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en général tant de foins & d’intelligence , doiten-
core varier fuivant l’efpece du pécher ^ Ibn âge, la
famé, fon e.vpolirion, &c. on commence feulement
à fentir combien elle doit être difficile.
Nous avons déjà dit que nous avions plufieurs méthodes
, 6c que pas une encore ne pourroit peut-être
s’étendre â tous les cas, â tous les fols, à tous les climats
Cfcntends parler de ceux oit le pécher peut
réuifir) ; nous avons indiqué les ouvrages françois
auxquels le leâeur peut avoir recours ; nous allons
traduire en fa faveur ce qu’ en dit le fameux jardinier
de Chelfea.
» La premiere attention (nous abrégeons) eft
M d’étendre horizontalement les premieres branches
» qu’a poud'ées un nouvellement planté ; car
>* l'iinporrant eft de procurer d’abord à vos arbres
>» de bons membres oii la feve fe dillribue également
» & au moyen defquels le bas de l’arbre piiiÜ’e
demeurer toujours bien garni. On pourra loujours
tirer de ces branches de quoi garnir le mi-
» lieu , qui moyennant cela fe trouva rempli de
>> branches â trait ; au lieu que dans la méthode or-
M dinaire, il n’eft occupé que par de groffes branches
» iniertiles. La leconcle attention ( importante fur-
» tout pour les premieres années) c’eft de vifiter fou-
» vent v o s d e p u i s le mois de mai jufqii’àceqiie
» la leve ie ralentiiïe, afin d’abattre avec la main tous
»> les tendres bourgeons qui fortent en devant ou
»• dans tel autre endroit de l’arbre oii ils ne peuvent
» demeurer, de pincorles branches vigoureufes,
» pour procurer le développement des branches fe-
» condes & moyennes , propres à garnir cet endroit
»♦ de l'efpalier ; mais il faut bien fe garder de pincer
» les branches moyennes, hi où il s’y en trouve liif-
»* fifamment, il n'en naitroit que des branches foi-
» blés qui ne donneroient que des fruits mal condi-
» tionnés, 6c il en réfuheroit la confufion dans les
*> rameaux qui ert la plus grande faute qu’on puifle
» faire dans la taille d’un arbre.
U faut obferver ( notis tradiufons exaefemont )
1*. que chaque partie de l’arbre loit également fournie
de bois à fruit, 6c 2.®. que les branches ne l'oient
pas trop proches les unes des autres ; il faut fe rap-
peller que tous ces arbres portent leurs fruits fur le
jeimeboiS,ou de la précédente année, ou tout au
plus de celle d'auparavant ; paffé cet âge, elles ne
prodvûlcm plus ; c’eft pourquoi il faut raccourcir les
branches de maniéré à leur faire pouffer annuellement
de nouveaux bourgeons dans chaque partie de l’arbre
; ce à quoi Ton ne peut parvenir par la méthode
ordinaire, où l’on néglige les arbres dans le tems
précifément qu’on peut ie mieux les conduire, favoir
en avril, mai oc juin ; c’eft alors qu’il faut en pinçant
réprimer l’effor de certaines branches, ôc par la même
operation faite fur les branches voilines des vides,
procurer le développement des bourgeons capables
de les remplir. Nés dans cette faifon, ces bourgeons
ont le tems de mûrir & de fe fortifier, au lieu que
tous ceux qui ont pouffé après la mi-juin, demeurant
herbacés & moelleux, s’ils peuvent encore produire
quelques fleurs, font trop foibles pour nourrir
des fruits; C ’eft pourquoi ceux qui ne vifitent leurs
efpaliers qu’en deux faifons 6c ne les déchargent
qu’avant l’hiver 6c au milieu de l’été , ne peuvent
point les mettre en bon état , lorfque toutes les
branches produites au printems reftent fur l’arbre
jufqu’au milieu ou la fin de juin ( ce qui fe pratique
ordinairement), quelques-unes entre les plus vigou-
reufes dérobent la plus grande partie de la nourriture
aux moins fortes, lefquellcs, iorfqu’on a retranché
les premieres, demeurent trop affoiblics pour porter
du fruit ; aiiifi l’arbre lui-même s’épuife à alimenter
des branches mutiles qu’il faut retrancher annuellement
; c’eft ainli qu’un trop grand nombre d’efpa- I
P E C hers de pêchers font conduits ; voilà pourquoi l’on fe
plaint tant du vain luxe de leur végétation: en effet,
par cette méthode, deux ou trois branches en atiirant
la feve deviennent, au détriment des autres, d’uue
vigueuraufiigrandeque ftcrile;au lieu que li la feve
avoit été également dlftribuée à une nombre fym-
inetrique débranches,on n’auroitpu remarquer nullG
part dans l’étendue de l’arbre une végétation irrégulière
& trop vive; le remede cft pire que le mal.
Lorfqu’on retranche fouvent ces branches gourmandes
, on détruit entièrement les pêchers, ou du moins
on les rend li foibles, qu'ils ne font plus déformais
capables de produire.
Il eft donc de lapins grande importance pour les
efpaliers, particuliérement pour les pêchers^ deles
vilicer deux ou trois fois en avril 6c en mai, pour
ôter tous les jeunes bourgeons mal placés , & attacher
tous ceux que l’on conferve dans un ordre convenable
, c’eft-à dire, de maniéré que chacun puilTe
jouir de l’air des rayons du foleil qui leur font également
nécelfaires pour les mûrir 6c les difpofer à
porter l’année fuivante. Lorfqii’on donne exaéle-
ment ces foins êiwx pêchers y on n’eft pas dans le cas
de tant ufer de la ferpette ; on ne s’en lért jamais qu’à
leur grand dommage ; car leurs branches boifeufes ,
font ordinairement tendres & moélîeufes à un certain
point, & lorfqu’elles font bieftées, elles ne fe
giicriffcnt pas li aifément què celles de la plupart des
aiitresarbres. A l’egard de la diltance qu’on doit mettre
entre les branches en pâUtTant, il faut qu’elle Ibit
proportionnée à la groffeur du fruit ôi à la grandeur
des feuilles : on remarque que les arbres à grandes
feuilles ont naturellement leurs branches plus efpa-
cées que ceux qui en portent de moindres ; & i l faut
qu’un jardinier étudie la nature , puifqu’il doit feulement
l’aider dans fes opérations , en attachant les
branches contre les treillis ; placez-les, autant qu’il
fera poflible , à des diftances égales, 6c ayez foin de
n’en lier aucune verflcalement. *
Parions maintenant de la taille propremenrdlte:
el-e fc fait ordinairement en février 6c en mars (nous
aorégerons quelquefois ) ; mais, fuivant notre opi-
mon, on doit la faire en oéfobre, lorfque les feuilles
commencent à tomber : les bielTures feront guéries
avant te froid, 6c II n’y aura pas à craindre que l’arbre
en puifl'e foutfrir ; les branches étant alors mifes
en proportion avec la force des racines, toute la feve
montante fera entièrement employée au printems,
à nourrir les utiles parties des bourgeons qu’on a laif-
fées; au lieu que, s’ils font demeurés entiers juf-
qu’en février, la feve étant dès-lors en mouvement
dans ces liourgeons, comme l’attefteni les boutons
qu’on voit s’enfler; la plus grande partie de cette
feve fera déjà portée à l’extrémité de ces bourgeons
entiers pour nourrir telles fleurs qui doivent être
enfuite retranchées ; c’eft ce que vous pouvez alors
obferver aifément à l’infpeaion des plus forts bourgeons
: vous trouverez que les,boutons du bout s’enflent
plutôt que la plupart des boutons inférieurs, 6c
cela doit être ainft, puifque n’y ayant alors que des
feuilles, pour retenir la feve d.ms les boutons d’en
bas , ceux d’en haut l’attirent ncceffaii'eraent.
Mais quand il n’y auroit dans la taille d’automne
qu’un avantage égal à celui de la raille du printems,
toujours feroit-elle préférable, en ce que le jardinier
eft alors bien moins occupe 6c peut y donner plus de
foins, 6c que cet ouvrage ayant été fait avant l’hiver
, 6c les plates-bandes demeurant libres dès-lors,
on peut les façonner 6c les enfemencer plutôt.
Lorfque vous taillez vos arbres, il faut avoir attention
de couper au-deffus d’un bouton à bois , aifé k
diftinguer des boutons à fleurs qui font plus courts,
plus ronds, plus enflés ; car lorfque la partie des bourgeons
que vous laifTez n’a pas à fon bout un bouton
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a bols pour attirer la feve , elle meurt le plus fou-
vent jufqu’au premier des boutons û bois inférieurs;
de forte que le fruit qui eft né entre le bout 6c ce
bouton inferieur, eft perdu : un bouton à feuilles ne
rempliroit qu’imparfaitement cette fonétion. La longueur
que nous devez laifîer aux bourgeons, doit
être proportionnée à la force de l’arbre : fur un arbre
vigoureux 6c fain, vous pouvez donner dix pouces
détaillé & même plus ; fur un arbre foible il n’en
faut que fix : cette regie eft cependant fubordonnée
à celle qui précédé, c’eft-à-dire, qu’il faut faire la
taille plus longue ou plus courte que nous ne l’avons
confeillé dans deux cas oppofés, lorfqu’on ne peut
autrement terminer cette taille par un bouton à bois,
fl néceftaire pour la profperite future de la branche.
II faut auffi retrancher entièrement toutes les pouft'es
foibles, quand môme elles feroient chargées de plufieurs
boutons à fleurs ; car elles ne pourroient nour-
rirun fruit bien conditionné , & elles affoiblifl'ent les
autres parties de l’arbre.
Rien n’a plus exercé l’induftrie des curieux que la
découverte des moyens propres à garantir les fruits
d’efpeces délicates des accidens qui les tuent dans
leur fleur ou quelque tems après leurnaifTance : on a
imaginé des paillaü'ons tendus en devant des arbres
& des auvents placés au-defTiis pour arrêter les frimas
; maisces abris ne fe font pas toujours trouvés
fuffifans ; d’où il faut conclure qu’il y a d’autres cau-
fes de la foudaine mort des embryons 6c des jeunes
fruits que celles qui viennent du dehors.
Un arbre trop furchargé de branches foibles
mal mûries 6c confufes, paroît au printems tout
couvert de fleurs 6c fait concevoir aux moins expérimentés
les plus grandes efpérances ; cependant la
feve s’épuile à nourrir toutes ces fleurs, 6c l’onvoit
des bourgeons fe deffécher tout-à-coup : on croit
qu’ils ont été frappés de la gelée ou d’un mauvais
v ent, tandis que cet accident a été néceftairement
caufe par une mauvaife taille : on y pare en fe conformant
exaètemenîà la nôtre.
Lorfqu’im arbre a été trop enterré, fur-tout
dans les terrains froids 6c humides , la feve contenue
dans les branches fe met en mouvement dès les premiers
beaux jours; mais elle s’epuife à nourrir les
fleurs 6c fe diffipe par la tranfpiration des écorces ,
tandis que le folcil n’ayant pas encore pénétré juf-
qu’aux racines , elles n’ont pu mettre leur aélivité en
balance avec celle des branches, & pour tout dire,
n’ont pas encore puifé dans la terre une nouvelle
nourriture capable d’alimenter l’arbre 6c de réparer
fes pertes ; faute de quoi l’on volt dans cet intervalle
mourir fubitement les bourgeons 6c les jeunes fruits ;
fl les arbres font jeunes, il faut les arracher pour les
replanter plus haut ; s’ils font trop âgés, on eft contraint
de les iacrifier 6c de recommencer la plantation,
avec 1 attention de rapporter des terres nouvelles
6c convenables, 6c d’élever ces terres au-def-
lus du niveau des allées.
3^'. On fait quelquefois des tranchées dans le gra-
vois ou le tuf dans lefquels on rapporte de la terre,
pour y planter les pêchers : lorfque leurs racines ont
atteint aux bords de ces excavations, il faut que
l’arbre languifte ; il n'y a pas d’autre remede que d’é largir
ces tranchées pour y ajouter de nouvelle terre
; mais quoi qu’on fafte , des arbres ainfi plantés
ne font point de longue duree.
Lorfque l’infertilité des pêchers n’eft occafionnée
par aucune de ces caufes, 6c qu’on ne peut s’en
prencirequ’à l’inclémence du printems , il eft bon de
les abriter avec des palllafTons (de toile ou de la
paille de pois); mais il faut avoir grande attention
de ne pas ferrer ces couvertures trop près de l’arbre,
Ow d y laifler jouer l’a ir , de ne pas en continuer
lufage plus long-tems qu’il n’çft abfolumcnt nccsf-
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faire, & fur-fouî de ne les ôter tout-à-fait qu’après
les avoir auparavant levees ou écartées chaque jour
plus iong-tems, afin que procédant ainft par degrés j
les arbres ne foient pas lùrpris par i’impreffton de
1 air libre auquel il l'eroit très-dangereux de les expo-
fer tout à coup ; que II l’on ne veut pas s’aftreindre à
ces foins, U vaut infiniment mieux s’en remettre à la
laifon ; elle ti’eft jamais ft rigoureufe qu’elle ne laifle
une fuffifante quantité dépêchés fur des arbres bien
conduits 6c bien expofes.
Une précaution qui n’a point ces inconvéniens 6c
dont ons’eft toujoursbientrouvé, c’eft d’attacherau-
deflus de vos arbres deux planches de fapin amin'-
cies par un des bords 6c jointes enfemble en forme
d’auvent pour les parer de l’humidité & du froid qui
vient d’en haut. Lorfque le fruit eft bien noué,^ \{
faut les Oter , afin de laifler les feuilles 6c les branches
jouir des pluies 6c des rofees.
Lorlque la muraille étant fort longue peut être
enfilée parles vents, il eft très-bon de les rompre
en élevant tranfverfalement de quarante pieds en
quarante pieds des haies de rofeaux avancées de dix
pieds.
Une fois que les fruits nouvellement noués ont
pris la grolTeur d’une petite noix, il faut les éclaircir ,
ne les laiiTant qu’à cinq-oufix pouces au moins les
uns des autres, 6c n’en confervaiit qu’un feul d’entre
ceux qui font grouppés en bouquet. Le plus gros
/Ji/cèer ne doit nourrir que toixante pêches; trente-fix
ou quarante-huit font tout ce qu'un arbre moyen en
peut porter fans fe fatiguer : cet mile facrirîce rend
le fruit plus beau 6c meilleur ; 6c ce qui n'eft pas un
petit avantage, les arbres par ce foulagement annuel
, demeurent plus vigoureux & vivent plus long-
tems.
Quand le printems eft chaud 8c fec , il eft très-ef-
feniiel de creufer la terre en baflin d’environ ftx pieds
de diamètre au pied de chaque pêcher y & de couvrir
de litiere la terre du fond de ce balTm une fois la fe-
maine , ou une fois chaque quinze jours, fuivant U
befoin; vous verferez dans ce creux hultou dix gallons
, c’eft-à-dire vingt ouvingt-quatre pots d’eau;
vous jettez la même quantité ou même une plus
grande quantité d’eau, au moyen d’une pomme d’ar-
rolbir trouée à petits trous en forme de pluie fur
toute l’étendue de l’arbre ; cette fraîcheur nourrilTan-
teempêchera le jeune fruit de tomber: ce fecours
continué jufqu’à ce qu’il ait fini de croître, le rendra
plus gros , plus beau & beaucoup meilleur; ce
foin eft de tous celui que doivent le moins négliger
ceux qui veulent m.ingerd’excellens fruits, 6c je ne
faurais trop en recommander l’ufage ; mais il faut le
difeontinuer dès que le fruit ne grolüt plus ; alors
il n’a plus befoin que de chaleur.
Miller alTure qu’un/?efèi.Tgreftèfurdcs fujetscon-
venablespeut vivre plus de cinquante ans, 6c félon
lui, les pêches de ces vieux arbres ont une qualité
fupérieur ; une des raifons qu’ il donne de la courte
durée de la pIupartdes/»â7ze/-5 eft qu’il font greffés fur
l’amandier dont la vie, dans fon opinion, eft très-bornée;
en cela fon avis différé étrangement de celui de
M. Duhamel dii-'Monceau: cet académicien prétend
que les meilleurs pruniers font de mauvais fujets
pour le pêcher; que l’amandier leur eft bien préférable
, & que l’abricotier convient finguliérement à
quelques pêchers délicats ; U ajoute que \epêcher àe
noyau, ft l’on en pouvoit trouver une efpece qui
ne fût pas fujette à la gomme , ferolt peut-être le
meilleur fujet qu’on pût employer. Il paffe pour certain
en France que \t5pêchers fur prunier doivent
être préférés dans les terres fortes un peu humides
&luperficielles, & que ceux fur amandier font meilleurs
dans les terres légères & profondes. M. Duhamel
du Monceau allure que ces derniers réufllfle»É