ruines très-étendues qu’on retrouve à une lieue au sud-est de Belbeys, le Viens Ju-
doeomm ne devant pas être pris pour le Castra Judæorum, situé dans un canton qui
dépendoit du nome d’Heliopolis, et où le pontife Onias, sous le règne de Phi-
lometor, éleva un temple dans lequel les Juifs pratiquèrent, pendant plus de trois
siècles, les cérémonies de leur culte. On sait que les Juifs, dont la population
s’étoit prodigieusement accrue, occupoient une grande partie de la province
Augustamnique. L' Onion, ou Castra Judæorum, doit correspondre aux ruines dites
aujourd’hui Tell-d-Yhoiidy [la colline des Juifs] (i).
Après, vient Tohum ou Thou, qui, dans l’Itinéraire, est à X I I . a p . du Viens
Judoeorum; il doit correspondre à A ’bbâçeh. Mais Tohum, dans la Notice de
l’Empire, étoit uri poste militaire; et le site d’A ’bbâçeh, qui, à l’entrée de l’Ouâdy,
fermoit par une levée (la digue de Seneka, aujourd’hui Gisr-Soultânyeh ou la
digue des Sultans) le seul point de passage pendant l’inondation de la route de
Péluse à Memphis, a toujours dû être considéré militairement.
Le nombre xxiv de la mansion suivante doit faire correspondre à Heroopolis
ou Pithom. C ’est, en effet, la distance d’A ’bbâçeh à Abou-Keycheyd, où nous
avons fixé la ville des Héros.
Les xviii. a p . qui suivent, portent encore aux ruines que nous avons admises
pour celles du Serapeum, à la tête des lacs amers , au nord.
Enfin, les L . »p . de la dernière mansion peuvent rigoureusement porter, à-la-
fois, à Soueys, en tournant au sud le lac amer, et plus directement aux fontaines
de Moïse, par le nord du même lac.
En effet, si Clysma doit correspondre à Soueys, les L . AP. peuvent exister
par une route sinueuse, au sud du lac amer. Mais cette fixation, que nous
n’admettons pas, seroit légèrement fondée sur un rapport de signification que
Golius (2) a remarqué entre le Qol^oum de la langue Arabe et le Clysma de la
langue Grecque : car l’un signifie ablution, lavage ; et l’autre désigne une submersion
, avec la tradition locale que c’est vers cet endroit que l’armée d’un Pharaon
a été engloutie sous les eaux du golfe (3).
Si, au contraire, Clysma doit avoir une position différente du site commun au
Patumos d’Hérodote, au Posidium, à Qolzoum, kArsinoé ou Cleopatris, auDaneon
de Pline, à Soueys, comme le dit positivement Ptolémée, qui le porte à une
latitude plus méridionale de o° 20' (détermination sans doute exagérée), nous
serons disposés à faire correspondre Clysma aux fontaines de Moïse, et nous appuierons
cette opinion de l’autorité de la Table Théodosienne, qui, plaçant Arsi-
noé à l’ouest du golfe, et Clysma à l’autre bord, semble encore porter cette dernière
ville aux fontaines de Moïse, comme première station de la route du mont Sinaï.
Clysma, placé aux fontaines de Moïse, devoit être, comme il est indiqué par
le mot præsidium, un poste militaire. Enfin, une route qui ne comporte pas autant
(1) A peu de distance et à Youest de Tell-el-Yhoudy, de granit, qui se rattachent au Tell-el-Yhoudy par une
sur la lisière du désert, on remarque un site couyert de levée actuellement dégradée,
ruines, et occupé en partie par des Arabes ; on y ob- (2) In Al/erg. p. 144*
serve des monticules assez considérables de grès noir et (3) Yoye^ le texte dans l’Appendice, S- IV , n.° XL
de sinuosités au nord-nord-est du lac amer, fournit encore les L. ¡vp. de l’Itinéraire
du Serapeum à Clysma. Nous ajouterons que c’est plutôt aux fontaines de Moïse
qu'à Qolzoum',. q,ue les termes ablution et lavage, dont Golius s’est prévalu, trouveraient
leur application, attendu qu’après le passage du bras de mer à Soueys ou
Qolzoum , les Israélites trouvèrent aux fontaines de Moïse les moyens de faire
leurs ablutions religieuses. II seroit à desirer que l’on connût mieux la signification
du mot Grec Clysma; et si, comme on le suppose, c’est un terme générique, on
pourra admettre plusieurs Clysma : mais nous ne croyons dans aucun cas, qu’il
convienne de placer Clysma à l’entrée de la vallée de l’Égarement, comme l’ont
fait d’AnvilIe, et plus récemment M. le major Renneli, en considération des q° 20'
au sud données par Ptolémée.
L Itinéraire fournit une route du Serapeum à Péluse par Thaubastiim-, Sile et
Magdolum, de l x . a p . En voici les points et les distances intermédiaires:
IN D IC A T IO N S DE S L IEU X .
DI STANC ES.
M I L L E S R O M A IN S . T O I S E S . M È T R E S .
Serapeum . , à Thaubastum...................... VIII. S. 6,o48. » 1 7 8 7 . 7 7 .
D e
Thaubastum. à S ile ........................................ XXVIII. 28. 2 1 ,1 6 8 . 4 1 2 5 7 - 2 ° -
S ile................. à Magd olum.......................... XII. 1 2. 9 ,0 7 2 . 1 7 6 8 1 . 6 6 .
M a g d o lum .. à Péluse.............. .. XII. 1 2. 9 ,0 7 2 . 1 7 6 8 1 . 66 .
T o t a u x ............................... LX. d o . 4 5 ,3 6 0 . 8 84 o8. 29 .
On est d’abord surpris de l’inflexion que présente cette communication, qui
porte tant à l’ouest et jusqu’à Sile ou Seloe [Sâlehyeh], quand la route au nord,
la plus directe, du Serapeum à Péluse, pouvoit n’être que de xxxxvm. ai*. Mais si
l’on considère que ces itinéraires étoient plus ordinairement assujettis aux étapes et
aux mouvemens des troupes, et que les lieux qui y sont désignés, étoient presque
tous des postes militaires, on ne sera plus surpris de ce détour; on le sera moins
encore, si l’on considère que cette route directe étok plus difficile pour la marche,
à cause des sables mouvans et des lagunes qui l’interceptoient.
A une distance de vm. a p . environ au nord du Serapeum, se trouvent des ruines
qui nous paraissent convenir au site de Thaubastum : une conjecture d’Ortelius ,
qui dit à cet égard, c'trca paludes Arabioe videtur, est très-heureuse, et convient
à cette situation adjacente aux lagunes qui reçoivent un canal dérivé du Nil. En
effet, on retrouve encore une dérivation de plus d’un mille, et qui, partant du
grand canal, dirigée à l’est sur des ruines, à travers ces lagunes, offre encore de
grandes dimensions.
S. Jérôme, écrivant la vie de S. Hilarion, dit que ce solitaire, étant parti de Ba-
bylone, se rendit le troisième jour à un château nommé Thaubastum, où Dra-
contius, évêque d’Hermopolis, étoit exilé. Cette citation et la précédente sont
très-favorables ; et si d’Anville les a fait valoir pour motiver le placement de Thaubastum
à A’bbâçeh, c’est qu’il ne pouvoit connoître toutes les convenances que le