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intention h celer ce qn'il éprouve , ou à rendre un '
compte faux aux médecins & aux chirurgiens qui
Pinterroqent. .
Les a'ccldens qui concernent les perfonnes qui
traitent le blclfé , font le retard dans l’emploi des
fccoiirs , le mauvais choix des remedes & leurniau-
viiife adminiftration, l'oniiffion ou le trop long retard
des opérations utiles, telles que le trepan , 6-c.
le défaut d’attention aux léfions intérieures ou^aux
contre-indications curatives ou palliatives, à l’age ,
au fexe à la conüitution particulière du bielle , a la
fenfibilité, fes forces , fes habitudes ; la trop grande
témérité ou la crainte cxcelTive dans le traitement
& fon choix ; le peu d’égard aux maladies ou aux
affeûions difterentes de la blefliire ; le trop de confiance
qu’on infpire au blellé lur Ion état, & qui le
porte à en abufer ; l’inattention à ecarter du bielle
tout ce qui peut lui être pernicieux, lorfqu’il ell pof-
fible de l’écarter ; l’elfai des remedes equivoques bz
atlifs dont on ne reconnoît pas l’effet ; lorfque^les
perfonnes préi>ofées à la garde du blelfé ne s acquittent
pas exaélement de tout ce qui leur elt en-
ioint 6c qu'elles manquent par complaifance ou
omiffion , ou quelles le perdent trop long-tems de
vue dans une hémorrhagie , b’c.
Parmi les accidens qui ont rapport aux circon-
flances extérieures, font les cas où une blelfure ell
faite avec un inftrument très-aigu , & qui, quoique
en apparence légère , ell fuivie de fymptômes tres-
graves, comme les fpafmes, la gangrene , &c. ceux
Sii une nouvelle bletfiire en détériore une précédente
; ceux où l’on a employé en premier lieu un
traitement peu convenable. Parmi ces accidens,
font encore le froid trop long-tems enduré pat le
bielle ; le féjour dans des lieux humides,mal-fains ,
comme’ les fouterrains, les caves, les prifons, les
écuries, les latrines, frc. les variations fubites de
l’atmofphere qui font imprelfion fur les perfonnes
faines ; les épidémies qui fe joignent à la blelfure ;
lacourfe, les chûtes dans l’eau froide, contre des
corps durs ; l’entrée de matières étrangères dans la
blefl'ure, comme la terre , le verre & autres fubftan-
ces t la trop grande chaleur extérieure ; les fecoulfes
ou les trop grands moiivemens faits durant les pan-
femens ou durant la maladie ; la contagion enfin qui
peut furvenir , foit par la proximité des perfonnes
fnfeaées de différentes maladies, foit par l’air que
le malade refpire.
Je n’avancerai pas avec Paracelfe que la proximité
d’ime chandelle alluinée envenime les bleffu-
rcs, mais il ell folideraent démontré que rbabitation
dans des lieux où l’on renferme plufieurs malades
ou philieurs blelfés à la fois, ell très-fouvent perni-
cieufe aux plaiis les plus légères. J’ai vu dans ui
hôpital les blclTiires les plus Amples devenir gangre
neufes dans très-peu de tems , fans qu’on pût alléguer
aucune autre caufe de cette dégénéralion que
le feul féjour dans un lieu mal-fain. Ces taches de
gangrene qui fe formoient & s’étendoient ttès-rapi-
dernent, paroilfoient fur les />/aies les plus cutanées
& les plus récentes , comme fur les ulcérés qui pé
nétroient le plus profondément Si qui étoient
plus invétérées.
Les fortes ligatures long-tems continuées font des
léfions de l’efpece des bleffures , quoiqu’elles ne
foient pas pour l’ordinaire accompagnées de foliition
de continuité : ellesintérceptent le cours des fluides
dans les parties , Si produifent quelquefois de fit
nelles effets felon le lieu où elles font appliquées.
Il fe préfente une foule d’obfervations IntérefTan.
tes à faire fur la plupart des accidens que je viens
de rappeller fommairement : les préjugés d’opinion
Si de pratique que tant de médecins Si de chirurgiens
confervent encore, fur-tout dans les provinces,
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rendroient utile fans doute un ouvrage qui expofe-
roit fur ce même plan les principales découvertes
ajoutées, & les reàifications que Ton a faites à l’art
de guérir. On fendra la néceffné d’un pareil travail,
fl l’on fe tranfporte dans ces lieux écartés de la capitale
& des principales villes , où les hommes contens
d’avoir appris dansleurjeunefl'elespnncipauxélc-
niens de leur profefllon, ne favent plus ajouter aux
connoifTances acquiles, & font incapables de douter
de leur réalité ou de leur fuffifance. C ’eft principalement
dans les objets relatifs à la chirurgie qu’il eft
ordinaire de voir des hommes qui n’ont pas été attentifs
à recueillir les nouvelles vues ou les decouvertes,
devenir à la fuite de quelques années comme
étrangers à leur profelTion : mais je n’ccris qu’un
traité de médecine légale, &C tout ce qui n’ell pas
étroitement relatif i\ ce double objet ell étranger
mon plan. Peut-être fe trouvera-t-il quelque zélé
citoyen qui, également inflruit dans toutes les parties
de la médecine 6c dans l’objet de cet Ouvrage ,
confacrcra fes talens à parcourir en entier la carrière
que je ne fais qu’ouvrir. Cette entreprife a déjà été
formée par plufieurs auteurs de réputation , mais
elle a jufqu’à préfent excédé les forces du plus
grand nombre.
On a prétendu que la guérifon des bleffures étoit
foumife à des crifes à peu-près comme les maladies
internes : c’ eff à cette opinion qu’il faut attribuer le
terme de neuf jours que l’on affigne pour déclarer
les bleffures mortelles. Il ne paroît pourtant pas que
les p/aies préfentent dans leur guérifon des tems uniformes
& bien diftinûs, fi ce n’eff dans la marche
ou la fuite des fymptômes : l’inflammation &Iafup -
puration des parties fe fiiivent à-peu-près régulièrement
8>C dans le même tems ; mais la guérifon
d’une p/aie n’exige pas de néceffité cette uniformité
dans la marche i il n’y a pas toujours inflammation
ni fuppuration; & quand même ces deux tems fe
fuivroient toujours exaélement, la guérifon en eft
indépendante.
Il n’eft pas pofflble de raffembler dans tous les
cas les diftérens éclairciffemens dont je viens de
parler. Un inconnu peut avoirreçu une ou plufieurs
bleffures mortelles dans un lieu inhabité, nul témoin
ne dépofe du fait ni de fes circonffances , on peut
avoir enterré ce cadavre ,& les experts feront dans
la néceflité de drefferleur rapport fur ce qu’ils ap-
percevront fur ce cadavre exhumé ; que de difficultés
à furmonter pour bien établir le genre de mort, ôc
fur-tout les caufes qui l’ont produite ou accélérée !
On fait que lorfqu’on a omis de faire l’ouverture du
cadavre, il faut l’exhumer pour la faire, fans quoi le
coupable ne peut être puni de mort que dans le cas
où le bleffé eft mort fubitement.
Quelles précautions n’exige pas une ouverture
faite dans ces circonftances ! On ouvre pour l’ordinaire
les trois principales cavités du corps pour examiner
l’état des vifeeres ; & fil’on apperçoit quelque
bleffure conftdérable, on établit le genre de more
fur ce qui fe préfente, & l’on paffe le plus fouvent
légèrement fur le refte de l’examen. Arrêtons nous
un inftant fur la maniéré dont fe pratiquent ces ouvertures
& fur les conféquences qu’on en tire.
On exhume le cadavre d’un homme qu’on foup-
çonne avoir péri de mort violente : les experts nommés
pour le rapport font forcés à fe borner aux ob-
fervations que ce cadavre préfente ; il ne leur eft point
permis de s’informer des chofes étrangères à cet examen.
Les habitudes , le genre de vie , les paffions,
le tempérament du fujet dont iis examinent le cadavre
ne font point fournis dans ce cas à leur jugement
;ils doivent néanmoins prononcer fur la caufe
Ide la mort. Ils détaillent fcrupuleufement tout ce
qu’ils apperçoivent d’extraordinaire à rextéiieur du
corps j
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corps ;conuifions, meiirtriffiircs, liUlorfions, livid
i t é , éqiiimofes, traaiircs,..Icercs, frr.
lout ell obfcrvé : on parle de 1 étendue , de la torme,
de la profondeur, de la direaion de tous ces accidens
^ mais ils font tous confondus indiftinftement :
on ne’ dit pas toujours ce qui peut les avoir produits
chacun en fon particulier ; fi l’on trouve dans le
nombre quelque blefl'ure qui paroiffe mortelle par
fon fiege ou fa grandeur, le refte ne devient qu ac-
ceffoire. Les moyens dont on fe fert pour faire ces
recherches font fouvent fufpeéls ; on emploie les
fondes pour s’affurer de la profondeur 6c de la direction
des jpA/« ; on tâte en divers fens pour porter
cet inftrument jufqucs dans le fond de la pluie ^ ^
lorfqu’elle eft étroite , oblique , & qu elle poire fur
des parties molles , on n’eft guere les maîtres de ne
pas s’enfoncer dans de fauflés routes , ou de ne pas
ffiicrer fur un cadavre qui ne fent, ni ne fe plaint,
des parties auparavant faines 6c entières. Comment
s’affurer enfuite fi la profondeur qu’on remarque
dans ces plaies eft l’effet de rinftrument qui a blefl'é ,
ou celui de la fonde ?
Chaque ville a fes jurés ou fes experts ; & comme
leur emploi n’eft que pénible peu lucratif, on les
choifir dans le nombre de ceux qui font le moins
occupés ; les hauts praticiens le plus fouvent fe refu-
fent à ces fondions. Que de talens néanmoins exige-
roit l’objet de ce travail, Ôc combien importeroit-il
à la focicté qu’il ne fût exercé que par les plus habiles
!
Ün trouve quelquefois fur des cadavres de profondes
bleffures qu’on juge mortelles au premier
abord. La difpofltion des lieux , quelques lignes an-
técedens faifls trop vaguement, rinftrument même
qui a fervi à porter le coup peuvent concourir à prouver
qu’un homme s’eft poignardé lui-même ; un examen
réfléchi rend ces preuves équivoques: la malice
des hommes les a portes allez fouvent à cacher
leur crime par des dehors fpécieux qui puffent arrêter
les pourfuites de la jufticc. Il peut fe faire qu’un
homme ait été empoifonné ou même mis à mort par
tme autre caufe non évidente, & qu’on l’ait enfuite
percé de quelques coups pour faire accroire qu’il
s’etoit poignardé lui-même, 6c pour fixer les yeux
des experts & de la juftice fur un objet faux , mais
apparent, en éludant leurs recherches fur d’autres
objets qui pourroient déceler les coupables. On a
fourni quelques indudions raifonnables qui peuvent
aider à cliffiper l’üluflon : on fait que le fang eft
concret ou coagulé dans les cadavres , ainfl il ne peut
point s’écouler par les bleffures qu’on leur fait, il
s’écoulera au contraire par celles que l’on fera fur
les vivans, parce que dans ce cas il eft fluide, 6c que
les agens qui le meuvent & le font circuler, fubhftent
6c doivent néceffairement avoir leur effet. L’onver-
ture des vaifléaux feroit donc un moyen efficace
pour découvrir le vrai, mais il faut bien fe garder
de donner à ces preuves toute la force que leur accordent
la plupart de nos ancêtres. Les blefl'és ne
meurent pas toujours d’hémorrhagie , lors même
que les aros vaifl'eaux font ouverts ; les convulflons,
les fyncopes font ceft'er le cours du fang, & il peut
en refter une grande quantité dans les vaifléaux,
quoique la mort foit l’effet de la trop grande évacuation
de ce liquide. Il eft d’ailleurs inipoffible d’établir
une proportion fixe entre les caillots ou coagu-
liya qu’on trouve dans les vaiffeaux de ceux qui pé-
riflent d’hémorrhagie & ceux qui meurent par des
caufes différentes. Par-tout le doute nous accompagne,
6c pour peu que nous foyons attentifs, nous
ne voyons que la probabilité ou l’apparence dans
les objets que la demi-fcience prcfeiite comme certains.
(Cûr article efl de M. L a Fo sse , docteur en
médecine de la Faculté de Montpellier, )
Tome IV,
P L A 393 § PLAIN-CHANT, ( Uufique. ) Ce chant, td
qu’il fubflfte encore aujourd’hui, eft un refte bien
défiguré , mais bien précieux de l’ancienne muflque
Grecque, laquelle, après avoir paffe par les mains
des barbares, n’a pu perdre encore toutes fes premieres
beautés. Il lui en refte aflez pour être de
beaucoup préférable, même dans l’état oii il eft
aftuellcment, &: pour l’ ufage auquel il eft deftiné, à
CCS mufiques efféminées 6c théâtrales , ou mauffades
& plates qu’on y fubftitue en quelques églifes, fans
gravite , fans goût, fans convenance, & fans refpeft
pour le lieu qu’on ofé profaner.
Le tems où les chrétiens commencèrent d’avoir
des églifes, 6c d’y chanter des pfeaumes 6c d’autres
hymnes, fut celui où la muflque avoit déjà perdu
prefque toute fon ancienne énergie par un progrès
dont j’ai expofé ailleurs les caufes. Les chrétiens
s’etani faifls de la muflque dans l’état où ils la trouvèrent,
lui ôterent encore la plus grande force qui
lui étoit reftée ; favoir, celle du rhythme 6c du metre
, lorfque des vers auxquels elle avoit toujours
été appliquée , ils la tranfporterent à la profe des
livres facrés , ou à je ne fais quelle barbare poéfie ,
pire pour la muflque que la proie même ; alors l’une
des deux parties conftitutives s’évanouit ; 6c le chant
fe traînant uniformément & fans aucune elpece de
mefure,de notes en notes prefque égales, perdit
avec fa marche rhythmiqiie ÔC cadencée toute l’cncr-
gic qu’il en recevoit. Il n’y eut plus que quelques
hymnes, clans lefquelles, avec la profoclie ôc la
quantité des pieds confervés, on fentit encore un
peu la cadence du vers ; m.ais ce ne fut plus-là le ca-
raélere général du plain-chant , dégénéré le plus
fouvent en une pfalmodie toujours monotone ÔC
quelquefois ridicule, fur une langue telle que là
latine , beaucoup moins hannonieulé ÔC accentuée
que la langue Grecque.
Malgré CCS pertes fl grandes, fl effenîlelles, le
plain-chant conferve d’ailleurs par les prêtres dans
fon caradere primitif, ainfl que tout ce qui eft extérieur
ôc cérémonie dans leur églife , offre encore
aux connoiffeurs de précieux tragmensde l’ancienne
mélodie ÔC de l'es divers modes, autant qu’elle peut
lé faire fentir fans mefure Ôc fans rhythme, ôc dans
le feul genre diatonique, qu’on peut dire n’être,
clans fa pureté, que le plain-chant, fes divers modes
y confervent leurs deux diftindions principales;
i ’unc par la difi'érence des fondamentales ou toniques,
ÔC l’autre par la difl'erente pofltion des deux
femi-tons , felon le degré du lyftême diatonique naturel
où fe trouve la fondamentale, Sc félon que le
mode authentique ou plagal reprélente les deux té-
tracordes conjoints ou disjoints.
Ces modes, tels qu’ils nous ont été tranfmis dans
les anciens chants eccléflaftiques , y confervent une
beauté de caradere ôc une variété d’affedions bien
fenflbles aux connoifl'eurs non prévenus, Ôc qui ont
conferve quelque jugement d’oreille pouiTes fyftê-
mes mélodieux, établis fur des principes différens
des nôtres ; mais on peur dire qu’il n’y a rien de plu-S
ridicule 6c de plus plat que ces plains-chants accommodés
à la moderne , prétintaillés des ornemens de
notre muflque, ÔC modulés fur les cordes de nos
modes : comme fl l’on pouvoir jamais marier notre
fyftcme harmonique avec celui des modes anciens ,
qui eft établi fur des principes tout différens. ün doit
favoir gré aux évêques , prévôts ôc chantres qui
s’oppofent à ce barbare mélange , ôc deflrer , pour
le progrès ôc la perfedion d’un art, qui n’eft pas ,
à beaucoup près, au point où l’on croit l’avoir mis,
que ces précieux reftes de l’antiquité foient fidèlement
tranfmis à ceux qui auront affez de talens ôc
d’autorité pour en enrichir le lyftême moderne. Loin
au’on doive porter notre muflque dans le plain-
^ ^ D d d