de deux pieces
, fur chacune defquelles ell proprement gravé en
creux la moitié de la forme extérieure de la pipe,
ainfi que les ornemens que portent plufieurs
de Hollande : on pofe l’une fur l’autre les deux pieces
du moule(;5g. 22 6c 2 g ) qui ont des repaires aaaa
pour qu’elles s’ajullent exaélement ; & de peur
qu’elles ne fe dérangent, on met des chevilles dans
les trous aa a a ,oxi place ce moule dans une petite
preffe fermement affujettie par des vis 6c des écrous
fur une petite table (/g. 24) .• cette preffe (/g. 246c
a i ) ell formée d’une gouttière de fer fondu &brut ;
le fond A 6c les deux côtés BC font d’une feule
piece ; mais il y a dans l’intérieur de cette efpece de
gouttière deux planches , une de fer poli D , l’autre
de bois G ; 6c la planche D n’ell retenue auprès de
la paroi B de la gouttière, que par deux boulons de
fer E F E , qui lui fervent de condufleurs Iorfque
l ’ouvrier preffe la planche D avec la vis £f qui entre
dans l ’écrou / (_fig. 2 4 , 2 i & 2(2 ) qui a une tête
qui l’arrête dans le côté B de la gouttière de fonte.
Au moyen de cette v is , la planche de fer D ell fermement
prefl'ée contre le moule qui s’appuie fur la
planche de bois G , qui ell retenue par la joue C de
de la gouttière de fonte. Il fuffit que la planche G
foit de bois , parce quelle ne peut être endommagée
par la vis, comme la planche £>, qui feule ell
expofée à fon adUon,
Par le moyen de cette preffe & du moule, le
tuyau de efl tout-d’un-coup formé, mais la
tête n’elt qu’ébauchée ; pour la perfedlionner, l’ouvrier
laiffant le moule dans la preffe , commence à
former le godet, en écartant la terre avec le doigt
index, 6c la répandant également tout-autour ; il
prend enjuite Vétampeux (Jig. 27 ) , qu’il fait entrer
dans la tête du moule ; 6c afin que fes parois foient
d une égale épaiffeur , 6c que le talon de la pipe ne
foit point endommage , le mouleur attache folide-
ment, autour de l’étampeux, à l’endroit fixe pour
la longueur de la tête , un morceau de cuir qui lui
fert d arret ; il retire enfuite le moule de la preffe,
il pouffe la broche de ter jufqii’à la poignée pour
former la communication du tuyau avec la tête de
la pipe ( /fg. 28 ) qu’il retire auffi-tôt du moule pour
la perfeélionner avec Vejîriquenx (Jig. 2Ci). Avec le
bout arrondi R , il emporte les bavures; il coupe
1 excédent du tuyau avec une lame de fer ou de
cuivre £, qui ell attachée obliquement au manche,
& avec la pointe T, il retire adroitement la petite
boule de terre que la broche a pouffée dans la tête
de la pipe. Les pipes ainfi moulées & perfeétionnées
fe mettent à fécher fur des planches, en les arrangeant
comme on le voit (Jig. 3 0 ) .
Quand elles ont pris un peu de confiftance, l’ouvrier
les reprend pour ôter encore avec un couteau
les bavures de la tête, 6c en arrondir les arrêtes avec
un petit bouton de cuivre ou de corne. II repaffe en-
uite les/);pe5 dans le moule pour les redreffer , & à
me lire qu'elles font redreffées, il les arrange fur
es P /g. j , ^ ü y a deux rainures de chaque
cote , dans lefquelles on met le talon des pipes ;
ce qui eit à les bien arranger. On les laiffe en cet
ctat julqu a ce qu’elles foient affci raffermies pour
Tome IF, ‘ :
P I P 377 ■ fupporter le dernier poli, la marque du fabriquant
& la dentelle.
La moulure des ;i/>«fe fait, à très-peu de chofe
près, à Gouda comme à Dunkerque. Le moule & la
^^^mblables pour l’cflemiel; l’étampeiix
^ i eitriqueux ne different prefque en rien. Mais en
andres, on donne le dernier poli aux pipes, en les
rottant avec deux cailloux nommes pierres de torrent y
ans lelquels on a creufé des carreaux du calibre ou
de la groffeur du tuyau 6c de la tête de la pipe; au
heu qu en Hollande on le fert de l’infirumenr 3 2,
pour pohr 6c arrondir la tê te ;& eje rinfirument
H - 33y pour polir le tuyau. Dans toutes tes fabri-
ques, la marque de l’ouvrier 6c de la fabrique s’imprime
avec un fer où elle ell gravée, la dentelle
de la tête fe fait avec une efpece de petite feie ou de
lime qu’en paffe fur le bord du godet. En Hollande
encore on donne un dernier poli aux pipes , avec
un caillou de forme conique , efpece d’agathe ou
de pierre à fufil bien polie, 6c attachée au bout d’un
manche de bois, avec une virolle de cuivre y Jig- 24'
Cuijjon des pipes. On cuit les;’//»« dans de’ grands
onde petits fours, qu on peut regarder comme une
diminution des grands : ainfi, nous nous contenterons
de parler de ceux-ci. Ces fours fonequarrés, 6c affez
femblables à ceux où l’on cuit les tuiles 6c les briques.
La _/fg//re 3b en repréfente la fondation; / / ,
eft l’épaiffeur des murs au niveau du terrein ; A ,
l’emplacement du fourneau, ou de l’endroit où l’on
fait le feu ; B, la bouche du fourneau par oîi l’on
met le bois. Xjafig. 36' eft l’élévation extérieure de
ce four \ E K ., retraite que l’on fait pour diminuer
l’épaiffeur de la maçonnerie, quand elle eft élevée
audeffus de la vowtedu fourneau; L L , le chapeau
du fourneau; C , porte qui fert à mettre les pipes
dans les boiffeaiix qui font de terre rouge : quand les
boiffeaux font pleins, on ferme exactement cette
porte avec une maçonnerie de brique 6c d’argille;
B, la bouche du four qui fait faillie fur le vif du^mur.
^2/ g .3 7 eft une coupe horizontale du four au niveau
de la ligne K K de la Jig. 3 C, c’eft-à-dire , au-
deffus de la fournaife; E E , lont des ouvertures
pratiquées à la voûte de la fournaife , par lefquelles
la fumée , la flamme 6c la chaleur fe communiquent
dans toute la capacité du four; D D , endroits où
l’on place les boiffeaux. La Jig. 3<? eft une coupe verticale
de ce four par la ligne de la fig. 37 F ,
eft l’intérieur du fourneau où l'on met le (t\\ ■, E E
les ouvertures ou tuyaux de chaleur, à la voûte du
fourneau; X L , le chapiteau ou la couverture du
four qui eft voûté; N B , les évents pour laiffer le
pafl'agy à la fumée 6c établir un courant d’air dans la
capacité du four; (7 , des colonnes de boiffeaux formes
de terre cuite, dans lefquels on renferme les
pipes pour les cuire.
Pour arranger les pipes dans le four, on commence
par mettre fur la voûte du fourneau aux
places indiquées par D(fig.^y)^ un boiffeau tel que
^ ^ffiS'3^- pofe au milieu un chandelier, on
remplit ce boiffeau de pipes la tête en-bas, & à
mefure que la pyramide s’cleve , on ajoute un chandelier
qui eft enfilé par une broche de fer. Quand la
pyramide fiirmonte le bolficau, comme on le voit
en 6' I , on met un fécond boiffeau qu’on lute bien
avec le premier. Quand on a rempli de pipes ce
fécond, on en ajoute un troifieme, & la colonne
eft finie, comme en G 2. II ne refte plus qu’à former
fur la pyramide de pipes AT, avec des tuiles
creufes 6c gironnées, le chapiteau AI. On coiu re
d’un bon lut toutes les colonnes, & quand les neuf
colonnes D (fig. 3 7), font chargées,on maçonne la
porte C(fig-^C), 6c on allume le feu qu’on fait d'abord
fort douxjôc qu’on augmente peu-à-peu; il
L b b