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il yen a pen d’audi fubltmes que celle-là; & celle-
c i , qui en eft le développement eft fu b lim t encore:
« Il eft au pouvoir du plus vil, comme du plus
>> féroce des animaux d’üter la vie; il n’appartient
» qu’aux dieux 6c aux rois de l’accorder. *> Cette
maxime d’Ariftote : « pour n’avoir pas befoin de
» fociété il faut être un Dieu ou une brute », eft
encore fu b lim e dans la penfée , quoique très-fimple
dans l’expreftion.
Dans le Macbeth de Shakespeare on annonce à
Maeduft' que fon château a été pris, & que Macbeth
y a fait maflacrer fa femme & les enfans.
Macduff tombe dans une douleur morne : Son ami
veut le conlbler ; il ne l’écoute point, & méditant
fur les moyens de fe venger de Macbeth, il
ne dit que ces mots terribles, U n a point d 'enfans !
Dans Sophocle , OEdipe, à qui l’on ainene les enfans
qu’il a eus de l'a mere, leur tend les bras
& leur dit : approckt^^ crnbralfe^ votre . . . . II n’a-
cheve pas, & le fub lim e eft dans la réticence.
En général, comme l e e f t communément
une perception rapide , lumineufe & profonde , urt
réfultat ibudainement faifi de fentiniens ou de pen-
fées, il eft plus dans ce qu’il fait entendre que
dans ce qu’il exprime. C’eft quelquefois le vague
& rin>menfitc de la penfée ou de l’image qui en
fait ia force & la iublimité. Telle eft cette peinture
de l’état du pécheur après fa mort, n 'a y a nt que
f o n péché entre fo n D ie u ù lu i , 6* fe trouvant de
toutes p a n s environné de P éternité ( La R Lie ) ; telle eft
cette exprellion de Boffuer, déjà cirée, pour peindre
le régné de l’idolâtrie , tout était D ieu excepté D ie u
Tuénie; tel eft Verravit fine voce dolor & le nec f e R o ma
ferens de la Pharlale ; tel eft Vutinam timerem!
d’Andromaque, & cette réponfe encore plus belle
de la Mérope de Maffeï:
O Car'ifo, non aurïan gia mai g li dei
Cio comnicndalo ad una madré.
Dans un voyage de Pinto, je me fouviens d’avoir
lu ce récit terrible d’un naufrage.« Au milieu
d’une nuit orageufe nous apperçiimes , dit-il, à la
lueur des éclairs un autre vaiffeau, qui, comme
nous luttoit contre la tempête; tout-à-coup, dans
robfcurité, nous entendîmes un cri épouventable ;
puis nous n’entendîmes plus rien que le bruit
des vents & des flots. »
Quelquefois même le fub lim e fe paffe de paroles
: la feule aclion peut l'exprimer ; le filence alors
reffemble au voile qui, dans le tableau de Thî-
mante, couvroit le vifage d’Agamemnon , ou à
ces feuillets déchirés par la imife de l’hiftoire,
dans le fameux tableau de Chantilly. C ’eft par le
filence que dans les enfers Ajax répond à Ulyffe ,
& Didon à Enée ; & c’eft l’expreftion la plus fu b f i-
me de l’indignation & du mépris. Cela prouve que
le fu b lim e n’eft pas dans les mots : l’expreftîon y
peut nuire fans doute , mais elle n’y ajoute jamais.
On dira que plus elle eft ferrée plus elle eft frappante
; j’en conviens , & l’on en doit conclure que
la prccifton eft effentielle au ftyle fublime comme
au ftyle énergique pathétique en général ; mais
la précifion n’exclut pas les gradations, les déve-
loppemens qui font eux-mêmes quelquefois le ƒ«-
blime. Lorfque les idées préfentent le plus haut degré
concevable d’étendue ôc d’élévation & que
VexprelEon les foutient, ce n’eft plus un mot qui
eft fublime , c’ eft une fuite de penfées , comme
dans cet exemple. « Tout ce que nous voyons du
n monde n’eft qu’un trait imperceptible dans l’am-
» pie fein de la nature : nulle idée n’approche de
»♦ l’étendue de fes efpaces : nous avons beau en-
« fier nos conceptions, nous n’enfantons que des
ü atomes au prix de la réalité des chofes : c^eft un
S U B
» cercle infini dont le centre eft par-tout, & la
» circonférence nulle part » (Pafclial). On cite
co xnm t fu b lim e , & avec raifon , \Q q u i l mourûe
vieil Horace ; mais on ne fait pas réflexion que
ces mots doivent leur force à ce qui les precede.
La feene où ils font placés eft comme une pyramide
dont ils couronnent le fommet. On vient annoncer
au viel Horace que de fes trois fils deux
font morts & l’autre a pris la fuite. Son premier
mouvement eft de ne pas croire que fon fils ait eu
cette lâcheté.
N o n , non , cela n ’eft p o in t ; on vous trompe, J u lie :
Rome n ’eft: point f t je i t e , ou mon f i l s ejî fa n s vie.
Je connfiis mieux m o n fa n g , U f a i t mieux fo n devoir.
On l’affure que fe voyant feul il s’eft échappé
du combat. Alors à la confiance trompée fuccede
l’indignation.
E t nos jh ld a ts trahis ne fo n t p a s a ch ev é !
Camille, préfente à ce récit, donne des larmes
à fes freres.
H o r a c e .
Tout beau , ne les pleure:^ p ar tous :
D e u x jo u iffen t d ’ un fort dont leur pere ejî ja lo u x .
Q u e des p lu s nobles fleurs leur tombe f o i t couverte:
L a gloire de leur mort rrfa p a y é de leur perte.
Pleure^ Cautre , pleu rf^, l ’irréparable afiront
Q^ue J'a fu ite honteufe imprime à notre fr o n t ;
Pkure\^ le déshonneur de toute notre race ,
E t fopprobre éternel q u 'il laijfe au nom iTHorace.
J u l i e .
Q jie vouliez-vous q u 'il f i t contre tr o is ?
H o r a c e .
Q ji i l mounu.
Ce qui eft fu b lim e dans cette feene, ce n’ eft pas
feulement cette réponfe ; c’eft toute la Icene, c’eft
la gradation des fentimens du vieil Horace , & le
développement de ce grand caraélere dont le qu i l
mourût n’eft qu’un dernier éclat.
On voir par cet exemple ce qui diftingne les
deux genres de fu b lim e , ou plutôt ce qui les réunit
en un feul.
On attache communément l’idce de fu b lim e^ la
grandeur phyfiqiie des objets, & quelquefois elle
y contribue ; mais ce n’eft que par accident & en
vertu de nouveaux rapports, ou d’un caraftere fin-
gulier & frappant que rimaginaiion ou le fentiment
leur imprime; leur point de vue habituel n’a rien
d’étonnani ni pour l’anie ni pour l’imagination:
la familiarité des prodiges même de la nature les
a tous avilis; & dans une defeription qui réuniroit
tousles grands phénomènes du ciel & de la terre,
il feroit très-poffible qu’il n’y eiit pas un mot de
fu b lim e.
Ce qui, du coté de l’expreffion eft le plus effen- x\e\ dx\ fu b lim e , c’eft l’énergie & fur-tout la précifion
; ce qui lui répugne le plus, c’eft l’abondance
&roftentation des paroles \^M. M a r m o n t e l .')
SUBSTANCE RÉSINEUSE, {H if i. n at. Chirurg
ie .) L’article Résine élastique étoit déjà imprimé
dans ce volume , quand le hazard m’offrit un
autre moyen plus facile & plus précieux d’avoir
des lanières plus minces & conféquemment plus
convenables à certaines opérations chirurgicales.
Mais avant que de l’expofsr, qu’il me foit permis
de calculer la force de compreflion d’une bande
de cette fubftance : une bandelette unie & fans
raies, large de quatre lignes & d’une ligne & demie
d’épaiffeur s’eft caflée par l’aftion d’un poids
de I I livres 9 onces 5 gros ; par conféquent fa
ténacité étoit de a j liv. 3 onces 1 gros. Ces deux
S U B
morceaux adaptés & collés enfemble ne fe font détachés
que par un poids de deux livres. La portion
de la bande qui reftoit au-delà des boucles à
deux vis , dont je me fuis fervi dans cette expérience
pour en arrêter les extrémités avec la plus
grande force {P o y e^ R ésine Élastique Sup p le m
en t) , étoit longue de 8 lignes. Le feul poids d’une
livre une once fix gros l’avoit alongée , avant
qu’elle le caffàt, de 11 lignes, c’eft-à-dire d’un tiers
plus que fa longueur naturelle ; un autre poids lem-
blable l’avoic alongée de leize lignes , c’eft-à-dire
de la moitié; un troifieme de 14 lignes, c’eft-
à-dire de deux tiers. Par conféquent, fi l’on avoit
apjdiqué cette bande de refine alongée d’un tiers ,
lur quelques parties du corps, elles en auroient
été comprimées, preffées avec une force de i liv.
3 onces 4 gros , c’eft-à-clire double de la force
que cette bande pourroit avoir dans fon état naturel.
Si on l’avoit appliquée tendue de la moitié,
elles auroient été comprimées avec une force de
4 livres 7 onces : enfin fi on l’avoit appliquée tendue
de deux tiers , elles auroient été comprimées
avec une force de fix livres 10 onces 4 gros. Cette
coinprellion trop forte, comme j’ai dit clans le meme
articleRÉsiNE élastique, pourroit difpoferla plaie
à rinflammation à la douleur dans les endroits
où il y a défions un point d’appui dur, c’eft-à-
dire un os : j ’ai dit en même temps que les parties
charnues étoient à l’abri de cet inconvénient,
& que pour parer au premier cas je ne comptois
que lur la tacilitc d’avoir d’Amérique de la réfine
plus mince. Mais pour l’amincir artificiellement,
j_ai pafle lur la furface des raies une plaque de
fer rougi julqu’à tant que toutes les inégalités furent
détruites de que cette furface fiit unie ; j’ai
onliiite effuyé ce peu de matière qui s’étoit fondue,
afin qu'elle ne fiit pas faliffanre , & j’ai trouvé
qu’en l’appliquant tendue de ce même côté fur la
peau, elle fe colloit fortement &c de maniéré qu’on
pouvoir fe palier de ruban parce qu’elle reftoit ainfi
toute feule en place. Il ne faut pourtant pas s’imaginer
qu’on puifté fe palier toujours de ruban pendant
tout le traitement des bleiVures ou du bec de
îievre, parce que quoique la réfine gagne la peau
de cette maniéré avec une grande torce , elle doit
être foutenue afin qu’elle ne foit pas décollée par
i’aclion des mufcles. Il faut que i’aCtion du feu loit
égale par-tout, parce que fi une partie de la réfine
eft plus affolbüe qu’une autre, celle-ci entraîne la
moins forte & la rend de plus en plus foible t il
faut joindre à cela que i’aciion même du feu affoi-
blit en général la ténacité de toute la réfine. Cette
force de fe coller, acquife par le feu, dure très-
long-temps : mais quand elle fera diminuée, pour
la ranimer, on l’approchera du feu ou on repaf-
fera deffus légèrement une plaque de fer bien chaud.
Pour le bec de Iievre , il eft infiniment plus
avantageux de fe fervir toujours d’une bande de
réfine préparée de la maniéré que je viens de décrire.
J’avois propofé pour cet accident les deux
bandelettes des figures z & 5 de la planche indiquée
dans l’article RÉSINE élastique ; mais
Pillage m’a appris , que la furface du vifage étant
inégale , elles rouloient fur elles-mêmes , fiir-tout
quand elles étoient trop epaiffes , 6c ne conte-
noient pas exactement les levres de la plaie : elles
peuvent cependant fervir dans les bleftùres de toutes
les autres jiarcies du corps, elles font même
indifpcniables cldtis les grandes plaies. J’ai dit enfin
que j avois conftruit des loiides avec \a. réfine élaf-
tique ; les Aniériquains en font de toile cirée,
& ces fondes font conllruites avec du tafetas ciré
de la même réjî'ie. J’,,i l’application de tous les
bandages fur-moi-même 6c lur quelques malades:
Tome IK ,
S U B 835
je continuerai mes obfervations & j’en ferai part
au public dans un ouvrage Italien que je me pro-
p o ie de donner après en a v o ir perfedtionné la
pratique. {Cet article ejl de M. T r o j a .)
SU B S T ITU T IO N S , ( C a lcu l intégral. ) Méthode
desfubJUtutions. Cette méthode confifte en général
a iubftitiier dans une equation différentielle propo-
lée_à la place des variables qui y en trent, d ’autres
variables égales à des fondions des premieres , &
telles qu’après la_/àè/?/r//r/o/2, la propofée devienne
d’une forme donnée & pour laquelle on ait une méthode
particulière d’intégrer.
Cette méthode a été employée i®. par pliifieurs
géomètres, & particuliérement par M. d’A lem b e rt,•
pour rappcller aux fraaions rationnelles d esfon aion s
d une feule variable x qui contenoit des radicaux,
6c cela eft poffible toutes les fois que la fondlion
propoiée eft la fomme de fondlions qui ne contiennent
que fous un radical quelconque , ou
a->(-bx + c x ^ fous le radical f ; dans le premier cas,
on fera 7^ 7 7 = dans \^(çcon à ,a-\ - b x c x'^ = .
c V 4- ^ . Si on vou loit rechercher en général
dans quels cas les fondlions fous le figne étant plus
com pofees, on peut rappeller la fondlion propofee
aux fraclions rationnelles; on commencera pa rex a -
miner fi en faifant ^ = V rt,, la propofee contient de
nouveaux radicaux quel que foit m , pourvu qu’il
foit entier , enfuite fi cela a lieu , on fiippofera or z=
le contraire arrive 7 \ -
6c il faudra que la fo n â io n qui m ultip le d x foit
aufiî de cette forme ; ainfi en fuppofant x- ou z égal
à une fuite in fin ie, & par conféquent la fondlion
propofee à une a u tre , il faudra que toutes deux
puifient à la fois être luppofées récurrentes, ce qui
n’arrivera pas toujours. Je ne crois meme pas qu’on
piiiffe par ce moyen rappeller aux fradlions rationnelles
la redlification des fedlions con iqu e s, celui
que j ’ai indiqué à Vanicle Q uadrature , S u p plément,
eft plus général. On pourra aufiî rappeller
des fondlions irrationnelles à des fondlions rationn
e lles, fi on peut faire ici Y .d J J ld i S lL . d y ,6 c
le coefficient de d z égal à une fondlion Y ' ....
Y , Y ' étant des fondlions de y telles que Ÿ Ÿ ' en
lo it une fondlion rationnelle. V o y e z le premier
volume du C a lcu l intégral de M. Euler.
2°. La méthode des JûbJlitutions a encore été emp
lo yée par M. d ’Alembert, pour trouver la forme
des différentielles dont rintcgrarion dépend de la
redlification des fedlions coniques. L ’utilité de ce
travail eft très-grande , quoiqu’on ne fâche pas rectifier
ces courbes, parce qu’on a à très-peu près la
mefure de leurs arcs, qu’on peut en déduire immédiatement
les intégrales approchées des autres
fondlions, fans av o ir befoin d’une nouvelle approximation.
V o y e z le premier volume du CaLuH ntégral
de M. de B ouga inville, 6c le quatrième volume des
Op ufculcs oeM . d’Alembert.
3*^. C ’eft par la méthode des fub flitutions qu’on a
trouvé les cas connus d’intégration pour l’équation
de R ic a ti, l’intégration des équations homogènes,
celle des équations linéaires du premier o rd re , quelques
cas particuliers de celles du fécond. V o y e z les
(Euvres de Jean Bernoulli, 6c les articles Ric a t i ,
HOMOGENES , Linéaires , S uppl.
4*^. On s’eft encore fervi des fu b fiitu tions pour
rappeller à ces différens cas des équations qui paroif-
fenrs’en é loign er, pour féparer différentes équations
particulières , & pour trouver des cas d’intégration
pour beaucoup d’autres.
Plus les formes des fonfllons propofées font générales,
iQ ifib f tu u tio n s fim p le s, 6c la fomftlon qui en
N N n n n i)