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786 S E V diaphragmes qui fépareot les cylindres les uns des
autres , ni dans les globules du fluide mcuie. Ce
fluide reffemble emicrement à une iiibflance gelati-
neul'e Icgéreiaent colorée ; 6c lorfqu’il perd fou mouvement,
il fc reiTerre très-fort en s’approchant de
l’axe du cylindre , &; entraîne avec lui les globules
enrallés.
Voilà ce que j’ai obfervé jufqu’ici fur cette matière
; mais fi jamais, comme je m’en flatte , j’ai le
tems de revenir fur cet exam.en , je ne défefpere pas
tout-à-fait de donner quelque chofe de fatisfaifant,
même fur la caufe du mouvement ; ce qui eft le
point le plus difficile ôf le plus obfcur de tout ce
qui nous relie à faire.
En attendant, ce n’efl pas peu de chofe , ce me
femble, d’avoir détermine le vrai mouvement de
ces plantes aquatiques que Vaillant a défiguces fous
le nom de charu , & dans lefquelles M. Corti nous
annonce qu’il a fait le premier ces oblervaiions.
Ainli, les phénomènes de ce mouvement étant fixés
& réduits à un principe certain, il fera bien plus
aife d’en rechercher les caules.
Je vois déjà nombre de fpéculateurs partir de-là
fans autre examen , tirer de ces obfervarions des
conféquences à perte de vue ; & , d’après ce qui
fe voit dans le chara > on ne manquera pas d’établir
un femblable mouvement dans les autres plantes,
conduits en cela par le grand argument de l’analogie,
toujours fl aifée à contenter, 6l toujours fi prompte
à jetter dans l’erreur. Jamais découverte, jamais
obfervation nouvelle ne fut publiée , qu’elle n’ait
ouvert la porte à de nouvelles vérités & à des
erreurs nouvelles. L’envie de poufler plus loin nos
decouvertes , &: d’en faire valoir l’importance , en
les rendant générales , nous jette bien fouvent dans
les abfurdités les plus grofTieres, L’analogie la plus
foible , les induflions les plus éloignées , fuffifent
alors pour nous contenter, & nous croyons voir
par-tout égalité de caufes, uniformité d’effets, conformité
de parties , enfin une eniiere & parfaite ref*
femblance.
Harvée découvrit la circulation du fang, & tout
auffi-tôtdes philofophcs fpéculatifs, à l’aide l'eule-
ment de l’analocie , en luppoferent une pareille,
même dans les plus petits animaux , pendant qu’elle
n’efl ni générale ni égaie dans tous , tant l’analogie
efl: trompeufe : ils firent plus, iis tranfporterent
l'analogie du régné animal au régné végétal, 6c fe
perfuaderent qu’il exifloir une vraie circulation d’humeurs
clans les plantes ainfi que clans les animaux :
il nous a fallu un Halles , un du Hamel, pour nous
faire voir les erreurs dans lefquelles nous étions
tombés.
Cela n’a pas empêché M. Baiffe de voir toujours
des coeurs, toujours des poumons, toujours des
arreres, des veines, enfin une vraie circulation d’humeurs
dans les plantes, comme on peut le voir dans
fon excellent Mémoire couronné par l’académie de
Bordeaux, & que l’auteur a enrichi d’un grand nombre
d’expériences tout-à-falt originales.
Cependant M.Bonnet, cecélebre obfervateurde
Geneve, a combattu avec le j)lus grand fuccès cette
opinion. Il exifle fans doute, dans toutes les plantes,
un mouvement d’humeurs ; mais ce mouvement,
loin d’être femblable à la circulation du fang des
animaux , n’efl qu’un mouvement de fimple afeen-
fion & de defeenîe. Une eau toute fimple s’ouvrant
un chemin par les fibres ligneufes , monte des. racines
jufqu’aux feuilles , d’oh la partie la plus aqueufe
s’étant évaporée par la tranfpiration, le refle, enrichi
& devenu plus fucculent par l’air, par le feu &
par d’autres fubftances qui y pénètrent par les feuilles
6c par le tronc , defeend le long des vailTeaux de
l’écorce jufqu’aux racines qu’il nourrit & prolonge
S E V à fon tour, & va enfin fe perdre dans la terre. Cetiè
nouvelle humeur, déjà devenue nourriffame, donne^
dans le tems qu’ elle defcencl, par des vaifTeaux la-,
teraux , l’aliment à la plante entière , & c’ efl alors
qu’en France on l’appelle la feve.
Tel efl le feul 6c vrai mouvement du fluide dans
les plantes , 6c l’on voit par-là qu’il ne reffemble en
rien à la circulation 'du fang dans les animaux. Ce
n’efl pas affer qu’un mouvement quelconque dans uh
fluide , pour pouvoir l’appeller mouvemertt de eircu-
lanon,\\ faut encore un tel mouvement particulier,
& non un autre, tel fyflême de vailTeaux, tels organes
& telles parties bien déterminées en un mot;
mais le mouvement du fluide du chara ne reffemble
ni à la circulation des fluides dans les animaux , ni
au fimple mouvement d’afeenfion 6c de defeente
dans les plantes. D’abord il ne reffemble en rien à la
circulation, parce qu’il n’y a point ici le iloiible
fyflêmede vaiff'eaux pour monter 6c pour delcenére.
Il reffemble aufli peu au mouvement du fluide dans
les autres plantes, parce que le fluide dans le chara,
revenu au point d’où il croit parti, recommence
tout de fuite à remonter de nouveau par le même
chemin ; le mouvement du chara efl donc tout-à-
fait particulier , 6c n’efl point du tout analogue aux
autres mouvemens connus des corps organifés.
L’analogie du mouvement du chara pourroit être
appliquée avec probabilité aux autres plantes, fi
l’organifaiion en étoit la même que celle du chara:
pour cela il ne faudroit en général aux plantes que
des cylindres feuls , 6c entre un cylindre 6c un
autre, des diaphragmes; d’ailleurs, point de vaif-
feaux entre un diaphragme & Tamre, mais par-tout
un fluide gras, gélatineux & rempli de globules;
pendant qu’on ne voit au contraire, au moins dans
un très-grand nombre de plantes, qu’un tiiTu de
fibres 6c de vailTeaux qui, des racines, lé diflribuent
au tronc , &c. Joignez à cela la belle expérience de
M. Muflel, inférée dans les Tranjdcîions philofophi-^
ques , par laquelle il fait voir Timpolfibilité de la circulation
du fluide dans les plantes.
Mais, Ce qui prouve combien il efl aifé d’etre
trompé par l’analogie , c’efl qu’elle n’eft pas même
fùrc dans les chofes où elle (cmble devoir être infaillible
, puifqu’il y a même des plantes q ui, par
leur flruflure intérieure, font analogues au chara,
& qui n’ont pourtant pas le même mouvement dans
leurs fluides. J’ai examiné nombre de plantes aquatiques
également tranfparentes, 6c encore beaucoup
plus que le chara, telle que la plus grande partie des
bylTus, 6c qui plus e f l, il y en a dans ce nombre qui
ont tout-â - fait une femblable organifation , les
mêmes cylindres, les mômes diaphragmes, les mêmes
fluides , les memes globules , 6c encore plus légers
& plus nageans qu’ils ne font dans le chara. Malgré
cela , je n’ai jamais pu apperce voir dans leurs fluides
aucun mouvement; il ne me feroit certainement pas
échappé, fur-tout les circonflances étant encore plus
favorables que dans le chara même.
Je me fuis donc affurc, par mes obfervations,
que ce mouvement du chara n’eft que dans très-peu
de plantes , fi môme il s’en trouve ailleurs.
Si la circulation du fang nous a trompés^par rapporta
certains animaux, certainement la même analogie
nous trompe ici relativement à prefque toutes
les plantes ; le fluide circule fans doute dans les
plantes où on l’obferve circuler ; mais il n’y a point
de raifon de le fuppofer dans celles dans lefquelles
on ne le voit point. Telle efl la nature des corps
phyfiques, qu’au - delà des obfervations aÔfuelles
bien conftatées, il n’y a plus de certitude pour nous.
(^Article extrait d'une Leitrt de M,, l'abbé FoNTAfCA,
phyficien du grand-duc de Tofeane, inférée dans l*
Journal, de Pkyjîque. )
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S E X SEVERIE, ( Géogr. ) province de la haute-Pologne,
dans le palaiinat de Cracovie, aux frontières
de la Siléfie : elle renferme la ville de Severie (Sier-
viertz ) , fituée dans un lac 6c munie d’un château
fortifié, & celle de la Slawkow, proche de laquelle
font des mines d’argent. Les évêques de Cracovie
poffédent cette province dès Tannée 1443 ; ils en
portent le titre de duc, & ils y exercent un pouvoir
fouverain , même en matières civiles, ( i? . C. )
SÉVÉRIENS , ( Hiß. ecci. ) hérétiques ainfi
nommés, parce qu’ils avoient pour chef un certain
Sévere qui commença à dogmaiifer vers la fin du il®
fiecle. La grande queflion iur l’origine du bien & du
mal fermentoit beaucoup dans les efprits. Sévere
voulut imaginer un fyflême pour Téclaircir ; & ce
fyflême fut une héréfie. Il prétendit que le monde
étoit fournis à des principes oppofés dont les uns
ctoient bons, les autres méchans ; mais que tous
étoient fubordonnés à un Etre fuprême, qui réfi-
doit au plus haut des deux. Selon lui , ces bons &
ces mauvais principes avoient fait entr’eux une ef-
pece de paâe ou de convention, par laquelle ils
dévoient introduire dans le monde une égale quantité
de biens 6c de maux. Avec le fecours de ces
fuppofitions abfurdes , Sévere prétendoit expliquer
l’origine du bien 6c du mal, & le mélange de l’un 6c
de l’autre, qui fe trouve prefque par-tout. II diflin-
guoit dans Thomme deux propriétés principales 6c
elTeniieÜes, la raifon & la fenfibilitc. Il dil'oil que
la première, qui procuroit toujours des plaifirs tranquilles
6c purs,étoit l’ouvrage des puifTances bienfai-
fantes ; 6c que la fécondé , qui étoit la fource de
toutes les paffions 6c de tous les malheurs de Thomme,
étoit l’ouvrage des puifTances mal-faifantes. II
en concluoltque le corps humain, depuis la tête
jufqu’au nombril, avoit été créé par le bon principe,
6c le refte du corps par le mauvais. PalTant enfuite
fi tout ce qui environne Thomme, il enfeignoit que
TEtre bienfaifant avoit placé autour de lui des ali-
mens propres à entretenir Torganifation du corps ,
fans exciter les paffions ; 6c que l’Etre mal-faifant,
au contraire, avoit mis autour de lui tout ce qui
pouvoit éteindre la raifon 6c allumer les paffions.
L’eau qui conferve Thomme , calme 6c n’altere
point fa raifon, étoit, félon Sévere, un don du principe
bienfaifant ; mais il attribuoit au mauvais principe
deux procluéfions , qui, fouvent en effet, ont
été funefles fi Thomme, le vin 6c les femmes, (-f)
SEXARD , {Géogr.') ville de la balTe-Hongrie ,
dans le comté de Tolno , fur la riviere de Sarwitz.
Elle efl munie d’un château, 6c confidérablement
peuplée. Elle renferme une abbaye du S. Sauveur,
fameufe dans la contrée , 6c Ton tire de fes environs
d’excellens vins rouges. {D . G.)
§ SEXE des plantes , ( Hiß. nat. Bot. ) plantarum
fexus. Tous les botaniftes inftruits avoient déjà dif-
îingiié les plantes en mâles & femelles. On s’étoit
apperçu que lorfque les parties fexuelles étoient
dans des individus dlfferens 6c féparés , comme
dans les animaux, la plante demeuroit ftérile, fi
la proximité des deux genres ne la mettoit à portée
d’être fécondée. Les payfans même favent bien
diüinguer dans le chanvre le mâle & la femelle. Ils
fe trompent feulement en donnant le nom de mâle
ati chanvre femelle, 6c celui de femelle au chanvre
mâle. Car la plante femelle efl toujours celle
qui porte graine ou fruit. Les jardiniers diflinguent
de même l’cpinard femelle du mâle, le houblon
femelle du mâle, parce que les genres font mani-
feflement féparés.
Pline le naturahfle avoit déjà parlé du fext des
plantes. Rai & Camerarius ont fait mention des parties
mâles 6c des parties femelles des plantes. Cæ-
falpin avoit connu la pouffiere fécondante des cta-
Tome IV,
S E X 787 mines, 6c Grew en avoit plus expreflement déterminé
l’ufage.
La frü£HficatIon,ouIa génération végétale,avoit
principalement lérvi à Tournefort pour donner dé
nouvelles loix & un nouvel ordre à la botanique. II
prit la fleur pour déterminer principalement la claf-
fe, le fruit pour foudivifer les claffes en feéHons;
toutes les parties de la fruôification pour établir
les genres , & lorfqu’elles ne fuffifent pas, il faifit
d’autres parties de la plante, ou même leurs qualités
particulières. Enfin, il diftingue les efpeces par
la confidérarion de tout ce qui n’appartient pas à la
fruélification ^ comme tiges, feuilles , racines, couleurs
, faveur, odeur , &c.
Le chevalier de Linné , éclairant de fon génie
les obfervations de fes prédécelTeurs , faifit plus dif-
tiniflement la différence des fexes dans les plantes ,
pour en déduire toute fa méthode. On a appelle fon
fyflême, le fyflême Jexuel, parce qu’il efl fondé
en général fur la différence des parties mâles 6c des
parties femelles des plantes, c’eft-à-dire , fur les
étamines & les piftils, qui font les agens immédiats
de la fécondation, & les vrais organes de la frufti-
fication.
Il appelle fieursmâles ^ céWts qui ont une, deux ,
ou plufieurs étamines fans piftils ; fleurs femelles ,
celles qui ont un, deux , ou plufieurs piftils fans
ctainines ; fleurs hermaphrodites ou androgynes , cel-^
les qui renferment en même tems les étamines &
les piftils.
Les jardiniers nomment les fleurs mâles, faufles
fleurs ; 6c fleurs nouées., celles qui portent du fruit.
L’étamine, partie mâle des plantes, a ordinairement
la figure d’un filet furmonté d’un bouton,
qui renferme une pouffiere. Le bouton fe nomme
anthère. On voit ces parties diflinftement dans là
tulipe.
Le piflil, partie femelle , varie eh nombre, comme
les étamines ; il occupe le centre de la corolle 6c
du réceptacle; fa forme ordinaire efl une efpece de
mammeion, qui le termine en un fliler , fouvent
perforé à fon extrémité fupérieure. Ce piflil efl com-
pofé de trois parties, le germe ou embryon qui efl:
la partie inférieure, portant fur le réceptable , 6c
qui fait les fondions de matrice. Le flyle efl ordinairement
fiftuleux ; on le compare au vagin , 6c il
porte furie germe. Le fliginate termine le fly le ,
tantôt arrondi, tantôt pointu, long, effilé, quelquefois
divifé en plufieurs pa'rties. On le compare
aux levres du vagin. Il reçoit la pouffiere fécondante
du fommet des étamines , 6c la tranfmet par le flyle
dans l’intérieur du germe, pour féconder les femen-
ces. Dans les fleurs qui n’ont point de iTyle, le
fligmate adhere au germe, Sc on le nomme alors
Sous ce nouvel afped , le grand naturalifte fuc-
dois ne vit plus dans Tade de la frudification, que
Tade de la génération. Ce queTournefort avoit en-
vifagé comme des vaiff'eaux excrétoires, parut aux
yeux du célébré de Linné des parties fervant à la
génération & à la propagation invariables des efpe-
ccs. Linnai phylofo. Botan. p. C)X. Le régné végétal
a fes noces au moment que les pouffieres fécondantes
des étamines frappent les piftils. La corolle forme
le palais, où fe célèbrent ces noces mc-rveil-
leufes. Le calice eli le lit conjugal. Les pétales font
les nymphes. Les filets des étamines , font les vaif-
feaux fpermatiques. Leurs Ibmmets ou anthères
font les tefliciiles. La pouffiefe des anthères efl la
femcnce, ou liqueur fcminale. Le fligmate du piflil
devient la vulve. Le flyle efl le vagin, ou la trompe.
Le germe eftTovaire. Le péricarpe efl l’ovaire fécondé.
La graine efl ToewL Le concours des mâles
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