N
If’’
i l
'*!■ -'i
aoo O T O
cpoiifc A^Iclüvlc. C Ctolt une piincefll* d’uneJjenutc
jnulaue , & des nurours ont j)rctendii que Hugues,
ion bc;iu-i>crc, n’ayant j)u vaincre la pailion qu’ il rei*
fentit pour cette princcllV , lui arracha une Heur
qu'il eut du laillVr cueillir à Ibu lils. Own regar-
dûit (es vidüircs impartaites, tant qu'il ne comman-
doic point dans Rome. 11 écrivit au pape Agapet II,
pour l’inviter à l’y recevoir; le pontife feignit d’y
confentir, be lui en lit délendre les ajqiroches par
le patriee .Albcric. Ou>n tut oblige pour cette fois de
fe contenter du titre de roi des Lombards. II eût tait
repentir le pontife de tes artifices, lans des broiuUc-
ries que Berengcr U. fut exciter dans la famille royale.
Ludülfe (Luiolfe, Luduite, LuuloUe ou LuldoRe)
qui voyoit avec inquiétude Ion mariage avec Adélaïde,
prenoit des me (lires pour ulurper le trône dont
il craignoit d’etre exclus, fi cette prinedîe donnoit
un dis au monarque.
nommé par ibn propre fils, rentre dans les
états de Saxe ; il y trouve Bercnger il , qui, lous
prétexte d’exciter fa pitié , venoit fomenter des
troubles dont fa politique avolt déjà répandu les
premières (cmences, lorlqu'il étoit en Italie. Le monarque
rejette fos exeufes & fes offres; mais enlin
dcf.irmé par les prières de Conrad fon gendre, 6c
détermine par des circonllances particulières , il lui
donna rinvelVuurc du royaume d’Italie, en lui re-
ineitant aux mains un iceptre d’or. •» Mais longez,
lui dit-il, m'obéir comme le font mes autres val-
faux: gardez-vous d’étre l'opprelfeur des luicts
■» que je vous confie ; enfin, loyez-en le roi, non
>* pas le tyran «. Mais en lui donnant ce royaume ,
Ocon eut la precamion l'age d’en retenir plufieurs
villes importantes , comme Ac|uilée 6c Véronne ,
afin de pou\'oir aller le punir s’il ofbit aipirer à l’in-
dcpcndance. Telle efl l’origine de la fuzcrainetc des
rois & empereurs d’Allemagne (lirle royaume d’Italie
; fuzeraineté qui pouvoir leur être conteüce tant
qu’il reffoit un rejetton de la famille des Pépin. Cette
conduite attelle la politique d'Oeo/z. Ce prince dans
rimpuillance alors de conferver l’Italie , ne poiivoit
agir plus l'agenienc qu’en confiant le gouvernement
à des rois qui devenoient fes feudataires.
Dès que Berenger eut pris congé de la cour, on
y vit éclater l’incendie que fa main y avoit préparé.
Lutolfe , ibuteiiu de Conrad, fon beau-treie,
leva retendai t de la révolte ; mais les orages que le
perfide roi d’Italie raffembloit fur la tête d’Oion,
dévoient bientôt retomber fur la Tienne propre. Lu-
îolfo, après deux ans d'une guerre malheureufe ,
tombe aux genoux de fon pere, qui lui pardonne ,
& l'envoie en Italie, oii Berenger II 6c Adalbert fon
bis mettoient tout en feu. Ce prince, digne fils d’un
pere tel qu’O/orz, gagne autant de viétoires qu’il livre
de combats; &C fa magnanimité égalant fa valeur, il
rend la liberté au pere 6c au fils, apres les avoir fait
prifonniers l’un & l’autre, 6c le contente de les
mettre dans l’inipuinance d’exciter de nouveaux
troubles. La mort qui moifibnna ce prince au milieu
de fes triomphes, permit à Berenger II d’élargir fes
liens, 6c força Oton de palTer en Italie. Il venoit de
pacifier l’ Allemagne par une viêloire éclatante qu’il
remporta fur les Hongrois près d’Ausbourg. Tous les
efprits étoient aigris contre Berenger : le pape 6c
les prélats d’Italie faifoient chaque jour de nouvelles
plaintes contre lui ; le monarque le facrifia à la vengeance
publique, 6c reprit la couronne qu’il lui
avoit confiée. Les portes de Rome qui lui avoient
été fermées dans le premier voyage , lui furent ouvertes
dans celui-ci. Le fils d'Albcric-OéiavienSpor-
co occupoit le fiege apoffolique fous le nom de Jean
X I I ; ce pontife lui prépara une réception magnifique
, lui dunna la couronne impériale, 6c lui prêta
fermentdc fidélité, ainfi que tous iesRomains.Tant
O T O
qu’Otü« demeura dans Rome, il y reçut tous les honneurs
dont avoient joui les empereurs Romains 6c
François; mais ce fut en vain <[iic pour récompenler
le zelc que Jean XII failoit paroitre, il ratifia les donations
que les (>rcdcceÜeurs avoient faites au iaint
liege;les Romains avoient formé depuis long-tems
le chimérique projet de rétablir l’ancien gouvernement
républicain, 6c ils avoient appcllé Ocon, moins
pour lui obéir que pour opprimer Berenger II. Jean
X ll étoit dans l’age de l’.inibltion , & plus juopre û
commander des armées qu’à édifier à l’autel; il eût
été bien plus flatté d’imir la pourpre Romaine à la
tiare, de tenir le premier rang dans une ré[)u-
blique que fon imagination embrâfée lui reprélen-
toit déjà dans là première fplcndciir, que de ramper
fous un empereur de Cicrmanie, qui le comptoit toujours
au nombre de les l'ujets. Ocon n’eut pas plutôt
mis le pied hors de Rome, que l’on vit éclater ces
projets ; le pontife Ibutint de tout fon pouvoir Adalbert
, fils de Berenger, 6c l’invita à f'e renJi e auprès
de lui, le flattant des plus magnifiques efjiérances.
Oton étoit alors dans Favie, demeure des rois Lombards,
6c prenoit des mefures j^our aller taire le
fiege de Monte-Fcltro. Ces brigues ne lui cauferent
d’abord aucune inquiétude ; 6c lorlquc les commil-
falres lui firent le tableau de la vie fcandaleufe de
Jean XII. « Ce pape, répondit ce fage monarque, efl
un enfant, une douce réprimande liifiira pour le ramener
de fes égaremens, 6c le tirer de l’abîme où
il fe précipite ». Cependant lorfqu’il eut appris qu’A-
dalbert étoit dans Rome, 6c que des lettres interceptées
l’eurent informé que le pape négocioit avec
les Hongrois & la cour de Conlîantinople , il le déchargea
lur fes lieutenans du liege de Monte-Feltro,
marcha vers Rome avec l’élite de fes troupes : les
portes lui furent fermées, ôc Jean parut avec Adalbert
à la tête des rébclles, l'épée à la main, 6c
couvert du cafque 6c de la cuiraflé. Ofon n’eut qu’à
fe préfenter pour les mettre en fuite; les Romains
aff'emblés renouvellerent leur lerment de fidélité ,
6c rengagèrent à n'élire 6c à ne confacrer aucun pape
lans le confenteinent de l'empereur 6c du roi fon
fils. Oion reçut alors les plaintes contre Jean ; il y
avoit peu d’excès dont ce jeune pontife ne fe fui
rendu coupable; mais comme il ne vouloir point
être l’unique juge dans une affaire de cette importance,
il convoqua un concile oii il préfida. Le pontife
dépofé pour des crimes trop vifibles, fut remplacé
par Léon VIII, qui, du confentement du clar-
gé & du peuple Romain, fit ce fameux décret par
lequel <« le leigneiir Oro«/ , roi des Allemands, 6c
» tous fes fuccelTeurs au royaume d'Italie, auront
» la faculté à perpétuité de le choifir un luccelî'eur,
» de nommer le pape (^fumma fedis apoJîoUae pon-
» tificem ordinandi^ , êê par conféqueni les arche-
» vêques 6c les évêques, iefquels recevront de ces
)» princes l’invefHturc. Aucun, continue ce decret,
» quelque dignité qu’il ait dans l’état ou dans l’é-
» glife, n’aura le droit d’élire le pape ou tout autre
» évêque, fans le confenrement de l’empcrcur : ce
» qui le fera cependant fans qu’il en coûte aucune
» fomme , 6c pourvu que l’empereur loit en même
» tems patriee 6c roi d’ Italie. Les évêques élus par
» le clergé 6c ]3ar le peuple ne feront point conla-
» crés que l’empereur n’ait confirmé leur éleêf:on ,
» & ne leur ait donné l’invefiiture, à l’excrption
» de ceux dont l’empereur a cédé l’invelliture au
» pape 6c aux archevêques >». C ’eff ainii que Léon
VIII détruifit les projets de rétablir la république,
6c perdit en un inlfant tout le fruit des travaux de
fes prédécefTeurs pendant un liecle 6c demi pour fe
rendre indépendans. C ’étoir à cc dcfir que les papes
avoient facrifié le bonheur de l’Italie : delir qui leur
avoit tant de fois fait entreprendre, 6c fouvenr avec
fuccès.
O T O
fuccès de (Icpoulllcr les empereurs François des
privileges que Léon avoue appartenir à tous les
emnereurs: mais, dit un moderne, fi cc pape fit
une faute, il eut des fuccefleurs qui furent la repa-
*^^Cependant Oêtavien Sporco étoit bien éloigné de
ratifier fa fentence de dépolition : incapable de fle-
chir,ileîccommunie l’empereur ÔC le pape.Seconde
par les intrigues de les concubines, il rentra dans
Rome d’où venoit de lortir Ocon pour aller au fiege
de Camerino, la feule ville d’Italie qui tînt pour
Adalbert. Les treCors du S. Siege dont il s’étoit làili
avant fa difgrace , lui fervirent à former une nouvelle
faaion. Un fynode de prêtres Italiens lui rend
fa dignité 6c fon pouvoir : alors portant l’audace à
fon comble, il alfemble un nouveau fynode com-
pofé de tous les partifans, charge l’empereur & le
pajje de tous lès anatêmes, 6c fait décider la fupe-
rioritc de fon fiege fur tous les trônes du monde.
La rcliftance de quelques prélats excitant fon reffèn-
liment, il fe déchaîne contre eux avec la plus aveugle
fureur ; un cardinal fut mutilé par fes ordres ,
& Otger, évêque de Spire, publiquement fufiigc.
Son courage, lès malheurs 6c les tréfors qu’il pro-
dic»ue, lui gagnent les coeurs, 6c réveillent dans les
Romains l’ancien amour de la liberté , 6c la haine
contre une domination étrangère. Léon VIII ne trouvant
plus de fureté dans Rome, va chercher un afyle
dans le camp d'Ocon, qui lui-même fe voit affailli
par une populace en fureur. L’empereur n’avoitque
fes gardes 6c quelques cohortes; il avoit envoyé fon armée dans rOmbrie , de crainte qu’elle ne fût
à charge aux Romains : mais fon expérience 6c le
courage déterminé de fes gardes, le firent triompher
de la multitude. Rome eût été faccagée, fi le monarque,
délarmé par Léon, n’eût calméle jufteref-
fentiment de fes troupes. L’auteur de ces troubles
mourut fur ces entrefaites, aflàfliné par un niari qui
le furprit dans fa couche : ce fut une fin digne de la
vie de cc pontife. Son fang ne put éteindre l’efprit
de révolte qu’il avoit infpiré aux Romains : fermes
dans la rcfolutlon de ne louffrir aucun maître étranger,
ils ceignent de la thiare le front de Benoît V ;
6c an mépris de leurs lèrmens, ils traitent d’antipape
Léon, qu’eux - mêmes avoient élu. Ocon étoit
retourné au fiege de Camerino, lorfqu’on l’informa
de cette nouvelle infidélité : il revient encore contre
les rebelles; mais toujours modéré, il entre dans
leur ville, moins en ennemi qu’en pacificateur. Il
ordonne le fupplice des plus coupables , 6c fait dc-
pofer dans un concile Benoît V , qui fe reconnoît
parjure envers Léon VIII, auquel lui même avoit
donné fon fuffrage. Cet intrus fut relégué à Hambourg,
où il finit fes jours en exil. Berenger II 6c là
femme eurent la même defiinée ; l’empereur les envoya
l’un 6c l’autre à Bamberg, où ils reçurent les
traitemens les plus favorables. Ils eulTent été parfaitement
heureux, s’ils avoient pu l’être après avoir
polTcdé un royaume.
Cependant la modération d’Ocon ne put lui concilier
l’amour des faélieux Romains. Ce prince ne
fut pas plutôt rentré dans fes états de Germanie,
où l’appelloient de nouvelles viétoires lur les Scla-
ves , que les rives du Tibre retentirent du cri de la
liberté: la garnifon allemande eft obligée de fuir;
Jean X l l l , fuccefleur de Léon VIII, vevit en vain
s’oppofer à leurs projets infenfés; il eft force de for-
tir de Rome, & de fe réfugier à Capoue. Le gouvernement
répviblicain fut rétabli, mais il avoit une trop
foible bale. En vain un nouveau pape prête aux rébelles
le fecours de fes anathèmes; Oton vole à
Rome, malgré fon âge 6c fes infirmités : il exile les
confuls en Germanie , âcfalt pendre les tribuns du
peuple au nombre de douze, & fuftlger publique-
Tome IF .
O T O 2 0 1
ment le préfet de Rome, qui fut promené lur un âne
la tête tournée vers la queue : tel fut le fort de ces
nouveaux républicains.
La l^ouille 6c la Calabre réunies à la Cicrmanie ,
furent le dernier événement mémorable de ce régné
glorieux ; rempercur les conquit fur les Grecs pour
venger Icmaffacre de fes ambaffadeiirs , ordonné par
Nicephore, lorfqu’ils alloient fur la foi des traités
chercher Théophanie, fille de Romain le jeune,
IMomifc à Ocon lou fils. Jean Zimifcès , fuccelfcur de
Nicephore, à qui fa perfidie venoit de coûter le
trône 6C la v ie , lui confirma la pofTeinon de ces
deux provinces avec tous les droits for la Sicile,
dont les Sarrafins étoient alors les maîtres. II efi probable
qu’il eût fait valoir fes prétentions fur cette île
riche 6c commerçante , fi fes affaires ne l’cuffentrap-
pcllé en Germanie , où il mourut après avoir fait
plufieurs fages réglemens, l’an 973. Il étoit dans la
cinquante-huitiemc année de fon :âge , la trente-fep-
tieme de fon régné comme roi ou empereur de
Germanie , la onzième depuis fon couronuement à
Rome. Son corps fut porté dans l’églilc cathédrale
de Magdebourg, où il fut inhume près d’Edith, fa
premiere femme : prince admirable, & digne d’être
propofé pour modèle à tous les rois. Il fut grand fans
farte 6c fans orgueil, féverc fans être cruel ; fa bravoure
ne dégénéra jamais en icinéritc : toujours
calme, toujours maître de lui-même, fon front étoit
aufilfcrein lorfqu’il régloit les operations d’une campagne
, ou qu’il fe dilpofoit à livrer une bataille ,
que quand il fignoit quelque édit favorable à fes
peuples. Oro/z fit fes guerres en héros, & jamais en
barbare: des écrivainsl’ont comparé à Charlemagne;
celui-ci le furpalTa peut-être en talens, mais ne l’égala
point en vertus. La politique régla toutes les
avions de Charles ; Ocon fe livra quelquefois au
penchant d’un coeur généreux, naturellement libéral
, mais modéré dans fes dons ; il récompenfa tous
les fervices rendus à la patrie, fans épuifer fes finances.
Les richertes des provinces conquifes furent
verfeesdans le trefor public. Quant aux dépouilles
de l’ennemi, dont le tiers appartenoit au prince , il
les abandonna tout entières à fes armées. Comme
Alexandre, il ne fe réferva que la gloire de vaincre.
Sous fon régné, le culte public reprit fa premiere
fplendeur ; & jamais les dangers de la guerre, ni les
affaires du gouvernement, ne le détournèrent defes
devoirs de religion. Sa piété fut aulfi fincere qu’éclairée;
l’archevêché de Magdebourg, les évêchés
de Brandebourg, de Mersbourg, deZeü z, de Ha-
velberg, de Mifni, de Slefwick, de Ripen, d’Aarhus,
d’Attinbourg 6c de Naumboiirg, en font les principaux
momunens ; enfin il mérita que l’on dît de lui
que la religion avoit perdu ce qu'elle avoit de plus
illuftre, 6c l’Allemagne un véritable roi.
Ed-witz ou Edith, fa premiere femme, fille d’Edouard
dit l'ancien, roi d’Angleterre, donna le jour
à Ludolfe, dont on a fait mention dans cet article,
6c à Huitgarde de Saxe , mariée à Conrad le Sage ,
duc de Lorraine & de Franconie ; Adélaïde, fille de
Raoul, roi des deux Bourgogne, 6c veuve de Lo-
taire, le fît pere d’Oton II, d’Henri & de Brunon ,
morts en bas âge; d’Adelaïde & de Matllde, toutes
deux abbelfes, la premiere d’ElTen en Wertphalie,
6c l’autre de Quediimbourg. Une noble Efclavonne
lui donna un fils naturel, nommé Guillaume^ qui
remplit le fiege archiépifcopal de Mayence , 6c fut
gouverneur de la Thuringe.
C’ert au régné de ce prince que les Allemands
doivent rapporter l’origine de leur droit public ,
qu’ils font remonter jufqu’aux empereurs François :
mais comment pouvoient - ils rédamer les loix d’un
trône dont ils s’étoieni détachés jf Ocon rétablit les
comtes Palatins : ce font des jpges fupérieurs qui
C c