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Clvirles IX ordonnoit, dans tous fes voyages ,
qu^n logeât Ronft.rd dans le paints on la mailon
qu’ii occiipcroir.
Boileau dit de Ronlard :
RH,tnt tout^ hvoiàlîant tout ,fu tm art aja modi ,
EttoMcfois long-ums tiu un hmnux dcpn.
Voyc, Paru. Frunç. par M. duTillct,/«. igJ.ÇC.)
« PÜISSY-SUS-SeINE , (G é o g r . ) en latin I iJ -
■ ciacum, ou plutôt Pinciacum , piulque le P»)'* <; e
environ s’appelle Pugus pinciacmfa , If ^
qui donne Ion nom à un archidiacone de I cgli e
de Chartres. Louis XIV céda ce danton au duc de
Bouillon en échange de Sedan. Le prcfidcnt de
Maifons , intendant des finances, a )Oui depuis
domaine de Pmierais. ^ ^
Charles le Chauve tint un parlement à Po.;/7_y en
869 , & y apprit la mort de Lothaire , dcccde_ à laitance
fans enfans légitimes : il en partit auffi-tot pour
■ aller s’emparer du royaume de Lorraine.
Les rois de la troifieme race aimoicnt le fejoiir de
Poi(Ty qui étoit du domaine de la couronne : les reines
V faifoie.it leurs couches. Confiance, femme du rot
Robert, y f it conftmire l’églife de Notre-Dame qui
fut defl'ervie par des auguftins, oit elle eit en
Philippe le Hardi y mit enfuitc des jacobins. On
croit que l’autel du fanduaire eft place mans le heu
m ê m e o î ié to ie n t le c a b in e t& le litd e la re .n e B la n c h e ,
lorfqu’elle mit au monde Louis IX , ne pour le bonheur
delà France, en 1115. Par rdpcd pour le
repos de la reine , on ne fonnoit point les cloches à
P o iÛ y . Ce bon roi fe fclicitolt clans la lutte d avoir
reçu le baptême en ce lieu , & le faifoit honneur de
figner Louis d i P o ijjy .
« Mon fils, lui difoit Blanche , dans cet âge où la
i> raifon , comme une tendre fleur près d’éclore ,
» s’embellit aux rayons de la vertu , êc le flétrit au
» fouffle empoifonné du vice ; mon fils, j’aimerois
mieux vous voir périr à mes y e u x , que de vous
voir perdre l’innocence de _ votre bapteme
Heureux le roi qu’on prepare ainfi aux périls de la
*^*^Elle^liii répétoit auiU ces belles paroles qui de-
vroient être gravées autour de tous les diadèmes
« Souvenez-vous que rien ne peut être glorieux au
» princede ce quiedonéreux au peuple.Quand vous
t> croirez erre a'.i deflus des hommes , longez que
„ Dieu elî au-dc-flhs de vous : entre un roi & un mal-
» heureux , U n’y a qu’une ligne de diftance ; entre
« Dieu Sc un roi efl: l’infini ».
Ce fut fon petit-hls Philippe qui^ plein de refpefl
pour fa mémoire , fonda , en 3305, le magnifique
monaftere des jacobines, dont la confine , Berthe de
Clermont, fut la premiere abbelTe : huit princelTes
du fang y ont été religieufes, fans parler de Catherine
d'Harcourt, dont la mere étoit de la maifon de
de Bourbon. / a, - /
Philippe le Bel, pour terminer des dcmeles fur-
venus entre la France l’Angleterre, manda le roi
Edouard qui fe rendit à Poijfy, ou furent renouvelles
les anciens traites entre les deux nations.
.Velli, torn. VL
C e ft dans le rcfecfolre que fe tint le fameux colloque
entre les doéfeurs Catholiques & les mimflres
Proteftans, en 1567 , en préfence de Charles IX, de
la roine-mere , des princes, de toute la cour. Le cardinal
de Tournon eut la iagefie de s y oppofer, mais
la vanité du cardinal de Lorraine , qui comptoir y
faire briller Ibn éloquence, fit accepter le colloque
oil chaque parti s’attribua la viéloire. Les blafphê
mes de Théodofe de Beze fur le plus faint de nos
çnyfieres, infpirerem la même horreur que ceux des
P O î
>u-lens au concile de Niccc. Les prélats fe bouchèrent
les oreilles , & forcèrent le minifire a parler le
lendemain avec plus de modération , à taire ex-
eufe tl i’alîémblce. Don Calmet, dans fa BU’liotliequc
de Lorraine, dit meme que le cardinal de Lorraine
donna un ioufflet k Beze, en lui demandant opii lai
avoit donné milfion de prêcher ? Nos annales n'oublient
pas de remarquer les efforts quetiicnt le chancelier
de l'Hôpital & la Raifon pour ramener les
efprits. Ils furent encôre aigris par les emportemens
de Lainez qui ie trouva à ce colloque k la fuite du
cardinal de Ferrare, légat de Paul IV. Ce jéfmte
traita les Calviniftes de loups, de ferpens, de renards :
il eut mêmelahardieffededireàla reine qu’elle-ufur-
poit le droit du pape en convoquant cette affembiée.
Il avança , en parlant de l’Eucharifiic , que
étoit à la place du pain & du vin, comme un roi qiû
fe fait lui-même fon ambafladeur : cette puérilité fit
rire ; fon audace envers la reine excita rindignation.
Il n’en obtint pas moins , à des conditions irritantes,
la réception de fon ordre en France, par la prote-
é\ion des cardinaux de Tournon & cle Lorraine ,
6c parle fuffrage du triumvirat. Les jcfintes turent
admis en France , mais comme a l’épreuve feulement.
Cevendant, iin des fruits du colloque de Poi[[y ,
fut nu’il enleva le roi de Navarre au parti Calvinifte,
& rendit ce prince flottant à l’églife. Pierre de la
Place , Angoumois, préfident de la cour des mon-
noies à Paris , a fait un excellent journal de ce colloque.
Quoique Calvinilte, il écrit avec modération
& en véritable hlftorien. Il périt â lafimefie mut de
la faint Barthelenii. Le procès-verbal de cette aflem-
blée efl confervé dans la bibliothèque du roi & dans
celle de Ste Genevieve , entre les inanufents de M.
Dupuy , n°. j d j . A la tête des Catholiques ctoient
les évêques Monluc, J. Sallgnac , lîoutillîcr, 6 c. Sz
du côté des proteftans, Beze, P. Martyr, de l'Epine,
(S'r. Francois II R t è P c ify ,\ e 28 feptembre 1560, une
promoùon de dix-huit chevaliers de faint .Michel,
tous grands gemilshoinmes, dit le Laboureur,dont le
fécond fut le brave Philibert de Manilli-Cypierre ,
Bourouionon , depuis gouverneur de Charles IX.
Ce'tte'peiite ville s’étant jettée dans le parti de la
lieue ,' & ayant refufé fes clefs aux deux rois Henris,
fin forcée & pillée par le baron de Biron, en 1589.
Mayenne,pourempccherlesroyalifles de le ponrfiiivre
, fit rompre trois arches du pont, & fe retira
en Picardie.
On voit dans VHifioire des femmes iUuJîrcs, torn. I »
in~8°. , «ne Anne de Marquetz , religieufe de
P oiffy, qui polTcdoit les langues lavantes , U a^donne
un recueil de pieces, fonnets & devifes pourl’affcm-
blée des prélats ôc dofteurs tenue à P o ijy en 1661 ,
& une iraduétion du poeme latin de Marc-Antoine
Flaminius. Le doéteur Claude Dipenfe lui Icgua,
par fon tefiament, 30liv.de rente, en i 5 7 |- t.'l®
mourut en 1 588 , laiffant â madame de Fortia, jacobine
, trente-huit fonnets & cantiques fur les fetes
& dimanches. Voye^ Souget, B M Fr. torn, X I U ,
pag. I OC), Bibl. des Dominicains, torn. IL
Le frere René Vah, qui d’officier fe fit hermitetn
la forêt de Compiegne où il a vécu & où il eft mort
en faint pénitent en 1691 , étoit aulTi de Poiffy.
Ceft un Gerard de Pu ify , riche financer Si honnête
homme , qui, voyant Philippe- Augufte travailler
à l’embelliffement de Pans, donna onze mille
marcs d’argent (plus d’un demi-million) pour paver
les rues à la fin du xiir fiecle. ^ ^
On voit aux jacobines l’agraffe fur laquelle étoit
la devife de Louis IX , attaché au manteau qu
porta le jour de fes noces, célébrées à Sens en 1234-
P O I
C ’etoit une bague entrelacée d’une guirlande de lys
& de marguerites, pour faire allufion à fon nom &
k celui de Ion cpoule , & ü mit fur le chatton de l’anneau
l’image du crucifix gravé fur un faphir , avec
ces mots : .//fri cet a n d pourrions-nous trouver amour ^
On trouve des devifes plus brillantes & plus ingé-
nieufes; mais on n’en voit point qui aient été plus
.entièrement juftifices par l’événement.
Sous Louis XIV il y avoit à P o iffy un maître écrivain
nommé GobaiUe, qui avoit l’art de tracer avec
exaélitiide tous les caraéleres. Sa réputation parvint
jufqu’à Colbert,qui,pafl'ant par cette petite ville,voulut
voir fi cet homme avoit autant de talent qu’on lui
endonnoit. Il entra dans fa maifon , vit fes ouvrages,
& converfa long-tems & famllicrement avec lui. Satisfait
des lülens & du mérite de cet artifle , il le tira
de l’état pénible d'enfeigner pour le placer avanta-
geufenient. S’a famille jcniit encore aujourd’hu i, dît
M. d’Aiiirepe , dans ion E lo g e de Co lb e r t, du fruit
de fon adrefle & de Ion imeliigence. Ajoutons que
l’art d’écrire ctoit autrefois plus efrimé. Rotterdam ,
en un certain remis de l’année, donnoit une plume
d'or au maître qui excelloit dans fon art. ( C )
§ POITOU ( Hifloire des Hommes illuftres & f a -
vans. ) Peu de provinces peuvent fe glorifier
d’avoir produit, autant d’hommes célébrés que le
P o ito u : voici les plus connus.
I. S. Maximin , né à Poitiers, évêque de Treves
en 335, zélé pour la foi de Nicée. Il eut le bonheur
de recevoir chezluipendanrtroisans , legrand Atha-
nafebanni par Confiance : il mourut ç a P o ito u vers
3 5 0 *
a. S. Paulin, fon difciple&fon fuccefieiir à Treves,
aflîfta au concile d’Arles €0353, fut dépofé par les
Ariens, exilé par l’empereur, mourut en Phrygie en
359, après cinq ans d’exil. S. Athanafe, dans fa lettre
aux évêques d’Egypte , parle de Paulin comme d’un
écrivain dont les ouvrages, ainfi que ceux de S.
Maximin, du grand Ofius , ont fervi de flambeau à
régllfc , t e de guide aux fideles.
3. S. Hilaire a brillé d’une lumière fi vive, d’un
éclat fi pur , que l’églife l’a toujours regardé comme
une lampe allumée par l’efprit de Dieu pour diflîper
les nuages que l’erreur oppofoit à la vérité. Il en fut
le confefTcur intrépide. 11 ne cefTa de combattre pour
i’eglife , que lorfqu’il cefl'a de vivre. S. Jerome dit
- delui ; HUarius la tin a eloquemia Khodanus , Piclavis
genitus : Forlunat en parle ainfi.
P ic la v is r efdens , qud fa n c lu s Hitarius olim
Xaen s in urbe f u i t , notas in orbe pater.
D. Confiant a donné une belle édition des ouvrages
de ce pere qui fut la colonne & roincment
de l’églife Gallicane.
4. S. Probien, archevêque de Bourges, un des
plusfavans& des plus pieux évêques de fon tems ,
préfida au premier concile de Paris, mourut à Rome
en 568.
5. Ste Radegonde , patrone de Poitiers,reine de
France, fondatrice de l’abbaye de Sainte-Croix. La
protefrion dont elle honora Fortunat »Grégoire de
Tours &: autres favans , font l’éloge de fon mérite
littéraire : Fortunat dit qu’elle lifoit avec avidité les
écrits des Grégoire , des Bafile , des Ambroife des
Hilaire ;
H is d iiu r jejun a c ib is , p a lp a ia nec unqnam
F it tciTo .^ fîtn ijî jam fp irttus antè fu tu r .
Elle mouim à Poitiers, le 13 août 590. Grégoire
de Tours fit fe-a funérailles : on volt encore fon tombeau
dans le cavtau de l’églife qui porte fon nom.
^ 6 . S. Paterne , n? à Poitiers en 40Z , élu évêque
d’Avranches en 552 , eft mis par Baronius au nom-
Tomi IV ,
P O i 467
bre des prélats vertueux & favans du vi'^ ficelé , qu*
aflifterent avec S. Germain au concile de Paris en
569. Il ctoit fort lie avec Fortunat, évêque de Poitiers
, qui lui envoy oit fes ouvrages, & le prloit de
les corriger.
y. Venantlus-Honorius-Foriimatus, évêque de
Poitiers , eft confidcrc comme un bon pocte pour le
tems , comme un écrivain refpeétable , mais encore
comme un faint, dans ré|^)itaphe qui lui fut dreffée ,
& qm commence ainfi.
ingenio clarus. , fenfu celer , orefuavi.
Cujas dulce rnelos , pagina midta canit \
Elle finit par ces deux vers:
Redde vicern mifero , ne judicefpernar ab ctquo
E t niniiis meritis pofee , beate , precor.
La nouvelle édition de fes ouvrages eft celle de
1603 in-4°. du P. Brouvenes , avec de bonnes
notes.
_ 8. Bazlle , citoyen & chef de la ville de Poitiers,
vivoit au v i ‘= fiecle, du tems des enfans de Clotaire,
fous lequel il joua un grand rôle. Le pocte
Fortunat fon ami en fait un bel éloge dans l’épitaphe
qu’il fît pour lui, à la prière de Baudegonde, fa
veuve ;
Qjii cupis hoc Lumulo cognofeere, lecîor , humatum
Bajîlium illuflrcrn rncefia fepulcra tegiint.. ..
Regis arnor, carus populis , ita peclore dulcis.
Ut fiera cunclisin bonitaU parens.
9. Guillaume V , duc d’Aquitaine Sc comte de
Poitiers , que D. Rivet regarde comme le contrepoids
le plus puiflant de l’ignorance des x= & xi®
fiecles , &le refiaurateur des fciences en France. Ce
fut de fon tems qu’on vit naître les troubadours ou
trouvetis de Provence , & notre poéfie françoife.
Sa cour fut l’afyîe des poètes 6c des favans. Il honora
S. Odilon, abbé de Cfuny , de la plus intime
confiance : il fut pieux, ôc adonné à l ’étude. Les
papes, l ’empereur Henri le boiteux', les rois de
France 6c d’Efpagne, fembloientfe difputerrefiime
6c l’amitié de Guillaume. Il mourut au milieu d’une
nombreufe poftérité en 1030 fous le froc d’un
moine, felon l’iifagc du tems, 6c fut inhumé en l’abbaye
de Maiilezais qu’il avoit fondée. Outre un grand
nombre de Chartres, on a de lui fix lettres jointes au
recueil de celles deFulben , évêque de Chartres,
dont le fiyle eft net 6c dégagé de la barbarie de fon
fiecle.
10 Pierre Bcrenger, natif de Poitiers, difciple
d’Abelard , prit le parti de fon maître contre S. Bernard;
il écrivit une apologie très-vive où l’on recon-
noît un efprit aigre 6c tout de feu. Il eft différent du
fameux archidiacre d’Angers. Il mourut vers la fin
du xii*^ fiecle.
11. Gilbert de la Force , ne à Poitiers en 1010,
donna à l’école de cette ville unfigrandluftre, qu’on
accouroit de toutes parts étudier fous un maître fi
célébré. Il fut élevé à l’épifcopat en 1142. Son
élévation ne défarma pas l’envie que des lalens ap^
plaudis de toute l’Europe avoient animée. Un de fes
archidiacres furnommé qui non r id a , dénonça la
dofirine de fon évêque , 6c la fit condamner au concile
de Rheims par S. Bernard en 1148. Gilbert
fe rétraêla avec toute la docilité d’un véritable enfant
de réglife. 11 mourut en 1154» 6c fut inhumé
dans réglife de S. Hilaire. Nous avons de ce favant
un grand nombre d’ouvrages.
12. Richard, coeur de lyon , roi d’Angleterre,
duc d’Aquitaine , comte de Poitiers, joignit à des
titres fi élevés, celui de favant, 6i meme la qualité
de poets excellent pour fon tems : il appartient au
Nnn ij