des grands réservoirs et des égouts, on rétabliroit les rues dans leurs directions
primitives, les plus propres à la salubrité.
On rouvriroit l’ancien canal de communication du lac Maréotis au port vieux,
dont la longueur, réduite à 300 toises, n’exige qu’un léger travail. Celui qui exis-
toit plus anciennement, vers le centre de la ville moderne, entre les deux ports,
seroit également rouvert pour faciliter, par le port neuf, la sortie des vaisseaux,
que les vents qui régnent assez constamment de la partie du nord-ouest, rendent
plus difficile par le port vieux.
On resserreroit l’entrée du port neuf par un môle sur les récifs de la partie de 1 est, pour en augmenter la défense au moyen des feux croisés des deux forts. On
portcroit au large, dans 1 intérieur du port neuf, de nouveaux quais, pour faciliter
l'approche des navires, et étendre l’espace propre aux établissemens du commerce
et de la marine. On fonderoit également dans le port vieux des quais d’abordage,
à claire-voie, pour laisser les sables apportés du large opérer l’exhaussement de
la plage, jusqu’à ce qu’on pût détruire la cause de ces alluvions par des travaux
défensifs au pourtour de l’île du Phare.
On construiroit, dans les deux ports, des bassins propres aux aiguades, répondant
au débouché des fossés de la ville, où devront circuler les eaux douces dérivées
du canal-aqueduc d’Alexandrie; et l’on reporteroit, par un aqueduc , comme
cela étoit anciennement, des eaux douces dans l’île et le château du Phare.
On détermincroit les passes de la rade par des môles sur lesquels on établiroit
des batteries pour en défendre l’accès; leur construction seroit d’autant plus
facile, qu’il existe à proximité des carrières considérables, celles qui bordent, au
sud, le bassin de cette rade : on pourroit se promettre encore le creusement de
ces passes en détruisant les barlcs de roches qui pourroient être accessibles à ce
genre de travail, et donner ainsi une entrée facile aux vaisseaux de guerre, qui
trouveroient dans la rade un asile assuré.
Enfin on fortificroit Alexandrie, qui redeviendroit la capitale de l’Égypte ; on en
défendroit les approches par un fort au Kasr-Kyassera à l’est, et par un autre à
l’ouest, sur un ancien canal de communication du lac Maréotis à la mer, vers le
centre de la rade en rétablissant ce canal, on auroit une barrière et un poste
intermédiaires entre la ville et le Marabout, dans la partie la plus resserrée de
cette longue et étroite péninsule.
RÉSUMÉ GÉNÉRAL.
Les développemens que nous avons donnés dans le cours de ce Mémoire, dont 1 objet a fixe depuis long-temps les spéculations politiques de l’Europe ainsi que
les recherches des savans, ont pour but essentiel le rétablissement de l’ancien
canal des deux mers : pour motiver 1 exécution de cette grande entreprise, nous
avons exposé et constaté,
1 ."Les avantages de la navigation par la mer Rouge, qui rappelleroit le commerce
de l’Inde à sa route naturelle et primitive;
2.0 Les
2.0 Les preuves matérielles de la confection du canal des deux mers, déduites de
ctendue des vestiges qu’on en retrouve encore au milieu des déserts de l’Isthme ;
, 3- Les témoignages historiques, qui ne permettent plus de douter que ce canal
nait été navigable, notamment sous le règne des princes Mahométans; 4-° La confiance due aux opérations, qui font connoître l’élévation de la mer
Rouge sur la Méditerranée, sans que cette élévation puisse être un obstacle au
rétablissement du canal des deux mers, et qu’on ait à craindre aujourd’hui la
submersion de la basse Egypte ;
5.° La possibilité d’améliorer le port de Soueys et d’approfondir son chenal
jusqu à la rade, dont le mouillage est susceptible de défense ;
6. L exagération des dangers de la mer Rouge, dont la navigation, qui ne diffère
pas de celle des autres mers pour les Européens, présente des avantages incontestables
sur celle du grand Océan pour se rendre dans l’Inde ;
7. L état des diverses branches du Nil à franchir, depuis la tête du canal,
dans la Pélusiaque, jusqu’à Rahmânyeh, dans la branche de Rosette, et dont la
navigation établie ferait partie de celle du canal des deux mers;
8. La nécessité et les moyens de rouvrir le canal d’Alexandrie, qui, indépendamment
des avantages qu’il offre à la navigation, rendra à la culture une province
envahie par les sables, et en partie submergée, et la protégera contre tous
les inconvéniens physiques qui en ont hâté la ruine et l’abandon ;
9 ° Les vues générales propres à rendre à la ville d’Alexandrie les avantages
dont elle a joui, dans les temps de sa splendeur et de sa célébrité;
io.° Enfin, par un article que nous avons reporté dans l’Appendice de ce
Mémoire (§. I), nous indiquons la dépense générale du canal des deux mers,
et les moyens d’y pourvoir par la concession qu’on ferait à une compagnie, dé
vastes terrains, susceptibles de la plus riche culture, et dont les valeurs lui garantiraient
un intérêt considérable de ses avances.
Mais, pour exécuter avec succès des travaux de cette importance, il faut à
^ Égypte un Gouvernement sage et éclairé; il lui faut un Gouvernement stable et
réparateur, celui que la France enfin a tenté de lui donner et qui étoit le but de
cette expédition mémorable.
Ce Mémoire, consigné dans 1 Ouvrage de la Commission, monument durable
de la gloire du chef auguste de l’expédition d’Égypte, sera pour notre âge et pour
la postérité un gage authentique des vues grandes et bienfaisantes qui, au milieu
meme de ses conquêtes les plus rapides, ont toujours caractérisé le génie créateur
de N a p o l é o n I.cr
É. M. x