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ceux qui sont morts en odeur de sainteté. Quelques-uns de ces tombeaux ne
sont pas dénués de magnificence. Leur entretien , les lampes allumées devant ces
monumens, ont donné lieu aux fondations portées dans l’état.
Les fonds dont Solymân disposa en faveur des mosquées, couvens, derviches,
mendians et infirmes, consistoient en papiers de solde ; ils ont été augmentés et
discrédités, de même que nous l’avons observé à l’égard des autres pensions qu’il
assigna aux cheykhs, aux orphelins, &c. Les mêmes motifs en ont fait continuer
lé paiement aux beys Mamlouks, qui en étoient devenus propriétaires.
La mosquée d’el-Azhâr étoit la plus célèbre des écoles où l’on enseignât la
théologie Musulmane, et la seule du Kaire ei de i’Égypte où l'on reçût le titre de
docteur ou d’u’Jemâ. Solymân la dota en partie avèc des papiers de. solde et des
droits sur le natroun de Terrâneh ; elle jouissoit en outre d’un grand nombre de
villages : de sorte que la dépréciation des papiers de solde ne l’empêcha pas de
conserver un revenu considérable. Le khâtib de cette mosquée, c’est-à-dire, le
docteur qui lit et explique le Qorân pendant les mois de cha’bân et de ramadân,
est éclairé par deux gros cierges de vingt-cinq livres chacun. Solymân voulut
qu’on les achetât aux dépens du myry. Les pauvres et les aveugles fréquentant la
mosquée recevoient, pendant le ramadân, après le coucher du soleil, des distributions
de riz et de miel', fondées par A’bd el-Rahmân kiâhyâ.
La somme destinée à l’achat des turbans qu’on donne à 'ceux qui embrassent
1 islamisme, se remet au trésorier du pâchâ, qui la garde à son profit, quand il
n’y -a pas de conversions.
Loukyl el-krag reçoit et emploie celle qui sert à payer les saqqâyn porteurs de
eau qui se distribue dans les cimetières aux personnes qui vont prier et pleurer
sur les tombeaux.
Le Mouled, ou la fêtede la naissance du prophète, se célèbre au Kaire avec beaucoup
de solennité. Les mosquées et les maisons s’illuminent pendant huit jours de
suite. Le cheykh el-Bekry, chef des descendans d’Abou-Bekr, beau-père de Mahomet.,
reçoit alors une somme peu proportionnée aux dépenses qu’il est en usage de
faire. Les Musulmans, et sur-tout les santons, le visitent et prient avec lui (1).
Le café et les confitures qu’il donne à ses hôtes, les illuminations qui décorent
le devant et les environs de sa demeure, lui coûtent plus de 100,000 médins.
Plusieurs santons donnent lieu à des fêtes de moins d’importance. La principale
se célèbre à Tantah, en l’honneur de Seyd Ahmed el-Bedaouy : elle avoit déjà lieu
du temps du sultan Selym, qui ordonna qu’on distribueroit des aumônes et des
(r J En thermidor an 7, ïe général en chef Bonaparte
Tut invité par le cheykh el-Bekry à assister à cette cérémonie.
Son état-major l’accompagna; je fus également de
sa suite. Nous remarquâmes que toutes les dévotions se bornèrent
à une récitation psalmodiée de quelques versets du
Qorân et de la généalogie dujcheykh el-Bekry, qui prouve
sa.descendance d’Abou-Bekr : ensuite nous eûmes part
aux distributions de café et de confitures; nous fumâmes
comme les Musulmans, et nous dînâmes avec le cheykh
«t ceux qui partagèrent l’invitation qu’il nous fit. Les plats
furent servis sur de vastes plateaux de cuivre : nous mangeâmes
a la manière des Orientaux. Le prophète bannis-
soit le vin du repas ; nous bûmes de l’eau à la ronde
dans la meme bardaque. Les convives étoient partagés
en plusieurs groupes; le général en chef et le général
Berthier étoient avec le cheykh. Chaque groupe eut son
plateau. Cette manière de servir diifère un peu des procédés
ordinaires des Égyptiens ; car chez eux le même
plateau passe successivement des maîtres à tous les gens
de sa maison, et arrive ainsi jusqu’aux derniers valets.
comestibles
comestibles aux pauvres qui s’y trouveroient. Il assigna aussi i jo médins au cheykh
el-Achara, afin qu’il se rendît à Tantah pour y faire les illuminations d’usage. Par
ces divers dons, Selym avoit encore en vue de favoriser le commerce résultant
d’une foire dont l’affluence des pèlerins étoit la cause. La famille de Chenaouy
s’étant distinguée par le zèle qu’elle mettoit à visiter le tombeau de ce santon, et
à contribuer aux dépenses de sa fête, Haçan pâchâ lui assura une pension de
1000 médins sur le khazneh.
Le pèlerinage de Jérusalem est censé une oeuvre très-méritoire par les Musulmans
et sur-tout par les Arabes, qui , se disant issus d’Ismaël, voient dans ce
voyage un acte de vénération envers Abraham, Isaac et Jacob, inhumés, suivant
leur tradition, dans la mosquée d’el-Rahmân. Mahomet fit lui-même, comme on
sait, ce pèlerinage; de sorte que les dévots de sa religion se font un devoir de
l’imiter. Le directeur de cette mosquée entretenoit au Kaire un procureur chargé
de faire les achats des lentilles nécessaires à la nourriture des desservans et des
pauvres attachés à son temple ; Selym se chargea d’en payer le transport; il assigna
à la même mosquée un soura ou une pension annuelle, et un fonds, pour acheter
les nattes qui en couvroient le pavé.
Le sanctuaire de Seydné Youaef 1 notre seigneur Joseph] est dans le territoire
de Jérusalem. On l’a construit sur un puits qui passe pour la citerne où les frères
de ce patriarche l’enfermèrent pour le vendre ensuite aux marchands Ismaélites.
Solymân prit sur le myry de l’Égypte de quoi fournir à l’éclairage et à l’entretien
de ce lieu révéré.
La modicité de la somme assignée aux orphelins admis à l’hôpital du Môristân
fait croire que le sultan voulut moins leur donner un secours réel qu’une simple
aumône. Cet établissement avoit des revenus proportionnés à ses dépenses.
Les mosquées de l’imâm Châfe’y, du cheykh O’mar fils del-Fared, et de
Gouâryeh, étant près des tombeaux où l’on ensevelit les grands, beaucoup de
personnes viennent y prier. Le sultan Solymân assigna des fonds pour acheter et
entretenir les taureaux servant à puiser l’eau des puits qui se trouvent auprès de
ces temples. La mosquée de Seyd Sarych, qui se trouve dans la citadelle du Kaire,
est également favorisée. Les ablutions qui précèdent ordinairement les prières des
Musulmans, nécessitent le voisinage de quelques puits.
On ignore la cause du don de trois outres fait par Selym à la mosquée du
cheykh O’mar fils d’el-Fared, et aux ogâq Tchâouchyeh et Mousthafazân.
§- VI.
Caravane de la Mekke.
K issoueh p o u r le tem ple de la M ek k e, d o n t 2 6 4 ,8 0 7 m éd. p ris su r le khazneh. 7 9 0 ,8 0 7 . !en arg e n t apporté h la M ekke et a 1
M édine , d o n t i 4 s> i4d m édins l
pris su r le k h azn eh ..................... .5 ,9 8 5 ,2 2 0 . j .5 ,9 8 5 ,7 0 6 .
en frais de caisses, sacs, p aille, & c.. 4>486. J