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pontife inquiet, convoqua pour prendre des mefures
à cet effet, plulieurs princes à Turin. Ra ym on d qui,
dans fon dernier voyage de Provence , avoit vu
i’empereur Frédéric avec lequel i! s’étoit lié , & qui
-d’ailleurs n’étoit rien moins que l’ami du turbulent
Alexandre, partit aufli pourfe rendre à Turin , dans
la vue de concourir, autant qu’il feroit enlui, à la dc-
polition du pontife : mais quelques jours avant que
-d’arriver au terme de fon voyage , il tomba malade
en roure, ôc fut oblige de s’arrêter à Dalmace près
de Turin : fa maladie fut aulTi courte que cruelle ,
& apres quelques jours de fouffrance , H mourut
à Dalmace le 1 5 août 1 162, après une rcgence aufii
fage que glorieufe de vingt-cinq années. Il n’eut pas
le titre de roi, parce qu’il dédaigna de le prendre ;
•mais il remplit avec autant de dignité que de fuccès
toutes les fondions de la royauté, & c’ elf pour
cela que j’ai cru devoir le placer parmi les rois les
plus illudres, dans le petit nombre de ceux qui ont
honoré le tronc d’Aragon. ( L. C. )
RAYON RECTEtJK , ( JJ lronomic. ) eft la ligne
droite qui va du foyer d’une ellipfe à un point de la
circonférence , ou du centre du foleil au centre de
la planete ; on l’appelle r c& a ir , parce qu’on le conçoit
comme portant la planete à une de fes extrémités,
tandis qu’il tourne fur l’autre extrémité en décrivant
des aires égales en tems égaux. On trouve
le rayon rccliur par cette proportion ; le fjnus de l’anomalie
vraie eff au finus de l’anomalie excentrique,
comme la moitié du petit axe eff au rayon-n&eur;
dans riîypothsfe elliptique fitnple , le finus del’équa-
îioii du centre eff au double de l’excentricité, comme
le finus de l’anomalie moyenne eft au rayon
ncleu r . Dans les orbites des cometes, confidérées
comme paraboles, le rayon eft égal à la diftance
périhélie, divifée par le carré du coliniis de la
moitié de l’anomalie vraie. (A/, d e l a L a n d e . )
§ RAYONNANT , TE , adj. {^lerme de B la fo n .')
fe dit des étoiles 6c autres aftres qui ont entre leurs
rais des petites lignes en rayons pour les rendre plus
lumineux.
Joly de Choin , en Breff'e ; a iu r à CétoïU ray onnante.^
à fei^e rais d 'o r , au c h e f de même , chargé de
trois ToJ'es de gueules.
Bernard de Boulainviller, à Paris ; d'at^ur à un
ancre d'argent , accompagné en c h e f à fe n e jir e , d^une
etoiU d'argent , rayonnante d'or. ( G . D , L . T . )
K k 'L \ k S ,fe c r e t du Seigneur ^ (^ H if .f ic r . ) un des
plus confidérables docleurs de Jcrulalem , fort ref-
peélé des Juiis, qui l’appelloienr leur pere, àcaulé
de raffeftion qu’il leur portoir. Cet homme menoit
depuis long-tems dans le judaiTme une vie très-pure,
& éloignée de toutes les fouilliires du paganifme. II
avoit montré une grande fermeté à défendre la loi
de Dieu dans la perfécution d’Antiochus Eplphanes,
& avoit réfifté avec force à ceux qui voiüoient introduire
l'idohitrie dans Ifrael. R a f ia s fut aceufé
devant Nicanor , gouverneur de la Judée pour Dé-
inéirius. I I . Ma ch. x iv . 37 , & celui-ci, pour donner
une marque publique de la haine qu’il portoit
aux Juifs, envoya 500 foldats pour fe faifir de lui.
Ra;_ias voyant qu’il ne pouvoit leur échapper , fe
donna un coup d’épée, aimant mieux mourir coura-
geiffement que de fe voir affujetti aux pécheurs , &
fouffrir des outrages indignes de fa naiffance ; mais
le coup n’étant pas mortel, quand il vit les foldats
entrer en foule dans fa maifon, il courut fur la muraille
, & fe précipita avec fermeté du haut en-bas.
Cette chute ne l’ayant pas achevé, il fit un nouvel
effort, il fe releva; & tirant fes entrailles hors du
corps, il les jetia avec fes deux mains fur le peuple,
invoquant le dominateur de la vie 6c de l’ame , afin
quilles lui rendît un jour, 5n l mourut de cette forte.
I I . M a ch , x iy , 4C, Lçs Juffs mçtiçn; Radias au
R E B
nombre de leurs plus illuftres martyrs, & regardent
fa mort comme une infpiration extraordinaire de
Dieu. C’eft aitiît le jugement qu’en portent quelques
interprétés , qui le comparent à Samlbn. Mais faint
Aiiguftin 6c les théologiens les plus éclairés foutien-
nentque R a f a s étant un homme ordinaire, & en
qui il n’avoit jamais paru, comme dans Samfon , de
marques d’infpiration divine, fon aftion , dont l’orgueil
humain eft le premier mobile, ne peut être
l’ccuvre de Dieu. L’Ecriture en effet ne loue point
cette aflion ,elle ne fait que la rapporter fimplcment':
elle ne fait l’éloge ni des fentimens , ni du genre de
mort de ce Juif ; elle ne fait qu’exprimer les vues 6c
les motifs qui lui ont fait prendre une réfoliuion fi
barbare. Ces motifs n’ont rien que d’humain, & conviennent
un héros du paganifme ; mais la vraie religion
éclairée par l’efprit de Dieu, ne connoît de
vrai courage que celui qui combat iclon les réglés,
6c qui ne trouble point l’ordre. Or cet ordre exigeoit
que R a f i i s demeurât inviolablement attaché à fa loi,
6c attendit avec foumiffion le gente de mort, par
lequel i! plairoic à Dieu d’éprouver fa fidélité. Concluons
donc avec S. Auguftin, que fa mort ne peut
être louée par la fageffe , puifqu’elle n’cft point ac--
compagnée de la patience qui convient aux vrais
lervitctirs de Dieu. ( -|- )
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REBEC , ( Giogr. B i ß . ) village du Milanois , où
l’amiral Bonivet fut défait, 6c où le chevalier Bayard,
qui fit la retraite de l’armée , tiu tué en 1 514 ; ce fut
alors que le connétable de Bourbon, qui eftimoit ce
brave chevalier, lui témoigna combien il le plaignoit:
Bayard lui répondit, « ce n’eft pas moi qu’il faut
» plaindre , mais vous qui portez les armes contre
» votre patrie ». Ce grand homme expira âgé de 48
ans, 8c mérita le titre de chevalier fa n s peur & fa n s
reproche. ( C. )
REBECCA , (^Biß. fa c r . ) fille de Bathuel,
& petite-fille de Nachor , frere d’Abraham,
Eliezer, intendant de la maifon de ce patriarche,
étant allé en Méfopotamie chercher une femme pour
le fils de fon maître, apperçut R e b e c ca , qui, étant
venue à la fontaine , s’cnretournoltàHaran, portant
fur fon épaule fa cruche pleine d’eau. Le ferviteur
d’Abraham ayant reconnu que c’étoit celle que le
Seigneur deftinoit à fon maître , l’obtint de Bathuel
& l’amena à Ifaac , qui deineuroit alors à Béerfabée,
dans la terre de Chanaan. Elle demeura vingt ans
avec fon mari fans en avoir d’enfans, après lefquels
les prières d’Ifaac lui obtinrent la vertu de concevoir,
6c elle devint greffe de deux jumeaux qui s’en-
trebattoient dans fon fein ; elle confiilta Dieu fur ce
fujet, 6c apprit que ces deux enfans feroient chefs
de deux grands peuples qui fe feroient la guerre,
mais que le cadet l’emporteroit fur l’aîné. Lorfque le
tems de fes couches fut arrivé, elle fe trouva mere
de deux jumeaux , dont le premier qui étoit roux fut
furnommé-E/izir; l’autre ibrtit aiilîi-tôt, tenant de
fa main le pied de fon frere, 6c il fut nommé Jacob ,
fup plan tatcnr. Rebecca eut toujoursplusd’inclination
6c de tendreft'e pour Jacob que pour Efaü, parce que
fachant le deffein de Dieu fur Jacob , elle régloit fes
fentimens fur ceux de la fouveraiiie & éternelle juffi-
ce. Comme il lui avoit été révélé que le plus jeune
de fes enfans jouiroit du droit de l’aîné, fa foi la
tenoit attentive â tous les événemens 6c aux occa-
ftons que la providence de Dieu feroit naître pour
l’accompliffement de fa parole. L’ouvrage commença
par la ceftion que fit de ce droit Efaü pour un plat
de lentilles ; mais il falloir faire confirmer cette cef-
fion par la bénédifHoiî de fon pere, 6c c’eft ce que
fit Ribeeça dans le tems, Quand elle fut qu’Ifaacfe
R E C préparoit à bénir Efaü , elle fit couvrir Jacob des
habits de ce dernier, 6c le fiibftitua à fon frere, qui
dans les deffeins de Dieu ne devoir pas être béni ;
Efaü dcfefpéré de fe voir fupplantc par fon cadet,
jura de fe venger quand Ilâac feroit mort ; 6c R e -
le craignant, engagea Ifaac à envoyer Jacob
en Méfopotamie pour y époufer une des filles de fon
oncle Laban. Depuis ce tems l’Ecriture ne nous dit
plus rien de R e b e c ca , finon qu’Ifaac fut mis dans le
tombeau avec elle, ( - f )
RECAREDE I, roi des Vifigoths, (^ B if. d 'E fp a -
gne. ) Un roi fage, vertueux, modéré, jufte, bien-
faifant, a régné dans un fiecle d’ignorance 6c de barbarie,
fur une nation à peine à demi policée, in-
julle, violente', cruelle , vicieufe , corrompue à
l’excès : ce fouverain , toujours environné de fcélé-
rats ambitieux , s’eft foutenu fur fon trône pendant
près d« 40 années , malgré le fanatifme d’une multitude
égarée , & les complots d’une foule de conjurés
, qui ont tenté pour l’en faire delcendre, les
attentats les plus audacieux & les plus criminels. Ce
bon roi a fait plus , il ne s’eft occupé , au milieu de
l’orage , que du bonheur de fes fujets ingrats, qu’il
a forcés enfin de rendre juftice à fes vertus, â fes
lalens ; 6c qui après l’avoir forcement admiré, ont
fini par l’aimer 6c refpeder fes loix. Tel a été jadis,
dans le VII« fiecle, Rccarede I , illuftre par fes
viÛoires, fa valeur, fa grandeur d’ame, 6c beaucoup
plus encore par fon zele pour là juftice , 6c par fon
amour éclairé pour le bien. A peine l’inflexible 6c
farouche Léovigilde, fon pere, fut parvenu au trône
L é o v i g i l d e , S u p p l . ) que , contre la
conftitution du gouvernement des Vifigoths , chez
lefqucls la couronne étoit cleélive, il fit reconnoître
pour princes 6c pour fes fuccefleurs , du confente-
ment volontaire ou forcé des grands, Herménigilde
& Rccarede fes deux fils. J’ai dit ailleurs avec quelle
injufte rigueur Léovigilde pcrfécuta Herménigilde,
6c avec quelle atroce barbarie il le fit mourir. Peu
de tems après, les François, fous prétexte de venger
la mort de ce prince , qui avoit époufé Jiigonde ,
fille de Brunehaut, firent une violente irruption dans
les Gaules ; trop âgé pour fe mettre à la tête de fon
armée, 6c d’ailleurs fa préfence étant trop néceffaire
en Efpagne pour qu’il crût devoir s’en éloigner,
Léovigilde, ancien fanatique, occupé alors à perfé-
ciuer les catholiques , donna ordre à fon fils R i c a -
rede d aller dans les Gaules combattre & repoufier
les François ; cette commiifion fut remplie dans toute
ion étendue ; 6c les François battus , furent contraints
, après avoir perdu la plus grande partie de
leur armée , de s’éloigner des Gaules. Bientôt ils y
revinrent, 6c furent encore vaincus par Rec.-ircde qui
les défit entièrement : enchanté de la gloire dont Ion
fils venoit de fe couvrir , Léovigilde"lui fit époufer
Bada, fille d’un Goth , illuftre par fa naiffance 6c
fes richeffes, courbé fous le poids des années, Léovigilde
mourut fort peu de tems après avoir réuni le
royaume des Sueves à celui des Vifigoths. Rccarede,
qui depuis bien des années avoit été défigné fiiccef-
feurde fon pere, monta paifiblemem fur le trône
en 58^ ; 6c comme il n’avoit defiré de parvenir au
rang fiiprême que pour policcr fes fujets 6c faire
leur bonheur, fon premier foin fut d’entrer en négociation
avec les anciens ennemis des Vifigoths ;
itiais il ne réuflît qu’en partie dans le projet qu’il
avoit forme d’établir avec eux une paix folide. Les
propofitions avantageufes qu’il fit faire par fon am-
bafladeur,à Contran, roi d’Orléans 6c de Bourgogne,
lurent dédaigneuf'ement rejettees. Chilclebert, roi
d Auftrafie , fut plus traitable , 6c la paix fur conclue
entre lui & les Vifigoths. Sisbert, fujet ambitieux 6c
foelérat déterminé qui, capitaine des gardes de Léo-
Vi^ilde, avoit impitoyablement mis à mort Hermé-
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nigildedansfâ prifon , trama une conjuration contre
les jours du nouveau fouverain , 6c le complot alloit
ctre exécuté , lorfqii’il fut découvert 6c puni parle
Jupplice du coupable. Pendant que Recarede diflipoit
cette conjuration , Contran , fuivi d’une nombreufe
armee , fe jetta fur les provinces que les Goths pof-
Icdoient dans les Gaules. Didier 6c Auftrovalde, né-
neraux de Contran , eurent d’abord de grands luc-
ces, mais Didier fut battu près de Carcafibnne , &
lesGothsayant livré batailleau refte de l’armée fran-
çoife commandée par Auftrovalde , ils remportèrent
lurelleunevKftoirecompIette.L’imm-cflionheureufe
qiie cegrand avantage fit fur les Vifigoths, détermina
Recarede à faire part à la nation de l’entreprife épi-
neufe qu'il avoit méditée. Il y avoit long-tems que
fecrétement catholique , il defiroir de publier fa con-
verijon , ÔC de faire adopter fa religion à fes fujets.
La circonffance lui parut favorable :ilTe déclara haù*
tement catholique, affembla les grands 6c les évêques
ariens, 6c leur propofa d’accepter 6c de laiffer introduire
le.Catholicifme. Les évêques 6c les grands frémirent
; mais intimides parla puiffance du fouve-
rain , Ils fe continrent, applaudirent â fes vues , 6c
parurent contens. L’un des plus fanatiques de ces
éyeques le ligua avec deux comtes, ariens comme
lui, Granifte 8c Vildigerne ; ceux-ci fouleverent la
fe£le prefqu’entiere ; les ariens prirent les armes >
fondirent lur les catholiques , en maffacrerent un
grand nombre , 6c mirent à mort tous les eccléfiafti-
ques qui eurent le malheur de tomber en leur pouvoir.
Les troupes du loi accoururent, firentcefl'er
le défordre , 6c mirent les rebelles en fuite. L'évêque
Antalacus mourut de chagrin de n’avoir pu exterminer
tous les catholiques. Un autre prélat arien
plus dévotement féroce, Sunna, c’éioit fon nom»
jadis métropolitain de Mérida , engagea dans fon
complot les comtes Seggon 6c Witeric qui, de concert
avec ce prélat, devoîent s’emparer de Mérida ,
après avoir tué le métropolitain Maufona, & Claude,
gouverneur de la province. Afin de commettre plus
facilement ce meurtre, il fut convenu que Sunna
demanderoit une conférenceà Maufona, 6c que pendant
qu’ils parleroient enfemble en préfence de
Claude , Witeric feplaceroit entre le métropolitain
6c le gouverneur, & les poignarderoit l’im 6c l’autre ,
tandis que Seggon ,à la tête d’une multitude d’ariens,
écraferoit les catholiques 6c s’affureroit de la ville.
La conférence fut accordée par Maufona; Witeric
prit fon porte, ainfi qu'il l’avolt promis; mais les
hifforiens contemporains afiürent qu’il ne put jamais
arracher fon poignard du fourreau, iorfqu’il voulue
égorgeiTe métropolitain 6c Claude: au refte, on eff
le maître d’attribuer cet événement fingulier à la
frayeur qui vraifeniDlablemenc faifit Witeric au
moment de commettre le crime', ou à l’épaiffeur de
la rouille qui retenoit le poignard dans le fourreau.
Quoi qu’il en foit, on ne tarda point à former une
conjuration nouvelle, 6c celle-ci avoit pour chefs
la reine Gofiiinde , veuve de Léovigilde, 6c Ubila,
évêque arien. Perfuades que tant que Rc ca rcd eV i-
vroit, l’arianifme ne iriompheroit pas, ils réfolu-
rent de tuer ce prince. Leur fecret tranfpira ; ils
furent pns, Ôc en confidération du caraéfere facré
dont étoit revêtu Ubila, on le contenta de le bannir
du royaume. QuantàGofuinde, pendant qu’on dé-
libéroit fur le genre de punition qu’on lui feroit
fiibir, elle prévint l’arrêt de fes juges, 6c mourut
ou de honte ou de défefpoir. Fatigué de tant de
conjurations formées par la même caufe , Recarede
fit ramaffer tous les livres de la fe£te arienne 6c les fit
brûler, croyant par ce moyen pouvoir déraciner
l’héréfie 6c étouffer le fanatilme. Il ne fut pas heureux
dans les conjeéfures ; il ne le fut pas non plus
dans les tentatives qu’il fit pour amener Contran à