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n 6 U V moyen que de tels lefteurs faflent ufage de leur ef-
prlt, puHqu’ils n’en ibnt pas les maîtres ? Eh! comment
puileroient-i!s dans leurs fonds des idées conformes
il la raifon 6i à la vérité, quand une feule
idée les remplit, 6i ne laifle point de place pour
d’autres ?
De plus, il arrive fouvent que la partialité of-
fufque nos foibles lumières , & nous aveugle. On a
des liaifons étroites avec l’auteur dont on lit les écrits;
on l’admire avant que de le lire; l’amitié nous inf-
pire pour Vouprage la meme vivacité de fentiment
que pour la perfonne. Au contraire, notre averfion
pour un autre, le peu d'-ntérct que nous prenons à
lui, <k c’eft malheureufement le plus ordinaire,fait
d’avance du tort à fon ouvrage dans notre elprir, &
nous ne cherclions en le lilant, que les traits d’une
critique amere. Nous ne devrions, avec de fem-
blables dilpofitions , porter notre avis que fur
des ouvrages dont les auteurs nous leroient inconnus.
Un défaut prefque général qui s’étend tous les
jours davantage, c’ell de méprifer par air, par méchanceté,
par la prétention à l’efprit, les ouvrages
nouveaiiï qui font vraiment dignes d’éloges. « Au-
» jourd’hui, dit un philofophe , dans un ouvrage de
» ce genre,aujourd’hui que chacun afpire à l’efprit,
& s’en croit beaucoup; aujourd'hui qu’on met
» tour en ufage pour être, à peu de frais fpiriîuel
» & brillant, ce n’eft plus pour s’inllruire, c’efl;
» pour critiquer & pour ridiculifer qu’on lit : or il
» n’ eft point de livre qui puiffe tenir contre cette
» amerc difpofuion des leÙeurs. La plupart d’en-
>> tr’eux ,• occupés à la recherche des défauts d’un
>* ouvrage^ font comme ces animaux immondes qu’on
» rencontre quelquefois dans les villes, & qui ne
» s’y promènent que pour en chercher les égouts.
Ign o re - t-on encore qu’il ne faut pas moins de
» lumières pour appercevoir les beautés que les dé-
» fauts d’un ouvrage? fi faut aller à la chafl'e des
V idées quand on li t , dit un Anglois, & faire grand
» cas d’un livre dont on en rapporte un certain
» nombre. Le favant fait lire pour s’éclairer encore,
» & s'enquiert de tout, fans fatyre 6c fans maligni-
» té ».
Joignez à ces trois caufes de nos faux jugemens en
ouvrages le manque d’attention & la répugnance na-
îurelle pour tout ce qui nous attache long-tems fur
un même objet. Voilà pourquoi l’auteur de VEJprit
ties lolx, tout intereffant qu’eft fon ouvrage^ en a fi
fort multiplié les chapitres. La plupart des hommes,
& les femmes fans doute y font comprifes, regardent
deux ou trois chofes à la fois , ce qui leur ôte
le pouvoir d’en bien démêler une feule : ils parcourent
rapidement les les plus profonds, 6c
ils décident. Que de gens qui ont lu de cette maniéré
Xouvrage que nous venons de nommer, & qui n’en
ont point apperçLini l’enchaînement, ni les liaifons,
ni le travail !
Mais je fuppofe deux hommes également attentifs
, qui ne foient ni pafTionnés, ni prévenus, ni
portés à la fatyre, ni pareffeiix, & cette fuppolî-
lion môme eft rare; je dis que quand la chofe fe
rencontre par bonheur, le différent degré de jiifteffe
qu’ils auront dans l’efprit formera la différente me-
fure de difeernement ; car l’efprit jufle juge faine-
ment de tout, au lieu que l’imagination féduite ne
juge fainement de rien : l’imagination influe fur nos
jugemens, à-peu-près comme la lunette agit fur nos
y eu x , fuivant la taille du verre qui la compofe.
Ceux qui ont l’imagination forte, croient voir de
la petiteffe dans tout ce qui n’excede point la grandeur
naturelle , tandis que ceux dont l’imagination
efl foible, voient de l’enflure dans les penfées les
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plus mefurées, 6c blâment tout ce qui paffe leur
portée : en un mot, nous n'efiimons jamais que les
idées analogues aux nôtres.
Lti jaloulie eft une autre des caufes les plus communes
de nos faux jugemens fur les d'efprit.
Cependant les gens du métier q u i, par eux-
mêmes, connoident ce qu'il en cofite de foins, de
peines, de recherches 6c de veilles pour compofer
un ouvrage, devroient bien avoir appris à compatir.
Mais que faut-il penfer de la bafîéfTe de ces hommes
méprifablcs, qui vous lifent avec des yeux de
rivaux, 6c qui, incapables de produire eux-mêmes,
ne cherchent que la maligne joie de nuire aux ouvrages
fuperieurs, 6c d’en décrediter les auteurs juf-
ques dans le fein du fanéfuaire ? « Ennemis des
» beaux génies, 6c affliges de rdlime qu’on leur
» accorde , ils favent que, femblables à ces plantes
» qui ne germent 6c ne croilfent que fur les ruines
» des palais , ils ne peuvent s’élever que fur les dé-
» bris des grandes réputations : aufli ne tondent-ils
» qu’à les détruire ».
Le reffe des leéleur« ,quolqu’avec des difpofitions
moins honteufes, ne jugent pas trop équitablement.
Ceux qu’un faftueux amour de livres a teints, pour
ainfi dire, d’une littérature fupcrffcielle, qualifient
d’étrange, de fingulicr, de bizarre tout ce qu’üs
n’entendent pas fans effort, c’eff à-dire, tout ce qui
excecle le petit cercle de leurs connoifl'ances 6c de
leur génie.
Enfin d’autres leéfeurs, revenus d’une erreur établie
parmi nous, quand nous étions plongés dans la
barbarie, favoir, que la plus légère teinture des
fciences dérogeoit à la nobldle, affeéfent de fe fami-
liarifer avec les mufes, ofent l’avouer, 6c n’ont
après tout, dans leurs décifions fur les ouvrages ,
qu’un goût emprunté, ne penfant réellement que
d’après autrui. On ne voit que des gens de cet ordre
parmi nos agréables, 6c ces femmes qui lifent
tout ce quiparoît. Ils ont leur héros de littérature,
dont Us ne font que l’écho : ils ne jugent qu’en fécond.
Entêtés de leur choix, 6c féduirs par une
forte de prefomption d’autant plus dangereufe,
qu’elle fe cache fous une efpece de docilité 6c de
déférence, ils ignorent que, pour eboifir de bons
guides en ce genre, il ne faut guère moins de lumières
que pour fe conduire par foi - même. C’efb
ainfi qu’on tâche de concilier fon orgueil avec les
intérêts de la pareffe 6c de l’ignorance. Nous voulons
prefque tous avoir la gloire de prononcer; 6c
nous fuyons prefque tous l’attention, l’examen, le
travail, 6c les moyens d’acquérir des connoifl'ances.
Que les auteurs foient donc moins curieux des fuf-
frages de la plus grande, que de la plus faine partie
du public ;
. . . Neque te ut mïntur turha i
Conientus paiicis lecloribus.
( + ) O X
OXIPICNI, adj. plur. ( Mufique des anc. ) C ’eft
le nom q u e c îonno ient le s an c ie n s dans le g en re
épa is au t ro ificm e fon en mo n tan t de ch a q u e te t r a -
c o rd e . Ainfi les fo n s oxipicni é to ie n t c in q en n om b
r e . T o y e ^ A P Y C N I , t P A l S , Sy stÊME , TÉTRA - CORDE, DlH.ralf. des Sciences, 6cc. 6c
SiippL \s.')
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OZIAS,/ür« du Seigneur, ( Hiß. facr.) i°. roi
de Juda , dont nous avons parlé lôus le nom
Ci^Arjinas ;
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d’Jrarlat ; un lévite defeendant de Caath; b"*, un
des braves de David ; & quelques autres moins connus
qu’O^iüi, fils de Micha,delà tribu de Siméon, un
des premiers de Béihulie. Judit. vj. //. après
avoir courageufement défendu Béihulie contre Ho-
lopherne pendant quelque tems, voyant la ville réduite
à l’extrcmitc faute d’eau, ôc le peuple défef-
péréqui le preffoit de fe rendre aux AfTyriens, promit
de le faire dans cinq jours, fi Dieu ne lui en-
voyoitdu fecours. Judith, informée de cette réfo-
iuiion, envoya chercher 0 \ias^\çs principaux du
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peuple; 6c après leur avoir reproché qu’ils fem-
bloient preferire un terme au Seigneur, elle les
exhorta à la patience, 6c leur dit qu’elle fortiroic
de la ville pendant la nuit, 6c qu’ils ne fiflent autre
chofe que prier Dieu pendant fon abfence. Oqias fe
trouva donc à la porte de la ville pour l’ouvrir à
Judith ; & en attendant fon retour, il ne ceffa de
prier avec le peuple le Seigneur de les délivrer.
Dieu exauça leur prlere , car Judith tua Holopher-
ne, 6c délivra Bethulie de l’armée des Affyriens,
(+ )
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