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dont on ne faurolt fe rendre raifon ? II y a'peiit-être
peu de perfonnes à qui il n’arrive de fe trouver dans
une pareille iltiiation : il n’y a fouvent rien qu’on
lâche devoir appréhender ou efpérer, & cependant
une crainte fecrette trouble notre repos, une joie
inattendue s’cicve dans notre ame. Void comment
je m’explique ce phénomène.
îl y a des hommes qui font nés avec un fi grand
dégré de lenfibilité,que la moindre chofe les afieéle;
ils relTemblent à une cordetendue, qui réfonne fans
être touchée. Ces hommes font des efprits douillets,
•qu’on me palTe l’expreflion, à qui il efi: Il naturel
d’être afFeétes, que meme les repréfentations obf-
cures les agitent : pour ces hommes vivre & penfer
ce n’efi que craindre & cfpérer.
Une caufe plus fréquente & plus connue de cette
efpece de prejj<ntimaii fe trouve dans le corps. Lorf-
qu’on a joui aüez iong tems d’une bonne famé &
d’un ufage libre des organes, quelques obfirudions
dans les vaifiéaux , ou une folbielTe dans les refforts
du mouvement, rallemÜTant l’aftion ou la rendant
plus pénible ,lont très-capables d’infpirer une elpece
de crainte : ce mal-aife devient infupportable par la
comparaifon qu’on fait de l’état préfent à l’état pafie ;
cette fituation , nouvelle pour nous, nous inquiété
nous ne nous donnons pas la peine de chercher la
raifon de notre inquiétude. C’efi ainfi que ces corps
fenfibles , qui fouffrent à l’approche de l’orage, &
femblent revivre au milieu de la tempête, pour-
roient prendre pour p rz ffintimint cet état d’inquié-
lude , s’ils ne l’éprouvoient pas fi fouvent, Ôc que la
caufe ne leur en fût pas connue. Le contraire arrive
à ces hommes foibles , malingres , ou à qui de longues
maladies ont appris à fouifrir ; s’ils recouvrent
la fanté , fi à cet état de douleur fuccede un état de
convalefcence, ils éprouvent ce qu’ils avoient pref-
que oublié ; ce fentimeni de joie & de contentement
eft le premier pas qu’ils font vers des efpé-
rances fiatteufes ; les cvéneinens poffibles qui fe pré-
fentent à leur efprir ne peuvent guere paroître vrai-
femblables s’ils ne font agréables , & Ia jo ieq u ie ft
dans leur coeur efi très-propre à faire naître en eux
des preÿintimeris qui leur font plaifir. C ’eft fur-tout
dans le paffage rapide du mal au bien, de la maladie
à la fanté , que cet état de l’homme qui attend du
bien ou du mal, fans trop favoir pourquoi, devient
bien naturel. (^ D .F .')
PRÉVÔT DE L ’HOTEL , moderm. ) Selon
l’opinion de Dutillet ( <z), qui étoit l’opinion commune
du tems de Brantôme (<^), le prévôt de C h ô u l
efi le même officier qui s’appella long-tems le roi des
R ib a u d s , & qui prit le nom de prévôt de l 'h ô t d , fous
le régné de Charles \ I . Voye^ ci-aprés R oi des
Ribauds , S u p p l.
Ce fentiment ( c ) ne peut fe foutenir ; Paf-
quier(;/) a prouvé que l’office du roi des ribauds
fe bornoit à avoir foin de faire fortir des lieux que
le roi habitoit, les perfonnes qui n’y dévoient pas
refter; d’ailleurs cet officier n’eut jamais de jurif-
diâion proprement dite. Le prévôt de l'h ô te l au contraire
en eut toujours une ; & le nom feul ds prévôt
I indique. BoutlUier ( e ) nous apprend que le roi des
ribauds fervoit à l’exécution des fentences du prévôt
des maréchaux de France, lorfque le prévôt fut
chargé de la police des maifons oîi réfidoit le roi
avant la création du prévôt de Ühôtel, qui le remplaça
dans fes fonélions, comme on le verra bientôt ;
c’eft donc avilir injufiement le prévôt de l'h ô te l que
U) Dutillet, Recusii des Rois de France ,page z'/ÿ,
( é) Brantôme, ro/7J« / 27 ç .
(c) Pafquicr, Recherches, pa^e 8^0,
(d') Boutillier, Som.pageSÿS.
if) Faudiet, des D i^ iU s , tome /, chap, 14, page 40,
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de le confondre avec l’ancien officier ^ nommé le
roi des ribauds.
Fauchet ( ƒ ) au contraire releve trop l’office du
prévôt de l'h ô td ^ lorfqu’il veut qu’il foit le même
office que celui de l’ancien comte du palais qui, fous
la fécondé race de nos rois, jiigeoit les différends des
perfonnes de la fuite de la cour ; le comte du palais
tut remplacé par le grand maître de l’hôtel 'du ro i,
auquel le prévôt de l 'h ô td fut toujours très-fubor-
donné ; & l’office même n’éroit, pour ainfi dire ,
qu’un débris de celle du comte du palais , que les
rois de la troifieme race n’eurent garde de faire re-
v iv r e ( g ) .
Loifeau a dit que le prévôt de l'h ô td étoit anciennement
le juge établi par le grand-maître, pour faire
fa première charge du comte du palais , qui fignifie
le juge de la malibn du roi ; cela n’efi pas exaél, le
grand-maître de l’hôtel du roi connoiflbit d’abord
avec les maîtres de l’hôtel du ro i, des aflions civiles
& criminelles qui fe patToient dans les maifons royales
( ^ ) ; c e tribunal des maîtres-d’hôtel, dont le
grand-maître étoit le chef, dura fort long-tems, &
ne fut fupprimé que par l’édit de décembre 1355 ,
qui renvoie aux maîtres des requêtes de l’hôtel, les
caufes des officiers de la maifon du roi & allions
perfonnellcs, & en défendant feulement; cet édit
n’eut fon execution que plus de 60 ans après, en
vertu delà déclaration du iqfeptembre 1406. Depuis
cette derniere époque il n’y eut plus de juge dans la
maifon du ro i, que les maîtres des requêtes de l’hôtel
, pour les avions civiles , purement perfonnelles
& en défendant.
Ces juges ne fuivoient pas le roi hors des lieux de
fa réfidence. Charles V I , fur la fin de fon régné,
attacha à la fuite de la cour le prévôt des maréchaux
de France , qui étoit alors unique, pour y exercer
les mêmes fondions qu’à la fuite des armées ; mais
c’étoit feulement dans les marches & chevauchées ,
ou'dans les campagnes, quand le roi voyageoit ou
étoit à l’armée ( i ) .
Enfin Charles VU ne voulant pas détourner de
leur fervice ordinaire les prévôts des maréchaux,
établit un prévôt exprès, fous le titre de prévôt de
th ô t e l : nous voyons dès 145 5 ( i ) , que le prévôt de
l'h ô te l y Jean de la Gardeite , arrêta l’argentier du
roi, à Lyon , le ro iy étant, en 1458 ( / ) . Le prévôt
de l'h ô td affifta au procès de M. d’Alençon , en
1572 {m ). Le roi réunit au titre du prévôt de l'h ô te l y
celui de grand prévôt de France, titre que porto« le
p révôt qui fervoit auprès du connétable.
Lamarre ( ;? ) & Miraumont (o ) fo n t entendre
que cette réunion n’eut lieu qu’en 1 578, en faveur
de François Diipleffis Richelieu, qui fut pourvu , le
dernier février de cette année, de l’office de prévôt
de l'hô tel ; mais M. De Thou afilire (/») que ce fut
en 1570 , en faveur de Nicolas de Baufremond, baron
de Senecey. L’office de grand prévôt de l'h ô te l
devint beaucoup plus confidérable ; mais il demeura
toujours fubordonné au grand-maître, relativement
à la police de la maifon du roi (? ) , ce qui depuis
fut confirmé par le réglement du 15 feptembre i 574,
fur la demande du grand-maître, le duc de Guife.
Les prévôts de la connétablie réclamèrent en divers
tems le titre de grand prévôt de France qu’ils
( ƒ) Lamarre, Traité de la Police, tome l ,page i jz ,
(g) Loifeau , des Offices, chap. 11, n°. jy ,
(/i) Lamarre, lome /, page 1 p & fuivantes.
(i) Lamarre ,tome I , page 1^2.
( i ) Miraumont ,page 102.
([) Idem, page to8.
Im) De Thou, Uv. L U , page i j ç de l’édiiion in-m,
(n) Lumirre , tome l , page
io) MiraüîTiom, page 144,
(/;) De Thou, I/o.
U) Miraumoatjpijge 6i„
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«voient porté ; mais leur réclamation fut fans fucc
c s ( r ) .
Le prévôt de Chôtel prêta ferment entre les mains
du chancelier, ainfi qu’on le voit à la fin des lettres
de provifion du prévôt de Chôtel y du 29 feptembre
1482, rapporté par Miraumont (ƒ ) .
Cet auteur, qui étoit lieutenanr-civil & criminel
en la prévôté de C h ô te l, a fait un ouvrage intitule le
prévôt de l'h ô te l & grand prévôt de France , publié à
Paris en 16 15, in- ^ , dans lequel on trouvera non-
feulement beaucoup de détails hiftorlques fur les
droits & prérogatives de cet office; mais auffi Lin
grand nombre d’édits , rcglemens & arrêts à ce fu-
jet. On a depuis publié, en 1649, i n - 4 ° , un autre
R e cu e il d’arrêts & réglemens fur la jurildiifiion de la
prévôté de l'hôtel du ro i, pour fervir de fuite ou de
fécondé partie à l’ouvrage de Miraumont.
On peur voir dans ces écrits les variations & ac-
croifièmens que cet office éprouva depuis Ion éta-
blifiemcnt ; je n’en ferai point l’extrait, je remarquerai
leulement, relativement à fa juiifdidion,
i “-'. que jufqu’en r 5 11 , on voit par divers arrêts que
les appellations fe relevoient au parlement le plus
prochain des lieux où la courféjournoit; elles furent
attribuées au grand conlcil, par édit du mois d’oèlo-
bre I ^29 , à la rélerve cependant des procès criminels
, que \qprévôt de /’Aère/jugea toujours foiiverai-
nement ikfaiis ajrpe! ; 2°. quant au territoire de la ju-
rifdiêlion, la prévôté de /’Adre/s’etendau-dedansde dix
lieues, à l’endroit delaperiônne du roi 6 i tie l'a cour.
Lamarre avertit que les réglemens les plus impor-
tanslurl’ctablifTement de la prévôté de C h ô te l, 6l qui
font comme le fondement de la jurifdiclion & des
prérogatives de ce tribunal, font ceux de juin 1522,
août I 5 3 6, 29 janvier & 24 mars 1 5 ^9, 29 décembre
1570, 2cl janvier 1572, & 3 i oêlobre 1 576 ; mais on
en trouvera bien d’autres dans Miraumont & dans
eekii qui fert de fuite , dont j’ai parlé ci-defius , &
auxquels je confeille de recourir.
Grands prévôts de Chô tel du roi & grande prévôté
de France.
Capitaines de la compagnie des gardes de la prév
ô té de l’hôtel du roi.
Ce font les plus anciens juges ordinaires du royaume
, établis lous Philippe III en 1271 , julqu’à
Charles V I , qui leur donna le titre de p révôt de
l’hôtel du roi en 1422.
P h ilip p e I I I . Tevenot,premier juge royal,en 1271.
P U lip p i I P . I
L o u is X .
P h ilip p e V.
Charles I F .
P hilipp e V I .
■ Jean.
Viot Moinet. gv
Jean Guérin.
Giies Mathcry.
Perrot Devé.
Guklaiime Lhermite;
Arnaud Godefroy.
Henri Favôce.
Jean Paillant.
Jean Vernage. (
ƒ Michel Liécourf.
V Guillaume Delmarets.
Pierre Pclleret prcmier/’reVd/ de i’hô
tel du roi,fous Charles VI,en 1422
r Trifian Lhermittc, en . . 1435
• < Jean île laGardette, fieur de Fonte
^ nellc, en . . t ^ r c
( Guinot de Louzieres
I Yves d’iillers .
J Durand Fraciet
\ Guillaume Gua
I Guillaume Bullion .
V Jean Delaporte
Charles V .
Charles V I .
Charles V I I .
L o u is X I .
(r) Lamarre.
(/) Depuis la page (72 jufqu’à la fin du livre qin contient
507 pages, relativement à fa iurifdifiion. Mi raumont \6-j.
Tome I V ,
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Louis X I I .
François P ’ ,
Antoine la Tour de Clervaux . 1494^
Jean de Fontanet, Seigneur d'AiiU
f a c .................................1502^
Jean de la Roche-Aymoiid . 1517.
Michel de Luppe , fieur d’Ianville
......................................... 1522*
Guido de Geuffrey , fieur de Boiificre
1) 13.
Henri I I .
Henri HT.
Henri I V ,
L o u is X I I I .-^
Louis X I V .
L o u is X V .
f Marc le Crois , vicomte de la Motte
............................... ....... 1^3(0,
Etienne desRuaiix . . 1537»
Claude G enton, fieur des BrolTes ,
François Pataut, exercèrent cette
charge en titre féparément, fous
François Premier , en . 154^4
Nicolas Hardy , fieur de la TroulTe
. 1558.
Jcan-Innocent de Montera . 1^704
/ Nicolas de Beauifremont , bailli de
Senecey, fous Charles IX . 15724
Prév ô ts de l'h ô te l & grands p r év ô ts de France,
Henri I I I . François Dupleffis , feigneur de Richelieu,
ôc le premier grand prévôt
de France . . . . 1 5 7 8 .
Le feigneur de Fontenay . 1590.
Le feigneur de Bellengreville . 1604.
Frariçois de Raymond, fieur de Mo-
dene . . . . ^ i6 zr .
Georges cie Mouchy, fieur d’Ho-
quincourt . . . . 16304
Charles, fon fils, marquis d’Hoqinnc
o u r t ................................ 1642.
Jean de Bouchet, marquis de Sour-
ches . . . . . 16434
Louis-François de Bouchet . 1661.
Louis comte de Montporeau . 1719.
Louis de Bouchet, marquis de Sour-
'' c h e s ................................1747-
Cet article e ß tiré du livre f a i t p a r le ß e it r Lerneail
de la Jaiße de fa in t - Lamarre , & ancien officier de
S . J . R . feu e madame^y en i y 2>3 ‘
PREUVES DE NOBLESSE, f. f. plur. (^Généalogie.')
pour prouver fa nobleffe, le préfenré ou la prefentée
doit mettre en éviderîte fon extrait baptifiaire , les
contrats de mariage de fon pere , fon a'ieul, fon
bifaïeul, fon trifaïeul, avec leurs tefiamens ; les
brevets , lettres & commiffions des fervices militaires
,les tranfaifiions, hommages , dénombremens ,
aêtes d’acquifirions de terres , & autres aûes , tous
titres originaux.
Il doit prél'cntcr fes armoiries , celles de fa mere
des femmes de fes ancêtres.
L’ufage efi de fournir au moins deuxaôes àcha*
que dégré.
Celui qui efi chargé de recevoir les preuves , indique
au préfenté tous les aftes qu’il doit fournir,
& où doivent remonter les degrés les plus reculés^
& s’il efi nécelîaire de prouver la noblelTe des
femmes tant du côte paternel que du maternel,
( G . D . L . T . )
PREUX ( LES n e u f ) , H iß . moderne, il y a
quelques années que l’Académie de Befançon pro-
pofa pour le fujet d’un de fes prix , ['kißoire des n eu f
p r eu x . Perfonne n’entreprit de traiter cette matière,
& il eût été difficile de le faire. Tout ce qui efi écrit
fur ce point d’hifioire , fe réduit à nous apprendre
que le nom de p r eu x caraèlénfa de tout temps
l’excellence d’un chevalier; qu’il efi queftion partout
des n eu f preux que l’on prétend qui accompagnèrent
Charlemagne dans les expéditions ; que
dans l ’inventaire des tapis de Charles V , ü efi parié
X x x ij
■■