Le copiste Grec s’est évidemment trompé, en ordonnant, comme il l’a fait,'
les modes plagaux sur la rose de compas que nous avons représentée d’après
lui à la page 820, et que nous avons rendue en notes de musique Européenne
dans la figure octogone qu’on voit à la page précédente 82 t. La faute n’étoit
pas si sensible quand ces modes n’étoient indiqués que par des signes d’abréviation;
mais en les écrivant tout au long, et en les notant, nous avons rendu cette faute
palpable. L’analogie qui existe entre ces modes eu les modes authentiques, le
paradigme qu’on en a présenté au-dessous, et les règles enfin, exigent que les modes
plagaux correspondent aux modes authentiques. Ainsi le mode hypomixolydien
ne doit pas correspondre au mode Dorien, mais au mode mixolydien; le mode
hypodorien doit correspondre au mode Dorien, et non au mode Lydien;
le mode hypolydien doit correspondre au mode Lydien, et non au mode
Phrygien ; le mode hypophrygien doit correspondre au mode Phrygien, et non
au mode mixolydien : en sorte que les modes doivent se présenter dans l’ordre
où nous les avons rangés dans ce petit octogone (1) :
DORIEN.
Nous pensons bien que, quand même on n’auroit pas déjà compris combien
nous avons dû être souvent arrêtés par des erreurs de cette espèce qu’il nous a
fallu découvrir et presque deviner, soit dans les traités de musique étrangère que
nous avons consultés, soit dans les rapports qui nous ont été faits en Egypte,
sur cet art, par les musiciens Orientaux qui l’exercent en ce pays; quand même
(1) Ii faut lire les notes de gauche à droite en commençant
par le mode Dorien, qui occupe le pan du haut
de cet octogone, et suivre en tournant jusqu’à ce*que
l’on soit arrivé au ton hypomixolydien ; autrement les
notes paroîtroient être autres qu’elles ne sont, parce
qu’étant renversées dans le bas de cette figure, comme
nous avons dû le faire, on croiroit qu’elles sont au
haut de la portée, tandis qu’elles sont dans le bas.
on ne se seroit encore fait aucune idée des soins laborieux et des précautions
fatigantes que nous a fait prendre la crainte où nous étions de tomber nous-
mêmes dans de pareilles erreurs en rendant compte de nos recherches, l’exemple
que nous sommes forcés de donner ici, en faisant entrevoir ce que notre travail
a eu, d’ingrat et de rebutant, prouveroit au moins que nous n’avons ni épargné
notre temps, ni manqué de patience, pour rendre ce travail le plus complet et le
plus satisfaisant qu’il nous a été possible. Dans cette vue, nous n’avons pas dédaigné
d’examiner attentivement, dans nospapadike, tout ce .que nous avons pu y apercevoir
de tant soit peu remarquable; et c’est à cette attention constante que nous
devons d’avoir découvert, dans un ornement en forme de cul-de-lampe, le système
de la niusique Grecque moderne tracé en caractères très-fins autour d’une petite
rose de compas, que nous avons représentée ici dans des proportions beaucoup
plus grandes, et par conséquent plus aisées à distinguer, en y ajoutant d’ailleurs ce
qu’on y voit écrit en lettres romaines ou italiques, pour en faciliter l’intelligence. 11
en est de même de la figure que nous avons désignée sous le titre de paradigme des
circulations, parce que les tons y sont indiqués dans un ordre systématique, conforme
à l’analogie qu’ils ont entre eux, et où l’on voit en même temps les divers
changemens dont ils sont susceptibles. Cette figure, que nous avions regardée
d’abord comme une espèce de petite vignette de simple ornement, devint pour
nous d’un grand secours, quand nous y eûmes reconnu les mêmes signes qur
étoient dans une leçon que Dom Guebraïl nous avoit fait chanter, après nous
l’avoir écrite en grec, a son ordinaire : car, comme nous avions toujours la
précaution, de notre côté, d’écrire en lettres Françaises les mots Grecs, et de
noter le chant en notes de musique Européenne, sous lesquelles nous n’omettions
jamais de retracer les caractères ou signes Grecs écrits de sa main, nous gravions
assez profondément, par ce moyen, dans notre mémoire, les leçons que
nous recevions, pour ne pas les oublier promptement; et cela nous a mis souvent
à portée de faire depuis des rapprochemens utiles, au moment où nous
nous y attendions le moins (1).
(i) La découverte dont nous venons de parler, non-
seulement répandit le plus grand jour sur ce que nous
avons appris à l’égard des tons ou modes authentiques,
moyens et plagaux, et de leurs mutations, dont il a été
question dans l’article VIII précédent, mais elle nous fit
encore démêler un système complet des tons et des
mutations dans une série nombreuse de signes semblables
à ceux de la figure systématique que nous connoissions
déjà, sinon qu’ils n’étoient pas distribués sur une sorte
d’arbre musical, et rangés par ordre sur ses branches, où
la marche soit descendante soit ascendante des tons
étoit rendue sensible au premier coup-d’ceil, tantôt par
la direction descendante, tantôt par la direction ascendante
des signes, dont les uns partoient de la cime des
branches vers le tronc de l’arbre, et dont les autres
partoient du tronc pour arriver à la cime des branches :
mais on avoit déterminé cette marche des tons d’une
manière plus positive musicalement, en l’exprimant par
des notes de musique Grecque ; car, sous chacun des
signes des tons qui descendoient successivement d’un
degré dans l’ordre diatonique, on avoit placé Vapos-
irep/te [y), qui, comme nous l’avons fait observer, indique
un son descendant d’un seul degré diatonique; et sous
chacun des signes qui suivoient une marche diatonique
en montant, on avoit placé Voligon [ — ], qui indique
un son ascendant d’un seul degré diatonique. Or, en
notant à notre manière ce qui résuitoit de l’ordonnance de
ces signes, et de l’espèce de note qui étoit placée en
dessous, conformément aux leçons que nous avions reçues
de Dom Guebraïl, nous formâmes un arbre du système
musical, à l’instar de celui que nous avions découvert
auparavant dansia vignette, en ajoutant au-dessous des
signes les «notes de la musique Grecque moderne, de la
même manière que nous les avions trouvées placées
dans la série, et noos composâmes les. deux tableaux
suivans, qui furerit approuvés par notre maitre.