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teflciTible pas mal à une plume d oifeau. ^
pl. IL d'Hip. nat. dans ce Suppl. Ce zoophyte elt un
phofphore naturel très-lumineux , propriété qui Ta
fait nommer & caraftérifer par M. de Linné, pcnnci-
tulaphofphona, hahitans in oceano, fundum illumi-
nans. Sa partie inférieure eft nue , ronde , blanche,
&: alongce à-peu-près comme un tuyau de plume à
écrire. L’autre partie qui eft plumacée, a une couleur
rouge & diminue de groffeur jufqu’au bout où
elle finit en pointe. Le long du dos, depuis le tuyau
jufqu’à l’extrémité fupérieure de la tige, il y a une
rainure comme dans une plume ordinaire. De chaque
côté de la même partie s’élèvent deux rangs parallèles
de nageoires rangées les unes auprès des autres
de la même maniéré que les barbes d’une plume,
quoique moins ferrées: les premières font très-petites
, les fuivantes croiflent graduellement à mefure
qu’elles avancent vers le milieu où elles font les plus
grandes ; puis elles diminuent auffi graduellement
jufqu’au bout. Elles ne font point abfolument droites,
mais un peu recourbées vers l’extrémité. Au moyen
de ces nageoires , l ’animal peut avancer ou reculer
dans l’eau. Elles l'ont fournies de fuçoirs ou de bouches
garnies de filamens qui ont le même emploi que
les fuçoirs ou bras des polypes. L’extrémité du
tuyau n’cft point perforée ; cependant M. de Linné
appelle cette extrémité la bouda de L'animal. On ne
fait pas pourquoi Seba a fait repréfenter une plume-
de-mer dans la defeription de fon cabinet, qu’il dit
percée d’un trou à l’extrémité; mais il ne l’avoit vue
que deiïéchée; & fi l’on fait attention à l’extrême dé-
licatefTede ce zoophyte, 011 peut fort bien foupçonner
quecetrou n’etoit pas naturel. Il eft vrai qu’il y a quelques
efpeces dont le bout de la partie nue eft marqué
d’un creux qui forme une forte de pli ou de finuofnc
trcs-fenfjble. L’oeil armé du meilleur mlcrofcope
n’y apperçoit pourtant aucun trou ; ce qui fait pen-
fer à M. Ellis qui a donné une defeription de cet
animal dans le Tome LU I des Tranfallions philoj'o-
phiques^ que les ouvertures qui lui fervent de bouche
font aulll les fonélions de l’anus; ce que le même
naturalifte avoit déjà obfervé dans le polype de
Groenland {^Hydra Arcîica') qu’il a décrit dans fon
EJfai fur les corallines. Chaque fuçoir eft armé de
huit filamens qui font autant d’aiguillons parlefquels
l’animal s’attache à la proie dont il fe faifit pour la
dévorer. Quelquefois auftî il les retient dans leurs
gaines refpeflives. Ces gaines font défendues par un
contour d’épines extérieures qui fervent aulfi à
garder l’animal des corps capables d’offenfer fa fub-
iiance molle & tendre. Tranfaclions philof. de la foc.
de Londres.
La plumz-de-mtr à figure de doigt ^ fig. (T, eft une
forte de cylindre à-peu-près de la longueur d’un
doigt, terminé à fa partie inférieure en une pointe
obiufe & tant foit peu recourbée. La partie fupérieure
eft garnie, jufques vers les deux tiers de la
longueur de l’animal, de cellules ou fourreaux circulaires
, d’où fortent des fuçoirs ou bras de polypes
armés de huit griffes que ce zoophyte peut étendre
ou retirer à volonté. Au-delfous des derniers bras,
le corps eft un peu plus gros que le refte , & la peau
qui dans cet endroit forme plufieurs plis, femble
annoncer qu’il peut enfler ou contrafter cette partie.
Ibidem.
PLUTÉUS, (^Artmillt. Machines.') Lq plutcus,
tout comme le mufcule, paroiffoit dans les fieges
fous diverfes parures de mantelets, & fouvent fur
le pied d’une tortue fort légère & fort petite. Le
pere D.inielen fait mention dans fon Hijîoire de la
milice Françoife , oii il tombe dans une contradiélion
manifefte. 11 prétend que cette machine droit couverte
par-deffus & en comble rond : il cite un paffage
du poème du Jiege de Paris, du moine Abbon, dont
P O E
le fens eft que les Normands employertnt à ce fiege
une infinité de machines que les Latins appellent
plutei, dont chacune pouvoic mettre à couvert fepe
ou huit foMats, & que ces machines cioient cou~
vertes de cuir de boeuf, & cependant il en donne une
figure qui les repréfeme decouvertes. L’auteur leur
donne, dit notre hiftorien ,le nom de tenioria^ parce
qu’elles n'étoient pas plates par-delTus, mais comme
arrondies. Ne diroit-on pas à ces dernieres paroles,
qu’il eft perfuade que le plutèus étoit couvert par-
deffiis ? On va voir que non. Cette machine, con-
tinue-t-il, eft compofée d’une charpente en maniéré
de ceintre »couverte d’untiflii d’o fier, & recouverte
de cuir ou de peaux crues ; elle eft appuyée fur trois
petites roues, une au milieu &'Jes autres aux extrémités,
parle moyen delquelles on la conduit où
l’on veut. Ce paffage de Végece eft clair, & cependant
le pere Daniel le renverfe , & ne couvre
point fon plutèus. Ce qui prouve qu’il devoir être
couvert, c’eft qu’on approchoit cette machine fur
le comblement &: au-devant des tortues ; car fans
cela, ceux qui fe trouvent derrière, n’auroient pu
fe garantir des coups d’en-haut. Les modernes ont
\Q\xrpluui comme les anciens, fous le nom de man-
tdets.
Les anciens ménageolent un peu mieux la vie des
hommes dans les fieges & dans les batailles, que
ne font les modernes: les machines dont ils fe fer-
voient pour couvrir les travailleurs, font infinies,
& celles qui regardent la defeeme & le paffage du
foffé; ôc les précautions qu’ils prenoient pour travailler
à couvert des armes de je t , font admirables. enP
LYMPTON, ( Gèogr. ) bonne ville d’Angleterre,
dans la province de Devon, fur la riviere de Plyme ;
elle a une école gratuite très-richement dotée; elle
trafique en bétail & en étoffes de laine , & elle fournit
deux membres à la chambre des communes.
Long. /J. /i. Lac. So. zS. (Z>. G .)
P O
POCRINIl/M i ( Gèogr. anc, ) La table Théo-
dofienne place cet endroit fur une route qui conduit
d'Jqua Bormonis, Bourbon l’Archambaud, à .du-
guflodunum , Auiim ; ce qui détermine là pofition à
Perrigni-fiir-Loire. L’efpace aèluel entre Bourbon &
Perrigni répond à l’indication de la Table. Telonum,
ToulonTur-Arroux, entre Pocriniiirn Augufiodu-
mm , contribue encore à déterminer l’emplacement
de Pocris à Perrigni.
Il eft alfez fingulier que Sanfon ait placé Pocrinlum
à Saint-Pourçain, déterminé peut-être par quelque
refl'emblance entre le nom de Pocrinium & celui d’un
faim abbé qui vivoit fous Thierri, fils de Clovis.
D’Anville, Not. de La Gaule ,p . S22. ( C. )
PüDBRSKO, ( Gèogr. ) cercle de Bohême, le
meme que celui de Beraun, dans lequel font com-
prifes quatre villes, nombre de bourgs à marché
& de chateaux, & au-delà de 150 feigneuries, avec
plufieurs riches monafteres , dont les abbés font
membres des érats du pays. { D. G .)
P O D O L IN , P O D O L IN E T Z ,P U D L E IN ,
( Gèogr.) ville de la haute Hongrie, clans le comté
de Zips, fur la riviere de Popper, au voifinage d’eaux
minérales fort eftimées. Elle eft munie d’un chateau,
& pourvue d’un college pour l’inftruftion de la jeu-
neffe. Le fol de fes environs n’eft pas fertile ; mais
le commerce qui fe fait dans fes murs eft affez con-
fidérable. (^D .O.)
§ POEME , ( Arts de la parole. ) H y a bien long-
tems que l’on cherche à donner une définition ciu
poème, & à tracer les limites exaftes qui lépareni les
P O E
pTf-ftionsaeraoquence de celles de la poefie. Sui-
vlm'Arlftote , la mefure des vers ou le ftylc prolaïque
ne diftingue pas fiiffifamment l'iiiftorien du
poète; c a r ,d i” ce philofophe, quand on mettroit
Hérodote en vers, on ne feroit pas de fon ouvrage
\m poème. Ces deux efpeces de productions different
eflentiellement, en ce que dans les unes on raconte
les chofes comme elles ont été, & dans les autres
comme elles auroient pu être. Arïfl. poét. Depuis
que ce doéte Grec a mis cette queftion fur le tapis ,
èe l’a réfolue le mieux qu’il a pu, on l’a renouvellée
des milliers de fois, & cependant elle eft prelque
toujours demeurée, au moins en partie, indccife.
Ceux-là peut-être ont touché le plus près du but, qui
ont dit que le poème eft un difcours parfaitement propre
à exciter le fentiment, ou comme s’exprime M.
Baumgarren , Poema efljènfuivu oratio perfecla. Cependant
cette définition n’eft pas complette , Sc ne
détermine pas fiiffifamment le caractère diftinétif du
poème., parce qu’il refte quelque chofe de trop indéterminé
& de trop vague , dans l’idée de ce qu’on
nomme parfait.
La chofe ne faurolt après tout être autrement;
car le difcours ordinaire, tel que l’orateur l’emploie,
& celui qui eft mis en oeuvre par le poète , produi-
fent des ouvrages qui different plutôt en degrés, que
par des caraèteres effentiels qui en faffent des efpeces
réelles. O r , dans des fujets de cette nature on ne
fauroit marquer les limites où les efpeces commencent
, & celles oii elles ceÛènt. Cela eft auffi impolîi-
ble que de dire quelle eft l’année où le jeune homme
entre dans l’àge vir il, ôc celle où l’homme fait paffe
à la vieilleife. Ainfi l’on ne doit pas être étonné, s’il
exifte des ouvrages fur lefquels on eft embarrafl'é de
dire s’ils appartiennent à l’éloquence ou à la poéfie.
Nous allons cependant effayer d’indiquer, avec
autant de précifion c[u’il nous fera poffible, les ca-
raderes propres au ftyle ordinaire , à celui de l’éloquence,
ôc à celui de la poéfie.
Le difcours ordinaire eft un fimple récit des chofes
pour les prefenter, telles que nous les penfons.
Il n’y eft queftion que d’exprimer clairement & fans
détour, ce qui eft préfent à notre efprit; & nous
fommes contens des expreffions, pourvu qu’elles
foient déterminées & intelligibles. L’éloquence veut
plus de circonfpeéHon & d’apparat : fonbut n’eft pas
Amplement de fe faire comprendre , mais de procu'*
rer la réuffitc de quelque deffein qu’elle a en vue ;
pour cet effet elle pefe attentivement tout ce qui
peut concourir à cette réuffite : parmi les différentes
idées qui fe prefentent, elle choifit les meilleures &
les plus convenables , elle les arrange de maniéré à
augmenter leur force, elle emploie les expreffions
les plus heureufes, elle cherche à donner au difcours
une force perluafive, une énergie propre à faire
prendre aux auditeurs la réfolution que l’orateur
veut leur infpircr , il fait ufage pour cela du ton &
de la cadence des mots ; en un mot, il ne perd pas
un inftant de vue les auditeurs fur lefquels il veut
produire des effets. La poéfie au contraire s’applique
plutôt à exprimer vivement les objets qu’elle le rc*
préfente, qu’à produire certains effets particuliers
fur les autres. Le poete eft Uii-méme vivement touché;
fon objet lui infpire de la palTion, ou du moins
le met en verve ; il ne fauroit rcfifter au defir qu’il a
de manifefter ce qui fe paflè au-dedans de lui ; il eft
entraîné. Ce qui l’occupe principalement, c’eft de
peindre avec energie l’objet qui l’affeéfe , & de ma-
nitcfter en même tems l’impreffion qu’il fait fur lui :
ri parle, quand même perfonne nedevroit l’écouter,
parce qu’il ne dépend pas de lui de fe taire dans l’émo-
Tion qu il éprouvé. Cela donne à ce qu’il dit, un air
extraordinaire ,_un ton fanatique , tel qu’eft celui de
tout homme qui, au fort de quelque paffion, s’oublie
P O E
en quelque façon lui-même, 5: fe conduit en pleine
compagnie comme s’il ctoir feul, ne rapportant fes
difcours & fes aérions qu’à fes idées & à fes fen-
limens.
Il femble que ce foit précifément ce ton fnnati‘
que , jilus ou moins fenlibîe dans le langage du poète,
qui fait le caractère propre de tout poème, & qu’il
faille chercher lalource de la poéfie dans cedéfordre
de l'ame , qu’on nomme enikoufiafme, où la préfence
de certains objets jette les imaginations vives , les
génies ardens. Le filence des pafllons , le calme de
l’ame, n’enfanteront jamais rien de poétique. II eft
vrai que depuis que la poéfie eft devenue un a r t ,
l’imitation eft émule de la nature ; le poète feint
des mouvemens&des fentimens qui n’exiftentpoint
au-dedans de lui, ou du moins qui y font beaucoup
plus foibles. Ainfi l’on foupçonne aifément que les
poètes ne penfent & ne fentent pas toujours ce qu’ils
difenc ; & que ce n’eft point malgré eux que le coeur
force la bouche à parler. Il en eft comme de la danfe
q u i, dans fon origine , étoit une marche impétueufe
dont les paffions régloient les pas. Encore aujourd’hui
, les peuples fauvages qui n’ont jamais appris à
danfer, ne danfent que dans le tranfport de quelque
paffion. Mais dans les lieux où l’art de la danfe eft
cultivé, l’on danfe de fang froid, en feignant cependant
de fuivre les impuUions de quelques mouvemens
plus forts que ceux de la fimple nature. Que la poéfie
de la danfe aient cette affinité, c’eft ce qui refaite
encore du befoin qu’elles ont l’une & l’autre d’être
fécondées par la mufique. Celle-ci entretient le fentiment,
& échauffe de plus en plus l'imagination.
C ’eft,pour ainfi dire, un chant qui berce le poète 6c
le danl'eur, de façon qu’ils s’oublient eux-mêmes, 6c
demeurent entièrement dépendans du fentiment
qu’ils éprouvent.
En développant ainfi l’origine de la poéfie , on.
parvient toujours mieux à en affigner le vrai cara-
éfere. Quiconque réflcch'it fur la fimation où l’ame
doit fe trouver, pour que le difcours prenne un ton
auffi extraordinaire que l’eft celui du/7orin^,s’apper-
cevra que c’eft de cette fituation même que dérive
principalement ce qu’ il y a de propre & de caraclé-
riftique dans le langage poétique. Et voilà par con-
féquent oîi il faut chercher l’effence de la poéfie.
D’abord le ton du difcours eft analogue au ca-
raclera du fentiment. Le poète ne fauroit parler d’une
maniera auffi aifée 6£ auffi naturelle qu’on le fait
dans le difcours ordinaire , oîi le fentiment eft toujours
uniforme. Mais, quand un fentiment plus vif
anime, on en marque le mouvement par une l'orte
de rhytme ou de cadence qui en eft l’effet immédiat ;
& tant que le même fentiment dure , fans accroifle-
ment ou diminution trop fenfibles, le rhytme ne
varie point. Celui gui fait des fauts de joie , fautera
tant que fa joie durera; fi quelque chofe l’augmente ,
il fautera plus fort; fi elle fe lallentit, fes fauts fe
rallentiront & finiront avec l’émotion qui les caufoit.
Il en eft de même des parties du dil'cours 6c des termes
qui les expriment. Leur ton 6c leur cadence
correfpondent au fentiment intérieur ; 6c comme ce
ton influe fur les fens, en ébranlant les organes, U
entretient 6c fortifie à fon tour le fentiment. C ’eft
par ce moyen qu’on peut fe faire quelque idée de
l’origine des vers, qui ont fans doute été d’abord fort
mal tournés, mais auxquels enfuite Farta donne toutes
les formes 6c façons dont ils font iufceptibles»
Suivant cela on peut dire que la verfification a une
liaifon naturelle avec la poéfie.
Cependant, comme la cadence rhytmique n'eft
pourtant qu’un des effets particuliers de la verve
poétique, 6c que fans les regies auxquelles Fart a
depuis aflùjetti la confirufllon des vers, toute forte
de difcours peut avoir fon rhytme ; le défaut d'unt