6 NAN
Hic jacet
Nicolaus Fe r r y , Lo-
THABINGIUS ,
STRUCTURE TENUI-
TATE
Mirandus ,
A b A ntonino novo
D ilectus ,
In Juventutis Ætate
Senex.
Quinque lustra
FuERUNT IPSI SÆ.CU-
LUM.
O'biit
D ie NONA JuNii
a . M. DCC. LXIV.
a gtt Nicolas Ferry , Lorrain , jeu de la nature ;
merveilleux par la petitejfc de lu Jhu^ure, théri du
nouvel Antonin , vieux dans l’âge de fa jeuneffe. Cinq
luftres furent un fiecU pour lui. Il ef mort Le p) juin
iy6q ».
NAISSANT, TE, {^ternie de Blafon.') fe dit
du lion, du cerf, ou d’un autre animai qui ne parole
qu’à moitié, le refte du corps étant comme caché
fous récu , duquel il femble fortir ou naître.
, Aflignes de Tournay , d’Oify , en Artois : d'or à
trois lions naijfans de gueules,
Hyongue de Sepvret, en Poitou : d'argent à trois
cerfs naiJJ'ans de fable,
La Treille de Fofieres de I Hcras, à Lodeve en
\^zx\^\ieàoç.x coupc de gueules (S- d’aqjiCy au lion d'or
fur gueules , nai(jant du coupé. ( (j. D , L.T.
§ NAN CY, ( (jé&ÿr.) Cette ville doit fes embel-
liffemens au roi Staniflas, mort en 1766. Son mau-
folée, élevé par les ordres de l’hôtel de ville à faint
Roch, fut fculpté par Senikfen, deflîné par Claudon, 5c gravé par Collin. On y lit ces quatre vers :
H n’ejl point de vertu que fon nom ne rappelle :
Philofopke & guerrier, monarque & citoyen i
Son génie étendit l'art de faire du bien ;
Charles fut fon ami, & Trajan fon modèle,
Catherine Opalinska fon époufe , morte en 1747,
cft inhumée dans la nouvelle églife de Notre-Dame
de Bon-Secours , où Ton voit l'on maufolée.
Cette églife, nommée d’abord la chapelle des
Bourguignons, depuis de la Vicloire, à caufe de celle
de René II fur Charles, duc de Bourgogne, en 1477 ,
a pris le nom de Notre-Dame de Bon Secours, & a
cté rebâtie en 173 8.
Nancy vient d’être érigé en évêché ; & M. l’abbé
de Sabran, ancien aumônier du ro i , en a été nommée
évêque en 1774.
Il ert étonnant que le Dicl. ralf des Sciences^ &c.
ne cite que Mainbourg parmi les hommes illulîres,
dont Nancy eft la patrie. Nous devons y ajouter
Nicolas Lefeut, le préfident Thierry A lix, Canon
& François Guines , jurifconfultes ; Gabrielle-Rofe
de Mitry , comtelTe Defplafibns, poéte-philofophe;
Françoife d’iffembourg de Graffigni, auteur célébré
des Lettres Péruviennes & de Cenie; Jean LhoRe,
génie vafte & pénétrant ; Bernard Lhoflc , fon fils ;
le pere Levrechon, mathématiciens; Louis Main-
bourg, hiftorien ; don Royer & don Romain,
favans bénédiéHns, bons prédicateurs; Antoine le
Pois, médecin célébré antiquaire, un des premiers
qui ait écrit fur la connoifTance des médailles; Célàr
Bagard, qu’on appelloit en France le grand Céfar ;
Charles Chaffel, Bénard, Jacob Adam, éleve de
Bagan, François Adam , Nicolas Sébaftien, fculp-
teurs ; Jean le Clerc , Lallemand, Capichon , Remi
Comtant, Charles Meflin, dit le Lorrain ; Drevet,
que LouisXIII peignit au crayon; Jaquart,Claude
N A N
Saint-Pierre, peintres ; le célébré Jacques Callot, Co-
lignon, fondifciple ; Jean François, graveurs en taille-
douce ; Jean 6c Etienne Raeîe , Hardi & fon fils .
Crock, graveurs de monnoies & médailles ; les Cha-
ligny & les Cuny, célébrés fondeurs.
^oye[ dans Expilli, un grand & long article fur
Nancy y & la Bibliothèque de Lorraine de D. Calmet.
L’ufage des armes à feu commença fous le regne
de Philippe de Valois. Froiffart, fous l’an 1340,
enparlantdune courfe des François jufqu’aux portes
d’une ville, dit que les aiïiégés décliqutrent contre eux
canons & bombardes qui jettoitnt grands carreaux. On
donna à nos canons le nom de coulevrïne y qui vient
Aq couleuvre y de ferpentine , de baßlicy comme les
anciens donnoiem à certaines machines de guerre le
nom de feorpions.
La plus longue piece que nous ayons en France
eft la coulevrine de Nancy ; elle a vingt & un pieds
onze pouces, depuis la bouche jufqu’au bouchon de
la culalfe : elle fut fondue en 1 598. On a remarqué
par l’expérience qu’elle ne porte pas plus loin qu’une
piece de même calibre ; & on la conferve, pluiôt
pour fa rareté que pour fon utilité, à Calais. (C. )
NANTERRE, Nanprodunum, Nanturay (^Géogr.j
Le P. Bernard, Génovéfain , mort curé-prieur de
Nanterre en 177z , a rendu ce village ou bourg pref-
qu’aulTi célébré de notre tems,.que fainte Genevieve
l’avoit illuftrè. Ce célébré prédicateur, qui uniflolt
à l’éloquence le talent de la poclle, a donné une
nouvelle vie au college de Nanterre y tenu j)ar fes
confreres fous la proteâion du duc d'Orléans.
On fe rappelle l’étonnante fenfation que fit fa
péroraifondudifeours fur la religion le jour des Rois,
fur l’attentat de l’exécrable Damien, commis le 5
janvier 1757. Il n’en fit pas moins par fon excellent
difeours lur l’obligation de prier pour les rois, prêché
dans l’églife de faint Louis le 5 feptembre 1769.
Ce fermon ajouta un rayon éclatant à la réputation
du P. Bernard,
On remarqua ces réflexions fi juftesfurles prétentions
ultramontaines. « Ce n’eft point la religion ,
» c’eft le préjugé, c’eft l’adulation qui a enfanté
» l’idée d’un tribunal imaginaire, juge des rois, dans
» ce qui concerne le temporel: arbitre du ferment de
» fidélité, qui lie le peuple au fouverain par des liens
» indilTolubles. La France , toujours zélée pour les
» bonnes regies, a réclamé hautement de tout tems
» contre cette dangereufe opiniôn ; & b décret fo-
»> lemnel d’une de nos aflemblées du clergé fera éter-
» nellement en béncdiâion dans le royaume. Le
» fiege de S. Pierre, centre de Tunité catholique,
» a bien d’autres prérogatives réelles, que nous nous
» faiJons un devoir de révérer, fans qu’on eftaie de
» lui en prêter de chimériques.
» La religion a toujours prêché la foumiffion aux
» maîtres du monde. Si dans quelques écrits réné-
»breux, vil fatras de fophifmes & d'hypothefes,
il s’eft glifle des maximes contraires, la religion
»> indignée les dévoue à une exécration éternelle , &
» s’écrie avec émotion : Ce n’eft pas moi qui ai diéié
» ces blafphêmes-».
Germain Brice rapporte qu’il fe confomme à Paris
cinquante mille boeufs, fept cens mille moutons, cent
vingt-cinq mille veaux, & quarante mille cochons,
dont le feul village de fournit jufqu’à vingtdeux
mille par année. ( C. )
§ NANTES , ( Géogr. Hijl.) L’auteur de l’article
Nantes y dans le Dicï. raif des ScienceSy &c. en en
donnant une légère el'quilTe, s’exprime en ces termes
: « i’univerfité de Nantes fut fondée en 14Ö0 ;
» mais c eft l’unlverfité du commerce qui brille dans
» cette ville, qui n’a pas été fertile en gens de
» lettres ;& il ne cite en effet que Vefliere & le Pays.
» üu le rédatteur de cet article, dit un Nantois 3
N A N » a la mémoire un peu courte, ou fa littérature étoît
y* en défaut : le détail clans lequel on va entrer à ce
» lujetle convaincra que quand on hazarde de don-
« ner au public cleschofes peu favorables à une maffe
» d’habitans, dans un livre aiifti fameux que le Dic-
^> tionnaire des ScienceSy on doit être inftruit & bien
» fiir de fon fait, fans quoi on court rifque d’être
» contredit avec défagrément, par ceux qui ont in-
» térêi à la chbfe » : cette lettre finit par ces vers :
Ils feront confondus ces détracleurs jaloux,
Qui penfent que les arts font étrangers che^ nous ,
E l qu'au commerce feul bornant notre indufrie ,
Lu boiirfe en tons les teins fut notre académie.
Abeillard y le Bouguer , & cent autres Nantois y
Pour venger cette injure élèveront leurs voix ;
E t y fans vous évoquer y mânes de ces grands hommes ,
Nous en avons encor dans le feclc où nous fomnies.
Mais votre modefie , auteurs contemporains ,
En ni inipofant flence , arrête mes defeins.
Que la poférité pour vous plus équitable ,
Vous donne dans l’hijhire une place honorable.
Juftifions les vers d’un citoyenzéléde par
l’énuméraiion fuivante :
Pierre Abeillard, ce fameux & infortuné doûeiir,
aufti connu dans l’Europe favante par fon beau génie
que par les malheurs & les perféemions de toute
eljjece qu’il elluya pendant la v ie , naquit au village
de Pallet, non Palais , comme le dit M. l’Advocat,
à quatre heues de Nantes, qu’une mort prcinaturce
vient d’enlever au moment qu’il alloit jouir des
honneurs académiques qu’il avoit fi bien mérités.
On a fes écrits, publiés en 1616, avec des
notes. Nos meilleurs poètes ont mis en vers fes Epî-
très trop libres à Héloiie. M. Colardeau eft celui de
nos poètes qui ont tranfmis avec le plus de fuccès
\Epure de Pope , en notre langue : on y trouve tous
les charmes de la pocfie ; & ce l'ujet fi riche, le Combat
de lu nature G de la grace, eft rendu par le tra-
diifteiir de maniéré à balancer l’original : M. Feutry
s’eft aufti exercé avec fuccès fur le même lujet : M.
de Beauchamp , long-tems avant, avoit auftî mis en
vers les deux Epures d'Hélolfe. M. Guift fit imprimer
en 175Z un ouvrage dramatique fur le même
lujet : on y trouve, comme dans les Lettres, de la
pafiion, du feu, & les chocs violens de l’amour
profane & de l'amour divin, qui font le mérite du
i'ujct.
M. Dorât, dans fes Tu/ituf/Tci, imprimées en 1768,
peint le malheureux Abeillard avec des traits de feu :
« Son exiftence , toute orageufe, toute pénible ,
H toute horrible qu’elle fut, me femble , dit-il, pré-
» fcrable à celle de ces érudits orgueilleux, qui
» croient reculer les limites de l’clprit humain , en
» pofant les bornes d’un lieu ; achètent du facrifice
» de leurs paflions , le droit d’être infenfibles pour
»» les autres, St ne laiffent en entrant dans le tom-
» beau, que des noms qu’on abhorre , & des volu-
» mes qu’on ne Ht plus ».
Pierre Rouguer, l’un des plus grands mathématiciens
de l'Europe, naquit, en 1698 , au Croific ,
petite ville à quinze lieues de hantes y & dans le
comté Nantois ; après avoir remporté quatre prix ;
l’académie des Ic'iences l’adopta en 1731. 11 fut en 1735 au Pérou , pour déterminer la figure
de la terre : la relation de fon voyage eft dans les
Mémoires de l’académie des fciences , année 1744.
Son Traité de la navigation , fon Mémoire fur la mâture
des vaijjeaux, fon EfTi d'optique, pafteront à la
portérité.
Les MM. Barin de la GaUfToniere , pere & fils ,
morts lieutenans-gcncrauxdes armées du roi, étoient
nés dans le même endroit que rinfortuné Abeillard :
on fait de quelle gloire fe couvrit M. de la Galifl'o-
N A N 7 niere i mort depuis peu, très• regretté des bons
François , en battant l’amiral Byng , & facilitant la
conquête de Minorque.
M. l’abbc Barin , mort grand’chantre de la cathédrale
, poète & prédicateur, eft auteur de la Vie de
la bienheureufe Françoife d'Ambolfe , femme de
Pierre II, duc de Bretagne , fondatrice des bcnédic-
ilnes des Coüets, à la canonifation de laquelle on
travaille à Rome.
N. Caftard , capitaine de vailTcaux de roi, excellent
homme de mer ; U l'e diftingua ,'dit M. Thomas
(^Elogedc du Guay-Trouïn')y « par la quantité
» ‘6c la richcfi'e de fes prifes ; mais par un caraétere
» dur 6c une ame inftexil)le , il choqua la cour , 6z.
» la cour le laift'a dans l’oubli. Un jour du Giiay-
>> Trouin étant à Verfailles, dans l’anti-chambre ,
» apperçut dans un coin un homme feul, dont l’ex--
» térieur annonçoit la niifere , c’étoit CafTard : du
» Guay-Trouin le reconnoit, quitte les feigneiirs,
» & va caufer avec lui près d’une heure ; les fei-
» gneurs étonnés lui demandent avec qui U étoit?
» avec le plus grand homme de mer que la France
» ait aujourd’hui ».
N. V ié , autre Nantois , bon marin, qui fit tant
de prifes fur les Anglois, fous Louis XIV ; ayant
paft'é au fervice de la république de Venife , il fut
emporté par un boulet de canon, à bord de l’amiral,
dans un combat contre les Turcs , pendant la guerre
que termina la paix de Paflarowitz,
François de la Noue , furnommé Bras-dc fer y gentilhomme
du comté de Nantes, & l’ im des plus
grands capitaines du xvie fiecle , l’ami & le bras
droit de Henri IV : ce héros périt au fiege de Lam-
bale, & fut pleuré des catholiques & des proteftans:
aux vertus de citoyen & aux qualités de guerrier , il
joignoit les conaoiftances de l'homme de lettres.
Jean Ménard de la Noé , prêtre pieux & zélé
direéleur du fémina'ue , fous l’cpifcopat de M. de
Beauveau , fit imprimer l’excellent Catéchij'me d&
Nantes y en 1689, In-S^.y 6c qui depuis a eu tant
d’autres éditions. Ce digne prêtre mourut en odeur
de fainteté, en 1717 , à 66 ans.
André Portail, peintre 6c architecte, naquit à la
fin du dernier fiecle : fes ouvrages 6c fon mérite lui
valurent la place de garde des tableaux de la couronne,
avec une penfion , 6c un logement au Louvre
& à Verfailles : il vit fouvent fon cabinet & fon atre-
lier remplis de princes & des plus grands feigneurs
de la cour, qui fe falfoient un plaifir de l’aller voir
travailler; honneur qu’il eut de commun avec le
Titien, que Charles-Quint fe plaifolt à voir peindre.'
Il eft mort il y a quekiiies années à 63 ans, fans
avoir etc marié ; la principale partie de (es portefeuilles
a été achetée 80000 Uv. par ordre du ro i,
pour enrichir fes cabinets.
Germain Boftran, né à Nantes en 1667 , fils d’un
habile fculprciir, fut reçu à l’académie d’architeâu-
rc , à Paris, où il eft mort il y a peu d’années, avec
la réputation d’un fameux architeéte.
Charles Errard, peintre & architeifte , ancien directeur
des académies de peinture 6c d’architeéture
de Paris & de Rome. L’cglife de l’AlTomption a été
bâtie fur fes delfins, mort en 1689.
François Bertrand , né à Nantes Qn 170Z, célébré
avocat, bon poète, fit imprimer à Nantes (es Poéfies
diverj'es y en 1749 : nous lui devons aullî le recueil
agréable , infn\.\[c Rurisdclicia:.
Il mourut très-regretté ; 6c fon éloge funebre ,
prononcé parle pere" de l ’Ecureuil, récollet, fut imprimé
à Nantes y 1751: M. Chevaye lui fit une
épitaphe très-honorable , en ftyle lapidaire, trop
longue pour être citée ici ; nous renvoyons au Dicl.
de l’abbé Expilli, articU de qui eft bien fait,
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