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Nabuchodonofor, pour punir la mauvaife fol de ce
prince & celle des Ammonites qiu s croient aiifîi
révoltés contre lu i , le mit en marche avec une
puiffante armée, arriva a la tete d un chemin c^ui
le partageoit en deux, dontTun conduifoit à Rabbath
& l’autre à Jérufalem. Ce prince, incertain de quel
côté il devoir d’abord tourner, voulut fe décider par
le fort des fléchés ; & ayant écrit Jérufalem fur Time
& Rabbath fur l’autre, Dieu, qui faiCoii concourir
toutes chofes à l’exécution de fon delTein , fit fortir
la première de fon carquois , celle qui portoit Jéru-
falini. Nabuchodonolbr alla donc en Judée , où il
mit tout à feu & à fang ; & , après avoir faccagé
toutes les places, il vint aflîcger la capitale. C ’étoit
l’année fabbatique ; & Sédédus, pour faire un aéle
éclatant de religion qui pût dclarmer la colère du
Seigneur , fit afl'emblcr le peuple dans le temple, &
là tous les maîtres s’engagèrent à affranchir leurs
elclaves pour obéir à la loi. On immola un jeune
taureau que l’on partagea en deux , & les contraélans
pafferent tous entre les deux moitiés de la viéfime ;
cérémonie qui fignifioit que s’ils violoicnt les conditions
du trtiité , ils confentoient d’être coupés en
deux comme la viéHme. Ce prince, fe flattant que
Dieu, appaifé par une telle fatisfaâion , fe décla-
reroit hautement pour les Juifs, ferolt quelque
prodige pour obliger les ennemis de fe retirer, envoya
prier Jérémie de le confulter à ce fujet. La
réponfe du prophète fut foudroyante ; elle annon-
çoit les derniers malheurs à Sédédas ; & pour que
le roi ne foupçonnât pas fes députés de lui avoir fait
un rapport infidèle , Jérémie eut ordre d’aller lui
déclarer en perfonne , de la part de Dieu , quei
feroit fon fort & celui de la ville affiégée. Jér. xxxiv.
j2. Sedédas, dont les oreilles étoient accoutumées
à la flatterie, irrité d’entendre des vérités aiiffi trifles,
fit mettre le prophète en prifon. Cependant le roi
d’Egypte, en exécution du traité qu’il avoir fait avec
Sédédas y entra dans la Judée avec de nombreufes
troupes ; & Nabuchodonofor , forcé de lever le
fiege, alla à fa rencontre pour lui livrer bataille.
Sédédas fe flattoitque les Chaldéens leroient battus,
êc contraints de reprendre le chemin de leur pays.
Mais Jérémie lui fit dire tout le contraire ; & que
quand même il vlendroii à bout de tailler en pièces
l’armée de Nabuchodonofor, Jérufalem n’en feroit
pas moins détruite , parce que Dieu l’avoit réfolu ,
& qu’en vain l’univers entier s’oppoferoit à l’exccu-
lion de fes decrets. Jér. xxxij. 25). Sédédas & fon
peuple n’en voulurent rien croire J mais, comptant
qu’ils croient hors de danger , ils reprirent les efcla-
ves auxquels iis avoient donné la liberté, 6c ils les
affujettirent de nouveau au joug de la fervitude. Le
Seigneur, irrité de ce qu’ils violoient un engagement
comraété fl folemnellement, leur en fit faire de
grands reproches par fon prophète, qui leur annonça
de fa part, que puifqu’ils prétendoient fe décharger
du joug de la lo i , qui leur ordonnoit d’affranchir
leurs freres , il ne les reconnoiffoit plus pour fes
ferviteurs, & qu’il les abandonnoit à eux-mêmes
pour être en proie à l’épée, à la famine ÔC à la pefte.
Jér. xxxiv. ly. Cependant Nabuchodonofor battit le
roi d’Egypte ; 6c ayant ôté aux Juifs l’efpérance
qu’ils avoient en fon fecours , revint à Jérufalem
dont il commença à preffer vivement le fiege. Sédé-
clas confternéfe fit amener Jérémie , & lui demanda
s’il avoit quelque ebofe à lui dire de la part de Dieu.
Le prophète, quoique fatigué des rigueurs d’une longue
prifon , ne fut point tenté d’acheter fa liberté par
un peu de complaifance ; mals,fans changer de langage
, il répéta au roi qu’il feroit livré à Nabuchodono-
J'ori 6c, après lui avoir reproché fa confiance aveugle
pour les faux prophètes, il lui reprocha vivement l’m-
juflice de fon emprifopnement. Jér. xxxyij. t C. Dieu,
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qui tient en fa main le coeur des rois, inclina celui
de Sédédas à la douceur. Il accorda la demande de
Jérémie , le fit transférer dans le veflibule de la prifon
du palais ; 6c comme' la cherté des vivres étoic
grande dans la ville , il donna ordre qu’on pourvût
à fa nourriture. A la famine il fe joignit une grande
mortalité dont le Seigneur frappa les habitans ; 6c le
nombre des morts fut fi grand, qu’on ne poiivoit
fuffire à les enfevelir. Dans cette extrémité le roi
confulia de nouveau le prophète , pour voir s’il n’en
recevroit point une réponfe plus conforme à fes
defirs que les précédentes. Mais Jérémie , toujours
fidele à fon miniftere, ne ceffa de l’exhorter à prendre
le parti de la foumiffion , le feul qui pût le iauver ;
au lieu qu’une rcflftance opiniâtre attireroit fur lui,
fur fa famille 6c fur Jérufalem les derniers malheurs.
xxxviif. ry. Mais ce malheureux prince, entraîné par
la multitude,6c féduit par la dépravation de fon coeur,
perfifla dans fa révolte opiniâtre, 6c vit venir le moment
où Dieu vérifia fes menaces contre lui 6c contre
Jérufalem. La onzième année de fon régné la ville
fut prife , 6c les Chaldéens y entrèrent en foule. Sé^
dédias^ dont le palais étoltluria montagne de Siori,
ne voyant point d’elpérance d’arrêter l’ennemi,
chercha fon faliitdans la fuite, 6c tacha de s’échapper
la nuit par une breche qu’il fit faire à la muraille de
fon jardin. Il gagna la campagne , fuivi de fes officiers
; mais il fut bientôt atteint dans la plaine de
Jéricho par un corps de cavalerie que les Chaldéens
détachèrent après les fuyards ; 6c Dieu accomplit
ainfi la parole qu’il avoit dite par Ezéchielà fon fujet:
Ecee expandam fupereum rete meutn^ & compnkcndetur
in fagtnd rned, E^cch. xvij. 20. Il fut chargé de
chaînes , 6c mené à Nabuchodonofor qui étoit à
Reblatha , au pays d’Emath. II eut la cruelle douleur
de voir égorger l'es deux fils qui furent immolés à la
vengeance du roi de Babylone, après quoi on lui
arracha les deux yeux, 6c il fut conduit dans cette
capitale d’Affyrie, oîi il fut enfermé dans une prifon
, felon cette autre parole d’Ezéchiel : Et ad-
ducarn mm in Babylonem in terrant Chaldaorum, fi*
ipj'um videbit, ibiqiie morietur. xij. i j . Ilyniouruten
effet ; 6c c’eft par lui que finit le royaume de Juda.
( + )
SEG E SSE R A , ( Géogr. anc. ) ce lieu efl placé
dans la Table Tkéodojienns^ entre Corbilium, Cor-
beii, 6c Andornatunurn paroît, félon
les dirtances , répondre à Bar-flir-Aube. Not. GauL
d’Anville, page îj)o. ( C. )
SEGOBODIC/M , ( Géogr. anc. ) Dans la TahU
Théodofunni, On trouve ce lieu fur la trace d’une
route qui conduit à.'Andomatimum ^ Langres , à Ve-
foniio, Befançon ; en partant de cette derniere ville,
la direélion vers Langres fait rencontrer fur le bord
de la Saône un lieu nommé Seveux , où M. Dunod
place le Segobodium. ( C. )
SEGOR , petite ^ ( Géogr. facr.') ville de la Panfa-
poîe , fituée à l’extrémité méridionale de la mer
Morte, près Sodome 6c Gomorrhe, deftlnce comme
les autres à périr par les flammes ; mais confervée à
la prierede Loth, quifouhaitas’y retirer. Eiles’ap-
ptUoit d’abord Baia, 6c fon nouveau nom lui fut
donné, parce que Loth infifla fouvent fur fa peti-
teffe, en demandant à l’ange la permiflion de s’y
retirer : ejl dvitas hezejuxta ad quant pojfuni figen ,
parvay & J'alvabor in ed : numqiûd non modica e(iy
vivet anima mea? . . . idcirco vocatuni efl nomen mbis
illius Segor. Gen. xix. 20. ( + ) ,
SEG OREG II ou S e Go b r i c i i , ( Geogr. anc. )
anciens peuples de la Gaule Narbonoife, qui habi-
lolent l’orient du Rhône, près de la mer. Juflin,
liv. X L U l y fait mention de ces peuples, à l’occafion
de l’arrivée des Phocéens en ces quartiers, pour y
fonder la ville de MarfeÜlc : il rapporte que Senan,
S E L roi des Ségorégiens, donna fa fille Glptis en ffiariage
à Pétanus, chef des Phocéens.
Le P. Fabre, dans fon Panégyrique de la ville
d’Arles , imprimé en 1743, croit qu’il ne faut pas
chercher ailleurs la capitale du roi Senan, qu’à
Arles , que Plutarque place fur le bord du Rhône ,
proche de la mer. Cette ville étoit déjà puifiante du
tems d’Annibal, puifqu’elle arrêta ce général fur le
bord du Rhône; en reconnoifl'ance Rome affocia
Arles à fon fénat 6c aux prérogatives de fes habitans.
( C.)
SEGUE, ( Mujîq. ) On trouve quelquefois ce
mot Italien, qui vient du \Qrhe Jéguirey 6cquifigni-
fie il J'ait y pour indiquer qu’il faut continuer le
même trait de chant ou paffage , mais en l’adaptant
à d’autres notes qui font marquées. On fe feri principalement
de cette abréviation dans les arptgges.
Voyei jig. 5 , planche X i y de Majtque. Supplément.
{ F .D .C . )
SEGUSIENS , f. m. pl. ( Géogr. anc.') peuples,
cliens des Eduens , in clitnidd Ædiiorum , Comm,
de Céfar ; ce guerrier hiflorien ajoute qu’ils étoient
les premiers au-delà du Rhône, 6c les plus proches
de la province Romaine; ils furent rendus indépen-
dans des Eduens, fous l’empire d’Aiigufle , 6c Pline
les appelle Liberi. C ’eff dans leur territoire que Mu-
natius Plancus bâtit la ville de Lyon , colonie
Romaine : leur capitale étoit Peurs, fur Loire,
Forum Segufianorum, d’oii s’eft formé par la fuite le
Pagus Forenfis , qui a donné fon nom à Forez. Les
Ségafiensoccupoient le Forez, le Lyonnois, le Beau-
jollôis ; d’autres les mettent dans la Breffe. ( M.
B e g u il l e t . )
§ SÉLÉNOGRAPHIE, ( Aflron. ) defeription de
la lune , 6c des taches ou points remarquables qu’on
y diffingue : ce mot vient de , lime, 6c 7 ,
je décris. Aufii-tôt que Galilée eut fait des lunettes
d’approche en 1609, il vit que la lune avoit des
montagnes 6c des cavités , dont l’afpeél n’étoit pas
toujours le même par rapport à nous, ôc qui lui
firent appercevoir fa libration ; dcs-lors les aflrono-
mes ont fait une étude particulière de la defeription
des taches de la lune ; 6c Hévélius en a fait le fujet
d’un grand ouvrage, intitulé Sdenographia y oit la
lune elt repréfentée dans toutes fes phafes, 6c fous
tous les points de vue.
On croit fouvent appercevoir dans la lune une
cfpece de figure humaine, mais en l’examinant avec
plus d’attention, on n’y volt aucune forme décidée ;
aufll les anciens varioient beaucoup dans leurs opinions
à ce fujet ; Clcarquc 6c Argcflnax y crurent
appercevoir l’image de l’océan 5c de la terre, comme
par la rcfle.xion d’un miroir : on peut voir là-delTus
toutes les opinions des anciens dans le vafte Traité
d’HévcIius fur cette maticre , 6c dans Plutarque , de
fade in orbe lunce.
On trouve àans h fclénographUà'HcvùXms, deux
grandes figures , dont l’une rcpréfcntelapleine lune,
l’autre la repréfente lorfqu’elle efl en croilîant ou en
décüurs: ces figures, au jugement de M. Mayer,
font ce qu’il y a de meilleur en ce genre ; celle que
Riccioli donna enfuite dans fon Alrnagcjîcy efl mal
gravée, mais on y a l’avantage de trouver fur la
figure même , les noms de la plupart des points lumineux
^u’il faut deviner dans Hévélius, oii il n’y
a pas même de lettres de renvoi, fi ce n’efl dans une
figure affez bizarre, où il a donné à la lune la forme
d une carte géographique.
Il y a des aftronomcs qui regardent comme les
meilleures figures de la lune, celles qui furent gravées
par Mellan pour M. Peirefc , en 1634 6c 163
Nous avons en France une grande & belle figure de
la plcine-lune , que M. Callini fit graver en i6oz
Tome IV,
S E L 7 5 3
d’après fes propres obfervatlons ; le cuivre efl i
core aéluellement à l’imprimerie royale, 6c l’on n’on
a lire que peu d’exemplaires : elle fe trouve plus en
petit dans les anciens Mémoires de L'académie pour
16 9 1 , avec une explication de M. Caflini, à l’occa-
flon de l’éclipfe de lune qui devoir arriver le 27
juillet 1691. J’en ai fait graver une femblable, mais
encore plus exaéle 6c plus détaillée pour la connoif-
fanct des tems de 1775.
Parmi les ouvrages confldérables que l’on dut à
la rnagnificence du grand Colbert, 6c à la confiance
qu’il avoit dans M. Caflini, on doit compter les
figures de la lune que M. Caflini fit deffmer en 1673,
6c dans les années fuivantes , 6c où l’on marquoit fes
phafes de jour en jour. Le deffinateur, nommé Pa^
tigniy fe fervoit de la lunette de 34 pieds , qui efl
à l’oblervatüire : ces phafes deffmées en grand, avec
les détails les plus étendus, font encore entre les
mains de M. Caflini de Thury , qui m’en a fait voir
34 delîîns au crayon fort détaillés.
M. de la Hire qui étoit lui-même fort bon peintre
, voulut faire de fon côte un ouvrage femblable ;
il obferva la lune avec foin, il en forma une figure
complette de 1 z pieds de diamètre , dont M. Dons-
en-Bray fit enfuite l’acquifltion ; elle a été apportée
à l’académie le 16 Décembre 1772 , par M. du
Fournis, qui propofoit d’en faire l’acquifition , ou
d’obtenir qu’elle tût faite pour le compte du roi ;
mais on n’a pu y parvenir.
M. de la Hire avoit fait conflruire auflî un globe
lunaire , tel qu’Hévélius le propofe ; il efl entre
les mains de M. de Fouchy, qui le retira lorfque les
machines de l’académie furent tranfportées en 1745,
de l ’obfervatoire au jardin royal; M. Robert de
'Vaugondy en a le creux. Mayer avoitaufli entrepris
à Gottingen un globe lunaire d’après fes propres
oblervations, en partageant l’hémifphere viflble de
la lune en douze fegmens. La mort de Mayer, arrivée
en 1762 , ne lui a pas permis de l’achever.
Dans la nouvelle figure que j’ai fait graver pour
la connoiffance des tems de 1775 » réglé les
principales taches fur l’état des moyennes librations
que j’avois obfervées, 6c qui mettent une grande
diveiTité dans l’afpeél 6c la fltuation refpeftive des
taches de lalime; j’y ai employé les noms que Riccioli
a donnés aux taches de la lune , en négligeant ceux
qu’Hévéllus y a fubflitués ; le premier employa les
noms des hommes illuflres ; le fécond des noms de
l’ancienne géographie ; je préféré , à l’exemple de
M. Caflini, les noms de Riccioli ; c’efl un hommage
que nous rendons à la mémoire desaflronomes les
plus célébrés : ce que nous appelions Tydio efl appelle
en Allemagne le ; Thalès 6c Endymion
font Montes Samiatid 6c Locus hyperbord ; Scliikar-
dus s’appelle Monjîoicus , Zucchius efl Lacus meri-
dionalisy 6cc.
On croit évidemment qu’il y a dans la lune des
parties plus élevées les unes que les autres, 6c des
parties plus fombres; c’ert-à-dire, qui réfléchilTent
moins de lumière : on a donné à celles-ci le nom de
mers, mais il me paroît certain qu’il n’y a point de
véritable mer dans la lune, parce que le fond même
de fes parties obfcures préfente encore des inégalités
; d’ailleurs nous ne voyons point d’apparence
d’athinofphere dans la lune , ce qui fcmble indiquer
qu’il n’y a pas de fluide de la nature de l’eau , ni de
ces vapeurs élafllques qui en feroient une fuite.
A l’égard des montagnes, non-feulement il efl
certain qu’il y en a dans la lune, mais nous fommes
en état d’en calculer la hauteur : on y obferve des
fommets de montagnes qui font quelquefois éclairés,
quoiqu’éloignés de la ligne de lumière, de la
troifieme partie du rayon de la lune; de-là il fuit que
ces montagnes ont de hauteur la 338e panie du
D D d d d ij