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*1 Ilk
6i6 R E S intérieur afFolbll n’a pu remplir fans perdre de fa
denfitc , jufqiies à ce que tout cet efpace foit rempli
d’un air auffi denfe , que l'efc celui de l’athmo-
fphere.
Le diaphragme eft , du moins dans l’homme , la
caufe la plus condante ÔC la plus naturelle de cette
dilatation ; lui feul & fans le l'ecours des côtes , fait
la rejYiration dans la pleurefie , dans l’ankylofe des
côtes, ou dans l’expérience qu’il ed ailé de faire;
la volonté fait agir le diaphragme , &C ne tait point
agir les côtes , 6c la poitrine te dilate.
Le diaphragme fait plus que les imifdes inter-
codaux , lorfqu’il s’agit d’augmenter l’air de la poitrine.
Des calculs faits à la vérité par à-peu-prcs,
m’ont donné l’incrément de Taire produit par les
mufcles intercodaux à 6 pouces cubiques , & Tin-
crément de la même aire produit parle diaphragme
de 71. J’ai fuit ces calculs pour le chien. Dans
Thomme, M. de Sauvages trouve l’incrément de
l’aire de 40 pouces dans une petite infpiration, &
dans une grande inlpiration de la o pouces; ce qui
feroit la portion de l’incrément, qui ed dû au diaphragme
, environ quintuple de celle qui appar-
partient aux mulcles intercodaux.
Par Tafliondu diaphragme, le poumon defeend &
avec lui le coeur. Cela fe voit dans l’animal vivant,
dont on a ouvert le bas-ventre , dont en meme tems
les vifeeres font forcés à delccndre.
L’aclion des mufcles intercodaux n’ed pas fort
fenfible dans un homme tranquille ; elle n’y cd cependant
pas oifivc. Quoique les côtes ne s’élèvent
pas bien vifiblemcnt, les mulcles intercodaux ne
lailfcnt pas que d’agir. Ce font eux qui empêchent
les cotes d’être tirées en bas 'par les mufcles du bas-
ventre; antagonides du diaphragme ils retiennent les
côtes inférieures, que le diaphragme lui-même feroit
defeendre , dont il rapprocheroit les pointes en
rétreciflant la poitrine.
Dans le fexe , dans Thomme qui travaille , qui
marche , qui refplre avec quelque ederr, dans les
filuations, où le diaphragme agit moins librement,
les mufcles intercodaux lont un des principaux organes
de Tinfpiration. Ils clevent les côtes inférieures
contre les fupérieures , ils les tournent en dehors
par le milieu de leur courbure, ils les font rouler
même fur le dernum & les vertebres, de maniéré
à élargir les intervalles des cariilages, pendant que
ceux des parties olTciifes des côtes diminuent. Dans
les oifeaux ils font feiils Tinfpiration , le diaphragme
n’étant qu’une membrane purement palfive.
Il ed ailé de voir combien la rcfplration foudre ,
quand on détruit les mufcles intercodaux, & Galien
a produit le meme efFe^en liant & coupant leurs nerfs.
Les intercodaux élargilTent la poitrine en tournant
en dehors le milieu de Tarcade des côtes , de
maniéré que la partie inférieure fur-tout, s’élève
conddérablement des vertebres; ils redrefl'ent les
côtés, qui décrivent dans Tinfpiration des angles
fort obliques avec le dernum 6c avec les vertebres ,
& qui les font prefque droits dans une forte infpira-
îion. Or , toute coupe elliptique redredee doit devenir
plus ample. Ces memes côtes en fe portant
en-devant entraînent le dernum & Téloignent des
vertebres. C’ed le diamètre de derrière en devant,
& le diamètre de droite à gauche, qui ed augmenté
par l’aflion de ces mufcles.
Dans les grands efforts Se dans les infpirations la-
borieufes, tous les mufcles qui de la tête & du cou
vont s’attacher aux côtes Se au dernum, fervent à
aider les mufcles intercodaux Se à élever les côtes.
Les fcalenes , les madoidiens, les dentelés lupé-
rieurs podérieurs, les dentelés antérieurs, les pectoraux
concourent h cet effort.
L’infpiration demandant le concours de pludeurs
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puiffances , & fc faifant avec plus d’effort, ed plus
longue que l’expiration, dans laquelle les parties fe
remettent d’elles-mêmcs dans la mort de l’animal
Les changemens que Tinfpiration caufe dans le
poumon , ne font pas difficiles à découvrir. Ces
vifeeres ne quittant jamais la pleure , la pleure
étant attachée aux côtes & au diaphragme, la
cavité de la poitrine étant celle de la pleure , cette
cavité étant alongée par le diaphragme & élargie
dans fes deux autres diamètres par les mufcles inter-
codavix , tous les trois diamètres des poumons font
donc augmentés par l’entrée de Tair.
Le poumon étant un compofé de cellules, ce
font ces cellules qui font alongées & élargies de
tous côtés dans Tinfpiration. Lesvaiffeaux aeriens
le font de même. Accumulés les uns fur les autres
dans Tétat d’inlpiration , ils fe quittent à cette
heure , les angles qu’ils font entr’eux augmentent,
leurs lobes même s’éloignent. Cela ed vifible en
louffiant le poumon. Le coeur qui étoir prefque à
découvert, le couvre en partie par les poumons :
ils deviennent blancs & légers. Le changement qui
s’y fait, ed trcs-fiibit dans Thomme & dans les
quadrupèdes , car il ed lent dans les oifeaux , dont
•les poumons perdent par des trous, Tair qui ed
entré par la trachée.
Les cartilages des bronches s’éloignent Tun de
Tamre dans Tinfpiration , la partie membraneufe
delà trachée augmente, les branches du bronche
deviennent droites , les vaifl'eaux fanguins attachés
aux bronches par une celiulofité , s’alongent avec
eu x, 6c s’élargidént, parce qu’ils font moins comprimés
6c que leurs angles font plus grands ; de tortueux
qu’ils étoient ils deviennent droits , le fan'-^
pouffé par le coeLir s’y porte avec plus de vî-
tede 6c de force. On peut compter pour très-peu
de chofe la preffion que ces vaid'eaux effuient encore
par Tair des poumons vis-îi-vis l’alongement
qu’ils éprouvent par Télaigiffement de la poitrine &
par la diminution de la preffion des bronches. Cette
preffion de Tair comparée à celle du coeur évanouir.
Elle effi pour le moins 355 plus petite , puifque au
lieu de 15 grains le coeur en pouffe 960, 6c qu’il
leur fait parcourir au moins pieds par féconde.
La force du coeur étant donc la même , la réfiffance
étant rrcs-confidcrablement diminuée , la vîteffe
avec laquelle le fang eff pouffé dans les vailTeaux
du poumon , eff donc très-confidérablenient a l i mentée
dans Tinfpiration. Dans les animaux à fang
froid , la marche rapide du fang dans les petits vaif-
faux du poumon eff vifible pendant Tinfpiration.
C ’eft pour cela que Tânimal, par un iufîinéf naturel
, fait de grandes infpirations toutes les fois
que le paffage du fang par le poumon eff rendu
plus difficile , & qu’il baille lorfque ce paffage
eff ralenti. C'eff pour cela encore que l’animal
mourant reprend du pouls &C des forces quand on
fouffle le poumon.
Cette importante expérience a été faite avant les
modernes par Vefale, 6c enfuite par Hooke, elle
conduit au chemin le plus court pour rendre la
vie à un homme étranglé ou noyé. II ne s’agit
Que de fouffler avec force dans fa poitrine , de comprimer
alternativement le bas-ventre & de cauffr
une refplraùon anificielle. Je préférerois ce moyen
de fauver les noyés aux lavemens de fumée de tabac
, qui ne trouvant point d’accès au poumon,
ne peuvent pas diffiper les écumes dont les bronches
font obfédés, 6c qui font fans doute la principale
caufe de la mort. Ce moyen n’a pas été affez
employé , il Ta été davantage pour ranimer des en-
fans qui naiffent fans donner des fignes de vie; il
y réuffit conffamment. On en a cependant fait un heureux
ufage fur des noyés en Italie.
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Le fane fe porte fans doute avec plus de vîteffe au
poumon par l’infpiration, mais cet avantage n’ell pas
durable. Une infpiration long-tems commuée, loin
d’aider la circulation du fang , la fuppnme S; fut-
foque l’animal. Des oifeaux, des hommes ddel-
perés , en retenant l’halelne par un aae de leur volonté,
s'ôtent la vie : Raleigh en eff témoin fur.
Quelque chofe d’approchant le fait dans 1 effort trop
long-tems foutenu. On y voit le fang accumule dans
le poumon, le vifage violet, le cou gonfle par le
fang de fes veines, qui ne fe dégage plus dans le
coeur , parce que le coeur ne peut plus fe dégage
de fon fang dans le poumon , il fe rompt des vaif-
feaiix & fur-tout dans le poumon. Le fang s engorge
dans les arteres même , les ancvnfmes lent le plus
fouvent le funefle effet d’un effort, qui ui-mcme
n’eft qu’une infpiration trop forte & trop long tems
continuée.
Qu’eff-ce qui empêche le fang de paffer des arteres
pulmonaires dans les veines, & des veines au fimis
gauche dans une infpiration trop longue ?
La raréfaaion de Tair peut être comptée pour
l’une des caufes. L’air prend dans le poumon la
chaleur qulregiie dans le fang. Si Tathmofphere eff au
tempéré, il acquiert donc 36 dégrés de Farenheit de
chaleur : il fe raréfie à proportion. Cette dilatation
ne peut fe faire contre l’extérieur ; la poitrine eff
dilatée autant qu’elle peut Têtre ; Tair raréfié ne
peut donc fe dilater qu’en comprimant le fang des
arteres, dont il n’eft éloigné que par des membranes
extrêmement minces. Ces 36 dégrés de chaleur augmenteront
fon volume d’environ un quinzième, &
ce quinzième fera la mefure de Tefpace que perdront
les arteres , 6c par préférence les plus petites
6c les plus foibles.
On peut dire pour appuyer cette hypothefe, que
la chaleur étouffe, que plus Tair de Tathmofphere eff
chaud, plus nous avons de peine à refpirer, que le
froid rafraîchit. Mais ce ne feroient que de faibles
ralfons. 11 s’agit de la chaleur que Tair acquiert par
le voifinage du fang du poumon. Plus Tair que Ton
refpire eff froid , plus il acquiert de chaleur après la
n fp iration , plus il fe dilate par conféquent, 6c plus
il devroit nous étouffer. Quand Tair eff à o le fang
eft à 96 ; la différence eff alors de près de la moitié
de celle qu’il y a de o à la chaleur de Teau bouillante.
La dilatation de Tair dans le poumon feroit d’un
quinzième , 6c cependant on fe lent moins étouffe 6c
capable de plus d’effort dans ce froid.
Pour expliquer le phénomène, il faut avoir recours
aux expériences , Tair refpiré lé corrompt, il
ne peut plus fervir. Cette corruption eff Teffet des
vapeurs âcres, qui exhalent du poumon , 6c qui fe
mêlent â Tair : elles parolffent lui donner une qualité
ffimulante, qui excite une contraûion dans les bronches
, 6c qui rétreciffant les canaux de Tair empêche
la dilatation du poumon , 6c avec elle le paffage
libre du fang.
L’air infpiré 6c retenu 6c Tinfpiration continuée,
décniifent la facilité du palTage du fang, qui naît de
la rej'piracion 6c qui ne fauroit naître que par elle.
Nous atteignons à la Iblution du problème , quelle
eff la caufe qui nous force à expirer après avoir
infpiré.
Je ne réfuterai pas les différens méchanifmes que
Ton a imaginés pour répondre à cette queffion. Je
ne puis regarder en général la nfp ira tion , la dilatation
de la poitrine 6c la compreffion , que comme
des actes de la volonté. Rien n’eft plus vifible dans
les animaux à fang froid ; les intervalles des deux
périodes de la refpiration font fi incertains 6c fi longs,
qu’il n’y a que la volonté qui puifl'e produire cette
inégalité. La grenouille gonfle le poumon , 6c le
vuide vifiblenient par un effort qu’elle fait , 6c
Toms l y .
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qiTcnfuite elle fe paffe de faire pour y revenir à fon
gré.^
L homme même peut accélérer la refp lra ù on, peut
la retarder, peut prolonger Tinfpiration , peut donner
a I expiration une force doublée. Si nous ne pro-
ongeons pas Tinfpiration au-delà d’un certain dé-
gre, c eff qu’une fenlation infupportable nous oblige
même nous y force, elle elt
e et de 1 empêchement que le fang éprouve dans
Ion paffage par le poumon.
On n’a qu’à faire une légère attention fur foi-
meme , & (ufpendre l’expiration m, moment, on
ientira bientôt la force irrcfiftible de l’anxiété. 11
m eff arrivé d’oublier par diffraâion pendant quelques
momens d’expirer, mais j’ai été bientôt réveillé
par une fenfation devenue infupportable.
C eff donc la volonté qui fait cefler Tinfpiration ,
6c qui la remplace par l’expiration. Qu’on n’objcéle
pas i exemple du fommeil ou de Tapoplexie , pendant
laquelle on fiippoie que fa volonté n’agit pas. Il
eff vrai que la refpiration devient lente dans Tapo-
plexie , parce que la fenfibilité étant diminuée , on
n eff plus ému que par Taccroiflement de Tanxiété,que
1 on _n’attend pas dans Tétat naturel. Mais dans Tapoplexie
meme, 6c dans le fommeil, les fphinCters
reffent fermés, les membres (ont difpofés de maniéré
que les fléchiffeurs les plient fuivant Thabitiuie particulière
a chaque individu , le fon même de la ref-
piraeion exprime dans le fommeil les paffions de
Tame.
Le tems que Ton peut vivre fans expirer n’eff pas
long; il Teff moins dans Thomme qui fe porte bien.
J’ai noyé des quadrupèdes 6c des oifeaux , après les
avoir mis dans Tétat de Tinfpiration ; ils le font
trouvés morts après peu de minutes , 6c aucune irritation
n’a pilles rappelier à la vie. Je trouve que
les plongeurs les plus habiles ne peuvent vivre fous
Teau que pendant deux minutes.
Si quelquefois on a rappelle à la vie des hommes
noyésaprès un tems conlidérable, c’eff peiu-eire
que nageant à mi-eau , ils ont eu quelques m omens
de refpiration de tems en tems; car l’homme ne pe-
fant guere plus que Teau, a de la peine à s’enfoncer
entièrement, ôc peut-êfre la mort n’eft-elle pas un
état décidé. Us feroient reftés l'ans v ie , tels qu’ils le
paroiffoient être , fi par des fecours puilfans on n’a-
voit réveillé chez eux la circuiarion fupprimée.
Pour être morts irrévocablement, il falloir apparemment
quelques dégrés d’écume 6c d’oppreffion de
plus, que Tart ne peut pas fiirmonter. On regarde
comme perdus en Finlande ceux qui, après avoir
été retirés de Teau, ont une écume fanglante dans
la bouche ; des vaiffeaux ont été rompus dans le
poumon.
Après un efpace de tems que l’habitude détermine
dans chaque individu , Tame fait donc fuccéder Tex-
piration à l’infpiration ; c’eft ordinairement après
quatre ou cinq pull'ations.
Les moyens dont fe ferr Thomme pour produire
l’expiration, c’eff de celTer de faire agir le diaphragme
6c les mufcles inrercoffaux. Les côtes naturellement
faites pour faire 6c avec le fternum 6c avec
les vertebres des angles obliques, reprennent cette
pofition dès qu’elles font abandonnées à elles-mêmes
; leur bord inférieur rentre dans la poitrine,
leurs intervalles augmentent, le fternum fe rapproche
des vertebres; les deux diamètres delà poitrine,
celui de derrière en-devant & celui de droite à gauche
diminuent. A Tinaffion du diaphragme fiiccede
Teffort des mufcles abdominaux, les tranfverles 6c
les obliques ; ils repouffent les vifeeres du bas-ventre
contre le diaphragme , ÔC le forcent de rentrer dans
la poitrine qu’il raccourcit. Cette aèlion fe fait fans
effort dans la refpiration ordinaire ; elle fe fait avec
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