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dctellé. Ce n’ctolt point In peine de lortir du cloître
pour aller le déshonorer par im règne îoible court
(le trois années, ( i- é - .) ^
Ramip.e I , roi d’Oviédo & de Lecn , ( Hilîoire
d 'E fp .: '/ ! -- ) C’cll une dure extrémité pour un roi
doux bienfaiuint, d’avoir fans ceiTe des arrêts de
rigueur à prononcer, des citoyens, ilinllres par leur
rang & par leur nailfance, à punir, des fanpilces à
ordonner, des rébelles à effrayer par la terreur de
l'exemple. Ce fut pourtant à ces e.vtrêmités que je
fa<’C l i .v n in fut contraint d’en venir ; éc ce ne fut
qii”e par cette rigueur néceffaire qu ri parvint a régner
aulTi glorieufcment pour Im-mcine qu’avantageufe-
ment pour les peuples. R -in iin , fils de Vcrmond I,
& coufm du roi Alphonfeü, furnommé/a ,
s’ctoïC ditlinijuc par des lervices eclatans, & s etoit
rendu chorau louverain par la lagclîe de les confeils,
par la julleffede fes vues <U. la pureté de les moeurs ,
iorfoue le bon Alphonfe , couvert de gloire, accablé
d’ans , ô: n’afpirant qu’au bonheur de jouir de quelques
jours pailibles , convoqua les états , & les pria
de lui donner fon coulin pour fuccelléur. La nation
avoir les obligations les plus effentielles à la valeur,
ainli qu’aux grandes qualités de Ramlrc. Le choix
‘d’Aiphonfe fut unanimement approuve, & Ramirc /
fut placé fur le trône,du conléniement des grands &
aux acclamations du peuple. Alphonle H mourut,
& fon digne fucceffetir régna feui lur Léon & Oviedo,
en b’qz. Il ctoit dans la province d’A'ava , lors de la
mort du roi ; 6i. Ion abfence , inlpirant au comte
Néj)Oîien , feigneur aulTi puiliant qu’audacieux , de
hautes idées d’ambition , il le propola de s’ailcoir
fur le trône , à l’exclufion du prince qui en étoit
reconnu pour légitime polîeiletir. il le donna tant
de foins & fît de 11 brillantes proir.effes,qifil engagea
plufieurs l'eigneurs dans Ion projet d’uiurpation. Les
conjurés ,fe croyant en allez grand nombre pour tout
ofer, prirent les armes , & proclamèrent tumultueu-
fementNépotien qui, fier de cette ombre d’eieélion,
rall'embla à force d'argent quelques troupes, à la tête
defquelles il marcha du coté d’Oviédo. informe de
cette révolte , R am m le mit à la tels de. Ion année,
&, marcha vers les Aliuries. H rencontra bientôt
l’orgueilleux Népotien qui , s’avançant fièrement,
prefenta la bataille. Cette aclion décilive fut terminée
en un inllant ; & à peine le lignai du combat fut
donné, que prefque tous les foldats de Népotien
1’abandonnerenr , de pafferent dans l’armée royale.
Effrayé de cette défeêüon , il prit la liiitc ; m.-iisii tut
arrête & conduit aux pieds du ro i, qui lui fît à l’in-
lîant même crever les yeux , ôi l'envoya dans un
monaffere où il pali'a le reffe de les jours. A la laveur
de ces troubles, une foule de voleurs de grand chemin
fe mirent à dévaller les provinces : Us Réchappèrent
point à la vigilante jullice de Rumirc , qui lit
crever les yeux à tous ceux dont on put le lailir ; les
autres fe difpcrferenî & ne parurent plus. Une pro-
digieufe quantité de payfans, égarés j>ar la î'uperffi-
tion ,s’étoieiit perfuadés qu’ils croient lorciers, & s ’ef-
frayoient les uns lesaurics par leurs IbrrÜeges. Il eut
fallu les guérir 6c les éclairer. f)es ecdéhalliques crurent
qu’il imj>orîoità la religion de les exterminer; 6c
rempliffant R am lr iü it leurs opinions fanatiques, ces
prétendus forciers furent pris 6c brûlés. Fendant qu’il
s’occiipoit du malheureux foin d’envoyer aux bûchers
des citoyens qui n’étoient que lUipides , 6c
qu’il eût pu ôc dû rendre à l’agriculture , les Normands
, qui alors infelloicnt la plupart des côtes de
l’Europe , firent une delcente à la Corogne , & dévaluèrent
le pays. R am in affcmbla fon armée , marcha
contr’eux , mit les Normands en déroute , en
maffacra beaucoup , 6c fit une très-grande quantité
de prifonniers qui réparèrent en partie le vuide que
venoit de lailTer le l'uppüce des Ibrciers. Au milieu
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de fon tiiompho, le roi penfa perdre la vie par le
complot de deux feigneurs qui aveient confpiré
l'un do lui ôier la vie , l’auire cl’ufurpcr la couronne!
Ils furent découverts pris : l’un ne perdit que la
vue , l'auirc fut mis û mort avec lepe de fes fils. Le
roi eût voulu le fauver, il n’en fut pas le maître;
c’étoicnt les états du royaume qui avoienr prononcé
la lentence de mort, ce qyi la firent exécuter. Abde-
rame , roi do Cordoue , jaloux cic la gloiro du fou-
verain d’Oviédo 6c do Leon , lui déclara la guerre
lous prétexte que c’cioit lui qui avoir favorifé les
defeentes des iVoi mands fur les côtes Efpagnoles. Ce
prétexte étoii abfurde ; auffi la fortune ne feconda-
t-elle point Abderame ; R .tm in le battit; ÖC don
ü idogno, Ion fils, fe lignaia par une lî rare valeur
dans celte aâion , qu’à la demande de R a n i h i , les
grands proclamèrent le jeune prince collègue & fuc-
ceffeur de fon perc. Moins honteux de fa défaite ,
qu’irrité de la célébrité de fon vainqueur, Abderame
raffembla route.s fes forces ; 6c,fuivi d’une arméenom-
breuie, il vint faire une irruption fur les terres du roi
de Léon 6c d’Oviédo. ü fut encore plus malheureux
qu’il ne l’avoit clé la premiere fois. R am ln remporta
iur lui une viélolre fignalée ; l’armée prefque
entière d’Abderame périt dans cette a<^ion ; 6c le
fuccès de cette journée fut fi complet, que Iss hi-
fforie.ns contemporains n’ont pas manqué, fuivaiit
l'iifage du i x ‘= fiecle , d’attribuer l’honneur de la
victoire à un miracle, 6c qu’ils ont afTi.tré que l’apôtre
laint Jacques , monté fur un cheval blanc , ne ceffa
de combattre à la tête de l’armée ebréfienne. Cette
table n’a pas laiflé d’être adoptée en Efpagiie,
où bien des gens la regardent encore comme une
vérité fort refpeélable. Ce qu'il y a de plus vrai,
c’eff que Ramirc 1 ^ n’ayant plus ni conjurés à punir,
ni Normands à éloigner , ni Maures à combattre ,
continua de vivre 6c de régner paifiblement.jufqu’au
premier février 850 , qu’il mourut tm grand re^’ rec
de fes fnjers, après lépf ans d’un regne florieiix ÖC
non , comme le difent les compilateurs du D ic îio n -
n a in de Moreri, après un regne de vingt quatre années.
Il eff vrai que dans cette longue compilation il
y a bien des erreurs , mais celle-ci ell un peu fotte :
car enfin, quand même ces iàvans éditeurs feroient
commencer le regne de Ramirc au tems où don Alphonle
II le fit rccon.'ioîire pour fon fucceffeur,encore
n’auroit-il régné que quinze années, attendu que cet
événement eut lieu en 83 5 ; or , de 83 5 à 850 , il
n’y a que quinze ans, 6c non pas vingt-quatre. Mais
c’eff de la mort d’Aiphonfe qu’il faut dater le commencement
du regne de R a m in , auquel fon prédé-
ceffeur à la vérité remit une partie du gouvernement
, 6c même , fi l’on veut, le foin entier de l’ad-
miniftration , mais non le titre de ro i, qu’il garda
jufqii’à fa mort, ainfi que la couronne & tous les
attributs de la royauté ; 6c Alphonfe II ne mourut
que vers la fin de l’année 842. Comment s’eff-il pu
fa:rc que ces compilateurs aient étendu le court
regne de R am in à vingt-quatre années ? Mais aulTi
comment s’eft-il pu faire qu’il fe foit glillé tant d’erreurs,
tant de fautes dans ce D iâ io n n a in d
Ramire II, roi d'Oviédo 6c de Léon , ( Hiß.
d 'E fp a u n c .) Depuis la mort d’Aiphonfe III, furnom-
mé U G r a n d , la guerre , les dél'ordres, les troubles,
lesfadions avoient habituellement déchiré le royaume
de Leon 6c d’Oviédo; 6c le trône fou vent ébranlé
par les plus violentes fecouffes , avoir été tour à tour
occupé par l’inquiet 6c malheureux G a rd e , qui,
avec beaucoup (le valeur, avoii beaucoup de vices;
fils peu reconnoiffanr, mauvais frere & foibic fouve-
rain ; par ürdogno II, prince inquiet 6c malheureux
, qui moiffonna quelques lauriers , 6c éprouva
des revers accablans , 6c qui fut moins heureux encore
au milieu de fes fujets, trop fatigués de fa
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rloiieur extrême pour qu’ils puflent I aimer ; par
Troïla II, le plus cruel des hommes, le plus féroce
des tyrans, 6c qui eût fini par dépeupler fes états, fi
la mort n’eût arrêté le cours de fes fureurs 6c de fes
crimes • enfin par l’indolent Alphonfe IV , qui fe rendant
jultice 6c fentant fon incapacité, abdiqua la
couronne en faveur de/kiz/znVe/ / , fon frere, comme
lu i, fils d’OrdognoII, 6c alla porter dans un
couvent, où il fe retira , les fentimens propres
aux monafteres, 6c les feules qualités qu’il tînt de
la nature. Ramirc l i élevé fur le trône en 927 ,
par l’abdication de fon frere, fe difpofoit à figna-
1er le commencement de fon régné par une action
d’éclat contre les infidèles , quand il apprit
qu’Alphonfe , fatigué de fon état de moine, comme
il avoit été fatigué de fon état de r o i , fe repentant
d’ailleurs d’avoir préféré fon frere au jeune Ordo-
gno, le feul fils que lui avoit laiffé la reine Urraque,
fon époufe, étoit forti de fon couvent ; 6c réclamant
contre fon abdication , fe difpofoit, fécondé par
beaucoup de feigneurs, à ravoir par la force , le
feeptre que fa ffupiditc lui avoit fait céder. Ramirc I I
qui connoiffolt l’incapacitc de fon frere , 6c qui ne
jugea pas devoir fe prêter à fes caprices, marcha
contre lui à la tête de l’armée deftinée à combattre
les Maures, 6c l’afiiégea dans Léon; ne pouvant
néanmoins oublier que c’étoit à lui qu’il ctoit redevable
de la couronne , il lui fit faire quelques pro-
pofitions d’accommodement, qui furent rejettées ;
mais quelque fupériorité qu’il eût, il ne vouloir
jjoint en venir aux dernières extrémités, lorfqu’une
nouvelle révolte, fufciiée par les trois fils du roi
T roïla, qui vouloient s'emparer du trône , le força
de profiter fans ménagement de fes avantages ; il
preffa vivement le fiege, 6c Alphonfe qui, juf-
qu’alors avoit parlé avec hauteur , ne pouvant plus
tenir, alla fe jetter aux pieds de fon frere, qui le fit
garder étroitement; entra dans Léon , dont ilfe remit
en poffefiion, pardonna aux rébelles, 6c marcha
contre les trois fils de Troïla, qui lui ayant été livrés
par les Afturiens, eurent, ainfi qu’Alphonfe IV , les
yeux crevés ; 6c comme lu i, furent à perpétuité renfermés
dans un monaftere. Ces troubles appaifés,
6c Ramirc cherchant à fe diffraive du chagrin que lui
caufoit la perte de la reine Urraque, fon époufe,
que la mort venoit de lui enlever, il tourna fes arômes
contre les infidèles, marcha vers les murs de
Madrid, qu’il emporta d’affaut, ravagea les environs
deTolede, 6c retourna triomphant dans fss états,
chargé de butin, 6c fuivi d’une foule d’efclaves.
Abderame, roi de Cordoue, ïtrité des fuccès, 6c jaloux
de la gloire du roi d’Oviédo, mit fur pied une
armée nombreufe ; 6c fécondé par les troupes
d’Aben-Ahaya , feigneur de Sarragoffe 6cfon vaffai,
il fe flatta de réparer avec éclat les pertes qu’il avoit
fouffertes. R am ir c , à peine remis des fatigues des
dernieres hoftilités , reprit les armes 6c marcha avec
la plus grande aêlivité à la rencontre des ennemis ,
qu’il trouva campes aux environs d’Ofma, dans une
vafie plaine : l’cvcnement ne juffifia point les efpé-
raiices d’Abderame, il comptoit fe venger, 6c il fut
complettemcnt battu, plufieurs milliers de Maures
périrent dans l’aêlion, tous les autres prirent la fuite
avec leur roi vaincu. Ramirc rentra à Leon , d’où
quelques jours après il fe rendit à Afforga pour y
prcficlcr aux états, pendant lefquels il fit d’utiles ré-
glemens , 6c réunir quelques places qu’il avoit con-
(juifes fur les Maures, à l’évêché d’Afforga, fuivant
l’ulage de ce fiecle, oîi les fouverains , maîtres dans
leurs royaumes, étendoientou refferroient, comme
ils le jugeoient à propos , les diocefes , fans le concours
de l’évêque de Rome , qui alors n’en difpofoit
pas chez les puiffances étrangères. D’Aftorga,
Ramirc alla fe mettre à la tôle de fes troupes, 6c
Tome IV ,
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entra dans l’Aragon, réfolu de punir Aben-Ahaya.du
lècours qu’il avoit fourni à Abderame;hors d’état de
réfificr à un tel ennemi, Aben-Ahaya, feigneur de
Sarragofle, s’empreffa de fe foumeitre , fe déclara
vaffai de la couronne de Léon, 6c s’engagea de lui
payer le meme tribut annuel qu’il donnoit au roi do
Cordoue. Ramirc lui accorda la paix à ces conditions
, revint dans fes états, époula clona Thcrel'e ,
foeur de don Garcie , roi de Navarre ; 6c pendant
une annee , ne s occupa que des foins du gouvernement
; mais tandis qu il fe flattoit de jouir d’un calme
heureux 6c durable , Aben-Ahaya , infidèle â fes
engagemens, s’étoit ligué avec le roi de Cordoue,
6c leurs troupes firent inopinément une irruption
fur les terres de Léon, s’emparèrent de Covarrubias ,
petite ville bien peuplée, dont ils pafferent tous les
liabitans au fil de l’épée , ravagèrent la campagne ,
6c ne s’en retournèrent qu’anres s’être raffafiés de
butin 6c de carnage ; enorgueilli par le fuccès de cette
expédition, & ne doutant point que le lems d’accabler
les chrétiens ne fût venu , Abderame fit les derniers
efforts pour écrafer Ramirc ; une foule de Maures
vinrent d'Afrique fe joindre à fon armée , déjà
très-formidable ; 6c la conquête de Léon 6c d’Oviédo
lui paroiffant infaillible , il ne fe propofoit rien moins
que d’exterminer les chrétiens, ou tout au moins
d’obliger ceux qui échappoient au carnage , d’aller
pour la fécondé fbis fe cacher dans les Afiuries. Ses
projets étoient vaftes , mais ils ne réufiirent pas ; au
contraire, R am ir c , dont les forcesparoifl'oient très-
inférieures à celles des Mahometans, alla à leur rencontre,
leur prefenta la bataille dans la plaine de
Simancas, fondit fur eux avec impétuofité, & malgré
leur rcfiftance , remporta la vièloire 6c inonda la
plaine de leur fang. Il s’en retournoit triomphant,
lorfqu’il fut averti qu’Abderame raffembloif les débris
de l’armée vaincue qui, malgré cette grande
défaite, étoit encore très-nombreufe.Le roi d’Oviédo,
fans donner aux infidèles le tems d’être tous raf-
femblés, marcha contr’eux, les joignit auprès de
Salamanque, les attaqua 6c les défit encore. Cette,
fécondé viéloire fut plus fatale que la premiere aux
Maures; les vainqueurs en firent un horrible carnage
, 6c fe faifirent d’Aben-Ahaya qui fut enfermé
6c traité en fujet perfide 6c rebelle. Dans la vue de
prévenir de nouvelles invafions, Ramirc I I donna
ordre aux comtes de Caftille de fortifier leurs places
q u i, par leur fituation, ferviroient de barrière aux
Mahometans. Les comtes de Caflille qui fe préten-
doient indépendans, n’obéirent qu’à regret. Le roi
d’Oviédo leur ordonna enfuite d’alTembier leurs
troupes 5 c de fe tenir prêts à marcher au premier
fignal. Offenfes de ce fécond ordre, iis refuferenc
de s’y foumettre, 6c par leur réfiftance irritèrent fi
fort Ramirc I I , qu’il marcha contr’ eux à la tête de
fes troupes , 6c fit prifonniers les comtes Ferdinand
Gonçalez 6c Nunno Nunnez. Cependant, comme les
prétentions de ces feigneurs étoient en quelque forte
fondées fur une longue jouiffance, le roi d’Oviédo
n’ufa point de rigueur ; il leur fit faire au contraire
de fi fages repréfentations, pendant qu’ils étoient en
prifon, qu’acquiefçant à fes raifons, ils lui promirent
la plus inviolable fidélité. Ramire I I ne fe contenta
point de leur rendre la liberté, il les combla
de bienfaits, les honora de fa confiance , & peu de
tems après il maria fon fils don Ordogno, avec dona
Urraque , fille du comte Ferdinand Gonçalez ÔC de
donaSanche, infante de Navarre. Intimidés par fa
valeur 6c fa puiffance, les Maures lui demandèrent
une fufpenfion d’armes, & il leur accorda une treve
de fept années. Il confacra ce tems de paix aux travaux
les plus utiles ; il fonda plufieurs monafleres,
peut-être eût-il pu mieux faire ; mais alors la fondation
d’un monaffere paffoit pour la plus belle dç,s
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