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doux ii la vérité, mais continuel (vqy^’^ Irritabilité
, Suppl.) , qui naît en partie des mufcles ÖC des
vaifl'eaiix voilins , mais qui d’ailleurs ell naturel &
cffemiel au tilTu meme. Ce tiflu environne tous les
vaiflcaux , les nerfs, les cordons des libres mulcu-
laires, les filets capillaires même, qui compofent
les mufcles ou les nerfs. Qu’il fe perde un clément
de Tune de ces fibres , c’cft encore un petit creux,
comme celui qui naît dans la furface interne de l’ar-
tere par reffbrt du fang. La matière , pour réparer
cette perte , y eff amenée par le mouvement du tifîu
cellulaire, la colle animale s’y applique & le remplit;
le rcüe fe fait comme dans la cavité de l’artere. Le
creux fc remplit exaélcment êc rien de plus, parce
que la colle qui le remplit n’d f point expoléc au
frottement de rhumeur qui ie meut dans le tiflu
cellulaire ; mais qu’elle y cil expof'éc , dès qu’elle
déborde. Rien n’ell au relie plus commun , que de
voir la colle animale épanchée avec trop de protu-
fion dans le tiflu cellulaire , qui épailfit les membranes
& produit des cals dans la cellulolité de la pleure,
des artères de la dure-mere. On peut voir cette d -
pece de réparation dans les grenouilles. On ouvre
une artere à l’animal, le fang en lore comme un torrent
, il s’épanche dans le tiflu cellulaire qui environne
l’artcre. Bientôt il fe forme un nuage blanchâtre
, qui s’cpaUlrt ; c’dt la lymphe qui le colle à
l’ouverture de l’artere & la ferme ; dans peu de minutes
le fang reprend fon mouvement naturel dans
l ’artcrcqui ell loudce.
Les os , dont nous parlerons â VanicU Os , font
nourris par la colle & par la terre dépofée dans la
cellulofite qui fait le canevas de l’os ; cette mécha-
nique efl évidente dans les os planes, tels que le
pariétal &: le frontal. J’ai parlé de la colle animale ,
comme de la matière qui nourrit la machine animale :
cette colle cfl la lymphe coagulable, dont il a été
parlé â XariicU LyMPHE , Suppl.
L’obéfitc d l différente de la nutrition. La gralffe
paroît bien dans le cadavre une maflé lolide,
mais elle d f fluide clans l’animal vivant ; elle
fc répand dans le tillli cellulaire , &. lé repompe
avec beaucoup de promptitude. Stahl a remarqué
que les alouettes s’engraiflént dans le court el'pace
d’une nuit, St que leur embonpomt diminue dans
le cours d’un jour. J'ai vu clans les animaux en vie
la gralflé du coeur évidemment fluide tk tranlpa-
rente.*
Les perfonnes qui prennent de l’embonpoint, ne
font donc pas nourries par cette obélité ; c’eîl la
malTe de leurs humeurs , qui s’augmente & non pas
celle de leurs folides. Dans l’homme, l’accroiflé-
ment a lieu pendant près de vingt-cinq ans. La nutrition
refle feule & dure un tems à-peu-pres égal. La
confomption des folides d l alors mediocre , Sc fe
répare à mefure qu’elle diminue leur volume. Apres
cinquante ans, le dccroiflémcnt commence; il efl
caché par l’obéfité qui, vers cette époque, prend
le cleffus, mais il efl fenfible par la diminution des
forces mufculaires, de la fécondité , par les rides ,
par l’applatiflément des yeux & la presbyopic , par
la cefTation des regies dans les femmes.
La caul)i la plus générale du décroiflément paroît
être l’endurcilTement général du tiflu cellulaire. Les
intervalles des élémens terreux , les petites cavités
du iifTii cellulaire , celles même des vaifléaux fe
refferrent par la contraélion augmentée des petites
fibres & des lames qui compoient ce tiffu , & ce
refTerrement cft une caiife efficace de fon accroiflé-
menr, parce que les élémens terreux s’attirent en
raifon inverfe de leurs diflances, qu’ils le rapprochent
avec plus de force, plus ils fe font rapprochés.
Cet ondurcilTement efl conflate par les faits. La peau
jendre 6c délicate d’un enfant devient dure 6c ridée ;
N U T les cheveux expofés à l’expérlcncc acquièrent de la
dureté , 6c foutiennent un plus grand poids ; la cel-
luloüté devient évidemment plus dure ; j’en ai fcnii
la différence avec le fcalpel même ; elle gene le mouvement
des mufcles , ôc produit des rigidités 6c de
faufîes anchylofes. Le tliymus 6c les glandes conglo-
bées , qui étoient pleines d’humidité dans la jeunelfe,
ne font plus qu’une cellulofite féche ; les artères
acquièrent une denfué lenfible , elles fc rctreciflént,
6c leur lumière perd de fa proportion h l’épaiffeur
des vaifléaux. Les mufcles deviennent plus tendineux,
les tendons plus roldes , les cartilages ofléux. En un
mot , toute la machine animale gagne du côté des
folides , 6c perd du côté des fluides.
La caufe dilatante des vaifléaux ne gagne rien pendant
que la réfiftance augmente , au contraire elle
perd. L’irritabilité du coeur très-vive clans ie foetus,
vive encore clans la jeunefle, diminue tous les jours ;
le nombre des pullulions le réduit à la moitié, 6cde
cent quarante à tbixantc-clix, 6c même â moins. Dans
toute la généralité de l’animal, tout perd de la vivacité
du lentiment 6c du mouvement, 6c la contraéHon
feule a gagné. L’impulfion étant diminuée 6i la réfi-
flance augmentée , le nombre 6c le calibre des vaif-
feaux étant diminué , le coeur ne peut plus porter
avec la même efiicaciié les humeurs dans les extrémités
des vaifTeaux ; il les dilatera moins , ils fe ref-
ferreront davantage par le raccourciffement de leur
tiflu cellulaire; tout le corps rentrera , pour ainfulire,
en lui-même , 6c tous les élémens folides feront rapprochés.
Une fécondé caufe, qui fait prévaloir la
réfiflance des folides fur l’impullion des fluides, c’ell
la coagulation des liqueurs albiimineufes épanchées
dans les intervalles des filets cellulaires. Dans les artères
, on commence â appercevoir des taches jaunâtres
faites par une matière pâteufe : je l’ai vu fur le
foie, fur les vifeeres, dans la cellulofite qui entoure
la pleure dans la dure-mere. Cette bouillie s’epaiflir,
prend la conflllance d’un cal6c bientôt d’un cartilage,
elle finit par être offeufe, elle a la dureté de l’os fans
en avoir la llruélure régulière. J’ai vu cette matière
confondue avec les filets miflculaires faire un fquirre
d’un mufcle. Elle efl plus commune encore dans les
glandes lymphatiques & dans la glande îhyréoide. Je
l’ai vu fermer la cavité d’un intelHn. Tous ces épaif-
flllemens compriment les vaifléaux, les effacent, &C
arrêtent même le courant du fang dans les troncs
voiflns.
La quantité des humeurs étant diminuée, la peau
fe rétrécit, & la pcrfpiration ne fe fait plus qu’avec
peine, Ja liqueur fécondante ne fefépare qu’en petite
quantité , elle efl pleine de grains lymphatiques d’une
grande conflllance. La liqueur nourricière diminue
comme le refle des humeurs, 6c la nutrition perd eu
même teins 6c du côté de la force qui l’applique aux
parties, Sc par la diminution de la quantité. Il efl très-
probable, 6c c’étoit le fentiment d'un grand anato-
mifle, que le defl'échement des glandes méfentéri-
ques dcti'uit la liberté du mouvement du chyle, 6c
que les vaifTeaux laélés s’effacent dans la vicilleffe.
Les humeurs ne diminuent pas uniquement, elles
deviennent âcres. Dans l’enfant, l’haleine, la fueur,
l’urine , les excrémens eux-mêmes font prcfque fans
odeur. Dans les vieillards, l’urine efl acre 6c chargée
de fel ; les excrémens, la fucur , la liqueur glandulaire
des ailes 6c des aînés , la pcrfpiration des poumons
prend une odeur défagréablc. L’irritabilité
diminuée dans les intefllns dans la veflie prolonge
le féjoiir des excrémens 6c en augmente la reforption,
qui ajoute encore à l’acrete des humeurs. Il cfl très-
naturel que la quantité de f c l, dont nous ufons dans
les alimens, le principe phlogiftique des liqueurs
fpiritueufes,les parties âcres 6c ailcalcfcentesde p!u-
lieurs végétaux, & fur-tçut desaiflmaux, que toutes
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ces caufes réunies rempUflént peu à-peii la maflé des
humeurs de particules beaucoup plus exaltées, que
jie font les humeurs albuinincules innocentes de i’en-
fant. Une couleur jaune paroît dans les humeurs les plus tranfparentes; flic teint le cryflallin dclamuco-
fité de l’épiderme. Les peintres n'ignorent pas qu’il
fau t, pour exprimer l’âge , augmenter avec les années
la dole du jaune. C ’efl fur-tout l’abondance des
parties terreufes , qui cfl la plus fenfible dans les humeurs
des vieillards. La Chymie les découvre 6c
dans le fang & dans l’urine, en un mot dans toutes
les humeur^. C ’efl la fécondé caufe de l’endurciffe-
ment univcrlél de ia machine animale , de la fragilité
des os des endurciifemens fl communs, mais dont
il y a des exemples extraordinaires, tel que le calice
pierreux , né autour de la rétine , ou peut-être l’en-
clurcilTemcnt de la rétine même. De-là les tendons
cartilagineux & offeux , dont les derniers font fl
communs dans les oifeaux. De-là encore l’oflifica-
lion des cartilages du larynx & quelquefois des côtes,
ü n a vu dans la maffe du fang meme des grains pierreux,
ils fe dépofentdans les articulations des goutteux
, dans les valvules du coeur, dans le cerveau
même. La vieillefié efl la fliite de ces caufesréunies,
de la trop grande quantité de matière terreufe, de
racrimonie des humeurs , du deffcchement général,
du rapprochement des filets & des lames de la cellu-
loflté , de la diminution , de la fenlibilité & de l’irri-
labihté. Dès que ces caufes ont prévalu , la vieilleffc
efl une force qui mene l’animal peu-à-peu dans la
tombe, fans qu’il puiffe fe relever. Les mêmes caufes
opèrent toujours avec plus de force, parce quelles
agiflent fur un corps déjà difpofé à ce defféchement
iiniverfel, 6c l’efpérancc de remonter vers la jeu-
neflé . cfl un ridicule dont le fage doit fc preferver.
On peut cependant rcrarder ia marche de la vieil-
leflé. En fc tranfportant clans un air plus chaud, en
paffant de l’Europe aux îles Antilles, on donne au
coeur une nouvelle force, on augmente le nombre
& le mouvement des pulfations , on ouvre les porcs
de la peau ; on a vu des femmes y recouvrer leurs regies
&C leur fécondité. En ajoutant à cet avantage celui
d’une nourriture végétale & humeflante , on diminue
le defl'échement des folides , on augmente la
maffe diminuée des fluides, O . G.)
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NYKIOPING , NYCOPIA, (Gèogr.) ville con-
fldérable de la Suecle proprement dite , dans la $u-
dermanie, non loin de la Baltique, fur une eau
courante, oii l’on a bâti l'an 1718 le plus beau pont
du royaume. Elle a un très-bon port, 6c elle fait un
gros commerce de draps, cie cuirs préparés & de
cuivre jaune. C ’efl la dixième des villes de la dicte,
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6c celle où l’on parle, dit-on , le meilleur fuédois.
Elle efl fort ancienne , & elle préfleie à une capitainerie
de treize diflriéls. Les agrémens de fes environs
, & la fâlubrité de l’air qu’on y refpire , en ont
fait plufleursfois, en tems de pefte , le lieudeféjour
de la cour , & des colleges de la régence. Dans l'antiquité
, c ctoit le fiege des rois & des princes de
Sudermanie. EUeavoic un château qui brûla en 1665,
&quipafloit pouraufli imprenable que ceux deStock-
holm 6c de Calmar. Ses rues font bien percées 6c
bien pavées , 6c elle en a une entr’autres toute bordée
de tilleuls. Elle renferme deux belles églifes U
des fabriques en divers genres. De,ix bourguemaî-
tres font à la tête de fa magifliature , 6c le <’ouvcr-
neur ou capitaine général de Sudermanie y fait fa
réficlence. (Z). G.)
NYÜNS , {Geogr.) en latin Ncomagus , ville du
Dauphiné , diocefe de Vaifon , élection de Monte-
limart, dans une vallée , aux pieds du col de Deves
6c de la gorge des Piles.
Il en cfl fait mention dans Ptolomée ; 6c M. Aftruc,
dans fon IntroduHion fl l’kijloirc du Languedoc donne
la ville de Nyons pour un des confins de l'ancienne
Gaule Narbonnoife.
Les dauphins Viennois habitoientfouvent leur château
de fvyons , 6c ont accordé plufleurs privilèges à
cette ville. Les agrémens de fa liiuation, la beaufe du
pont qui y a été conflruit, la lingularitc du vent du
Pontias donnent à Nyons une diflinéHon particulière.
Les eaux minérales de la fontaine de Pontias étoient
autrefois renommées , 6c attiroient une foule de malades.
Le vent du Pontias fort d’une caverne , il efl très-
froid & périodique , fouiîlant prefque tous les jours;
en hiver, vers les cinq heures du loir jufqu’à neuf
ou dix heures du matin ; en été , il ne commence que
vers les neuf heures du lo ir, 6c rLlpire à pei ie à
fept du matin ; il ne fouffle point par des bouflées
inégales, mais toujours dan^ le meme fens avec luie
égale continuité , fans prendre relâche. Le vent de
midi ne fait qu’imiter le Pontias, 6c femble augmenter
fes forces ; il ne s’écarte point au-delà de la vallée
Ù.Q Nyons.
C ’efl la patrie de l’illuflre héroïne Philis de la
Tour-Dupin-la-C harc c, fille du Marquis de la
Charce , lieutenant - général des armées du roi.
Dans le tems de l’irruption du duc de Savoie en
Dauphiné en 1691, cette nouvelle amazone , fous
les ordres de Catinat, fit prendre les armes aux communes
des environs, fe mit à leur tête , Ôc fut tellement
leur infpirer fon courage , qu’elle repoufl'a les
ennemis 6c préferva la contrée des incendies 6c du
pillage. L’accueil que lui fit le roi 6c une penfion qu’il
lui donna, furent la récompenfe d’une flbelle aélion,
Expilli, Diil. dis Gaules, (C.)