
dernier degré d’épuisement et de maigreur. La toux et le crachement de sang
continuèrent, meme après les premiers jours de son arrivée au Kaire ; car on
nen reconnut pas dabord la cause. Les médicamens dont on avoit fait usage,
“voient aggravé les accidens, et mis cet officier en danger, lorsque l’une des
sangsues montra sa queue gorgée de sang, à l’entrée de l’arrière - bouche. Le
malade lui-même l’indiqua à son médecin ; on la saisit avec de fortes pinces à
pansement, et on fit détacher la seconde, qui s’étoit engagée dans les fosses na-
salesî au moyen d’injections d’eau salée faites par cette voie.
La convalescence de M. Latour fut longue et pénible, à cause de la perte
considérable de sang qu’il avoit éprouvée, et des fatigues qu’il avoit essuyées
dans cette caravane.
Pierre Blanquet, guide à pied, étant à la découverte des Arabes, pendant le
blocus d Alexandrie, dans les déserts voisins de cette ville, avala une de ces
petites ^sangsues en se désaltérant dans un des lacs dont j’ai parlé. Elle passa
de l’arrière-bouche dans les fbsses nasales, où elle s’accrut insensiblement. Ce
militaire ne porta d’abord aucune attention aux légers symptômes qui se manifestèrent
dès les premiers jours: cependant il lui survint des hémorragies nasales,
des picotemens incommodes dans les narines, des douleurs vives vers les sinus
frontaux, des vertiges, et souvent de légers accès de délire. Toutes ses fonctions
etoient dérangées, et il avoit considérablement maigri. Après avoir langui dans
cet état pendant environ un mois, il fut transporté à l’hôpital d’Alexandrie.
L’embarras qu’il éprouvoit dans le nez, la difficulté .de respirer par cette voie!
et les hémorragies fréquentes qui se déclaroient, me portèrent à soupçonner un
corps étranger dans les fosses nasales. En effet, mes premières recherches me
firent découvrir dans la narine gauche l’extrémité d’une sangsue. Je la pris d’abord
pour un polype; mais, l’ayant touchée avec une sonde, je la reconnus à sa rétraction
subite. Je la laissai se développer de nouveau ; et après avoir écarté avec
précaution 1 entrée de la narine, je la saisis avec ma pince à polype, et en fis
1 extraction au même instant. Dès le même moment les accidens disparurent,
1 hémorragie cessa, et le malade put aussitôt reprendre son service.
Lorsque les circonstances forcent les voyageurs ou les troupes qui traversent
les deserts a boire de ces eaux où l’on pourroit soupçonner la présence de quelques
insectes, il faut passer l'eau à travers un linge épais, et y ajouter quelques gouttes
dun acide quelconque, si l’on peut s’en procurer: en conséquence, chaque individu
devroit porter avec lui une outre, un verre, et un flacon de vinaigre.
DE L’HÉPATITIS.
L ’ h É p a t i t i s commence par un mouvement de fièvre accompagné de douleurs
vagues, de la perte de l’appétit, et d’assoupissement. La saison et la chaleur brûlante
du climat déterminent principalement l’invasion de ces premiers symptômes.
Ils ont une marche plus ou moins lente, et sont suivis d’une maigreur générale
dont les progrès sont assez rapides. La peau se sèche, le teint du sujet prend une
couleur jaunâtre, le bas-ventre se tuméfie, et les digestions sont lentes et difficiles.
Le malade éprouve bientôt un point douloureux dans les hypocondres, sur-tout
dans l’hypocondre droit. Cette douleur est accompagnée, dans cette dernière
région, d’un sentiment de pesanteur qui augmente lorsque le sujet se couche sur
le côté opposé, ou qu’il est debout. La douleur devient plus intense par la pression
exercée sur la même région, et elle se propage souvent, sur-tout si l’inflammation
a son siège dans la face convexe du foie, le long du nerf diaphragmatique
et du nerf accessoire de Willis, du même côté, à raison des communications de
ces nerfs. C ’est par cette sympathie qu’on explique les douleurs de l’épaule, qui
ne sont pas toujours constantes, et qui existent rarement lorsque l’inflammation
se borne à un des points du bord libre du foie ou de sa face concave. La fièvre
s’allume avec chaleur intérieure, gêne dans la respiration, angoisses et souvent
envies de vomir : le foie acquiert un volume si considérable, qu’il dépasse le rebord
des fausses côtes, et proémine au-dessous de l’hypocondre. Les parties extérieures
sont douloureuses, et il se fait ordinairement rétention de la bile, à cause-
de la grande quantité qui s’en est sécrétée dans les premiers instans des accidens,
et à cause du spasme qui survient aux intestins et au canal cholédoque : c’est un
effet consécutif de la chaleur et de la fièvre.
Il en résulte quelquefois, au-dessous des fausses côtes, une tumeur avec fluctuation,
qu’on pourroit confondre avec un dépôt hépatique. Cette tumeur symptomatique
cède ordinairement à l’emploi des moyens indiqués contre l’inflammation.
Si celle-ci fait des progrès, tous les accidens augmentent successivement jusqu’au
huitième, neuvième ou dixième jour au plus tard. Les douleurs deviennent pungi-
tives; la fièvre est forte, et présente des rémissions vers le soir; les urines se colorent
d’une teinte roussâtre et coulent avec difficulté ; quelquefois il y a diarrhee,
et les selles sont teintes d’une bile peu colorée ; la sécrétion de cette humeur est suspendue
: il ne sauroit y avoir jaunisse générale, puisque la bile ne peut être absorbée
par les vaisseaux lymphatiques, et répandue à l’extérieur. La rate participe à
cette maladie; car j’ai remarqué, chez plusieurs sujets, qu’elle s’engorgeoit comme
Je foie : il est vrai que cet engorgement cède à l’emploi des plus légers remèdes.
Lorsque l’inflammation se termine par suppuration, les symptômes de 1 inflammation
diminuent sensiblement et finissent par disparoître ; mais ils sont remplaces
Ê. M. Q ”