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d’avoir les plus beaux chevaux & les plus belles
armes : ilcn ir , comme Céfar & Plutarque, que
ccnc pompe milÎMire étoit propre h élever le courage
du loid.it, de k lui donner une [>lus liante idee
de lui même ; on conierve avec (dm ce qu’on cltérit.
Il fut le léul qui ne p.irticipa point à ce luxe ; toujours
fini[)le& négligé, il dédaigna les ornemens
qui pouvoient déguil'er i’ irrégalarité de (es traits ;
fa phyiioiiomic étoit ba(Te de ignoble : la nature avoir
tout épuil'é jpour former (on ame , il en fit l’expe-
rience un jour qu’il fut iiwité à un feitin , chez un
de les amis , dont la femme jugeant k ia figure qu il
ne pouvoir être que d'une vile condition , lui dit :
C/iirçon , foyez bon à quelque choie , aiclez-moi à
faire la cuiline ; le philofophe guerrier, fans fe lentir
humilié, fe mitd fendre du bois : Ton ami étant iur-
venu, s’écria avec étonnement : Seigneur Pkilopc-
men , que faltcs-vous-là } je paie , répondit-il, l’intérêt
de ma mauvaile mine.
Les Achéens Payant élu pourleur général, il le montra
bientôt digne d’occuper ce premier grade de la
jnilice,p.ir la défaite des Lacédémoniens dans les
plaines de Mantince. Les fuyards qui avoient cru trouver
un afyle dans Tcgce, furent, ou mail'acrés , ou
taits c(claves, lorlque cette ville eut etc priic d’al-
aut. Le tyran Machaniclas fut tue dans la clialeurdu
combat : cette viéfoire rendit la lupérioriic aux
Achéens qui , jîour immortaliler leur reconnolllan-
c e , érigèrent une llacue i!e bron/e à leur général ,
qui reçut encore un hommage plus flatteur dans la
célébration des jeux Neméens : d parut tur le theatre
accompagné de la leunclfe belliqueule qui com-
pofüit fa phalange , dans le teins ciue le muiieien
Piladc chantoit ces ver^ : qui couronne vos
Ccu-s .les /Lurons d; U iiherii. Tous les l'peéfateurs
lixerent leurs legards liir Fliilopemcn; un grand
battement de mains fut le témoignage non-fulpctf
de l’amour public pour ce héros.
Nabis, lucceiVcur de Machanidas , le furpairolt
encore en cruauté ; lléau de l’humanité , il en étoit
devenu l’exécration. Les Achéens pour délivrer la
Grèce de ce nionflre , lui déclarèrent la guerre, &c
Fhilnpanen fut nommé général; la valeur trahit fa
prudence dans une bataille navale; mais prompt à
réparer fes pertes, il fe prefenta devant Sparte , &
remporta une grande vittoire fur le tyran, qui fut
contraint de le tenir enfermé dans la ville. Le defor-
dre où Pavoient jette les différentes faéHons, donna
à Philopcmen la facilité d’y entrer avec un corps de
troupes; aiilPi-tôt il convoque l’airemblce,ôc periua-
de les S|>ar[iates qu’il ell de leur intérêt d’embraffer
la querelle des Achéens : cette aéfionqiii lecouvroit
de gloire , fervit encore à faire éclater fon défintc-
reffement; les Spartiates lui rirent préfent de vingt
talens qu'il eut la géncrolitc de refufer.
Cette alliance fut bientôt rompue par les intri-
f’ ues de la fadion turbulente de Nabis. Les Achéens
offenfés de cette perfidie, fe prep ircrent à la guerte.
Philopcmm à la tête d’une armée lé prélcnta devant
Sparte , étonnée de fa célérité ; il exigea qu’on lui
livrât les artilans des troubles : étant enfiiite entré
dans la ville , il en lit lôrtir les foldais étrangers qui
en troubloient la tranquillité. Les murs furent démolis,
& les lüi.x de Lycurgue furent pour jamais
abrogées.
Ce fut dans ce tems-là que les MclTcniens fe détachèrent
de la ligue dcb Achéens : Philopcmen le mit
à la tête d’une armée pour les punir de cette inridé-
llté ; il étoit alors âge de foixante ans , & ri avoit
encore tout le feu de la )euneflé : le combat s’engagea
Ions les murs de Mellene , l’adion fut vivement
diipntéc : Philopcmen s’y furpalVa lui-même ; il aii-
roit fixé la fortune du combat, s’il ne fût tombé de
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cheval couvert de bleriurcs. Les MelTénîcns le chargeront
defers , & le jetterent dans un fombre cachot.
Quelques jours apres ils le condamnèrent k terminer
fa vie jiar le poilon ; il fe fournit lans nuirmurer
fon arrêt, il prit la coupe empoifonnée avec la même
tranquillité qu’il auroit bu une liqueur déhcioule,
& il mourut quelques momens apres.
Les Achéens ne lairiércnt point ccitc atrocité impunie
, ils entrèrent dans la Mol’i'énie , déterminés k
en faire le tombeau de les liabitans. Tous les auteurs
de la mort du héros expirèrent dans les fupplices
auprès de fon tombeau ; on lui fit des obreques magnifiques
; lés cendres furent iranfponces k Méga-
polis oil il avoit pris naiHance. La pompe tunéraire
reffembloit à la marche d’un triomphateur ; toute
l’armée fulvolt le convoi, & les liabitans des villes
éi des villages s’emprefiblcnt fur le iiaffage pour y
jetterdes fleurs. L’année de la mort fut encore remarquable
par la mort de Scipion d’Annibal.
( T - A - . )
PHILOSOPHE CHRÉTIEN. * En 1746 ,M. deGa-
maches, chanoine régulier de Snime-Croix de la Pre-
tonnerie , & membre de l'académie royale des
Sciences de Paris, publia un petit écrit, intitule
Syjlèmi du philofophe chrétien. Un des [)lus iavans
philoliqjhes de ce fiecle, qui a eu bcaucouj) de part
au Diciion. ruif. des Scicnees,, écc. nous a fait palier
un exemplaire de cet ouvrage dont il fait beaucoup
de cas; & comme ri elt devenu rare, il nous a con-
fcillc de rinicrer en entier dans ce Supplément.*
§ I, Jiifqu’ici j’ai vécu fans me replier lur moi-
même, fans examiner ce que je luis, d’oii je viens,
ni ce que )e dois devenir ; c'ell une indifférence que
je ne puis plus me pardonner ; elle m'avilit , elle
me dégrade. Il ell teins cjue ce qu’il m’importe le
plus de lavoir, devienne l’objet <le mes recherches;
fl je ne puis parvenir k me connoître, du moins
efléierai je de me deviner.
Je vois déjà qu’une portion de matière tient en
quelque façon k mon être projire ; la forme , Ion
organilation extérieure commence k m'étonner. Je
m’inllruis j’apprends quelle cil la llruélure, quel
ell le jeu méchanique des parties intimes de mon
corps ; fpeélacle nouveau , à la vue duquel ma lur-
priié redouble encore. Quelle harmonie ! quelle ordonnance
! quelles combinaifons 1 en ferai-je honneur
au hazard ? Un concours fortuit d ’atomes fera-
t-il honte k ce que l’art a de plus frappant tk. de plus
merveilleux ? Non, je le vois, & je n’en puis douter;
la main qui m’a formé ii’a pu être conduite que par
une intelligence fupérieiire, qui s’eil plu k graver
dans toutes les parties de fon ouvrage les traits les
plus éclatafis de fa lagellé.
Mais moi qui réfléchis ici, me confondrai-je avec
cette ijortion de matière, dont le méchanilme me
force d’élever mes regards jufqu’à l’Etre luprême ?
Suivons-nous pour ne nous |)oint tromper, voyons;
mon corps peut-il fe connoître lui-même & tout ce
qui l’environne? Peut'-ii réfléchir, [ugcr, vouloir,
defirer? Il ne me paroît guère pofiîblc que de pareilles
facultés, que des propriétés de cette cipccc
puiflént tenir à l’effence d’aucun être étendu. Je fais
que la matière eft divifible , qu’elle cfl lujette û
changer de fituation 6c de figure ; telles (ont les propriétés
que je lais fûrement lui convenir ; niais je lais
aufiî que comme les différentes propiictcs qu’une
choie peut avoir coulent d’une meme cfiencc, il faut
qu’elles foient toutes du même genre ; or je vois que
la faculté de penfer, de fentir, de vouloir, n’a rien
de commun avec celle d’être figuré , mu, divilé;
ce n’cll donc point mon corps qui veut, qui fènt,
qui raifonne.
En effet, je fais que tout ce qui m’offre des dimen-
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fions, cfl ncceflalrcmcnt divifible en une infinité de
parties qui ont chacune leur être jiroprc , & qui par
conléqucnt détachees de celles qu’elles acconqia-
inient fubfilleroicnt encore telles qu’cdles lublillent
leur étant réunies ; un corps ell donc un tout com-
pofé de particules accidentellement afiociées, ik qui
n'ont de commun que leurs rapjjoitsrcfpeélifs decli-
flance • or je ne puis douter qu’une fcnlation v iv e ,
qu’une douleur algue , i)ar cxcinjile , ne lôit tout autre
choie qu’une limple relation externe ; c’ell allu-
rémcni une modification qui n’ell que trop intime 6c
trop réellement attachée au fujet individuel qu’elle
affeéle. Je conçois, à la vérité, qu’il leroit très-pol-
lible que des fujets de meme efpcce enflent des modifications
lemblables ; mais je conçois aulîi qu il
■ impliqueroit contradiélion , que la modification de
l’un fût également la modification de l’autre ; je fuis
donc forcé de conclure que, comme il ne j)ciit y
avoir d’unité dans la matière , je n’y dois j)oint chercher
l ’individualité du lujet auquel appartiennent
les differentes fenl'ations qui m’affeélem.
Que i’éprouvafl’e de la douleur clans deux difl'éren-
tes parties de mon corps, & que ces partie.s fuflént
réellement lénllblos, elles fouffriroient lolitairement
6c à l’infçu l'iinc de l’autre ; ainli rien en moi ne pour-
roit faire la eomparaifon de deux leniimcns douloureux
que j'éprouverois à la fois ; cependant je (aiirois
lequel des deux feroit le plus v if; ils fcrolent donc
comparés; ce qui prouveroit egalement, ôi qu’ils
n’appartiendroient pas aux parties auxquelles je les
ra[)porterols ; & qu’un Iciil 6c même (ujet en leroit
afleélé.
Ainfi tout appuie le principe fur lequel j’ai d’abord
rail'oniié, tout fert ù jullilier que la matière n’a point
de propriétés qui ne loient analogues, ou â des figures,
ou k des changemens de rapports de diftance.
Mais ce principe pol'é, je conçois que la Uunicre,
les couleurs , les fous, les odeurs, les faveurs , &
généralement toutes les qualités (enliblcs, répandues
fur les objets qui me fra])pcnt, ne dillercnt en
rien des imprefiions que ces objets font lur moi,
& dont je leur abandonne , pour ainfi dire, la propriété.
Cependant, comme il ne feroit pas polTible que
je retrouvafl'e mes propres (enlations dans ce qui me
leroit étranger, je conçois encore que rien ne me
frappe qui ne m’appartienne ; je ne vois donc point
les corps en eux-mêmes ; je ne vois que les images
qui me les reprélentent, images fouvent infidelles
& trompeufes ; un verre k facettes multiplie les objets,
les microlcopcs les groffiflent, les lunettes à
longue vue les rapprochent ; j’apperçois clans un
miroir des cnfonccmens qui n’y (ont pas ; le Ibleil,
qu’on fait être cm million de fois plus gros que la
terre , n’a tout au plus qu’un pied de diamètre pour
moi. Donc les objets que nous appercevons font
réellement dillingués de ceux que nous croyons ap-
percevoir.
Mais où me condiilfcnt mes réflexions ? II n’y a
qu’un inllaiu que je cioyois devoir être plus (ûr de
l’cxillence de mon corjis que de celle de mon ame,
& maintenant je vois que c’cll le contraire. Car enfin,
n’étoit-il pas pollible que Dieu, fans créer la
matière, eût réglé la iuitc de nos fenfations & de
nos idées lur celle qui, dans l’état préient des choies,
ré]>ondau commerce que nous avons avec les corps
qui nous environnent? Mon doute fur ce point ne
feroit donc pas lans fondement.
_ Cependant une choie m’étonne, je connols alTcz
bien ce que c’eff que mon corps, quoique peu afl'urc
de Ion exillence, & je n’ai nulle idée de mon ame,
quoique lûr qu’elle cxille ; je penfe, je defire , je
juge , mais lans pouvoir deviner ce que c’efl qu’im
jugement, iindefir, une penléc. Par quelle fatalité
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faut-il que j’ignore ce que j’auroîs, ce fcmblc, le
pim; d'interer de connoicre. Quoi ! c’cfl k la matière,
c’efl au plus vil de tous les êircs que rautccir de la
nature borne mes connoiffances. Mais pourc|Cioi
Dieu Iin-meme écliappc-t-il k mes rechcrclics ? Car
quoique tout démontre qu'il exiltc, quoique tout
annonce la lagefle &c la puiflance, 1! n’en cil [ins
moins vrai qu'fl (y dérobe à nos regards, 6c que nous
ne comprenons pas mieux ce qu’il cil en lui-meme
que ce que nous fommes. Cependant que nous enflions
eu fur cela les lumières qu’il fcmbloit devoir
nous donner, rien en nous n'auroit pu le demenrir,
ni s’écarter de l'ordre, 6c nous eiillions infaiilible-
meut atteint le dégre de ])crfc£hon auquel notre
condition naturelle nous permet dailpircr ; car
comme nous nous aimons nous-mêmes d’un amour
invincible 6c néccllaire , il cil hors de doute que dés
que nous eLiffions vu clairement à quel point doit fe
défigurer toute créature intelligente qpi le rclùlc
aux engagemens nécefl'airement attachés à fa dclli-
nation, il ne nous auroit plus été poffiblc de nous y
Ibuflraire. Pourquoi donc Dieu nous refufe-t-il un
lecours que nos befoins les plus prefl'ans fembloient
exiger de l’a bonté ? Comment concilier un pareil
refus avec l’idée que le relie de la nature nous donne
de la lagelîe de l'on auteur? Je le vois , c’ell une dif-
h cultéq i’on ne peut réfüiidre qu’en luj)pofant que
le bien 6c le mal moral (a) entrent dans le plan de
l’ouvrage dont nous faifons partie (é) ; c’ell qu’alors
Dieu ne veut pas limplement que nous foyons parfaits
, il veut encore que nous le devenions avec
mérite; il veut, qu’ayant la dangereiifc faculté do
nous retufer à ce qu’il attend de notre loumillion 6c
de notre z.ele, nous prenions généreufement le parti
de nous dévouer à tour ce qui peut nous faire entrer
dans les vues qu’il a fur nous (c). Voilà donc ma
difficulté éclaircie , 6c la conduite que Dieu tient à
(.1) Ou UC s'afTiivc de la réaUié du moral fcniimcnt imériciir, comimin aux liommes de qtouuex rluers tI.ei mfopis du 6c. jdjaes taoiules/ ,l elsc dliéeiulxle ;, mpeauist -fêi trlae qpuieei icvecl lqe uqiu ele j’laijroeu rdee iclài ,n e iVquap'opue n'nUvüniet préofilnetx ieonnc oqruei eniTea y[léoeu, vloe itf rcacplpiaeprap cdra vaauïxu aTghe.éologiens, cm’colrlt aqluiieé CdOe q ulai mpreo.u vSei lla’ iiroéiamlitnéc deuf lm coormalp,t apbrloe udvee laouiniiie sl' imles- rdiétteerr,m ili na adteios nrésc loibmrepse ndfee slaà veColpoéirucér t,k s d’iel sp celuità tmiméreintesùr ocura duéidmrcé ;
cmriamise i c,i pleesn pdraonltp éqruiteé s l'foopnpt riebduiovnem é tle lfar umit ifdeer el ’itnlejiviflleimcei c6iu. dlue ltari ldled laipupéatinoaigi ed ed ef olan vceorrtup.s ,I l afuautrte dmoennct qlau ej tilf’Iliioccm mdee fDuirevuiv en eà lruéip oqmifiirmoi ta tptlruibs uàt lo'iidféife quef lénroilues qeuu ea vrioenn s,n eel leji infloi lifeerrooiitt aeuu fdaenhto, rést. aLnte sf iPmhpilloef oppahr efsa anvaotiuerieu, dnéejà p foauitv voiori rê qtrue’ unni êatlrteé rpée nn-i dét(r ué i)t .Nous fomincs Ici dans un état crépreuve ; Dieu veut 1 rqiuteer .n oAusd ammé arivtiaonnt sf, an udiusn iel vaevuot iat ullTa i g(]ruâec en foaunsé pliutiiairmtocn,s &dé mfoéu
cmroanitq icioolmt;n mitamisé pmaerciue qquue’a luac fuénleic ictéo ndnoonitl uüi idicecv omir ujouureilrlnee lnuoi fluuit oreilfcurfteer qàu ’càe t iqtriei’ edxei grcécooitn idjiee nlufei ,f ai l dfeallllioiiita qtiuo’nil; fiùl : falilbloriet tdict .nfec aruiiidiHi qlbui’eiln nt ’àe ûfot nq uD’uienue. notion imparfaite des liens intimes qui
coi(inro)il TJo. it Cp. ajrofuaiiltTemoite npt leluini-emmêemnte d, ea ulla] i vnu’eé todiet -iDl ileibur,e &q ufee pour le clioi.x des cliffércns moyens qui le préfentolent h lui ; pneurlfloe nanuet.r eC elipbeenrdtéa nnt’ afuesr omit épriute sc oémtopieantitr palvues cq ulae dfiiigranbitoéi iddaen (sa. àL ec amilloéi nddur era dneg fieiisp fraécmrief icqeus ’ial utreoniot itto uaujopurèrss édteé fdo’nu nP porreix. iMnl;tinisi qqiufea urciinoimiei naelT ciié’eliioint pionidnétl ibbéarlaénec én ’eeûntt rete nleté bliae nt iSdié lliet ém, aill , eSlit cmléariirt,e sq uau’exnq uégelasr dil àa ularo bita lpTuc fplér édteen dfar ec,o nn’daiutiroonie mna ptuorinelt leé,g alelés cceeuuxx qquif’a Acdqaumie rpt oleu vpoéicrh aecuqr urétircihr catvé aanut pfari xc hduitte f,a nmgo dine sJ .e nCc.o re Sc ddievfliinn éc hpeafr. ion adoption à participer aux mérites infinis de ce