comble sensiblement; Cet effet, comme on l’a dit précédemment, est dû à
l’ouverture du canal de Faïa’ounyeh, qui a diminué considérablement le volume
des eaux que cette grande branche versoit à la mer : c’est pour conserver dans
cette branche le plus d’eau possible, qu’on a proposé d’établir une écluse dans
ce canal, à Menouf, à l’effet de ne dépenser que ce qu’il faut rigoureusement
pour la navigation et l’irrigation.
§• V.
Des BoOsh â7\j.
O n appelle bogliâi, en Égypte, les passes étroites et périlleuses des bouches du
Nil à la mer. Ces bouches sont fermées par les sables que les flots de la mer,
agités par les vents du large et combattus par le courant des eaux du fleuve, y-
déposent au.point d’équilibre où ces forces viennent se briser. Ces bancs de sable
varient suivant les saisons et l’action plus ou moins grande des vents, en sorte
que ceux qui forment la barre qu’on trouve ordinairement aux bouches du Nil,
changent souvent de position, et rendent sans cesse nécessaires aux navigateurs
les soins d’un pilote, chargé de leur indiquer la passe ou le chenal des bouches,
du fleuve ; mais cette surveillance continuelle d’un pilote n’est pas toujours suffi--
sante pour prévenir les accidens.
Boghâz de Damiette. . . . Le boghâz de la branche orientale du Nil prend le
nom de boghâz de Damiette. On y trouve une profondeur d’eau assez constante
de sept à huit pieds dans le bas Nil, et de dix à douze dans le haut Nil; ce qui
rend l’entrée de cette bouche du fleuve plus facile et moins dangereuse que celle
de Rosette; aussi les djermes de Damiette sont-elles-beaucoup plus fortes que
celles qui naviguent sur la branche de Rosette (i).
Les bâtimens de commerce qui viennent en Egypte par la branche de Damiette,
chargent ou déchargent leurs marchandises en rade même, à une lieue
au nord du boghâz, au moyen d’ajléges employées à ce transport. Les bâtimens
qui, après s’être allégés, sont surpris par les gros temps, peuvent entrer dans le
fleuve et mouiller à la hauteur de l'E’sbeh. C ’est par la bouche de Damiette que
se fait le commerce de l’Egypte avec la Syrie, l’île de Chypre et l’Archipel.
La Porte envoyoit autrefois deux caravelles croiser sur les parages des rades de
Rosette et de Damiette, pour protéger le commerce et le défendre contre'les
corsaires et les galères de Majte.
Damiette a une rade foraine, dont le mouillage est très-sur en été par la nature
de son fond; mais, en hiver, les bâtimens sont souvent forcés, quand ils sont
surpris par les gros temps, assez fréquens sur cette côte, de couper leur ancre en
y laissant une bouée, et de se réfugier en Chypre, pour attendre que le temps
leur permette de reprendre leur mouillage. Cette rade est située à deux lieues
( i) Voir le tableau (page 123 ) où ces sortes de bateaux sont décrits, quant à leur espece et à leur usage.
a 1 est du cap Bouillot, qui, comme celui de Bourlos, contribue au calme de son.
mouillage. Les marins du pays, qui connoissent mieux la côte, vont mouiller
a quatre lieues a lest du cap Bouillot, et reviennent sur rade après le mauvais
temps.
Le cap Bouillot est formé par le prolongement des' terres de la rive droite du.
Nil : ce banc, à partir du château, aujourd’hui envahi par les eaux de la mer,
s’étend sous l’eau jusqu’à une demi-lieue au large, et l’on n’y trouve que deux à
trois brasses d’eau au plus; il est assez reconnoissable par les brisans qui s’y forment
dans les gros temps. Pour gagner le mouillage, en partant de la rade de Damiette,
par neuf et dix brasses d’eau, on fait d’abord route à l’est ; dans cette direction,
le fond diminue peu-à-peu jusqu’à quatre brasses, et augmente ensuite ; dès qu’on
s’aperçoit de cette augmentation, le cap est doublé. On peut faire route ensuite
au sud-est jusqu’à cinq et six brasses; alors.on met au sud-sud-est; et dès qu’on
aperçoit au sud le château du boghâz et une mosquée à deux minarets, à l’ouest
de Damiette, dont on ne voit plus que le haut des minarets, on peut jeter l’ancre.
Plus on s’avance vers le sud, plus le mouillage est tranquille; mais on doit avoir,
la précaution de mettre une ancre de toue, parce que le fond est de fange molle.
Les bâtimens du pays qui font le commerce de la Syrie, mouillent sur toute la
côte du lac Menzaleh.
Boghâz de Rosette. . . La bouche de la- branche occidentale du Nil prend le nom
de boghâz de R o settecette bouche, ainsi que celle de tous les grands fleuves qui.
charient beaucoup d’alluvions, est peu profonde, étroite, difficile, étant fermée
par un banc de sable qui n’y laisse que deux passes (i).
Ce banc, qui, dans la crue du fleuve, s’oppose directement au cours des eaux,
y cause une agitation et des brisans dont la violence en rend le passage extrêmement
dangereux. Il y arrive des accidens fréquens, malgré les soins des pilotes
çôtiers que le Gouvernement y entretient, et qu’on y trouve toujours lorsque
le temps le permet, pour indiquer les passes aux djermes et autres bâtimens.
Cès passes varient sans cesse : tantôt c’est celle de l’est qui est fréquentée ;
tantôt, mais plus souvent, c’est celle de l’ouest. On n’y trouve, dans le bas Nil,
que quatre à cinq pieds d’eau , et sept à huit dans le temps de la crue : c’est
autant au courant qui s’établit au boghâz, qu’à la hauteur d’eau de la crue, qui
y est de deux pieds environ, que l’on doit cette profondeur.
Il arrive souvent aux djermes qui font le cabotage de Rosette à Alexandrie,
et qui tirent cinq à six pieds d’eau, de toucher au boghâz; mais, comme le fond
n’est qu’un sable fin et délié, la vitesse de ces djermes, dont la voilure latine
prend très-bien le vent, leur permet de filer, en labourant, pour ainsi dire, sur
ces sables.
Boghâz de Bourlos. . . . Le boghâz du lac Bourlos a une profondeur d’eau assez
constante de neuf à dix pieds : mais la plage, trop exposée aux vents du nord
et de l’ouest, est peu accessible aux bâtimens étrangers ; ceux du pays qui font le
(1) On trouvera les sondes de ces différentes bouches dans l'Atlas qui fait partie du travail général de la Commis«
sion d’Egypte.